Retour vers le passé


Par Aurelien – Le 19 novembre 2025 – Source Blog de l’auteur

Prenez un échantillon aléatoire d’une centaine d’experts occidentaux écrivant sur le système politique occidental aujourd’hui, et vous trouverez un consensus assez large sur le fait que les choses ne vont pas bien. Selon l’endroit où l’individu se situe politiquement, c’est parce que notre démocratie libérale est menacée par « l’autoritarisme » ou le « populisme » (parfois curieusement présenté comme étant la même chose), ou parce que le système a été corrompu par « l’élite mondialiste« , ou parce que les politiciens sont déconnectés des souhaits et des aspirations des gens ordinaires. Les partis politiques traditionnels s’effondrent et les différences politiques entre eux sont maintenant difficiles à distinguer. Les échos effrayants des années 1930 sont partout. Et cetera… Compte tenu de ces diagnostics très différents, il n’est pas surprenant que les solutions potentielles – quand elles sont proposées – soient très différentes. Pourtant, presque personne, à l’exception de ceux qui sont actuellement au pouvoir (et même pas tous), n’est réellement prêt à défendre le fonctionnement du système actuel.

Tout cela est-il vraiment une surprise ? N’aurait-ce pas dû être anticipé il y a au moins une génération ? D’où vient le sentiment omniprésent de déception, de colère et d’impuissance ? Pourquoi des partis et des dirigeants marginaux se soulèvent-ils, menacent-ils parfois de prendre le pouvoir, parfois même presque de réussir, puis disparaissent-ils ? Est – ce un bogue dans le système ou est-ce, comme je vais le suggérer, une fonctionnalité de ce système, même si cela fait des décennies que les gens refusent de reconnaître ? Il y a plusieurs années, le théoricien de droite Patrick Deneen soutenait que le libéralisme, moteur de notre système politique actuel, était victime non pas de son échec, mais de son succès. Une fois que le libéralisme a été autorisé à devenir pleinement lui-même, il a commencé à produire le désert social, économique et politique que nous voyons autour de nous. Je pense que la même critique pourrait être formulée pour la gauche, notamment parce que l’identité paresseuse entre libéraux et Gauche assumée dans certains milieux ignore le fait que la Gauche a toujours été axée sur le bien collectif, alors que le libéralisme n’est au fond rien de plus qu’un égoïsme individuel rationalisé. En effet, la gauche a toujours soutenu que les individus ne peuvent s’épanouir que dans une société correctement organisée et équitablement gérée. Donc rien de ce que nous voyons maintenant ne devrait être une surprise. Alors comment en est-on arrivé là ?

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Incompétent ou Impérial ? Repenser la politique occidentale à une époque de déclin


De la doctrine de l’OTAN à Ursula von der Leyen, les dirigeants transatlantiques d’aujourd’hui semblent incompétents, jusqu’à ce que l’on se demande : compétents pour qui ?


Par Nel – Le 22 Septembre 2025 – Source Blog de l’auteur

Prélude : La plainte pour « incompétence« 

Les dirigeants occidentaux d’aujourd’hui sont incompétents. » Cette phrase est devenue un réflexe d’analyste. Observons Kaja Kallas, la Haute Représentante de l’UE, pendant qu’elle patine avec désinvolture au sujet des rôles soviétiques et chinois dans la Seconde Guerre mondiale, disant que c’était une « info » pour elle que la Chine et la Russie fassent partie des vainqueurs du nazisme, comme si l’histoire était accessoire. Regardons comment les vidéos Instagram d’Annalena Baerbock, en tant que nouveau visage de l’AGNU, ressemblent à une mise en scène comique à la recherche d’un art politique. Ou quand Donald Trump déclare, en toute confiance, que l’Espagne fait partie des BRICS. Et le « deal » tant vanté entre von der Leyen et Trump qui ressemble moins à une stratégie politique européenne qu’à une preuve de soumission.

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À l’intérieur de l’usine de saucisses


Par Aurelien – Le 12 novembre 2025 – Source Blog de l’auteur

La semaine dernière, j’ai fait un rapide commentaire sur l’aspect amateur et désorganisée de la campagne internationale pour tenter de mettre fin au massacre à Gaza, en la comparant à ce à quoi pourrait ressembler une campagne organisée avec compétence. Pas vraiment à ma grande surprise – même si je pensais énoncer une vérité évidente – cela a agacé quelques personnes, ici et sur d’autres sites. Mais ensuite j’ai réalisé que l’épisode illustre en fait un problème fondamental plus large, qui est la différence entre la façon dont la saucisse politique est fabriquée et les hypothèses et attentes de ceux qui cherchent à comprendre ou même à influencer les choses de l’extérieur de l’usine. J’ai donc pensé que c’était le bon moment pour enfiler notre équipement de protection et nos masques et s’aventurer à l’intérieur de l’usine pour voir comment les choses sont généralement faites.

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Au moins, ils n’en parlent pas. Certains problèmes n’ont aucune solution


Par Aurelien – Le 29 octobre 2025 – Source Blog de l’auteur

Je ne suis pas beaucoup la couverture médiatique traditionnelle de la guerre en Ukraine – je laisse cela à ceux qui ont l’estomac bien ancré – mais il est impossible d’ignorer les deux messages contradictoires et confus qu’elle diffuse sur les chances de mettre fin, plus ou moins pacifiquement, à cette guerre. D’une part, « parler à Poutine » est considéré comme un crime capital, et toute initiative suggérant que l’Occident pourrait le faire est vue comme une forme de trahison. De l’autre, des armes miracles plus récentes et meilleures doivent être envoyées en Ukraine pour « forcer Poutine à rejoindre la table des négociations« .

Je ne vais pas essayer de réconcilier ces deux messages car je pense que c’est impossible, et de toute façon ce serait un gaspillage d’efforts. Je vais plutôt les traiter tous les deux – et d’autres choses dont je parlerai également – comme des exemples montrant l’incohérence fondamentale, le narcissisme et la superficialité de la pensée et de l’expression qui caractérisent la Caste Professionnelle et Managériale (CPM) d’aujourd’hui, en particulier les dirigeants politiques et ceux qui les conseillent et écrivent à leur sujet. Occupons-nous d’abord de ce sujet, puis nous retournerons à l’Ukraine et d’autres endroits.

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Hitlérisme, trumpisme, netanyahisme, lepénisme, macronisme


Une approche comparative et expressionniste


Par Emmanuel Todd – Le 13 octobre 2025 – Source Blog de l’auteur

Emil Nolde, Masques Nature morte, 1911

Les références aux années 1930 se multiplient. La dégénérescence de la démocratie américaine semble nous ramener à celle de la république allemande de Weimar. Trump, par sa jouissance dans la violence et le mensonge, par l’exercice du mal, irrésistiblement nous ramène à Hitler. En Europe, la montée de mouvements catégorisés comme d’extrême-droite nous oblige à ce retour sur notre histoire.

Les sociétés occidentales ne ressemblent pourtant plus guère à ce qu’elles furent dans les années 1930. Elles sont vieillies, de consommation, tertiaires, les femmes y sont émancipées, le développement personnel y a remplacé l’adhésion partisane. Quel rapport avec les sociétés des années trente : jeunes, frugales, industrielles, ouvrières, masculines, encartées ? C’est cet éloignement socio-historique qui m’avait conduit à considérer jusqu’à ce jour comme a priori invalide le parallèle entre les « extrême-droites » du présent et celles du passé. Mais les doctrines politiques existent, aujourd’hui comme hier, et l’on ne peut se contenter de postuler l’impossibilité, par exemple, d’un nazisme de vieux, d’un franquisme de consommateurs, d’un fascisme de femmes libérées ou d’un LGBTisme Croix-de-Feu.

Le moment est venu de comparer les doctrines de notre présent à celles des années trente. Voici l’esquisse de ce que pourrait être l’étude comparative de cinq phénomènes historiques : l’hitlérisme, le trumpisme, le netanyahi(u)sme, le lepénisme. J’ajouterai en fin de parcours, brièvement, le macronisme. L’extrémisme centriste et européiste qui mène la France au chaos nous oblige à cet examen. Cet extrémisme est-il si centriste que ça ?

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Le retour de la gravité géopolitique


Par Arnaud Bertrand – Le 26 septembre 2025 – Source BBlog de l’auteur

Quatre événements extraordinaires se sont produits la semaine dernière en l’espace de seulement 72 heures ; une semaine dont on se souviendra peut-être comme l’une des plus importantes dans la transition de la Pax Americana (une époque qui était certes beaucoup plus “américaine” que “Pax”) à un monde multipolaire.

Ces 4 événements sont chacun significatifs à part entière, mais lorsqu’ils sont pris ensemble et compte tenu du fait qu’ils se sont tous produits dans un laps de temps extrêmement court, du 17 au 19 septembre, ils indiquent un profond recalibrage de la dynamique du pouvoir mondial.

Quelles sont-ils ? Par ordre chronologique :

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Éloge des petites choses


Par Aurélien – Le 17 Septembre – Source Blog de l’auteur

Vous avez peut-être remarqué que nous subissons quelques petites difficultés politiques en France depuis quelques temps, entre des gouvernements qui s’effondrent et des tentatives de paralyser le pays, le tout sous un président établissant chaque mois de nouveaux records d’impopularité. L’essai d’aujourd’hui ne concerne pas spécialement la France, mais je vais commencer par la situation ici, car cela nous aide à mieux comprendre les problèmes politiques structurels actuels de l’Occident dans son ensemble. La fluidité du système politique français et le manque de discipline de parti font que les évolutions sont souvent beaucoup plus faciles à repérer ici que dans les pays anglo-saxons, par exemple.

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Le marché de la Vérité


Par Aurélien – Le 10 Septembre 2025 – Son Blog

Au cours de la dernière décennie, il y a eu une énorme floraison au sujet de la recherche de la Vérité. Je ne veux malheureusement pas dire par là que les cours de philosophie sont débordés et que les livres d’épistémologie sont des best-sellers. Ou bien qu’un grand nombre de personnes sont maintenant véritablement fascinées par découvrir ce qu’est la “Vérité”, ou qu’Internet regorge de discussions savantes et intéressantes à ce sujet.

Non, bien sûr, je ne veux dire aucune de ces choses. Comme on pouvait s’y attendre, je fais référence aux accusations sauvages et parfois hystériques de mensonges lancées les uns contre les autres par différentes personnalités politiques et médiatiques, et aux singeries presque douloureusement embarrassantes des “fact checkers” qui se sont érigés, apparemment sans qualifications, en arbitres du vrai et du réel. J’ai l’impression qu’une grande partie de cet effort a maintenant péri de ses propres contradictions et excès, mais nous trouvons toujours des accusations rituelles de “mensonge” lancées dans toutes les directions dans ce qui pourrait, vu sous un mauvais angle, passer pour le débat politique contemporain. (Je vois que Robert F Kennedy Jr. en est actuellement une cible particulière.)

Dans une certaine mesure, il en a toujours été ainsi. Les politiciens ont toujours revendiqué la Vérité pour eux-mêmes et l’ont niée à leurs opposants, mais pour diverses raisons que nous ne pouvons aborder qu’à la légère ici, le problème s’est considérablement aggravé ces derniers temps. J’ai donc pensé qu’il pourrait être utile d’essayer de dissiper une partie de la confusion qui en résulte. Je prends comme point de départ l’espoir, aussi optimiste soit-il, qu’il y ait des gens qui apprécieraient quelques suggestions sur la façon de réfléchir à ce que signifie la “vérité” dans un environnement politique. (Je ne suis pas philosophe et je n’ai aucune ambition pour quelque chose de plus ambitieux que cela.)

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L’avenir de l’Europe dépend du démantèlement de l’UE.


Une critique globale du modèle d’intégration supranational de l’UE, analysant ses lacunes structurelles, économiques et géopolitiques


Par Thomas Fazi – Le 10 septembre 2025 – Source Blog de l’auteur

Présentation

Au cours des trois dernières décennies ou plus, un récit dominant a façonné le discours européen : dans un monde de plus en plus globalisé et interconnecté, les nations individuelles sont progressivement devenues limitées dans leur autonomie économique et ont perdu la capacité de déterminer indépendamment leur trajectoire économique. Cela est attribué à leur faiblesse par rapport aux puissantes forces extérieures — à la fois des entités privées telles que la finance internationale et les multinationales, ainsi que des superpuissances étrangères, en particulier la Chine. Selon ce point de vue, le concept même de souveraineté nationale est devenu de plus en plus obsolète dans le monde d’aujourd’hui.

La solution, selon ce récit, était que les nations européennes « mettent en commun » leur souveraineté et la transfèrent à une institution supranationale suffisamment grande et puissante pour faire entendre sa voix sur la scène internationale : l’Union européenne (UE). L’argument soutenait que ce n’est qu’à ce niveau supranational et continental que les États individuels pourraient acquérir un pouvoir collectif suffisant pour mettre en œuvre des politiques économiques efficaces par rapport à ces forces mondiales. Autrement dit, renoncer à certains éléments de souveraineté nationale — déjà jugés diminués dans la pratique — permettrait aux pays de se réapproprier une forme de souveraineté “réelle”, par la force collective. Cela constitue le cœur de l’argument supranationaliste pro-UE.

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La guerre à notre époque ? Nous aurions plutôt besoin d’hommes en blouse blanche


Par Aurélien – Le 3 Septembre 2025 – Source Blog de l’auteur

Le sujet de l’Ukraine revient sans cesse sur ma liste de choses à écrire, même si nous sommes dans une sorte de pause en ce moment, mais j’ai dit à peu près tout ce que je voulais dire sur la politique et la stratégie de la crise pour le moment. Ce qui l’a forcé à figurer en tête de liste des sujets exigeant que j’écrive dessus était moins les événements sur le terrain que le climat croissant de peur, de bellicisme et d’anticipation apocalyptique qui semble avoir atteint les experts et les politiciens occidentaux, quelles que soient leurs positions politiques ou leurs sympathies. Mélangez cela avec d’autres experts parlant assez calmement d’une guerre contre la Chine, et je pense que nous avons ici quelque chose de très proche d’une psychose de guerre, qui pourrait nous mener dans des directions très étranges et dangereuses.

Au départ, je vais simplement me concentrer sur la dissociation extrême de la réalité que ce genre de pensée représente. Pour cela, je vais entrer un peu dans les détails ringards, mon point principal étant que l’idée de mener une guerre contre la Russie ou la Chine est un fantasme faisant saliver ceux qui pensent ou espèrent que l’Occident gagnera, et une vision apocalyptique pour ceux qui pensent ou espèrent que l’Occident perdra. Ni l’un ni l’autre n’a grand-chose à voir avec une quelconque capacité et organisation militaire réelle. Donc, cet essai sera un mélange un peu étrange, même pour moi, d’analyses symboliques et culturelles ésotériques, et de réflexions très terre-à-terre sur les capacités et les déploiements militaires. Mais restez quand même.

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