La chef de la politique étrangère de l’UE:
Pas de confrontation avec la Russie sur l’Ukraine

Le 7 mars 2015 – Source Russia Today

La chef des Affaire étrangères de l’UE Federica Mogherini (Reuters / Ints Kalnins

L’UE résiste aux appels des têtes brûlées qui veulent fournir des armes à l’Ukraine, en disant qu’elle ne veut pas être entraînée dans une confrontation avec la Russie. Les Européens citent les progrès accomplis dans la mise en œuvre d’un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine entre Kiev et les rebelles locaux.

L’idée de fournir une aide létale pour Kiev est populaire parmi de nombreux responsables de l’Otan et les politiciens américains. Aux États-Unis, le président de la Chambre des représentants, John Boehner et un groupe bipartisan de législateurs en vue ont appelé le président Barack Obama à livrer les armes. Mais les Européens sont opposés à cette perspective, qui serait susceptible d’exacerber les tensions avec la Russie.

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Entre les US et la Russie
La dissonance cognitive de la position de l’Union européenne

Par Mikhail Khazin – Le 5 mars 2015 – Source thesaker.is

Les problèmes avec l’idéologie de base de l’Union européenne impliquent bien sûr, au premier chef, la position de l’Allemagne. Pour voir avec la plus grande clarté, nous devons nous rappeler que dans le mantra [leitmotiv incantatoire] des partisans du libéralisme occidental, qu’ils soient de l’Union européenne, des États-Unis ou du cru [russe], l’objectif principal de l’Occident par rapport à la Russie est d’expliquer que l’adoption de valeurs libérales fondamentales conduiront inévitablement à une économie florissante et au bonheur de tous. Si nous faisons la moindre tentative de fourrer le nez dans les résultats réels, ils expliquent que nous, nous faisons tout mal; et que, plus spécifiquement, nous avons créé la corruption sur une vaste échelle.

Je vais laisser de côté le fait que les consultants occidentaux qui nous ont bourré le crâne avec leurs valeurs libérales étaient eux-mêmes une source de corruption. Ce n’est un secret pour personne que beaucoup d’entre eux, personnes physiques ou morales, ont rempli leur tiroir-caisse pendant le processus de privatisation. Ce n’est pas un secret non plus que ces privatisations étaient un processus entièrement criminel qui a non seulement créé une immense cohorte de fonctionnaires corrompus, mais a aussi empêché complètement le développement normal des petites et moyennes entreprises. Lorsque le processus de privatisation a été terminé, les corrupteurs libéraux se sont transformés en sicaires des multinationales, détruisant les entreprises qui se sont développées en dehors de leur contrôle.

Vous n’avez qu’à regarder la formulation des lois sur la faillite, les décisions des tribunaux, et ainsi de suite. Cette situation est le résultat de la privatisation, et tant que ce résultat n’est pas condamné et remis en cause, il sera très naïf de s’attendre à voir le pays connaître une croissance constructive quelconque. Les gens qui ont volé des millions sinon des milliards ne permettront jamais un environnement normal des affaires, parce qu’ils ne peuvent pas fonctionner dans des conditions normales de concurrence; la majorité d’entre eux doivent leur existence au vol dans les caisses de l’État ou à l’appui du gouvernement.

Mais revenons au sujet principal. Les gens qui gouvernent aujourd’hui notre pays, toute notre élite qui a été formée à partir de la fin des années 1980 jusqu’au début des années 2000, épousent l’idéologie libérale. Ils sont sincèrement prêts à défendre le droit sacré à la propriété privée et à prendre leurs ordres de Washington. Ils ne veulent tout simplement pas prendre des risques ni partager le pouvoir dans notre pays.

Washington tolère souvent de telles situations. Les anciennes dictatures d’Amérique latine et la monarchie saoudienne ne peuvent pas être appelés des bastions de la démocratie et de la liberté. Et Israël, le chouchou des États-Unis est loin d’être un ange. Mais avec la Russie, quelque chose s’est mal passé. Ce qui est arrivé ici est complexe et peut être discuté longuement. Il est possible que les efforts d’un quart de siècle pour inculquer aux gens les valeurs libérales ont échoué, et Washington a décidé qu’au début de la crise mondiale la politique de libéralisation devait être intensifiée. Mais l’élite russe a résisté, craignant une véritable agitation populaire. Malgré cela, les États-Unis ont continué.

Bien sûr, cette situation ne convenait pas à l’Union européenne; ce n’était ni du goût de Bruxelles, ni de celui de Berlin, qui faisaient beaucoup d’affaires avec Moscou et ont été fermement convaincus que tôt ou tard ils en récolteraient les fruits. Et l’Ukraine était dans leurs plans. Mais l’idée générale que le centre du pouvoir pour l’Europe orientale ne devait pas être à Moscou, mais à Washington, n’a pas été envisagée. Et ici se trouvent les problèmes.

Moscou a posé, à plusieurs reprises, la même question: si votre objectif est d’inculquer certaines valeurs en nous, et si nous sommes prêts à les accepter, pourquoi voulez-vous éloigner l’Ukraine de la Russie? En effet, on a travaillé avec l’Europe de l’Est, aidés par Gorbatchev. Mais c’était une période de peur car on craignait que soudainement de vrais patriotes arrivent au pouvoir dans la Fédération de Russie ou ailleurs? Mais, maintenant, où est le problème? Même aux États-Unis, il y a des politiciens qui comprennent ceci: http://worldcrisis.ru/crisis/1828187 [en russe seulement].

Mais aujourd’hui, une telle question ne compte pas pour les États-Unis, qui ont une politique purement impériale et ne participent pas à ces discussions – [Jennifer] Psaki étant un bel exemple. Ils doivent mentir sur les faits? Alors ils mentent. Ils doivent répondre par le silence à une question délicate? Alors ils se taisent. Et rien ne peut être fait à ce sujet, parce que personne ne peut punir les États-Unis – pour l’instant. Mais à mon avis, une telle position va se retourner contre eux assez rapidement. Et la situation soulève des questions à Berlin et Bruxelles.

Ils se sont mis dans la tête d’amener l’Ukraine dans leur propre sphère d’influence (américaine, plus précisément). Je ne vais même pas discuter pourquoi; le fait est évident. Ils ne peuvent pas se permettre d’ignorer diverses questions et des faits désagréables, de sorte qu’ils doivent s’engager dans la discussion. La même question se pose en permanence, en différentes versions et interprétations: «Pourquoi ne voulez-vous pas que l’Ukraine se rapproche de l’UE avec la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan?» Dès que cette question revient, le représentant allemand/UE panique.

Bon, ils ne peuvent pas vraiment dire la vérité: en soutenant liberté et démocratie, nous reconnaissons que les États-Unis peuvent violer ces valeurs quand et où il veulent. Mais les États-Unis veulent arracher l’Ukraine à la Russie (parce que [Zbigniew] Brzezinski l’a dit, et que c’est une raison comme une autre), et nous devons l’aider, même si nous comprenons que cela menace les valeurs tant ressassées. Nous acceptons que la politique américaine soit fondée uniquement sur ses intérêts impériaux, et qu’elle crache sur la liberté et   la démocratie (je ne vais pas rappeler les conversations infâmes de [Victoria] Nuland, l’ingérence dans le décompte des voix lors de l’élection en Ukraine et ainsi de suite parce que cela a déjà tellement été dit). Nous reconnaissons que nous ne nous opposerons jamais à la position américaine et nous ne laisserons personne imaginer de pouvoir le faire. Tant que cela nous convient, bien sûr.

En conséquence, Berlin/ UE est dans une position extrêmement faible. Ils imposent la servitude à l’Ukraine avec un accord qui détruit complètement son économie, ils soutiennent le coup d’État, ils permettent à une faction pro-américaine en Ukraine de truquer grossièrement et cyniquement les élections. Et après tout cela, leur discours sur la liberté et la démocratie apparaît hautement suspect, non seulement à Moscou, mais aussi dans d’autres villes et pays. Que peuvent-ils faire dans une telle situation?

Continuer à parler de liberté et démocratie? Pour les personnes qui peuvent voir comment ils attirent l’Ukraine vers la liberté, l’organisation d’escadrons de la mort, les bombardements des quartiers résidentiels avec des armes de gros calibre et l’interdiction à  leurs concitoyens de donner leur opinion (si ça vous passionne, vous pouvez lire la façon définitive dont les bataillons du Secteur Droit se comportent dans le Donbass et dans les territoires qu’ils occupent). Je ne dirai rien du tout sur l’économie.

Dire la vérité? Mais alors il y aurait le danger que le pouvoir de l’opposition anti-élite, qui (sauf en Hongrie et en Grèce) commence juste à faire sentir sa présence dans l’UE, augmente considérablement. Si l’élite actuelle perd le contrôle sur les budgets et les devises, ils peuvent perdre à jamais le pouvoir. Et cette perspective est extrêmement désagréable pour eux.

Vous voulez une sorte de scénario extravagant? Par exemple, si les néo-nazis arrivent au pouvoir en Allemagne, ils vont s’entendre à merveille avec le Secteur Droit en Ukraine. Mais eux non plus ne s’accorderont pas avec l’élite pro-américaine actuelle, dont ils n’auront plus besoin.

En général, Merkel & Co ont de graves problèmes. Si l’économie était encore forte, il serait possible, comme toujours, de coller du papier peint sur les fissures et les absurdités de la version officielle avec des perfusions d’argent. Mais qu’est ce qui peut être fait dans la situation actuelle? Il n’y a pas de bonne réponse. Merkel continue ses efforts pour arrêter ce qui est clairement une guerre et pour persuader les États-Unis de se calmer, même si ce n’est que pour un temps. Mais c’est en vain parce que les États-Unis ont en fait déjà perdu la guerre, et leur arrogance impériale ne permettra pas que ça s’arrête, surtout avec une élection à portée de main. Parler de liberté et de démocratie est de plus en plus irritant, même au sein de l’UE. Merkel ne peut pas non plus  faire pression sur les États-Unis pour obtenir de l’argent. Je ne vais même pas parler de Bruxelles.

En général, il y a une seule chose que nous pouvons dire: si la base idéologique de l’Union européenne, une entité gouvernementale complexe, est construite sur une contradiction aussi sinistre, comme on le voit à l’évidence, alors ses jours sont comptés. Et rien ne peut être fait à ce sujet.

Traduit du russe par Robin  – Source russe worldcrisis.ru

Traduit de l’anglais par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone.

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Le discours de Netanyahou devant le Congrès US aide réellement Obama contre l’Iran

Par Mahdi Darius Nazemroaya – Le 3 mars 2015 – Source globalresearch

Beaucoup d’attention a été portée aux tensions entre l’administration du président états-unien Barack Obama et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Les tensions portent sur les négociations entre l’Iran et les États-Unis à propos du nucléaire et sur le discours de Netanyahou devant une session conjointe du Congrès états-unien au Capitole à Washington le 3 mars 2015.

Bien qu’on puisse regarder la situation sous plusieurs angles et qu’il y ait de grandes différences, le point central, qui ne devrait pas être omis, est que par sa position ferme, le Premier ministre Netanyahou est actuellement en train d’offrir un levier contre l’Iran au président Obama et à son groupe de négociateurs. C’est pourquoi, à Washington DC, on recommence à parler d’une guerre avec l’Iran.

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Grand Jeu en Terre Sainte
Israël: non au gaz des Gazaouis

Par Michael Schwartz – Le 26 février 2015 – Source TomDispatch

Comment le gaz naturel de Gaza est devenu l’épicentre d’une lutte internationale pour le pouvoir

Devinez quoi? Presque toutes les guerres actuelles, les soulèvements et autres conflits au Moyen-Orient sont reliés par un seul fil, qui est aussi une menace: ces conflits s’inscrivent dans la concurrence toujours plus frénétique pour trouver, extraire et vendre des combustibles fossiles dont la consommation future garantit de conduire à une série de crises environnementales cataclysmiques.

Parmi les nombreux conflits autour des combustibles fossiles dans la région, l’un d’eux, enveloppé de menaces grandes et petites, a été largement négligé, et Israël en est l’épicentre. Ses origines remontent au début des années 1990, lorsque les dirigeants israéliens et palestiniens ont commencé à se disputer à propos de rumeurs faisant état de gisements de gaz naturel en Méditerranée, au large des côtes de Gaza. Au cours des décennies qui ont suivi, il s’est développé en un conflit sur plusieurs fronts qui a impliqué plusieurs armées et trois navires de guerre. Dans le processus, il a déjà infligé une misère effrayante à des dizaines de milliers de Palestiniens, et il menace d’ajouter plusieurs couches de misères aux gens qui vivent en Syrie, au Liban et à Chypre. Il pourrait même, éventuellement, plonger des Israéliens dans la misère.

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Revanchisme et russophobie: les racines profondes et sombres de la guerre en Ukraine

Par le Saker Original – Le 4 mars 2015 – Source thesaker.is

La situation en Ukraine est plus ou moins calme en ce moment, et il est peut-être temps de prendre du recul par rapport aux événements quotidiens en en dévoilant les courants sous-jacents plus profonds. Je veux aujourd’hui soulever une question à laquelle j’admets volontiers ne pas avoir de réponse. Ce que je veux demander est ceci: se pourrait-il que l’un des facteurs clés motivant la volonté apparemment illogique et autodestructrice de l’Occident d’affronter constamment la Russie soit tout simplement du revanchisme à cause de la Deuxième Guerre mondiale?

Bien sûr, nous parlons de perceptions donc il est difficile d’établir quelque chose de certain, mais je me demande si la victoire de Staline contre Hitler a été vraiment ressentie comme telle par les élites occidentales, ou si elle a été perçue comme une victoire contre quelqu’un que FDR (Franklin Delano Roosevelt) aurait également pu appeler notre fils de pute. Après tout, il y a beaucoup de preuves que les États-Unis et le Royaume-Uni ont été des partisans zélés de la montée de Hitler au pouvoir (lire Starikov à ce sujet) et que la plupart des Européens (continentaux) étaient plutôt favorables à Herr Hitler. Ensuite, bien sûr et comme il arrive souvent, Hitler s’est retourné contre ses maîtres, ou du moins ses partisans, et ils ont dû se battre contre lui. Mais ceci n’a strictement rien de nouveau. C’est aussi ce qui s’est passé avec Saddam, Noriega, Kadhafi, al-Qaida et tant d’autres mauvais garçons qui ont commencé leur carrière en tant que bons gars pour les anglo-sionistes. Est-il réellement déraisonnable de se demander si les élites occidentales ont été vraiment heureuses quand l’URSS a battu l’Allemagne nazie, ou si elles ont plutôt été horrifiées par ce que Staline avait fait à ce qui était à l’époque la plus puissante armée de l’Ouest – celle de l’Allemagne?

Il y a quelques jours j’ai vu cette image sur le blog du colonel Cassad:

Staline et son état-major

En regardant cette photo j’ai pensé que, pour les élites occidentales, la vue de ces hommes a dû être assez effrayante, surtout si on pense qu’ils devaient savoir que tout leur effort de guerre était, tout au plus, 20% de ce qu’il fallait pour vaincre l’Allemagne nazie et que ceux qui avaient assumé 80% et plus partageaient une idéologie diamétralement opposée au capitalisme.

Y a t-il des preuves de cette crainte?

Je pense qu’il y en a et je les ai déjà mentionnées dans le passé:

Plan Totalité (1945) désignait 20 villes soviétiques destinées à la destruction totale lors d’une première frappe: Moscou, Gorki, Kuybyshev, Sverdlovsk, Novosibirsk, Omsk, Saratov, Kazan, Leningrad, Bakou, Tachkent, Chelyabinsk, Nizhny Tagil, Magnitogorsk, Molotov, Tbilissi, Stalinsk, Grozny, Irkoutsk, et Yaroslavl.

Opération Impensable (1945) supposait une attaque surprise impliquant jusqu’à 47 divisions britanniques et américaines dans la région de Dresde, au milieu des lignes soviétiques. Cela représentait presque la moitié des quelque 100 divisions (environ 2,5 millions d’hommes) disponibles pour les quartiers généraux britannique, américain et canadien à ce moment là. (…) La plus grande partie de l’opération offensive aurait été menée par les forces américaines et britanniques, ainsi que par les forces polonaises, et jusqu’à 100 000 soldats de la Wehrmacht allemande.

Opération Dropshot (1949) incluait des profils de mission qui auraient utilisé 300 bombes nucléaires et 29 000 bombes hautement explosives sur 200 cibles dans 100 villes et villages pour anéantir d’un seul coup 85% du potentiel industriel de l’Union soviétique. Entre 75 et 100 des 300 armes nucléaires devaient détruire les avions de combat soviétiques au sol.

Mais la plus grande preuve est, je pense, le fait qu’aucun de ces plans ne fut exécuté, bien qu’à ce moment-là l’anglosphère ait été bien abritée par son monopole sur les armes nucléaires (et Hiroshima et Nagasaki n’ont ils pas été détruits en partie pour effrayer les Russes?).

Et n’est-il pas vrai que les anglos se sont réellement engagés dans des négociations secrètes avec les envoyés d’Hitler à plusieurs reprises? (La notion d’unir leurs forces contre la menace soviétique était en fait envisagée à la fois par les officiels nazis et anglos, mais ils n’ont pas trouvé la façon procéder.)

Se pourrait-il que Hitler ait vraiment été leur fils de pute?

Plus de preuves? Allons-y.

Hitler n’était certainement pas un chrétien. S’ils étaient quelque chose, lui et Himmler étaient des païens avec un fort penchant satanique dans leur sombre culte d’adoration des ancêtres (Ahnenerbe). Mais qu’en est-il des alliés de Hitler tels que Pétain, Franco, Pavelic – n’étaient-ils pas des défenseurs de ce qu’ils appelaient l’Occident chrétien? N’est-il pas vrai que 70 ans après la chute du Troisième Reich ceux qui admirent Pétain, Franco et Pavelic parlent encore du besoin de défendre l’Occident chrétien, mais cette fois contre la menace islamique?

En outre, si le régime nazi représentait une menace existentielle pour la communauté juive européenne, une enquête rapide ou des articles écrits par des auteurs juifs dans la presse américaine et britannique au cours de la majeure partie du XXe siècle montre clairement que la plupart des juifs avaient peu ou pas de sympathie non seulement pour la Russie prérévolutionnaire, mais aussi pour l’URSS post-Trotsky. Et, même si l’URSS a pleinement appuyé la création de l’État d’Israël, beaucoup sinon la plupart des juifs américains et européens ont estimé que l’Union soviétique était aussi une menace pour leurs intérêts.

Je crois que la russophobie enragée de l’Empire anglo-sioniste (phobie à la fois dans le sens d’obsession haineuse et de peur) ne peut pas s’expliquer uniquement par des raisons pragmatiques de compétition entre grandes puissances ou une lutte de systèmes politiques. La propagande constante sur la menace russe n’est pas seulement un outil politique pour niveler par le bas les Occidentaux en les maintenant dans un état de peur constante (de la Russie ou de l’islam), c’est aussi l’expression d’une peur profonde vraiment ressentie par la ploutocratie des 1% qui règne sur le monde occidental.

La Russie veut la guerre

Enfin, la peur de la Russie est aussi la peur qu’inspirent les dirigeants russes. Quand ils sont comme Eltsine (un imbécile ivrogne) ou son ministre des Affaires étrangères Kozyrev (le dernier des béni oui-oui), les politiciens occidentaux se sentent supérieurs, à juste titre. Mais souvenez-vous que même des personnalités médiocres comme Khrouchtchev ou Brejnev leur faisaient vraiment peur. Donc il n’est pas étonnant que des dirigeants forts et intelligents (comme Staline ou Poutine) les terrifient totalement, ils ne se sentent pas à la hauteur. La manière infantile dont Obama a tenté de montrer qu’il était plus intelligent et plus fort que Poutine indique clairement qu’il s’est senti réellement inférieur quand ils étaient face à face. Il en va de même, évidemment, pour Kerry et Lavrov.

Tout ce que j’ai écrit là s’applique aussi tout à fait aux dirigeants d’Europe de l’Est, avec même davantage d’intensité. Nous parlons de pays qui parfois ont eu un passé assez glorieux et qui, pendant la Deuxième Guerre mondiale, n’ont pas eu d’autre but que de jouer les potiches dans la pièce où les deux Grands Acteurs s’affrontaient. Pire, ils ont plus ou moins gardé le même rôle passif pendant la guerre froide et maintenant ils peinent à devenir plus présents. D’une part, je dirais que c’est de leur propre faute: au lieu de faire enfin usage de leur liberté retrouvée pour développer une forme d’identité politique significative, tout ce qu’ils ont fait a été de s’engager dans un concours de flagornerie pour déterminer qui deviendrait l’animal de compagnie favori de l’Oncle Sam (la Hongrie sous Orban étant l’unique exception à cette triste règle).

Il n’est donc pas étonnant que lorsque les Américains ont renversé Ianoukovitch, ils aient eu l’impression que maintenant, enfin, leur heure était venue et qu’ils montreraient à ces Russes irrespectueux qui est le patron sur le Vieux continent. Et chaque fois que les Russes avertissaient les Eurocons® à Bruxelles qu’il y avait des problèmes liés à l’Ukraine nécessitant des consultations urgentes, ils s’entendaient répondre ce n’est pas votre affaire, il n’y a rien à discuter. Le problème était, évidemment, que les dirigeants ouest-européens avaient oublié que dans le monde réel, il étaient seulement des administrateurs dans la colonie UE  des États-Unis, et que les dirigeants états-uniens se fichaient éperdument d’eux (comme Mme Nuland l’a exprimé en quelques mots pleins de lyrisme [f*uck UE!, NdT]). Comme il est tout simplement pénible pour les dirigeants est-européens de regarder leur insignifiance en face, je me sens presque peiné pour eux et pour leurs égos piétinés.

Personnellement, je pense que, contrairement au script du scénario officiel, il y a de solides arguments pour penser que la fin de la Deuxième Guerre mondiale a laissé des masses de gens très, très malheureux et que tous ceux qui se sont sentis lésés ou effrayés par la victoire soviétique en 1945 ont joint leurs forces dans une tentative de corriger les erreurs du résultat de cette guerre. A tout le moins, la question de l’importance de la russophobie et du revanchisme doit être posée.

Cela n’a aucun sens d’expliquer le comportement apparemment fou des dirigeants occidentaux pendant toute la crise ukrainienne en disant simplement qu’ils sont stupides, naïfs ou mal informés. Ce qu’ils font peut nous sembler stupide, naïf ou mal informé, mais cela ne signifie pas qu’il n’existe pas des raisons profondes qui sous-tendent les actions de ces élites.

La plupart des gens, à l’Ouest, veulent vivre en paix et ignorent complètement les éléments sous-jacents à la guerre en Ukraine. Ce que je décris ci-dessus ne vaut que pour quelques groupes minoritaires. Le problème est que prises comme un tout, et lorsqu’elles agissent à l’unisson, ces minorités finissent par avoir beaucoup de pouvoir et d’influence. La meilleure manière de les stopper est de les mettre, eux et leurs motifs réels, en pleine lumière.

The Saker

Traduit par Claude et Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

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Des militants du bataillon Doudaïev sont soupçonnés de l’assassinat de Nemtsov

Le 2 mars 2015 – Source Fort Russ

Adam Osmaev, commandant tchétchène du bataillon Doudaïev

L’enquête sur l’assassinat de Nemtsov s’oriente vers la possibilité que le crime ait été organisé par le commandant tchétchène du bataillon Djokhar Doudaïev, Adam Osmaev, dont le nom était aussi apparu dans l’affaire de la tentative d’assassinat de Vladimir Poutine.

Les enquêteurs étudient la possibilité que des militants, qui se sont battus contre les Républiques populaires du Donbass (RPD et RPL), aient effectué cette opération pour le compte des services secrets ukrainiens, avec l’idée que le meurtre du leader de l’opposition discréditerait les dirigeants russes et déstabiliserait la situation politique.

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Le cousin de feu le Colonel Kadhafi:
L’Europe devra faire face à un 9/11 d’ici deux ans

Le 3 mars 2015 – Source: RT

Ahmed Gaddaf al-Dam, cousin of Libya’s former president Muammar Gaddafi (Reuters/Asmaa Waguih)

Le cousin du colonel Kadhafi prédit un 9/11 en Europe dans un délai de deux ans, lorsque des militants de l’État islamique se joindront aux milliers de migrants qui font route vers l’Europe. Cet avertissement vient du ministre de l’Intérieur de Grande-Bretagne, Theresa May, qui affirme que la menace terroriste est grave et croissante.

Ahmed Kadhafi al-Dam, autrefois l’un des chefs de la sécurité digne de la confiance de Kadhafi, estime qu’un minimum de 500 000 migrants provenant de Libye prendront le chemin de l’Europe en 2015, pendant que l’État islamique [EI, anciennement ISIS/ISIL] renforcera sa présence dans les États du Nord de l’Afrique.

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L’Ukraine se prépare à démobiliser

Par Petr Ivanchenko – Le 3 mars 2015 – Source: Fort Russ

La démobilisation sanglante de l’Ukraine

Le ministre ukrainien de la Défense, Stepan Poltorak, a annoncé la démobilisation de toutes les troupes punitives enrôlées depuis un an ou plus. Cette mesure concerne les réservistes rappelés au front comme les conscrits.

«Nous allons achever la formation des nouvelles recrues en mars et avril, pour qu’elles puissent remplacer ceux qui sont au front en ce moment», a déclaré Poltorak

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Lutte contre l’Etat islamique: les options réelles

Immanuel Wallerstein

Par Immanuel Wallerstein – Le 1er mars 2015 – Source Binghamton University

Commentaire No. 396

L’État islamique (EI) poursuit son objectif clairement affirmé d’un califat considérablement élargi en recourant délibérément à une brutalité extrême. Il attend que cette brutalité extrême contraigne les autres à accéder à ses revendications ou à sortir de scène. Presque tout le monde, au Moyen-Orient et au-delà, est à la fois horrifié et profondément effrayé par les succès qu’il a remportés jusqu’à ce jour.

Ce qui a rendu les avancées de ceux qui combattent l’EI si difficiles est leur refus de comprendre que ce sont les folies et les priorités mal placées des opposants à l’EI qui ont permis à ce dernier d’émerger et de s’imposer comme une menace d’une telle ampleur.

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SITREP du 24 février 2015

Par le Saker Original – Le 24 février 2015 – Source vineyardsaker

La situation sur la ligne de contact est généralement calme. Les forces novorusses retirent leurs armes lourdes selon le calendrier prévu, tandis que, selon presque tous les rapports, les forces de la junte ne le font pas, ou pas beaucoup. L’excuse pour ces retards, est que les conditions nécessaires ne sont pas remplies. La vérité est que Porochenko a très peu de contrôle sur les diverses forces armées, là est le problème. Apparemment, les forces armées régulières lui obéissent plus ou moins, et puisque ce sont les plus lourdement armées, il y a un certain espoir qu’elles finissent par se retirer. Les différents escadrons de la mort (des bataillons de volontaires, la garde nationale, etc.) vont probablement résister autant que possible, mais comme ils n’ont pas une grande puissance de feu, ce n’est probablement pas un obstacle majeur à l’heure actuelle.

Il y a aussi une possibilité très réelle que Porochenko puisse lui-même empêcher ce retrait. Le problème n’est pas dans le retrait des armes lourdes par elles-mêmes (la junte sait que les novorusses n’attaqueront pas) mais, après avoir réalisé ce point de l’accord de Minsk 2.0, la junte devra se soumettre au point suivant de la liste et c’est tout simplement quelque chose que les nazis de Kiev ne peuvent pas faire. Mon intuition est que tout ce discours sur l’envoi de soldats de la paix n’a qu’un seul but: arrêter la mise en œuvre de l’accord d’une manière qui ne puisse pas être imputée à Kiev. De toute évidence, l’accord a asséné un coup terrible à la position de la junte en la forçant à faire quelque chose qu’elle ne peut pas faire: négocier et travailler avec la résistance novorusse. Je n’ai aucun doute que Porochenko veut se dégager de l’accord, mais son problème est de le faire sans en endosser la responsabilité. D’où l’atermoiement concernant un retrait, par ailleurs assez simple, et toutes ces discussions sur les soldats de la paix.

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