Le bilan économique de Mao n’était en réalité pas si mauvais qu’on le pense


Par Arnaud Bertrand – Le 19 novembre 2025 – Source Blog de l’auteur

Je pense qu’il est grand temps de sortir de la propagande de style guerre froide et de parler du véritable bilan économique de Mao.

Pourquoi ? Parce que c’est l’un des plus grands malentendus sur le développement de la Chine, que je rencontre tout le temps (exemple récent dans le tweet ci – dessous): la croyance qu’il a rendu – ou maintenu – la Chine pauvre, et que ce n’est qu’après que la libéralisation a donné aux Chinois la liberté de s’engager dans une activité de marché que la Chine a connu une croissance économique, malgré le Parti communiste plutôt que grâce à lui. Le Parti n’aurait que le mérite de s’être écarter, si c’est le cas. C’est un cadre qui traite la “liberté” et les “marchés” comme des mots magiques expliquant tout.

Combien de fois ai-je entendu l’idée stupide que « le PCC a retiré 800 millions de chinois de la pauvreté ». Il est tellement pratique d’ignorer pourquoi ils étaient pauvres. Depuis qu’il a commencé à diriger la Chine en 1948, c’est le PCC qui avait gardé des centaines de millions de chinois dans la pauvreté. C’est seulement après les réformes du marché et l’ouverture des libertés de base que le peuple chinois s’est sorti PAR LUI-MÊME de la pauvreté. Et même maintenant, la réalité de l’économie chinoise n’est pas le reflet de l’intense propagande. La raison pour laquelle on voit tant de disputes au sujet de Taïwan et l’escalade des tensions avec le Japon est parce que l’économie chinoise bafouille et le PCC commence à suer. Il doit donc réveiller le sentiment nationaliste pour renforcer sa légitimité.

Le seul problème avec ce cadre est qu’il est complètement faux, et de manière démontrable.

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Briser le miroir


Par Weijian Shan – Le 27 Octobre 2025 – Source Ginger River Review

Les gens entrent et sortent du sanctuaire de Wuhou. Le site est dédié au chef militaire et politique Zhuge Liang, parmi d’autres personnages représentés dans le Roman épique des Trois Royaumes. Photo : Document à distribuer

Dans l’ombre de l’escalade des tensions entre les États-Unis et la Chine, le concept de Graham Allison du piège de Thucydide est devenu un incontournable du discours géopolitique. Inventé par le chercheur de Harvard, le terme évoque l’observation de l’historien grec ancien Thucydide selon laquelle “c’est la montée d’Athènes et la peur que cela a instillée à Sparte qui ont rendu la guerre inévitable”.

L’étude d’Allison se base sur 16 cas historiques, où une puissance montante a contesté une puissance dirigeante, ce qui a provoqué une guerre dans 12 cas. Il avertit que l’ascension de la Chine menace l’hégémonie américaine, les condamnant potentiellement à un conflit à moins que des efforts délibérés ne soient faits pour l’éviter.

Pourtant, ce cadre est lui-même un piège conceptuel pour l’Occident. En s’inspirant des histoires de l’Occident et du Japon, Allison projette sur la Chine un récit d’agression inévitable. C’est comme se regarder dans un miroir : l’Occident ne voit que son propre reflet de conquêtes et de rivalités historiques – des empires européens à l’impérialisme japonais – concluant que la Chine, à mesure qu’elle se renforcera, se comportera de la même manière.

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Arnaud Bertrand commente cette info du South China Morning Post


Par Arnaud Bertrand – Le 7 novembre 2025 – Source X

La dirigeante numéro 2 taiwanaise a fait un discours choc au parlement européen. La deuxième dans la hiérarchie s’est adressée à une conférence non officielle de députés européens, une initiative risquant de provoquer une réponse furieuse de la part de Pékin.

L’Europe vient de franchir une énorme ligne rouge chinoise : c’est un geste plus provocateur que les États-Unis eux-mêmes n’avaient jamais osé faire. Ça n’était jamais arrivé avant.

Ce qui rend cette décision franchement incompréhensible : pourquoi l’Europe franchirait-elle une ligne rouge que les États-Unis, même lorsqu’ils étaient au sommet de leur puissance, ont toujours considéré qu’ils ne pouvaient pas se permettre de franchir ? D’autant plus pour un sujet où l’Europe n’a aucun rôle à jouer et alors que l’Europe est bien plus dépendante du commerce chinois que ne le sont les États-Unis ? Il n’y a rien à gagner ici pour l’Europe, et beaucoup à perdre : cette décision est purement destructrice.

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Comment le Japon pourra-t-il gérer son problème Trump à 550 milliards de dollars ?


Par Moon of Alabama – Le 28 octobre 2025

Hier, le président américain Donald Trump s’est rendu au Japon et a rencontré la nouvelle Première ministre japonaise, Sanae Takaishi. Les deux sont conservateurs et sont d’accord sur de nombreux points. Le Japon est un vassal de confiance qui se heurte rarement aux exigences américaines.

Mais un sérieux point de discorde est ouvert entre les deux nations et menace de faire exploser la relation.

Plus tôt cette année, Trump avait imposé un droit de douane de 25% sur les importations américaines en provenance du Japon. L’ancien premier ministre avait « vendu la maison » pour faire baisser ce taux :

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Avec le Venezuela et l’Iran, les États-Unis tentent-ils de relancer le pétrodollar ?

Par Curro Jimenez – Le 2 octobre 2025 – Source Naked Capitalism

La pression des États-Unis sur le Venezuela et l’Iran continue d’augmenter. Ce que ces deux pays ont en commun – le pétrole, le gaz et un gouvernement opposé à l’impérialisme américain – est la clé pour en comprendre la raison. Non pas parce que les États-Unis ont besoin de leur pétrole pour le consommer, mais parce qu’ils en ont besoin pour maintenir leur hégémonie financière.

Trump a récemment signalé que des opérations terrestres contre le Venezuela étaient une option. Bien sûr, officiellement, elles seront lancées pour lutter contre le trafic de drogue, mais cette excuse, comme nous l’avons expliqué précédemment, ne tient pas la route. L’objectif est un changement de régime. Ce récent article du Financial Times en est presque un aveu.

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« Nul doute qu’ils attaqueront » : Max Blumenthal rencontre le président iranien à New York


Par Max Blumenthal – Le 27 septembre – Source The Grayzone

Le 24 septembre 2025, le président iranien Masoud Pezeshkian est arrivé en retard à une réunion avec des personnalités anti-guerre américaines en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies. Il arrivait d’un tête-à-tête fatidique avec Emmanuel Macron, où il avait tenté d’amadouer son homologue français pour qu’il autorise l’expiration de l’accord nucléaire JCPOA sans instituer de sanctions « snapback ». Le lobbying de Pezeshkian fut infructueux ; les Européens avaient déjà décidé d’intensifier la guerre économique contre Téhéran. Pendant ce temps, Israël se prépare à une autre attaque contre l’Iran avec le soutien américain pratiquement garanti.

« Nul doute qu’ils attaqueront l’Iran. Et nous nous défendrons vigoureusement”, a déclaré Pezeshkian à son auditoire d’environ 25 journalistes, militants et analystes de groupes de réflexion anti-guerre réunis dans une salle de conférence d’un hôtel du centre-ville de Manhattan. Une équipe de démineurs camouflée surveillait à l’extérieur de la salle, tandis que des agents fédéraux à l’air sinistre arpentaient les couloirs.

La session comprenait deux séries de questions et de commentaires des participants, avec deux séries de réponses de Pezeshkian. Le format se prêtait à des réponses généralisées, certaines des questions les plus pointues semblant perdues au cours de la traduction.

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Pourquoi l’Iran est-il prêt à conclure un accord avec l’AIEA ?


Par Larry C Johnson – Le 19 septembre 2025 -– Source Son of the new american revolution

Grossi, l’inspecteur de l’AIEA,  en train de signer l’accord du Caire avec le ministre iranien des Affaires étrangères

On dirait que Donald Trump, avec ses laquais européens à la remorque, a dit à l’Égypte de foutre le camp. Après de laborieuses négociations, l’Égypte a négocié un accord entre l’Iran et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), désormais connu sous le nom d’Accord du Caire. Il s’agit d’un accord technique, conclu le 9 septembre 2025 au Caire, entre l’Iran et l’AIEA, qui permet à l’AIEA d’inspecter les installations nucléaires iraniennes.

Voici les principales dispositions de l’Accord du Caire :

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Les sanctions visant le port de Chabahar sont une décision stratégique de la part des Etats-Unis


Par M.K. Bhadrakumar – Le 19 septembre 2025 – Source Indian Punchline

Dieu donne et Dieu retire, dit la Bible. L’annonce par le Département d’État américain de réimposer des sanctions sur le projet de port indien de Chabahar en Iran s’inscrit dans cette maxime biblique bien que, d’un point de vue théologique, Job a prononcé ces mots à un moment de grande détresse après avoir subi des pertes dévastatrices, y compris sa richesse et ses enfants, mais ne réalisant pas encore toute l’ampleur de la bataille spirituelle dans laquelle il se trouvait.

Pour l’Inde, le port de Chabahar est « plus qu’un projet d’investissement« , comme l’a écrit le magazine d’information progouvernemental Swarajya. Ce journal de droite explique que :

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Le Pacte de défense entre l’Arabie Saoudite et le Pakistan est une perte stratégique pour les États-Unis d’Amérique


Par Moon of Alabama – Le 18 septembre 2025

En 2012, les analystes de politique étrangère étasunienne s’inquiétaient d’une éventuelle alliance nucléaire entre l’Arabie saoudite et le Pakistan. Des chercheurs de l’École d’études internationales avancées de l’Université Johns Hopkins et du Stimson Center ont écrit un essai à ce sujet :

L’arme nucléaire pakistano-saoudienne et comment l’arrêter – The American Interest, mars 2012

Le paragraphe d’ouverture :

Un matin, peut-être dans un avenir pas trop lointain, le président des États-Unis pourrait se réveiller en apprenant que, compte tenu des nouveaux dangers au Moyen-Orient, le gouvernement saoudien a demandé le stationnement de troupes pakistanaises sur le sol saoudien. L’annonce pourrait ensuite expliquer que ces troupes apporteront également avec elles l’ensemble des armes conventionnelles et stratégiques nécessaires pour assurer leur sécurité et celle de l’Arabie saoudite. La nouvelle viendrait rapidement d’Islamabad annonçant que le Pakistan a accepté un programme d’aide généreux et du pétrole à bas prix en provenance d’Arabie saoudite. Les deux parties soulignent que l’accord réaffirme simplement une relation spéciale qui dure depuis des décennies.

Le Pakistan étant un État doté d’armes nucléaires, il fallait supposer qu’un tel pacte fournirait à l’Arabie saoudite des armes nucléaires. C’était quelque chose qui préoccupait beaucoup les États-Unis et son acolyte Israël.

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Trump abandonne l’Inde pour apaiser la Chine, mais les choses ne font que se compliquer


Par M.K. Bhadrakumar – Le 14 septembre 2025 – Source Indian Punchline

Reste à voir dans quelle mesure la bonne volonté du président américain Donald Trump envers l’Inde et son Premier ministre Narendra Modi via les médias sociaux se traduira en action. Trump a en tête de faire pression sur l’Inde avec une taxe douanière supplémentaire de 25% pour que Modi persuade le président russe Vladimir Poutine d’arrêter la guerre en Ukraine.

Mais, jusqu’à présent, cela ne fonctionne pas. D’ici la fin du mois de septembre seulement, nous saurons avec certitude la trajectoire future des achats de pétrole russe par l’Inde. Le port de Mundra, géré par Adani, a cessé de recevoir du pétrole russe

Dans l’ensemble, Trump s’attend à ce que l’Inde remplace le pétrole russe par des achats supplémentaires aux États-Unis. Dans notre vision en tunnel, nous ne comprenons pas que si la motivation principale derrière les taxes douanières supplémentaires de 25% de Trump sur l’Inde pourrait être de frapper Poutine, sa stratégie globale est en fait beaucoup plus nuancée.

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