Par Alexandre Rochowanski – Le 27 novembre 2025 – Source Jacobin
Pris au dépourvu par de nouvelles propositions visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, les dirigeants européens rejettent l’idée d’un abandon de territoire par Kiev. Ce qui est moins clair, c’est comment ils imaginent faire de leurs lignes rouges une réalité.
Il est désormais visible que les dirigeants européens préfèrent que la guerre en Ukraine se poursuive, qu’ils craignent la paix (une paix “rapide” de toute façon), que beaucoup pensent que l’Europe est déjà en guerre et semblent « prête » à en faire une guerre meurtrière, et qu’ils sont obsédés par l’idée d’infliger une défaite à la Russie. La raison pour laquelle ils pensent de cette façon est beaucoup moins évidente. Mais parmi les retombées dues aux événements de cette année, une réponse émerge, une méthode à cette folie.
Dans une énième escalade des tensions commerciales dans le monde, l’UE se prépare à introduire des règles nettement plus strictes sur les investissements chinois dans le bloc. Dans le cadre actuel de 2019, les États membres jouissent d’une grande latitude dans la manière dont ils filtrent les investissements directs étrangers. Mais une nouvelle loi – approuvé par le Parlement européen en mai 2025 – rendrait désormais obligatoire le filtrage dans un éventail de secteurs stratégiques, notamment les médias, les matières premières critiques, les transports, l’énergie, les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle et les technologies émergentes. Elle étend également cet examen aux projets entièrement nouveaux – et pas seulement aux acquisitions – et accorde à la Commission plus de pouvoirs pour intervenir dans les litiges ou combler les lacunes. D’ici décembre, la Commission vise à consolider les nouvelles règles, en mettant explicitement l’accent sur la Chine.

En théorie, le contrôle des messages privés aurait dû être enterré le mois dernier. L’ inquiétant plan de l’UE de scanner en masse les messages privés des citoyens s’est heurté à une résistance écrasante du public en Allemagne, le gouvernement du pays refusant de l’approuver. Mais Bruxelles recule rarement simplement parce que le public l’exige. Et donc, fidèle à sa forme, une version retravaillée du texte est déjà avancée – cette fois à l’abri des regards, à huis clos.
Bien qu’il soit indéniable que l’Europe au cours des 500 dernières années a été le fondement de la civilisation occidentale et a ouvert la voie à la révolution industrielle et aux progrès scientifiques, elle a également créé un héritage colonial sanglant qui a produit des souffrances humaines incalculables à travers le monde. L’Europe, avec les États-Unis, a régné financièrement sur le monde au cours des trois derniers siècles. Mais le soleil est en train de se coucher sur l’Europe. Elle n’est plus pertinente dans le nouvel ordre financier et politique qui se forme entre les pays du Sud, la Chine et la Russie jouant des rôles critiques dans la naissance de ce nouveau monde.
Je pense qu’il est grand temps de sortir de la propagande de style guerre froide et de parler du véritable bilan économique de Mao.
