Le Maïdan un an après

Le Saker Original

Le Saker Original

Par Le Saker original – Le 22 février 2015 – source: vineyardsaker 

Aujourd’hui, c’est le premier anniversaire de l’accord passé entre Ianoukovitch et l’opposition, et garanti par les ministres des affaires étrangères de la Pologne, Radosław Sikorski, de la France, Laurent Fabius, et de l’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier. Comme nous le savons tous, l’affaire a abouti à un retrait des forces de sécurité du centre de la ville de Kiev, immédiatement suivi par une insurrection armée qui a renversé le gouvernement. De façon prévisible, la Pologne, la France et l’Allemagne ne s’y sont pas opposées. Je ne vais pas raconter tous les événements qui ont eu lieu depuis ce jour infâme, mais je pense qu’il est important de regarder ce qui a changé en un an. Je pense qu’il est également judicieux de comparer ce que j’avais prédit qui allait se produire avec ce qui s’est réellement passé. Cela simplement pour voir si une personne qui n’a aucun accès aux données confidentielles et qui n’utilise que des sources libres d’accès pour son analyse aurait pu prédire ce qui s’est passé ou si ce n’était qu’une énorme surprise, totalement imprévisible.

Voici donc mes prédictions dans un ordre chronologique.

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L’exceptionalisme suprématiste US à rude épreuve

Mike Whitney

Par Mike Withney – Le 20 février 2015 – Source CounterPunch 

La bataille derrière le brouillard de la propagande
L’exceptionalisme US souffre de Sa défaite écrasante à Debaltsevo

«Il n’y a plus de ville. Elle est détruite.» – Un soldat ukrainien anonyme après la bataille de Debaltsevo.

En moins d’un an, les Etats-Unis ont renversé le gouvernement démocratique élu en Ukraine, installé au pouvoir à Kiev un larbin soutenu par Washington, lancé une guerre sanglante et coûteuse en vies humaines pour les populations russophones de l’Est, poussé l’économie dans une spirale mortelle et réduit la nation à un État anarchique et déliquescent voué à endurer une guerre civile vicieuse et fratricide aussi loin qu’on peut le prévoir.

La semaine dernière, Washington a subi sa plus grande défaite militaire en plus de dix ans, lorsque l’armée ukrainienne conseillée par les États-Unis a été sévèrement battue autour de l’important nœud ferroviaire de Debaltsevo. En gros, 8 000 hommes de l’armée ukrainienne régulière, ainsi qu’une quantité innombrable de chars et d’unités blindées, ont été encerclés dans ce qui a été nommé le chaudron. L’armée de la République populaire de Donetsk, sous le commandement d’Alexander Zakharchenko, a encerclé les envahisseurs et a progressivement resserré le cordon, en tuant ou en capturant les troupes prises dans la poche. Les Forces armées ukrainiennes ont enregistré de nombreuses victimes, entre 3 000 et 3 500, tandis qu’elles abandonnaient derrière elles une grande quantité de matériel militaire offensif.

Selon Zakharchenko, «la quantité d’équipement abandonné par les unités ukrainiennes est indescriptible».

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Les combattants du Donbass remercient les USA pour leurs cadeaux

Le 23 février 2015 – Source Russia Insider

Un outil de haute technologie est maintenant entre les mains des combattants novorusses, ceci grâce à la courtoisie des USA qui ont offert des fournitures militaires à l’Ukraine qui les a laissées sur place lors de son retrait de Debaltsevo.

 

Pas d’inquiétude c’est une arme non-létale

À en juger par le rapport de LifeNews du 19 février 2015, les combattants de Novorussie peuvent désormais collecter leurs trophées après le départ des troupes ukrainiennes de Debaltsevo. Entre autres trouvailles, un ensemble complexe LCMR (Radar léger anti-mortiers), fourni par les États-unis dans le cadre de l’assistance militaire à l’Ukraine. En effet, les Etats-Unis avaient décidé d’envoyer aux forces armées d’Ukraine 20 LCMR, dont les trois premiers ont été livrés en novembre 2014.

Selon les informations reçues par notre blog de sources plus que sérieuses (en russe), peu de temps après leur transfert, l’une des stations a été endommagée pendant le transport, puis une autre station a été endommagée par des tirs d’artillerie de l’ennemi à la première tentative d’utilisation au combat par les forces armées ukrainiennes.

On peut supposer que ce LCMR abandonné par les troupes ukrainiennes dans Debaltsevo est donc le troisième de cette malheureuse première livraison de stations.

Traduit par Toma, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

 

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Errare humanum est
Perseverare autem diabolicum

Le 23 février 2015 – Source vestnikkavkaza

L’Occident admettrait-il qu’il a commis des erreurs?

Des politiciens et des analystes occidentaux d’opinions diverses parlent de plus en plus souvent des mêmes choses ces derniers temps: la reconnaissance des erreurs commises par l’Occident dans l’évaluation du jeu de la Russie dans l’arène géopolitique.

Par exemple, un contributeur régulier du quotidien allemand Frankfurter Allgemeine, Klaus-Dieter Frankenberg, a accusé l’Europe d’erreur de calcul catastrophique: «L’Union européenne et le Royaume-Uni ont douloureusement mal jugé l’humeur à Moscou, la crise ukrainienne, ils se sont comportés comme des fous qui marchaient dans leur sommeil. En fait, l’Union européenne pourrait être accusée d’erreur de jugement, qui résulte de la croyance naïve que la Russie est en train de devenir un Etat démocratique», écrit Frankenberg.

Une position moins radicale a été annoncée aujourd’hui par le ministre des Affaires étrangères de Slovaquie, Miroslav Lajcak. Il a pressé l’Occident d’entamer un dialogue avec la Russie, faute de quoi il ne sera pas possible de trouver une solution au conflit en Ukraine ni de garantir la sécurité en Europe. «Nous avons besoin de communiquer. Il est nécessaire d’écouter les points de vue de ceux avec qui nous sommes en désaccord. Il est absolument indispensable de les connaître et de les analyser», a-t-il déclaré.

A son tour, le journaliste britannique Graham Phillips, a dit qu’il avait honte de la position de la Grande-Bretagne par rapport aux événements du Donbass. Il a fait cette déclaration en réponse à une lettre du ministère des Affaires étrangères britannique, qui lui recommandait de quitter le Donbass. Phillips a dit qu’il y resterait, car le but de son travail est d’éduquer les citoyens sur la situation dans la région, contrairement à la propagande diffusée par les médias occidentaux et à la position erronée de Londres.

Finian Cunningham, un journaliste américain, accuse les Etats-Unis d’invoquer le prétexte de la nécessaire protection contre la Russie pour exploiter l’Europe: «Qui paie pour cette mégalomanie américaine ? Comme d’habitude, l’Europe. La guerre à nos portes et les sanctions, la destruction de l’économie européenne – c’est le prix de l’alliance avec les Américains narcissiques», affirme Cunningham.

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

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Kiev ferme 23 points frontière avec la Russie

Le 21 février 2015 – Source Sputnik

Les autorités ukrainiennes ont fermé 23 postes frontières avec la Russie. Ceci a été annoncé par le Service de la protection des frontières, ce samedi 21 février à Kiev.

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Iatseniouk: Kiev doit contrôler la frontière avec la Russie

Il s’agit des points de contrôle de la frontière des districts de Lugansk, Donetsk, Tchernigov, Soumy et de Kharkov.

«Avec la fermeture, le réseau des points de contrôle doit être optimisé et plus de moyens et de forces doivent être concentrés sur les sections importantes de la frontière avec la Russie

Auparavant, le conseil des ministres ukrainien avait déjà fermé six points de passage dans la région de Donetsk et huit dans la région de Lougansk.

Ainsi, à la frontière russo-ukrainienne se trouvent actuellement 39 points de passage ouverts: 3 dans la région de Tchernigov, 14 dans la région de Soumy, 15 dans la région de Kharkov, 6 dans la région de Lougansk et un seul point dans la région de Kiev.

Traduit par Toma, relu par jj pour le Saker Francophone

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Qu’est-ce qui se cache derrière le durcissement de la rhétorique de Porochenko?

Par Varjag-2007 – Le 21 février 2015 – Source Fort Russ

Il n’est pas nécessaire de lire l’article [le lien du blog renvoie à un article en russe décrivant les dernières mesures du gouvernement ukrainien, dont le durcissement de la rhétorique contre la Russie, la fermeture des frontières et l’intensification de la censure], mais la question qu’il pose est tout à fait justifiée et nous en connaissons la réponse.

Porochenko voulait un peu de calme, il voulait l’ordre dont il a besoin pour se maintenir au pouvoir, mais tout est hors de contrôle. A tel point que le ministre des Affaires étrangères se permet de dire que l’Ukraine est prête à mener une véritable guerre contre la Russie.

Tout est très simple :

Ce que veut Porochenko n’a plus d’importance. L’économie s’effondre, les entreprises stratégiques du pays sont en train de mourir, il n’y a pas d’argent et il n’y en aura pas. Les sponsors de l’Ukraine, dans lesquels il avait placé ses espoirs l’insultent désormais sans ambages – les Européens se contentent de lui conseiller de rendre l’Ukraine plus attractive aux investisseurs, et les Etats-Unis lui font remarquer que les Ukrainiens utilisent très mal leurs ressources: on le voit, pas la moindre chance d’aide réelle à l’horizon. En outre, les mines de charbon sont sur le point de fermer et un mineur affamé est un animal dangereux.

Fort à propos, M. Azarov suggère la création d’un gouvernement ukrainien en exil, et Azarov n’est pas Ianoukovitch, on peut lui faire confiance au point que bon nombre d’oligarques ukrainiens pourraient être tentés de jouer au fils prodigue et d’aller solliciter son pardon, ce qui sonnerait le glas de Porochenko. D’autre part le bruit court sur le Maïdanek* [le Maïdanek était un camp de concentration allemand en Pologne, et le Maïdan, eh bien, je ne vous fais pas de dessin] qu’il est peut-être temps de changer de président. Mais pas pour Iatseniouk ou le pasteur [Tourtchinov] (qui semblent tous les deux répugner à accepter cet honneur), mais plutôt le [commandant du bataillon Azov] Biletsky, qui se prépare déjà à devenir maire de Kiev [ici le lien (en russe) vers un assez long article, un des nombreux articles parus dans la presse ukrainienne ces derniers jours sur la campagne de Biletsky pour se faire élire maire de Kiev].

Ni l’Allemagne ni la France, pour les beaux yeux de qui Porochenko est allé à Minsk, ne l’aideront. Ni en lui donnant de l’argent, c’est évident (la Grèce est plus importante), ni en le soutenant politiquement. Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient faire, et maintenant le mieux qu’ils ont à faire est de ne rien faire du tout. A part expliquer qu’ils ont été amèrement déçus par Porochenko [ici le lien (en russe) vers un article décrivant l’effondrement moral de l’armée ukrainienne (FAU) après Debaltsevo]. Mais les Etats-Unis qui tiennent le Maïdanek étroitement en laisse, et ont considéré la soumission de leur esclave devant la Frau et le Monsieur** comme une tentative de desserrer la mainmise des États-Unis, ont déjà donné un peu de mou à la laisse en organisant le QG unifié [référence au QG mis en place par les volontaires des milices de Semenchenko et apparemment aussi de Yarosh, indépendamment du gouvernement, NdT]. Puis, après avoir fait bien peur à Porochenko, ils ont fait un peu marche arrière, mais ce dernier a reçu le message cinq sur cinq et il a durci sa position.

Honnêtement, je n’ai aucune idée de quoi ce gang de rats est capable maintenant qu’il est acculé. Ils n’ont pas de limites, mais je pense qu’ils bluffent quand ils parlent de guerre avec une puissance nucléaire [une référence au vice-ministre ukrainien des Affaires étrangères disant qu’il y était prêt dans une interview à Radio-Canada]. Probablement. Mais les accusations que la milice se prépare à prendre Marioupol sont une provocation évidente, ce qui suggère clairement que très bientôt Porochenko jettera tous les accords par-dessus bord et enverra ce qu’il lui reste de troupes à l’abattoir. En sachant très bien comment ça finira. Dans l’espoir que les États-Unis interviendront d’une manière ou d’une autre. Mais on n’en est pas encore là. Pour le moment…

Pour le moment, à en juger par tout ce qui se passe, l’Ukraine se dirige vers un régime de terreur. Ce n’est pas par hasard que les médias de la junte se penchent sur la question de savoir où se trouvent les milliers de titushki [les voyous, employés par le gouvernement de Ianoukovitch pour briser les manifestations, et dont beaucoup de participants sincères du Maïdan se plaignaient à juste titre]. Et nous apprenons qu’ils ne sont allés nulle part. Qu’ils se sont dispersés en attendant des temps meilleurs. Étant donné que l’on peut accuser n’importe qui d’être un titushka, il n’est pas difficile de deviner où ça nous mène. De la même manière, ce n’est pas pour rien que le gouvernement ukrainien a supprimé de facto la liberté de circulation et a fermé les frontières. On ne peut plus compter sur la protection de la loi: Tourtchinov a quasiment interdit aux juges de quitter le pays [ici le lien vers un article traitant du projet d’effectuer une purge chez les juges, qui commence par une enquête sur ceux qui ont refusé de soutenir l’interdiction du Parti communiste ukrainien]. Nul doute que les juges ont bien reçu le message.

Voilà où on en est. Je dois admettre que la situation se développe plus rapidement que je ne m’y attendais.

Varjag

Commentaire de J. Hawk , traducteur du russe à l’anglais

Moi aussi! Mais je ne suis pas d’accord avec l’interprétation donnée ici du rôle des États-Unis. Semenchenko et Yarosh sont de vrais voyous que personne ne peut contrôler. Leurs efforts pour créer un QG de coordination parallèle ont été accueillis par la mise en demeure du MVD (ministère de l’Intérieur russe), appuyé en cela par la majorité des commandants de bataillons de volontaires, d’y renoncer tout de suite. Fait révélateur, Biletsky ne s’est pas joint à l’initiative. Mais c’est par l’intermédiaire de la clique Tourtchinov / Avakov / Nalivaychenko / Iatseniouk (et les bataillons de volontaires qui reconnaissent leur autorité – Semenchenko est l’exception ici) que les États-Unis influencent la politique ukrainienne. Le durcissement de la rhétorique et des politiques a peu à voir avec Semenchenko et Yarosh – ces deux-là peuvent être facilement écrasés par les forces combinées du MVD et des bataillons de volontaires fidèles.

Je ne pense pas non plus que Porochenko va lancer, une fois de plus, les restes de son armée contre la Novorussie pour provoquer une intervention américaine, comme le prédit Varjag, en tous cas pas dans l’immédiat. La junte est douloureusement consciente de l’ampleur de sa défaite. Elle sait qu’il lui faudrait d’abord reconstituer ses forces armées – c’est pourquoi ses représentants parcourent la planète en mendiant des armes de précision. Malheureusement, les États-Unis n’aiment pas donner des armes aux perdants, et c’est ce à quoi ressemblent les FAU, même dans les médias états-uniens, après Debaltsevo. Sans oublier que, désormais, Porochenko et son général en chef Muzhenko n’ont plus aucune crédibilité. Il n’est même pas sûr que l’armée leur obéirait s’ils lui ordonnaient d’attaquer à nouveau. Et que se passerait-il si elle subissait une NOUVELLE défaite? Cela me semble bien trop risqué. Je parie pour la répression intérieure et la terreur d’État.

Oui, l’instauration de la terreur est ce qu’il y a de plus vraisemblable – la junte est blessée, elle est de plus en plus impopulaire, et maintenant sa violence va se retourner contre ceux qui sont encore sous son contrôle, puisque le projet initial d’établir sa domination en détruisant la Novorussie a échoué. Mais le règne de la terreur doit être justifié, et la justification est toute trouvée: la Russie est toujours l’ennemi, et tous ceux qui critiquent la junte ne peuvent être que des traîtres pro-russes.

Notes
*Maïdan où il y a des Nazis comme à Maidanek.
**En français dans le texte

Traduit de l’anglais par Dominique, relu par jj pour le Saker Francophone

 

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Kiev expose les «preuves» de l’implication militaire russe

Par J.Hawk – Le 21 février 2015 – Source Fort Russ

Oui, cette voiture civile brûlée représente, dans l’esprit de quelqu’un en tous cas, une preuve incontestable que l’armée russe se bat dans l’Est de l’Ukraine. Où est la CNN? Fox News? La Radio publique nationale?

Il y a d’autres photos de l’exposition sur le blog de Galex. Mais il suffit de dire que, si toutes les photos représentaient bien des véhicules militaires authentiques, c’était tous des véhicules standards des forces armées ukrainiennes. Comme le tank T-64, le blindé de transport de troupes BTR-80, le véhicule de combat d’infanterie pour les troupes aéroportées BMD-2, sans parler du lance-roquettes BM-21 Grad, 122mm 40 tubes.

Aussi absurde que cela puisse paraître, il y a une raison à cette folie. La véritable cible de cette exposition est le peuple d’Ukraine. On leur dit, en termes non équivoques, voilà notre position officielle sur ce qui se passe en Ukraine. Si vous essayez de nous contredire, c’est que vous êtes au mieux mal informés, au pire un agent de l’État ennemi qui nous attaque – la Russie. Avec toutes les conséquences que cela implique.

L’Ukraine va faire l’expérience d’une terreur étatique sans précédent. Cette exposition fait partie du fondement idéologique de cette terreur, la construction d’une réalité officielle, dont la junte ne tolérera aucun contestation.

Traduit par Dominique, relu par jj pour le Saker Francophone

 

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Méchant Assad, méchant Kadhafi et maintenant méchant Poutine: Comment l’Ouest vend ses guerres (et commet ses massacres)

Par Ghada Chehade – Le 21 février 2015 – Source Russia Insider

Politiques de distraction et variables économiques en Ukraine
Parallèle avec la Syrie, la Libye et l’Irak.

L’ennemi N°1

Alors que le conflit en Ukraine persiste et que les pourparlers de paix entre Poutine et les dirigeants d’Europe occidentale (Merkel et Hollande) continuent, il est important de s’intéresser aux acteurs et aux intérêts économiques qui bénéficient du conflit et du changement de régime en Ukraine, et de faire la comparaison avec la situation de pays comme la Syrie, la Libye et l’Irak.

Il y a des aspects de ces conflits, et des intérêts qui les sous-tendent, qui échappent au public parce que les médias subventionnés occidentaux les passent sous silence et que les gens, submergés par les difficultés humaines et politiques, ne pensent pas à les rechercher. Par exemple, les médias subventionnés passent tout leur temps à diaboliser un ennemi après l’autre, que ce soit Poutine du fait de la situation en Ukraine, Assad en Syrie, Kadhafi en Libye ou Saddam Hussein en Irak, etc., au lieu d’enquêter sur la manière dont des acteurs externes exploitent ou renforcent ces conflits et ces situations pour en tirer des profits politico-économiques, comme l’accès au pétrole, l’obtention de prêts du FMI aux conditions d‘octroi destructrices ou l’interruption de politiques nationales qui nuisent aux intérêts économiques et à l’influence de puissances étrangères.

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Made in USA
Le viol comme arme de guerre

Par Felicity Arbuthnot – Le 18 février 2015 – Source saker allemand

«C’est vraiment un comportement du XIXe siècle: au XXIe siècle, on n’envahit pas un autre pays sous un faux prétexte dans ses propres intérêts.»  (le Secrétaire d’Etat John Kerry lors d’une rencontre avec la presse, le 2 mars 2014)

De nombreux textes professionnels de psychologie sont clairs et nets: «La projection est un mécanisme de défense qui consiste à attribuer aux autres ses propres caractéristiques ou sentiments inacceptables.»

Et aussi:
«La projection se manifeste chez les personnes normales surtout dans des moments de crise personnelle ou politique, mais on la rencontre le plus souvent chez des personnes névrotiques ou psychotiques qui fonctionnent à un niveau primaire et souffrent de troubles de la personnalité narcissiques ou au comportement limite», explique Wikipédia.

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Le suprématisme compulsionnel finit par lasser

Par Philippe Grasset – Le 19 Février 2015 – Source dedefensa

Armé de son demi-siècle d’expérience de chroniqueur US installé à Paris, William Pfaff observe ce 18 février 2015 la Compulsion to Dominate de Washington, affection mentale entrée dans sa phase aiguë après la chute du communisme, accélérée irrésistiblement par 9/11 et qui est désormais précipitée dans sa phase complètement compulsive; cela commence à lasser même ses plus fidèles serviteurs formés aux écoles transatlantiques de la soumission standard. Pfaff décrit surtout, dans son texte, les résultats de cette sorte d’obsession assez proche de la manie compulsive et servant de politique aux USA au Moyen-Orient, d’ISIS en Daesh et en «État islamique» qu’il est nécessaire d’abattre absolument et immédiatement, avec l’installation d’un désordre sur le désordre, cela d’une façon telle qu’on en constate aisément la création et l’accouchement du désormais fameux hyperdésordre.

Profitant d’un moment d’inattention de Washington, qui s’est allongé sur un divan pour sa consultation habituelle, Pfaff décrit aisément son diagnostic qui n’est pas dépourvu d’une ironie fatiguée…

«Il y a aux États-Unis une incorrigible conviction que seule l’indispensable nation peut amener la paix dans d’autres nations par toujours plus d’interventions et de guerres, provoquant des guerres civiles, tribales et sectaires dans lesquelles les États-Unis choisissent leur camp, nomment les dirigeants, et accordent les institutions.»

«Ainsi, le président Obama a-t-il demandé récemment au Congrès l’autorisation de mener une guerre contre ISIL pour trois ans. Washington est déjà occupé à réaliser des frappes aériennes et fournit de l’armement et de la formation aux troupes du Moyen-Orient, affirmant comme justification un droit inhérent à l’auto-défense individuelle et collective.

Quelle est la menace que représente ISIL  pour les États-unis? S’il existe une menace pour les forces américaines dans la région, ce serait facilement résolu par le retrait de ces forces.

«Cela laisserait les Arabes à eux-mêmes pour se défendre contre peu importe quoi ou peu importe qui les menace. N’est-ce pas mieux de cette façon? La raison principale pour laquelle la guerre au Moyen-Orient a continué depuis près de quarante ans, c’est que les troupes américaines ont été déployées en permanence sous une forme ou une autre, avec une justification ou une autre, depuis l’opération Bouclier du désert en 1990. (Auparavant, l’administration Reagan avait envoyé les forces US au Liban pendant trois mois, avec des conséquences désastreuses pour les  Marines US, provoquant le retrait de la force).»

«Washington a été obsédé par le Moyen-Orient depuis 1990, en raison du pétrole qui s’y trouve, d’Israël et de la reconnaissance du fait que la région constitue le centre et le dynamisme de la religion islamique, même si la majorité des musulmans dans le monde sont en Indonésie, au Pakistan, et ailleurs en Asie, et en Afrique…»

En fait, parlant de son ironie fatiguée (celle de Pfaff), nous faisions allusion plus précisément au dernier paragraphe de son commentaire qui n’est pas cité ci-dessus, qui le conduit tout de même, et fort justement, à en venir à l’Ukraine et à Poutine. Ce raccourci-là était nécessaire, tout comme ses dernières observations où il implique le couple Merkel-Hollande et ses escapades poutiniennes, et l’incompréhension béate des experts et commentateurs washingtoniens qui continuent à vouer la Russie aux gémonies absolument… Il est vrai que, dans une analyse prémonitoire, le même Pfaff avait prédit, aux premiers signes de la phase aiguë de la manie compulsive, que tout cela se terminerait en A Burlesque of an Empire («To Finish in a Burlesque of Empire?», dans l’International Herald Tribune du 12 mars 1992, voir le 23 novembre 2003 sur ce site) ; traduction inutile, «a burlesque of an empire» … Au contraire pour la conclusion de l’article d’hier de Pfaff, et, disons, au moins pour le plaisir de la plume:

«Depuis la chute de l’Union soviétique, la politique de Washington a été conduite par une obsession compulsive de domination, et pas seulement au Moyen-Orient. C’est ce qui, plus récemment, a inspiré le coup en Ukraine: compléter l’érection d’un mur de l’OTAN autour de la Russie, et intimider Vladimir de manière à faciliter son remplacement. Cela a conduit à l’intervention d’Angela Merkel et de François Hollande ce dernier week-end pour bloquer le programme américain d’envoi d’armes à ce pays, selon une démarche bien dangereuse, toujours pour intimider Vladimir Poutine. Les principaux pays européens n’ont plus confiance dans le gouvernement américain. Cela peut être considéré, peut-être même devrait-on dire que cela doit être considéré comme un développement rassurant, bien que nombre d’Américains n’aient pas encore compris pourquoi.»

Finalement, ce que marque l’article de Pfaff, c’est la mise en évidence soudaine d’une certaine fatigue, voire d’une grosse fatigue de l’Empire. Nous parlions plus haut, comme on dispose d’une image symbolique pour permettre une transition, «d’un moment d’inattention de Washington, qui s’est allongé sur un divan pour sa consultation habituelle»; il est vrai que, depuis quelques jours, disons une grosse semaine, on a soudain la perception d’une baisse de rythme de la folie compulsive de l’Empire. Deux événements servent d’explication de circonstance à cette sorte de passage à vide, qui ne sont que des occasions, des exutoires opérationnels de quelque chose de plus profond…

• La comédie grotesque d’un Obama demandant au Congrès des pouvoirs de guerre pour partir-en-guerre contre ISIS/Daesh, sur lequel on tape déjà et qui n’en a cure, qui est une créature de la nébuleuse Washington-Riyad et Cie, cette comédie devait donner un certain lustre à l’entreprise impériale saisonnière contre la menace-contre-la-civilisation de service. Le Congrès soutenant la chose, ce serait une sorte de légalisation au moins pour une saison de l’illégalité permanente où barbote l’Empire, ou plutôt le Système dans son appendice à prétention impériale au sein du bloc BAO. Cela permettrait de maintenir un rythme languissant, mais un rythme tout de même dans la marche en avant de cette machine destructrice d’entropisation. Mais Washington étant ce qu’il est devenu, une machine dans la machine fabriquant de l’impuissance et de la paralysie, le Congrès rechigne. Là où Obama croyait la piètre partie aisément jouable, il rencontre une étrange coalition des deux ailes, aussi bien des républicains super-hawks que des démocrates qui jouent à être effarouchés par les risques de l’aventure extérieure. Il y a même des commentateurs pour croire que l’occasion est bonne pour monter un procès, comme le propose Andrew J. Bacevich le 14 février 2015 :

«La demande du Président Obama pour l’Autorisation d’utiliser la Force Militaire (AUMF) ne pouvait pas arriver à un moment plus propice. Le projet d’AUMF représente pour le Congrès une extraordinaire opportunité de ne pas entériner les mesures déjà prises et de faire le bilan d’une entreprise qui dépasse déjà la guerre du Vietnam en longueur tout en ne montrant pas le moindre signe de succès final. L’effort de l’armée américaine, afin de stabiliser, de pacifier, de dominer ou de démocratiser le Grand Moyen-Orient a échoué irrémédiablement. Taper plus fort encore, avec des frappes aériennes ou des raids d’opérations spéciales ou même avec une opération offensive durable au sol ne donneront pas un résultat différent.»

• Sur le front ukrainien, ces quinze derniers jours ont constitué un revers majeur pour Washington. L’entrée en piste du couple Hollande-Merkel sous la houlette d’un Poutine qui s’avère increvable, la médiocrité exceptionnelle, – tout est exceptionnel avec Washington – de la direction ukrainienne, le chaos lunaire qu’est devenu l’armée ukrainienne dans ses expéditions intérieures, tout a conspiré, comme dans un vaste complot dont nul ne connaît l’instigateur, pour repousser l’Empire et ses livraisons d’armes sur la touche. Washington a encaissé tout cela sans riposter, il a même voté à l’ONU en faveur d’une motion déposée par la Russie haïssable et promise à être détruite. Depuis le sommet de Moscou, à Canossa-sur-la-Moskova, les USA semblent paralysés dans l’affaire ukrainienne, là aussi brusquement privés de leur rythme, à bout de souffle et à court d’idées déstabilisatrices. Comme l’observe Pfaff, les principaux pays européens n’ont plus confiance dans le gouvernement américain – et Dieu sait si ces gouvernements européens sont les derniers à encore soutenir les USA puisqu’ils considèrent en général se trouver dans la même galère (le bloc BAO). Et le gouvernement américain reste là, sans réaction, et le Congrès n’en fait pas plus, avec sa pile de lois votées pour soutenir et surarmer l’Ukraine contre la Russie, ces lois qui semblent brusquement devenues dérisoires.

Pour survivre dans l’occurrence actuelle qui réunit tous les ingrédients de l’effondrement, l’Empire a besoin de mouvement, c’est-à-dire du mouvement perpétuel en avant, de ce qu’on nomme la fuite en avant, courir toujours plus vite pour ne pas risquer de tomber si l’on cesse de courir, fuir la réalité de cette manie compulsive de la domination qui semble désormais s’exercer sur le vide. Pour cela, il faut du rythme, et pour maintenir le rythme, il faut du souffle. Si l’un et l’autre viennent à manquer et imposent une pause qui peut être fatale, alors se découvre le paysage où l’on évolue, qui est le produit direct des actes additionnés depuis des années, qui sont des actes de destruction, de désolation, de désertification nihiliste. Nous sommes dans un de ces moments, sans savoir bien entendu s’il est décisif ou passager. L’Empire s’est arrêté, brusquement épuisé, et il contemple sans rien voir précisément ni y comprendre grand-chose le produit de sa domination.

Comme le notait Pfaff il y a plus de vingt ans, cet Empire-là n’a même pas la grandeur de ses plus grands prédécesseurs, qui avaient le sens de la tragédie qu’est l’Histoire, et de la tragédie que leur propre sort constituait. L’incompréhension de ce qu’il est réellement, l’aveuglement pour contempler la production de sa politique nihiliste, l’empêchent d’atteindre à cette dimension qui fait qu’on reste à la hauteur de ses ambitions même contrariées jusqu’à l’effondrement, et qu’on peut prétendre avoir eu un destin historique. Effectivement, malgré les destructions, les souffrances, le mensonge général, l’hypocrisie élevée à la grandeur d’un des beaux-arts de l’esprit, malgré la puissance, le poids des armes et la rapacité de l’argent, malgré le pouvoir de l’illusion et du simulacre, l’Empire se retrouve nu dans ces moments-là, pauvre prisonnier d’une pathologie convulsive alimentée par un hybris dévorant, caricaturé impitoyablement par ses propres discours – A Burlesque of an Empire, décidément…

Philippe Grasset

Extraits en anglais traduits pas Toma, relus par Diane pour le Saker Francophone

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