Par Aurelien – Le 11 décembre 2025 – Source blog de l’auteur
J’ai écrit à plusieurs reprises sur les conclusions que l’Occident doit tirer de son échec politique et militaire en Ukraine, et la probabilité conséquente d’avoir une Russie en colère et puissante comme voisin. Alors que le conflit lui-même touche à sa fin, nous commençons à voir des experts parler des “leçons” tirées de l’Ukraine pour l’Occident, à la fois politiques et militaires. Mais comme je vais le démontrer, tirer des « leçons » des crises n’est jamais facile, et assez naturellement les gens ont tendance à tirer des leçons qui les réconfortent et renforcent leur croyance en leurs propres pouvoirs d’anticipation, leur position politique actuelle, ou les deux. J’ai donc pensé qu’il pourrait être utile d’avoir un aperçu préliminaire du terrain aujourd’hui, et d’essayer de définir ce que je pense que les principaux problèmes sont réellement, et où les malentendus et les luttes politiques sont susceptibles d’être. Comme d’habitude, je ne vois aucun intérêt à essayer de faire des prédictions fermes.
Dans son discours à Riyad du mois de mai, le président Trump justifiait son mode transactionnel de formulation des politiques : obtenir la paix par le commerce plutôt que par la guerre.
Prélude : La plainte pour « incompétence«
Je ne suis pas beaucoup la couverture médiatique traditionnelle de la guerre en Ukraine – je laisse cela à ceux qui ont l’estomac bien ancré – mais il est impossible d’ignorer les deux messages contradictoires et confus qu’elle diffuse sur les chances de mettre fin, plus ou moins pacifiquement, à cette guerre. D’une part, « parler à Poutine » est considéré comme un crime capital, et toute initiative suggérant que l’Occident pourrait le faire est vue comme une forme de trahison. De l’autre, des armes miracles plus récentes et meilleures doivent être envoyées en Ukraine pour « forcer Poutine à rejoindre la table des négociations« .
Quatre événements extraordinaires se sont produits la semaine dernière en l’espace de seulement 72 heures ; une semaine dont on se souviendra peut-être comme l’une des plus importantes dans la transition de la Pax Americana (une époque qui était certes beaucoup plus “américaine” que “Pax”) à un monde multipolaire.
Vous avez peut-être remarqué que nous subissons quelques petites difficultés politiques en France depuis quelques temps, entre des gouvernements qui s’effondrent et des tentatives de paralyser le pays, le tout sous un président établissant chaque mois de nouveaux records d’impopularité. L’essai d’aujourd’hui ne concerne pas spécialement la France, mais je vais commencer par la situation ici, car cela nous aide à mieux comprendre les problèmes politiques structurels actuels de l’Occident dans son ensemble. La fluidité du système politique français et le manque de discipline de parti font que les évolutions sont souvent beaucoup plus faciles à repérer ici que dans les pays anglo-saxons, par exemple.
Au cours de la dernière décennie, il y a eu une énorme floraison au sujet de la recherche de la Vérité. Je ne veux malheureusement pas dire par là que les cours de philosophie sont débordés et que les livres d’épistémologie sont des best-sellers. Ou bien qu’un grand nombre de personnes sont maintenant véritablement fascinées par découvrir ce qu’est la “Vérité”, ou qu’Internet regorge de discussions savantes et intéressantes à ce sujet.