Une courte histoire de la Yougoslavie (5/6)


Par Vladislav B. SOTIROVI − Le 19 avril 2019 − Source Oriental Review

https://orientalreview.org/wp-content/uploads/2019/04/Milosevic-Tudjman-Izetbegovic-380x280.jpgLa politique de Tito dans les années 1970, qui consistait prétendument à « encourager et réprimer » pour lutter contre les nationalismes ethniques politiquement indésirables et menaçants, en particulier ceux des croates et des serbes, semblait incohérente. En d’autres termes, si certains nationalismes ethniques et leurs idéologies étaient considérés comme dangereux pour le système et, par conséquent, ont été réprimés et leurs défenseurs emprisonnés ou interdits d’emploi 1 (le cas, par exemple, des professeurs dissidents serbes de l’université de Belgrade), d’autres nationalismes, censés être non dangereux pour le régime ont été encouragés par les élites communistes locales (le nationalisme albanais au Kosovo-et-Métochie). Néanmoins, une tentative titoïste de supprimer les nationalismes croates et serbes et leurs idéologies politiques, en tant que doctrines « réactionnaires » et « contre-révolutionnaires », n’a pas réussi à les éradiquer2. En substance, une telle politique titoïste a relégué les nationalismes croate et serbe dans le champ de la dissidence politique et des manifestations.

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  1. Une telle politique de persécution politique n’était pas nouvelle en Titoslavie puisqu’elle n’était que la continuation de la pratique depuis la première décennie après octobre 1944. A propos des méthodes titoïstes pour créer une atmosphère de pouvoir et de peur, voir dans Алекс Н. Драгнић, Титова обећана земља Југославија, Београд: Задужбина Студеница−Чигоја штампа, 2004, 141−158
  2. Sur l’idéologie du nationalisme serbe, voir dans Др Војислав Шешељ, Идеологија српског национализма. Научно и публицистичко дело проф. др Лазе М. Костића, Београд: Српска радикална странка, 2003. L’auteur de cette publication (Vojislav Šešelj) est un Croate de Bosnie-Herzégovine. A propos d’un nationalisme croate et des idéologies nationalistes d’avant 1945, voir dans Jere Jareb, Pola stoljeća hrvatske politike, 1895−1945, Zagreb: Institut za suvremenu povijest, 1995. L’auteur était un émigrant oustashi vivant en Argentine après la seconde guerre mondiale. Le livre a été publié à l’origine à Buenos Aires en 1960.

La barbarie gagne du terrain


Par Luciana Bohne – Le 16 décembre 2015 – Source CounterPunch

En octobre  1930, Thomas Mann a lancé un «Appel à la raison» dans le Berliner Tageblatt :

«Cet état d’esprit fantastique, d’une humanité qui n’a plus d’idées, est compensé par une mise en scène politique grotesque, qui utilise les techniques de l’Armée du Salut : alléluias, tintements de cloche et répétition de slogans monotones à la manière des derviches, jusqu’à ce que tout le monde ait l’écume à la bouche. Le fanatisme se transforme en une source de salut, l’enthousiasme en extase épileptique… et le visage de la raison disparaît sous un voile.»

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L’arme psycho-historique contre la Russie

Extrait du rapport de l'historien A. Foursov au forum international «La russophobie et la guerre d'information contre la Russie»
Une conférence sur la russophobie dans notre situation est en retard au moins d'un quart de siècle. Je dis «notre situation» me référant à ce qui suit. Les trois ou quatre dernières années ont démontré à tout le monde – à tous ceux qui ne sont pas aveugles, qui voient – que l'Occident restera un ennemi de la Russie indépendamment du régime politique que nous aurons ; et voici que les militaires américains disent déjà que les relations entre les États-Unis et la Russie resteront conflictuelles même après le départ de Poutine. Alors que la ministre de la Défense allemande, mère de sept enfants, a déclaré le 22 juin 2015 qu'il fallait traiter la Russie à partir d'une position de force. Apparemment, la date de la déclaration n'a pas été choisie par hasard. Mme la ministre a oublié comment la tentative de son compatriote et fondateur de la première Union européenne [Adolf Hitler, NdT] de commencer le 22 juin 1941 [invasion de la Russie par les nazis, NdT] la conversation avec la Russie à partir d'une position de force s'est terminée. Elle pourrait au moins plaindre ses enfants ; le sort des enfants de Goebbels et le drapeau rouge sur le Reichstag sont-ils déjà oubliés ?

Cette conférence est tardive, mieux vaut tard que jamais, mais la perte de temps ou de rythme, comme diraient les joueurs d'échecs, est évidente. La clarté est toujours nécessaire, en particulier la clarté au regard des adversaires historiques, pour parler franchement, les ennemis. L'affaiblissement et la soumission de la Russie, l'effacement de l'identité russe en tant que nation formant l'État, dans le but de la prise de contrôle de ses ressources et de l'espace russe (l'importance et la valeur de ce dernier augmentent avec la menace de la catastrophe géoclimatique) est un objectif de longue date des groupes dirigeants de l'Occident. Dans sa forme systématique, cet objectif a été formulé dans le dernier tiers du XVIe siècle dans les versions catholique (les Habsbourg) et protestante (Angleterre, John Dee).

Le désir de subjuguer le vaste territoire, détruire l'État le contrôlant, soumettre et briser le peuple constituant l'État était justifié par le caractère prétendument hostile aux Européens de l'État et du peuple russes, par leur agressivité – imaginaire, bien sûr: «Tu es coupable parce que j'ai faim». Un accent particulier était mis sur l'altérité religieuse des Russes, leur orthodoxie. Jusqu'aux années 1820, l'accentuation de l'altérité des Russes par rapport aux Européens de l'Ouest était principalement de nature religieuse, même s'il y avait une composante nationale, ou plus précisément, ethnique. Depuis les années 1820 la situation a changé : à la pointe de la guerre d'information et psychologique (psycho-historique) contre la Russie sont concentrées les composantes ethno-historique, nationale, culturelle et politique, formant la russophobie dans le sens strict. C'est là où la guerre psycho-historique de l'Occident contre la Russie commence sérieusement. C'est un changement qualitatif, mais avant que nous en parlions, il faut déterminer ce que l'on entend par les termes la guerre psycho-historique et la russophobie.

Par Andreï Foursov – Le 25 novembre 2015 – Source traduitdurusse.ru

Andreï Foursov

La guerre psycho-historique est un ensemble d’actions systématiques, ciblées et à long terme, ayant pour but d’établir un contrôle sur la psychosphère de la société, principalement sur la psychosphère de son élite intellectuelle et dirigeante, en allant progressivement au-delà des groupes cibles primaires, d’effacer la psychosphère attaquée et de lui substituer la sienne.

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La propagande anti-soviétique de l’État français aux frais de la taxe sur l’audiovisuel


La question préalable des sources de la série Apocalypse Staline sur France 2


Annie Lacroix-Riz

Par Annie Lacroix-Riz – Le 7 mai 2015

Professeur émérite d’histoire contemporaine à Paris VII

L’histoire de la Guerre froide de Göbbels à l’ère américaine

Les trois heures de diffusion de la série « Apocalypse Staline » diffusée le 3 novembre 2015 sur France 2 battent des records de contrevérité historique, rapidement résumés ci-dessous.

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Pourquoi la Russie ne doit pas renier son passé [2/2]


Les libéraux russes aident l’Occident dans la Guerre de l’information contre l’histoire officielle de la Nation. Cette cinquième colonne agit pour la destruction de la Russie humiliée et défaite, mais elle peut et doit être contrée par un refus absolu de s’excuser pour le passé et par la focalisation des projecteurs sur les réelles intentions de ces acteurs malfaisants


Par Nikolaï Stakirov – Le 20 octobre 2015 – Source Russia Insider

Ceci est la seconde partie et la conclusion de l’ article écrit par le célèbre écrivain et historien russe Nikolaï Starikov.

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Il a été démontré dans la première partie que, à la manière d’Orwell, celui qui contrôle le passé contrôle aussi l’avenir. Les libéraux russes sont alliés avec l’Ouest dans une campagne pour faire gagner leur version des faits. Cette guerre de l’information sur l’Histoire de la Russie, si elle réussit, doit convaincre le peuple russe que Staline a été un criminel et que la Grande Puissance soviétique qu’il avait construite était un état voyou. Lorsque les masses auront été submergées par cette légende, des réparations seront inévitablement réclamées par les ayant- droit des victimes.

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Pourquoi la Russie ne doit pas renier son passé [1/2]


Le combat pour le passé de la Russie est un combat pour son avenir. Les libéraux russes, dénoncent déloyalement les crimes de l’Union soviétique pour dissimuler leurs intentions : aider les oligarques de l’Ouest à s’emparer des richesses de la Russie


Par Nicolaï Stakirov – Le 19 octobre 2015 – Source Russia Insider

Les libéraux russes, aussi bien que ceux de l’Occident, n’ont cessé de ternir et couvrir de boue le passé de notre pays avec une ténacité que certains pourront trouver surprenante. Souvent vous pouvez voir un blogueur honnête écrire quelque chose de mauvais sur l’Union soviétique ; ou dans une autre occasion, un canal TV d’opposition, menant une enquête sur la Grande Guerre Patriotique, insulter la mémoire de ceux qui sont tombés. Ils reçoivent tous un soutien enthousiaste des médias occidentaux dominants. Récemment, la BBC, une chaîne d’information publique considérée comme indépendante pour des raisons obscures, a tenté avec diligence de réécrire l’Histoire en publiant un mensonge sur les soldats russes tellement révoltant que je suis trop dégoûté pour simplement en parler.

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Une amitié… éternelle?


Lyrique, passionné, instructif, optimiste, objectivement partial, le Saker Francophone vous invite à parcourir – brièvement – la longue histoire des relations franco-russes


Par Erwan Castel – Le 27 septembre 2015 – Source alawata-rebellion

L’esprit de Normandie Niemen

Sur le site officiel de la Diplomatie française on peut lire en introduction du paragraphe consacré aux relations franco-russes cette phrase laconique : «Le dialogue politique entre la France et la Russie a été limité, à la suite de l’annexion de la Crimée, par l’introduction par l’Union européenne de sanctions à l’encontre de la Russie, et par la suspension de la Russie du G8

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Quel est le problème avec notre système monétaire et comment y remédier


Dmitry OrlovPar Dmitry Orlov – Le 14 juillet 2015 – Source cluborlov 

Ce texte est issu d’un article envoyé par Adrian Kuzminsky.
Suite à des commentaires de lecteurs, il a été mis à jour.
Nous vous présentons d’abord l’article, puis la mise à jour.


Par Adrian Kuzminsky

Quelque chose est profondément mauvais dans notre système financier mondial. Le pape François est seulement l’un des derniers à sonner l’alarme :

«Les êtres humains et la nature ne doivent pas être au service de l’argent. Refusons une économie de l’exclusion et des inégalités, où l’argent règne, plutôt que le service. Cette économie est mortelle. Cette économie exclut. Cette économie détruit la Terre-Mère nourricière.»

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La conférence de Potsdam : origine de la confrontation Est-Ouest


Un expert militaire russe analyse ici les origines historiques de la confrontation Est-Ouest. Une volonté ininterrompue, à l’Ouest, de détruire l’URSS et ses successeurs quel que soit le régime économique installé, communiste ou capitaliste, mettant ainsi  à nu la véritable stratégie hégémonique du bloc occidental. Le pivot vers l’Asie de la Russie met sérieusement à mal cette stratégie séculaire.


Par Yuriy Rubtsov – Le 22 juillet 2015 – Source strategicculture

Les dirigeants de la coalition anti-Hitler se sont réunis à Potsdam en conférence du 17 juillet au 2 août 1945 pour tirer un trait sur la Seconde Guerre mondiale. Il s’agissait de la troisième conférence entre les dirigeants des trois grands pays et le dernier événement d’après-guerre dans ce format. Seulement six mois s’étaient écoulés depuis la précédente conférence de Yalta, mais de nombreuses questions urgentes émergeaient, à traiter sans délai.

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La militarisation de l’Histoire, le révisionnisme comme arme de destruction massive.

 


Andrew Korybko

Par  Andrew Korybko – Le 4 mai 2015 – Source thesaker.is

L’Eurasie est en voie de devenir intégrée comme jamais auparavant. La Route de la Soie chinoise et l’Union eurasienne de la Russie constituent la base structurelle pour cette connexion historique entre les continents.

Les États-Unis croient comprendre la menace que cela pose à leur hégémonie mondiale (voir Brzezinski et son Grand Échiquier), d’où le déploiement de sa dernière arme postmoderne de communication, la militarisation de la mémoire historique.

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