Guerre des chefs : Schloss Elmau contre Ufa


Par Andrew Korybko – Le 8 juin 2015 – Source thesaker.is

Les grands médias adulent les leaders du G7 et leur dernière rencontre en date, se plaisant à rappeler que, comme prévu, la Russie en a été exclue. Ils ont décidé d’en rajouter sur le côté cool de l’événement en soulignant la décontraction de tous les leaders, donnant l’impression que Poutine est passé à côté d’une soirée feu de camp sympa avec ses copains plutôt que de l’une des réunions pro-Occident les plus importantes de l’année. Bien que certains regrettent l’absence de la Russie, ils oublient les sommets relativement plus importants que cette dernière accueillera le mois prochain. Les sommets des BRICS et de l’OCS, qui se succéderont début juillet à Oufa, dans l’Oural, rassembleront les acteurs et les agitateurs les plus importants du monde actuel. Par rapport au G7, on voit clairement que les sommets du monde multipolaire et du monde unipolaire se retrouvent dos à dos, et que, in fine, la Russie a plus à gagner en se rangeant du côté des premiers plutôt que du second.

Le sommet du G7 (Otan + Japon)

Le sommet organisé en Allemagne serait plutôt à considérer comme un rassemblement des alliés les plus importants de l’Otan. Pour l’essentiel, il fonctionne comme un club de discussion transatlantique déguisé en forum économique. La présence du Japon tient au fait qu’il représente le bastion géopolitique de l’Occident en Orient. Au-delà des commentaires rituels sur le dérèglement climatique, cette rencontre a vu ses membres condamner unanimement la supposée agression russe en Ukraine et plaider en faveur du maintien des sanctions malgré le retour de bâton économique qu’elles impliquent pour certains d’entre eux. Cette année, on y a également vu une poignée de pays non européens coopératifs, les dirigeants de l’Ethiopie, de l’Afrique du Sud, de l’Irak, de la Tunisie, du Nigeria et du Sénégal étant accourus à Schloss Elnau pour parler politique avec les grands. Chacun d’eux recherche une assistance quelconque de l’Occident, par exemple dans la lutte contre le terrorisme, leur participation devant alors être considérée comme révélatrice des lieux où le monde unipolaire s’apprête à frapper.

Certains de ces États non européens sont de purs vassaux, comme l’Irak, la Tunisie et le Sénégal, tandis que les autres (Éthiopie, Afrique du Sud, Algérie et Nigeria) oscillent entre les mondes unipolaire et multipolaire, leurs dirigeants s’efforçant de trouver le bon équilibre (ou le plus profitable). Il est évident que plus ils se rapprocheront de l’Occident, plus ils lui seront inféodés sur le plan stratégique. L’Algérie, par exemple, constitue toutefois un cas à part, car il lui est extrêmement difficile de manœuvrer hors de son confinement géopolitique. L’Afrique du Sud, par contre, n’a aucune bonne excuse à proposer pour sa présence au G7 sans son allié BRICS, la Russie, hormis le fait que Zuma tient à s’afficher aux côtés des grands manitous occidentaux. Quoi qu’il en soit, dès qu’on prend un peu de recul, on voit clairement que l’Occident compte utiliser ces États comme têtes de pont dans leurs régions d’Afrique respectives (l’Irak jouant déjà ce rôle pour l’ensemble du Moyen-Orient).

Les sommets des BRICS et de OCS (multipolaires)

Le sommet multipolaire d’Oufa est bien différent de celui du G7 au château d’Elmau. Pour commencer, les BRICS réunissent les forces géopolitiques parmi les plus notables d’Eurasie, d’Afrique et d’Amérique du Sud, chacune d’elles ayant un intérêt dans la construction d’un monde multipolaire. En ce qui concerne l’Afrique du Sud, comme nous l’avons vu, Zuma veut jouer à la politique avec les marionnettistes occidentaux alors que, en même temps, l’establishment de son pays est lancé sur une trajectoire multipolaire. Cette identité politique bipolaire fait de l’Afrique du Sud le plus faible et le plus instable des BRICS. Il est probable qu’il n’y a été intégré que pour servir de porte d’entrée économique au reste du continent, en commençant par les pays relativement stables du cône méridional. Cela dit, et quoi qu’il en soit de l’Afrique du Sud, il reste acquis que les BRICS poursuivront la mise en place de leur architecture financière non occidentale en renforçant la Nouvelle banque de développement (souvent appelée Banque des BRICS) dont la naissance a été annoncée il y a peu. Des déclarations fermes de rejet des sanctions unilatérales faisant clairement référence à la politique occidentale à l’encontre de la Russie sont probablement à l’ordre du jour, tout comme pourraient l’être quelques projets bilatéraux ou multilatéraux inattendus entre les membres du groupe.

La seconde partie de l’assemblée multipolaire, le sommet de l’OCS, s’annonce encore plus passionnante que celui des BRICS. Les principaux membres du groupe seront rejoints par tous les observateurs et partenaires du dialogue, la majorité de l’Eurasie étant représentée sous une forme ou une autre. On rapporte que l’Inde et le Pakistan seront finalement admis en tant que membres à part entière, tandis que la Russie a laissé entendre que la même chose pourra avoir lieu avec l’Iran si les sanctions internationales sont levées d’ici le 30 juin, juste avant le début de l’événement. De plus, le secrétaire général du groupe, Dimitri Mezentsev, a annoncé début février que la Syrie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Biélorussie et le Bangladesh demanderaient le statut d’observateur, tandis que les Maldives et le Népal ont demandé à participer au dialogue. Tout cela signifie que l’OCS est en passe de rassembler la plus grande partie de l’Asie en vue de constituer un jour un concert des grandes puissances dans les questions de sécurité de l’Eurasie. Les synergies envisagées entre des membres officiels et officieux aussi divers présentent certainement des difficultés, mais ce qu’il faut retenir, c’est que l’OCS s’emploiera à les faciliter par la mise en place d’un mécanisme de coopération plus étroite.

Cui Bono ? À qui profite le crime ?

Ayant vu ce qu’il en est des sommets du G7 et des BRICS/OCS, il convient de déterminer lequel des deux est le plus avantageux pour la Russie, et lequel lui est en fait stratégiquement préjudiciable.

G7 (OTAN + Japon) :

Le G8, comme on l’appelait lorsque Moscou en faisait partie, visait largement à rassurer l’Occident (Otan + Japon) et la Russie quant à leur sentiment réciproque d’insécurité. Les premiers avaient l’impression que les dirigeants russes pouvaient être influencés par la position pro-occidentale du groupe et que, si on leur laissait suffisamment de temps (comme le soutiennent toujours les atlantistes), ils finiraient par intégrer la communauté des nations occidentales en tant que partenaire junior. De son côté, la Russie avait une perception entièrement différente du groupe. Elle n’y voyait pas un abandon de ses intérêts ou de son identité, mais plutôt une reconnaissance triomphante de sa puissance et de son influence. Le fait que le chef de la Fédération russe était assis côte à côte avec ses pairs occidentaux dans les discussions autour des grands thèmes de l’année était une puissante marque de prestige. Cela montrait que, en dépit de ses objections permanentes concernant la démocratie, l’Occident traitait in fine la Russie sur un pied d’égalité.

Malheureusement, il est apparu que cette perception du G8 par la Russie était erronée, et que celle des pays occidentaux était plus proche de la réalité (également parce qu’ils représentent les 7/8 de ses membres). Cette pensée collective unipolaire a conduit à l’éviction de la Russie du G8 au début de la Nouvelle guerre froide, le groupe ayant annoncé clairement la couleur en se présentant comme une réunion unipolaire. Il n’a peut-être pas exercé explicitement cette fonction quand la Russie en faisait partie (1988-2014), mais c’est uniquement parce qu’il rongeait son frein à dessein en vue d’amener la Russie à se rapprocher (en particulier dans les dernières années Eltsine, lorsque la Russie s’est jointe à lui). Désormais, il n’a plus besoin de cette main de fer dans un gant de velours. Il peut se lâcher, d’où tout le battage agressif autour de la Russie et des sanctions. La Russie a semblé un peu déçue d’être évincée par le G8 l’année dernière, mais, rétrospectivement, c’est peut-être un mal pour un bien comme nous allons le voir.

BRICS/OCS (réunion multipolaire)

La Russie a mal calculé les avantages du G8, probablement parce qu’elle pensait pouvoir renforcer son influence en traitant d’égal à égal avec ses membres. Seulement, les deux seuls à être égaux dans le groupe étaient la Russie et les États-Unis, tous les autres étant inféodés à Washington et non des membres indépendants. La plus grande erreur de Moscou a donc été de penser que ces derniers poursuivraient logiquement leurs intérêts économiques et n’oseraient pas sanctionner leur partenaire ; la mise en œuvre des sanctions l’a démontré clairement. Ce rappel des faits en introduction de la section relative à l’assemblée multipolaire vise à montrer que celle-ci représente l’exact opposé des BRICS et de l’OCS. Dans ces organisations, tous les membres sont considérés comme égaux, aucun d’eux ne pouvant être décrit par quiconque comme une marionnette. La raison en est qu’ils ont tous suivi une trajectoire multipolaire au cours des deux dernières décennies, qui les a conduits à trouver un équilibre avec leurs principaux partenaires, comme dans le cas des pays d’Asie centrale vis-à-vis de la Russie et de la Chine. L’Inde, le Pakistan et l’Iran font de même, mais de manière plus affirmée que les pays d’Asie Centrale, en partie du fait de leur population plus nombreuses, d’une économie plus puissante et d’une plus grande liberté de mouvement géopolitique.

Rien de tout cela n’enlève cependant quoi que ce soit au fait que tous les membres des BRICS et de l’OCS sont des États indépendants ayant un programme de coopération commun. Les membres des BRICS s’attachent à instaurer un modèle économique plus équitable, d’où leurs initiatives de mise en place d’une architecture financière non occidentale et de renforcement de la coopération entre eux. Les membres de l’OCS, quant à eux, se caractérisent par leur opposition partagée aux fléaux que sont le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme. Ils sont très conscients des menaces existentielles que fait peser chacune de ces armes asymétriques. Si l’unité de vues entre l’Inde et le Pakistan laisse à désirer, il n’en demeure pas moins que tous deux souhaitent intégrer la même organisation régionale. Ils montrent ainsi que leur rivalité a ses limites et suscitent l’espoir que l’OCS pourra tempérer leur antagonisme mutuel. Après tout, tout le monde sait en Eurasie que les États-Unis profitent de tous les conflits et font tout pour y entretenir la division, et qu’ils ne répugnent pas à recourir au terrorisme, au séparatisme ou à l’extrémisme. Plus l’Eurasie est divisée, plus il est facile pour les États-Unis d’atteindre leurs objectifs stratégiques ; à l’inverse, plus elle est unie au travers de diverses structures (telles que l’OCS), mieux elle est armée pour résister et repousser toute ingérence extérieure superflue.

Conclusion

L’éviction de la Russie par le G7 a eu surtout pour conséquence, imprévue, le réveil de Moscou, qui rêvait jusque-là d’être acceptée par l’Occident et a brusquement pris conscience de sa situation cauchemardesque. En effet, l’Occident n’a jamais été un vrai partenaire, et tous ses gestes amicaux et déclarations de soutien ne visaient qu’au désarmement stratégique des décideurs russes. En réponse à la douche froide de la rhétorique anti-russe et aux agissements actuels de l’Occident (prétendument en bons termes avec Moscou il y a seulement quelques années), la Russie s’est tournée vers l’est et a déclaré fermement son intention de construire un monde multipolaire. Bien qu’annoncée de longue date, cette initiative n’a jamais été autant prise au sérieux qu’aujourd’hui. L’Occident a fait la preuve qu’il ne pourra jamais cohabiter pacifiquement avec la Russie tant que le caractère unipolaire restera à l’ordre du jour, et que la seule possibilité pour la Russie d’être traitée sur un pied d’égalité (sans même parler de sa survie sous sa forme politique et territoriale actuelle) consistera à se tourner résolument et définitivement vers l’Eurasie.

En conséquence, la Russie et la Chine se sont attachées à simplifier leur partenariat stratégique pour en faire le moteur de l’intégration pan-eurasienne (qui a déjà fait ses preuves dans le passé, mais pas à une échelle aussi ambitieuse) et instaurer la vision multipolaire qu’elles partagent. Dans ce contexte, les réunions multipolaires des BRICS et de l’OCS à Oufa peuvent être considérées comme la prochaine étape majeure de cette initiative. Il est d’ailleurs hautement symbolique qu’elles soient accueillies cette année par la Russie (et en plus, consécutivement). Rien d’autre ne saurait montrer à l’Occident avec plus d’éclat que la Russie le rejette autant qu’il rejette lui-même la Russie, aussi surprenant que cela puisse lui paraître de prime abord. Moscou indique que toute coopération entre la Russie et l’Occident devra dès lors obéir à ses conditions multipolaires de respect et d’égalité géopolitiques authentiques, et que l’époque où la Russie se précipitait dans les structures mises en place par l’Occident est depuis longtemps révolue. À la place de reliques unipolaires telles que le G7, des institutions multipolaires émergentes telles que les BRICS et l’OCS sont devenues les acteurs les plus dynamiques des événements mondiaux. Les intérêts souverains de la Russie sont mieux servis et protégés par l’alternative multipolaire que l’Occident lui a imposée involontairement.

Andrew Korybko

Traduit par Gilles Chertier, relu par jj  pour le Saker Francophone

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Le Pentagone se prépare-t-il vraiment à lancer une attaque nucléaire contre la Russie ? (Un indice : non !)


The Saker

The Saker

Par le Saker original – Le 6 juin 2015 – Source : thesaker.is

L’internet est en effervescence avec des articles affirmant que les États-Unis préparent une attaque nucléaire contre la Russie. Apparemment, tout a commencé avec un article dans le Web Socialiste Web Site intitulé US officials consider nuclear strikes against Russia [Les responsables états-uniens envisagent des frappes nucléaires contre la Russie].  Cet article a ensuite été repris par Global Research, qui a amélioré le titre en Military Madness : US Officials Consider Nuclear Strikes against Russia [Folie militaire : les responsables états-uniens envisagent des frappes nucléaires contre la Russie].  Ensuite, tous les autres ont repris le bobard provoquant la panique et ont couru derrière lui.

Tous cela n’a aucun sens.

Voici ce qu’il se passe en réalité.

Tout a vraiment commencé avec Associated Press qui a publié un article sur la façon dont les États-Unis pourraient déployer des missiles en Europe pour contrer la Russie [US might deploy missiles in Europe to counter Russia].  Notez bien que cette histoire originale parle de contrer, pas d’attaquer. Si vous lisez l’article, vous verrez que tout cela est très simple : certains cercles aux États-Unis accusent la Russie de déployer des missiles de portée intermédiaire en Europe en violation du Traité sur les forces nucléaires de portée intermédiaire (INF). Lorsqu’on a demandé aux huiles du Pentagone ce que les États-Unis pourraient faire à ce propos, leur réponse était prévisible à 100% : nous déploierons nos propres missiles. C’est tout.

La première question est de savoir si la Russie a fait quelque chose pour violer le traité INF. Un excellent article dans le National Interest titré Is Russia violating the INF treaty [La Russie viole-t-elle le traité INF] explique tout : cette affaire n’est fondée sur rien. Enfin bon, presque rien. Voici ce qui a provoqué toute cette panique :

1. La Russie a tiré quelques ICBM (missiles intercontinentaux à longue portée) une ou deux fois à une distance plus courte, ce qui a placé leur trajectoire en dessous de la limite maximale prévue par l’INF.  Mais puisque personne ne conteste que ces missiles sont des ICBM, cela ne signifie vraiment absolument rien.

2. Il y a des soupçons que la Russie pourrait développer des missiles de croisière à portée intermédiaire au sol dérivés du missile Iskander ou du Granat.  Mais puisqu’il n’y a aucune preuve que cela est arrivé, ces soupçons ne signifient rien non plus.

Ce qui se passe vraiment est très simple : depuis que les États-Unis vont de l’avant dans leur plan délirant de développer un bouclier anti-missile en Europe, la Russie a répondu en menaçant de déployer (selon certaines sources c’est fait) ses missiles Iskanders à Kaliningrad et le long de ses frontières occidentales. Les Iskanders sont des missiles très performants qui flanquent la trouille à l’Otan, parce qu’ils seraient parfaits pour frapper les centres de commandement des forces de l’Otan déployés à l’avant. La solution évidente pour l’Otan serait de ne pas déployer les centres de commandement de ses forces si loin à l’Est.  Mieux encore, laisser tomber le bouclier stupide de défense anti-missile résoudrait complètement le problème. Mais puisque l’Otan doit terrifier les Européens avec une menace russe inexistante, elle ne peut pas le faire : même si aucune menace de la sorte n’existe, les gars de l’Otan doivent montrer leur immense courage et leur détermination en faisant toutes sortes de choses stupides et inutiles.  Comme se déployer vers l’avant.

Comme résultat de sa brillante stratégie, l’Otan a maintenant une cible peinte sur ses installations anti-missiles de fantaisie et ses atouts déployés à l’avant. Et l’Otan n’apprécie pas du tout. Donc ils sont venus avec une autre déclaration stupide, idiote mais macho : «Nous déploierons nos propres missiles de portée intermédiaire pour menacer les missiles russes de portée intermédiaire.» Petit détail : les centres de commandement de l’Otan et les forces déployées à l’avant sont soit fixes soit vraiment faciles à détecter. Les Iskanders russes sont mobiles sur route et fondamentalement indétectables. Mais peu importe, tant que le public en général a conscience de sa peur et du courage viril de l’Otan – tout va bien, non ?

Donc récapitulons : l’Otan envisage le déploiement de missiles qui devraient répondre à une possible (future) violation par la Russie du Traité INF. Folie militaire ? Certainement pas !  Juste une variante potagère de démagogie politique, c’est tout. Si l’article du World Socialist Web Site était trompeur, alors le titre amélioré de Global Research est carrément irresponsable. Personne aux États-Unis n’envisage le recours à des armes nucléaires contre des missiles sur le territoire russe, parce que chacun sait que cela garantirait une réponse dévastatrice sur le territoire continental des États-Unis.  Bien sûr, si en employant le verbe envisager, nous voulons dire développer la capacité de, alors chaque camp a envisagé d’utiliser des armes nucléaire contre l’autre depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais ces articles sonnent comme si les États-Unis avaient subitement décidé de se préparer à une attaque nucléaire contre la Russie, ce qui est une absurdité totale.

Donc veuillez noter que tout ce débat sur l’INF n’a rien à voir avec l’Ukraine. C’est juste un remake de la crise des Pershing/GLCM vs SS-20 des années 1980.  Nous sommes déjà passés par là. Rien de nouveau.

Les États-Unis n’ont aucun désir de s’engager dans une guerre nucléaire avec la Russie. La véritable stratégie US est très différente, mais pas moins dangereuse : ce que les États-Unis sont en train de faire est de provoquer une crise à partir de rien en créant des tensions à tous les niveaux, du secteur financier au sport, et à la question totalement artificielle de l’INF [sans oublier le révisionnisme historique comme arme de déstabilisation, NdT].  Du point de vue des États-Unis, les tentatives actuelles de subvertir la FIFA et de subvertir le Traité INF sont au même niveau conceptuel : faire vivre l’enfer aux Russkis à tous les niveaux. Et, évidemment, c’est ce qui est dangereux, à la limite de l’irresponsable, vraiment. C’est aussi voué à l’échec (vous pouvez parier qu’avec la dernière victoire états-unienne contre Blatter, immédiatement après sa réélection, la haine à l’égard des États-Unis dans le monde a bondi de X points supplémentaires). Oui, l’Empire est en mode panique, agissant stupidement et essayant de faire baisser les yeux aux Russes, malgré le fait que dans la culture russe, les menaces et la démagogie sont toujours interprétées comme un signe de faiblesse.

Une dernière chose : les Russes considèrent les zones de déploiement des Iskanders comme un secret d’État.  En d’autres termes, ils ne révéleront pas où ces missiles sont déployés ni ce qu’ils visent (rappelez-vous, les Russes ne croient pas aux menaces). Tout au plus, il s’assureront que l’Otan est au courant, en termes généraux, si nécessaire. Mais n’attendez pas de menaces en provenance de Moscou.

En fin de compte, la question vraiment intéressante est de savoir si les Russes déploieront une nouvelle génération de missiles de portée intermédiaire. Si oui, ils l’annonceront et se retireront officiellement de l’INF. Mon sentiment est que c’est ce qu’ils pourraient faire. Les Russes commencent à en avoir vraiment, vraiment marre de l’absence totale de coopération des US/Otan/UE, de leur mauvaise volonté générale et de leurs constantes petites provocations. Il y a un dégoût particulier pour les États prostitués d’Europe centrale (Pologne, Roumanie). Le Kremlin pourrait comprendre une réalité simplement militaire : puisque la Russie n’a pas de plans offensifs pour attaquer l’Europe, les missiles états-uniens de portée intermédiaire ne serviront à rien en Europe, alors que la population locale pourrait commencer à paniquer à voir les missiles nucléaires US arriver en grand nombre. En revanche, puisque la Russie est en position purement défensive, avoir des missiles de portée intermédiaire pourrait être très utile pour se protéger contre une éventuelle attaque de l’Otan.  Enfin, il y a le facteur géographique : si les missiles russes de portée intermédiaire frappaient l’Europe, ce ne serait pas une attaque sur le continent américain. Mais si les missiles de portée intermédiaire états-uniens attaquaient la Russie, ce serait une attaque sur le continent russe. Donc lequel, à votre avis, aura les plus fortes réserves avant de presser sur le bouton ?

Évidemment, j’espère que les missiles de portée intermédiaire ne seront pas déployés. La dernière chose dont le monde a besoin, juste maintenant, est une nouvelle source de tensions et de peur. Et, comme je l’ai écrit plusieurs fois ici, tandis que les États-Unis veulent des tensions aussi fortes que possible (vraiment sans guerre), la Russie a désespérément besoin des tensions les plus basses possibles. Donc je pense que les Russes travailleront secrètement pour être prêts à déployer des missiles de portée intermédiaire à très court terme, mais qu’ils essaieront de toutes leurs forces d’éviter une situation où ceux-ci pourraient être nécessaires.

Quoi qu’il en soit, la prochaine fois que vous tomberez sur un titre qui provoque la panique, genre les États-Unis sur le point de lancer une attaque nucléaire sur la Russie, respirez profondément, ne tirez pas de conclusions hâtives et prenez le temps de savoir si une telle hyperbole est justifiée ou non.

Salut,

The Saker

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

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Parade US contre l’Eurasie : ISIL, les nazis de Kiev, et la rage contre l’Histoire

Avant-propos

Alors que le révisionnisme historique a le vent en poupe, la France ne peut que se féliciter des lois votées en 1990 sous le nom de lois Guayssot, qui criminalisent la contestation de crimes contre l'humanité, protégeant ainsi la mémoire de l'Holocauste.Pour le reste, on attendra que les crimes contre l'Histoire deviennent des crimes contre l'humanité.

Le Saker Francophone

Andrew Korybko

Par  Andrew Korybko – Le 4 mai 2015 – Source thesaker.is

Les  supplétifs régionaux des États-Unis au  Moyen-Orient et en Ukraine sont engagés dans un saccage de leur propre histoire, faisant tout ce qu’ils peuvent pour enterrer le passé de leurs pays afin de construire plus facilement leur version d’un avenir utopique.

 

Cette tendance à la guerre contre l’histoire est endémique suite à la militarisation de la mémoire historique que les États-Unis déploient partout en Eurasie. Avec ISIL saturant les manchettes mondiales des journaux après la saisie de Palmyre et la menace urgente que cela pose sur ce site du patrimoine mondial de l’UNESCO, il est intéressant de revoir comment la croisade anti-historique du groupe terroriste est identique à ce que les nazis de Kiev font en Ukraine, et comment toutes ces destructions sont liées au nouveau type de guerre asymétrique que les États-Unis pratiquent à travers l’Eurasie.

Rompre (physiquement) avec le passé

ISIL et les nazis de Kiev sont acharnés à éliminer tous les liens vers le passé qui ne correspondent pas à leurs idéologies radicales respectives du wahhabisme et du fascisme. Voici une brève vue du carnage historique qu’ils ont mené jusqu’à présent :

L’ISIL

CNN a rendu compte en avril des traces de destructions historiques que ISIL a laissées dans son sillage. Leur liste complète, étonnamment détaillée, des dommages causés aux anciennes villes de Nimrud, Khorsabad, et Hatra, ainsi que la destruction du musée de Mossoul (où seraient maintenant des répliques), la Bibliothèque de Mossoul, et le tombeau de Jonas. Pourtant, ce ne sont que des exemples pour représenter la plupart des attaques de grande envergure que le groupe a réalisées sur les objets historiques, comme il est assuré qu’ils ont fait beaucoup plus de dégâts à des artefacts de relativement moindre importance ou de moindre renommée.

Alors que certains de leurs exploits ont été utilisés à des fins de propagande, ils ne nuisent pas à la sincérité de l’intention des terroristes de forcer à réécrire l’histoire. L’objectif de ISIL semble évidemment être l’élimination de tous les symboles civilisationnels fédérateurs qui datent d’avant l’aube de l’Islam afin de créer la fausse impression que les terres qu’ils occupent actuellement n’avaient pas d’antécédents pour les occuper avant cette période. Le groupe estime apparemment que leur militantisme contre des objets historiques renforce en quelque sorte leur légitimité et les rend plus attrayants (et craints).

Les nazis de Kiev

Le régime pro-occidental à Kiev participe aussi pour sa part au révisionnisme historique physique, ayant renversé plus de cinq cents monuments de Lénine à travers le pays dans la dernière année seulement. Cette obsession violente contre Lénine est tragiquement ironique puisque c’est lui qui a effectivement créé l’Ukraine moderne. Mais pour un fasciste ukrainien, il ne représente rien de plus qu’un supposé contrôle russe sur la région et, par conséquent, doit être éliminé de la vue et de l’esprit.

Allant plus loin, Kiev a banni les symboles communistes et changé à la fois la date et la manière dont le Jour de la Victoire [sur l’Allemagne nazie] sont célébrées. Le pays force maintenant à utiliser le symbole du pavot à la place du ruban de St. George et commémore l’événement (appelé le Jour du Souvenir et de la réconciliation) un jour avant la Russie, en conformité avec les Européens de l’Ouest. Quel est le but de Kiev ? Créer une distorsion dans la continuité historique entre le Banderistes [les fascistes ukrainiens] et le post-coup d’État en Ukraine, en éliminant de manière sélective des éléments de son histoire, datant de l’ère soviétique, qui malencontreusement se dressent sur le chemin de ce mythe, sans évoquer bien sûr la création de l’Ukraine moderne par les Soviétiques.

Manipulation de l’avenir

Les attaques physiques de ISIL et Kiev sur l’histoire sont dirigées autant contre l’avenir que contre le passé. La lustration historique à laquelle les deux participent à pour objet de pousser les populations qu’ils contrôlent à réinterpréter le passé pour faciliter des ambitions futures très spécifiques. En changeant l’histoire, ils changent l’identité des personnes, et avec elle, le cours de leur développement. Ainsi, ils utilisent l’outil de la mémoire historique afin de modifier, par la force, le destin des territoires qu’ils administrent, peu importe la durée de leur emprise sur eux.

Ceci est possible car la guerre qu’ils mènent est terriblement inégale, en ce que les agresseurs sont capables d’attaquer un monument historique ou de créer un événement de leur choix, tandis que les défenseurs n’ont rien d’équivalent pour riposter. Il s’agit essentiellement d’une guerre défensive sans fin qui doit être combattue par la vérité sur l’histoire, tandis que les révisionnistes militants sont libres de choisir quand et où ils lancent leur prochaine offensive. Dans le cas de Kiev, le gouvernement contrôle la plupart de l’État ukrainien et peut donc se présenter à l’Occident avec une carte blanche [pour agir chez lui comme il l’entend, NdT], mais ISIL ne contrôle pas l’ensemble de la Syrie ou de l’Irak, donnant ainsi aux deux États, et civilisations, la possibilité de défendre au moins certaines parties de leur patrimoine physique.

Il faut souligner que peu importe combien de temps ISIL ou Kiev règnent sur leurs territoires, ils ont déjà commis des dommages historiques irréparables sur ce point. La destruction par ISIL d’anciens sites millénaires parle par elle-même, alors que la campagne de Kiev, en dépit de ne pas être aussi grande que celle de son homologue du Moyen-Orient, a réussi à rendre schizophrénique l’identité de l’État retrouvé. Même s’ils sont finalement vaincus, il est impossible pour chaque territoire affecté de retourner au statu quo ante bellum, démontrant ainsi que les assassins éphémères (et potentiellement périodiques) wahhabites et fascistes sont capables de réaliser d’immenses dommages historiques dans une très brève période de temps. On devrait malgré tout se souvenir que ce n’est pas totalement sombre, car la résistance du peuple dans la lutte contre ces maux peut constituer la base d’une nouvelle mémoire historique qui pourrait aider à aplanir les clivages du passé si le conflit se termine en leur faveur.

Similitudes frappantes

Les similitudes de ISIL et Kiev ne se résument pas à leur révisionnisme violent et à leurs manipulations futures, car ils partagent aussi quelques autres détails essentiels :

Asymétrie

ISIL et les nazis Euromaïdan sont arrivés au pouvoir, dans leurs domaines respectifs, par des moyens asymétriques, avec une préférence pour le terrorisme urbain. Après avoir atteint leurs positions actuelles, ils ont alors commencé à mettre en œuvre des tactiques conventionnelles hybrides; ainsi, ISIL a saisi des véhicules militaires américains et irakiens, tandis que Kiev réquisitionnait l’ensemble des Forces armées ukrainiennes. On peut donc constater, comme un état de fait, que les deux entités ont des motivations militaires dans la poursuite de leurs objectifs, et ce n’est pas une coïncidence non plus de constater que ces deux objectifs, renverser le gouvernement syrien et affaiblir l’Irak d’un côté, expulser d’Ukraine les Russes et leur influence, recouvrent exactement les objectifs stratégiques des États-Unis, et ont obtenu le soutien américain direct dès l’origine.

Patronage américain

Cela met en évidence le fait que les deux groupes ont été créés par les États-Unis, même si parfois ils finissent par échapper à leur contrôle direct. Beaucoup a déjà été écrit sur le soutien des États-Unis, de $5 Mds, pour les opérations ukrainiennes de changement de régime et la participation active de Victoria Nuland dans l’Euromaïdan, mais les connexions de ISIL avec l’establishment états-unien n’ont pas attiré l’attention des médias traditionnels. Cependant, la Russie n’a pas gardé le silence sur le lien entre les deux, avec Lavrov dénonçant la stratégie US des bons et des mauvais terroristes, et même le directeur du GRU s’en prenant à Washington pour la création du terrorisme islamique. Peu importe la manière dont on essaie de bricoler les faits,  ISIL et le fascisme ukrainien doivent leur forme actuelle aux graines semées par les Américains, peu importe la honte que ce fait peut provoquer chez les contribuables du pays qui paient pour ça.

«Révolution»

Les wahhabites et les fascistes se dédient avec véhémence à renverser les gouvernements stables et établis qui sont venus avant eux, qu’ils soient républicains laïcs ou simplement pragmatiques (mais loin d’être parfaits) en équilibrant leurs rapports avec l’Est et l’Ouest. Ils envisagent d’imposer le contraire de ce qui existait avant eux, respectivement une dictature wahhabite et un État occidental-vassal fasciste. Grâce à leurs campagnes de propagande dans les médias sociaux, les deux mouvements radicaux tentent de se vendre eux-mêmes comme des révolutionnaires romantiques à la masse de la jeunesse rebelle et vulnérables qui constitue leurs recrues de base. Ils ont manipulé le Zeitgeist [esprit du moment] semi-globalisé de la suspicion anti-gouvernementale, conçue et diffusée par l’Occident dans le but de promouvoir les Révolutions de Couleur [ironiquement par le détournement du dégoût des gouvernements provoqué par Wikileaks et Snowden] pour légitimer leur changement de régime et leurs tentatives révisionnistes forcenées d’attaquer la mémoire historique.

Réflexions pour conclure

La promotion par les États-Unis du révisionnisme historique militant au Moyen-Orient et dans l’Est de l’Europe est extrêmement importante pour signaler le début d’une dangereuse escalade des tactiques guerrières postmodernes. L’utilisation de la mémoire historique comme une arme physique sur le champ de bataille pour gagner les cœurs et les esprits dépasse ce que la société a connu depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Bien que de telles tactiques soient occasionnellement apparues depuis l’Antiquité jusqu’en 1945, il semblait que le monde était enfin sur le point de réaliser combien elles sont inutiles et nuisibles à la civilisation humaine; c’est le moment que choisissent ISIL et les nazis ukrainiens pour commencer leurs campagnes anti-historiques (en détruisant des vestiges qui avaient survécu pendant des milliers d’années à l’antagonisme d’une multitude d’ennemis). La plus grande honte est que la complicité et le soutien des États-Unis aux deux groupes pourraient annoncer une sauvagerie historique, où aucun des monuments ou objets ne sera plus considéré comme sacré pour la mémoire historique de la civilisation dans son ensemble. L’ouverture de ces vannes ne présage rien de bon pour le destin de tout ce que l’humanité a accompli au cours des 70 dernières années, mais en gardant à l’esprit que les États-Unis créent le chaos pour maintenir leur emprise sur l’Eurasie, il est facile de prévoir que d’autres assassins historiques apparaîtront dans les années à venir, pendant la nouvelle guerre froide.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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Le massacre perpétré par Isis dans la ville syrienne sacrée de Palmyre : Les récits des survivants


Par Robert Fisk – Le 5 juin 2015 – Source: The Independent

Nous avons entendu parler des menaces sur les monuments, mais qu’en est-il de la tragédie qu’ont vécue les êtres humains ? Dans la ville voisine de Hayan, située sur les gisements de pétrole et de gaz du désert syrien, Robert Fisk a recueilli les témoignages des rares personnes qui ont réussi à échapper aux envahisseurs djihadistes d’Isis

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La militarisation de l’Histoire, le révisionnisme comme arme de destruction massive.

 


Andrew Korybko

Par  Andrew Korybko – Le 4 mai 2015 – Source thesaker.is

L’Eurasie est en voie de devenir intégrée comme jamais auparavant. La Route de la Soie chinoise et l’Union eurasienne de la Russie constituent la base structurelle pour cette connexion historique entre les continents.

Les États-Unis croient comprendre la menace que cela pose à leur hégémonie mondiale (voir Brzezinski et son Grand Échiquier), d’où le déploiement de sa dernière arme postmoderne de communication, la militarisation de la mémoire historique.

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Russie et Chine : prenez garde Moody’s, Fitch et S&P ! Le coach ne sera plus l’arbitre

Les agences de notation sont des piliers essentiels de la domination du dollar après 1971 et un instrument important de la politique étrangère des États-Unis. Le mouvement des Russes et des Chinois pour fonder leurs propres agences constitue un développement majeur et un défi à l’ordre financier mondial établi.


William Engdahl

Par F.William Engdahl – Le 1er juin 2015 – Source Russia Insider

Au cours du quart de siècle, à peu près, de ce qu’on appelle la mondialisation, la capacité de Wall Street à héberger les seules agences de notation dominantes mondiales qui fournissent des évaluation de la solvabilité du monde a été l’une des armes les plus efficaces de la guerre financière dans l’arsenal de ce même Wall Street. Elles évaluent des pays ainsi que des sociétés privées.

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Russie et islam, Acte VIII : travailler ensemble, comment faire ?

The Saker

The Saker

Par le Saker original – Le 18 décembre 2013 – Source vineyardsaker

PREMIÈRE PARTIE – INTRODUCTION ET DÉFINITIONS.
SECONDE PARTIE  – LE CHRISTIANISME ORTHODOXE
TROISIÈME PARTIE – LA RUSSIE ACTUELLE
QUATRIÈME PARTIE – LA MENACE ISLAMIQUE
CINQUIÈME PARTIE – L’ISLAM, UN ALLIÉ
SIXIÈME PARTIE      – LE KREMLIN
SEPTIème partie   – les échappatoires de M. Météo

Aujourd’hui, je vais étudier le thème de la coopération entre orthodoxes et musulmans, suggèrer une approche possible pour cette question et donner un exemple pratique sur ce qui pourrait être fait immédiatement et avec beaucoup d’avantages pour toutes les parties impliquées.

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Le grand gagnant de la Coupe du Monde du Djihad est…


Pepe Escobar

Pepe Escobar

Par Pepe Escobar – Le 6 juin 2015 – Source : Russia Today

Les membres de la coalition de volontaires créée par les USA pour (supposément) combattre EIIS/EIIL/Da’ech en Syrak se sont réunis la semaine dernière à Paris. En théorie, ils devaient se pencher sur les suites à donner à la chute de Ramadi en Irak et de Palmyre en Syrie.

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Petite mise à jour sur la (très dangereuse) situation en Ukraine


The Saker

The Saker

Par le Saker original – Le 5 juin 2015 – Source : thesaker.is

Chers amis,

Tout d’abord, je voulais juste vous faire savoir que je suis en train de travailler sur deux entretiens dont je pense que vous les trouverez intéressants : l’un avec Michael Hudson et l’autre avec un expert sur la Syrie, qui préfère rester anonyme. Les deux devraient être passionnants. Merci de me donner quelques jours de plus pour vous les communiquer.

Maintenant, à propos de l’Ukraine. S’il vous plait, lisez ce rapport
 et regardez celui-ci.

En définitive, cette situation est très tendue.

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Pas prêt pour le Prime Time : La Saga du F35 pour les nuls [1/3]

Lorsque l’idéologie du technologisme implose sous l’effet de ses propres contradictions

Avant-Propos

Le projet US du F35, appelé aussi JSF [Joint Strike Fighter] auto-désigné par l'Empire du Bien et de la Vertu comme unique avion de combat universel du XXIsiècle globalisé, a été lancé en 1996. Soit depuis bientôt vingt ans. Il est d'une furtivité extrême confinant au néant. Tellement furtif qu'il ne vole toujours pas et ne volera jamais.

Fruit de l'orgueil technologique post-moderne, il a dés l'origine été conçu pour ne pas avoir de prototype, étant entendu que la nation exceptionnelle ne pouvait produire que des objets exceptionnels, loin des tâtonnements et expérimentations vulgaires auxquels la réalité soumet les industriels des nations ordinaires.

Résumons: un projet, entièrement conçu par algorithmes informatiques, donc parfait dés son immaculée conception technocratique, qui a coûté, pour l'instant, mille quatre cent milliards de dollars au contribuable américain et européen, un avion non certifié, qui ne vole pas mais qui est déjà produit à 125 exemplaires et acheté !

Cette aventure est typique du système politico-mafieux étasunien. Complicité entre les politiciens, le complexe militaro-industriel, les multinationales, bancaires et autres, pour racketter le monde. À l'instar des banques trop grosses pour faire faillite, ce projet F35 ne peut être ni arrêté, ni amendé, ni réussir. Il ne sert qu'à faire tourner la lessiveuse à essorer les contribuables étasuniens et européens qui ont décidé d'acheter cet avion. À l'instar aussi d'une grande guerre globalisée contre la terreur qui n'a jamais fabriqué autant de terroristes en enrichissant autant de monde.

L'important c'est la bottom-line, la ligne du bas, le résultat, le bénéfice ou la perte.

Nous vous proposons, en plusieurs épisodes, un état des lieux extrêmement détaillé du projet, à partir des meilleures sources. Ces articles ne sont pas un inventaire des déboires vécus depuis vingt ans par le projet, dont vous pourrez certainement faire votre miel ailleurs, ici en français et depuis son origine.

Extrait du rapport:
"...Le programme F-35 est conçu de telle sorte qu'il n'a pas l'obligation de prouver sa capacité au combat avant d'avoir atteint un taux de production annuel de 57 avions, un taux sans précédent pour tout avion de chasse avec si peu d'essais opérationnels accomplis et tant de problèmes non résolus." 

Le Saker Francophone

Photograph of Mandy Smithberger

Par Mandy Smithberger – Le 12 mars 2015–- Source pogo.org

Mandy Smithberger est directrice du projet de réforme militaire Straus au Centre d’information de la Défense en charge de la surveillance du gouvernement.

Selon le dernier rapport de la Direction des tests opérationnels et des évaluations [DOT&E], le F-35 n’est pas prêt pour les Contrôles opérationnels initiaux [IOC] et ne le sera pas de sitôt

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