J’ai déjà écrit à plusieurs reprises sur le manque de réalisme avec laquelle l’Occident aborde habituellement la crise qui perdure en Ukraine et dans ses environs, et sur la dissociation quasi maladive du monde réel qu’il affiche dans ses paroles et ses actes. Pourtant, alors que la situation se détériore et que les forces russes avancent partout, rien ne montre que l’Occident se base davantage sur la réalité dans sa compréhension, et il est fort probable qu’il n’apprendra rien et continuera à vivre dans sa construction alternative de la réalité jusqu’à ce qu’il soit expulsé par la force.
Il est vrai que certains penseurs avant-gardistes audacieux en Occident commencent à s’interroger sur la nécessité de négociations, même si elles se feraient aux conditions de l’Occident. Ils commencent à accepter que peut-être une partie du territoire ukrainien de 1991 devra être considérée comme perdue, ne serait-ce qu’à court terme. Peut-être, se demandent-ils, une zone démilitarisée de style coréen sera-t-elle mise en place, garantie par des troupes neutres, jusqu’à ce que l’Ukraine puisse être reconstruite pour reprendre l’offensive. Et puis ils regardent la carte des avancées russes, et ils regardent la taille et la puissance des deux armées, et ils regardent la taille et l’état de préparation des forces de l’OTAN et ils sombrent dans le désespoir.