Logique et raisonnement en temps de guerre


Par M.K. Bhadrakumar – Le 9 mai 2025 – Source Indian Punchline

L’un des aspects les plus tristes de l’évolution de l’Inde vers un État de sécurité nationale au cours de la dernière décennie, depuis que notre défunt « premier ministre pacifiste », Manmohan Singh, a pris le pouvoir, a été l’atrophie progressive et l’éclipse virtuelle, aujourd’hui, du mouvement pacifiste dans notre pays.

La mort du mouvement pacifiste marque un échec colossal des partis de gauche en Inde, qui ont toujours été sur ses barricades, mais qui sont entrés en hibernation et sont dans un état de torpeur. Cette situation est largement imputable à l’état d’esprit défaitiste qui a prévalu ces dernières années et à l’absence de leadership.

En réalité, ils ont choisi de disparaître. Les partis communistes n’ont jamais été un groupe politique important en Inde, mais à travers les hauts et les bas, ils ont toujours eu une image et une influence plus grandes que nature et leur voix inspirait le respect. Ce qui les distinguait, c’était leur audace. Mais aujourd’hui, ils ont complètement cessé de courir avec les lièvres et semblent même parfois préférer chasser avec les chiens.

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Les tensions entre l’Inde et le Pakistan montrent des signes d’apaisement


Par M.K. Bhadrakumar – Le 2 mai 2025 – Source Indian Punchline

Le présent ressemble au passé dans la crise entre l’Inde et le Pakistan. La « médiation » en coulisse des États-Unis pour une solution diplomatique semble à nouveau fonctionner, ce qui pousse Delhi et Islamabad à faire preuve de retenue et à éviter une confrontation militaire. L’appel à une réponse responsable de l’Inde — et à la coopération du Pakistan — par le vice-président américain JD Vance servant sous la direction d’un « président pacificateur » satisfait à coup sûr l’opinion mondiale.

Il y a des signes que la vie en Inde évolue. Le rugissement mélancolique, long et en arrière plan d’un cœur lourd est encore perceptible. Le Premier ministre Narendra Modi est en déplacement à Delhi. Jeudi, il était à Mumbai pour inaugurer un sommet de 4 jours, une initiative historique visant à positionner l’Inde en tant que plaque tournante mondiale des médias, du divertissement et de l’innovation numérique.

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L’accord sur les minéraux reconfigure la géopolitique de l’Ukraine


Par M.K. Bhadrakumar – Le 4 mai 2025 – Source Indian Punchline

Moscou et Kiev rivalisent pour s’attirer les faveurs de la nouvelle administration américaine. Alors que la diplomatie russe semblait devancer celle de Kiev, les choses ont changé radicalement avec la signature de l‘accord sur les minéraux entre les États-Unis et l’Ukraine, le 30 avril à Washington.

Des semaines de négociations tendues avaient précédé la conclusion de l’accord, pendant lesquelles l’aide américaine à l’Ukraine a temporairement été interrompue, mais ce pays a fait preuve d’un courage, d’une ténacité et d’un tact extraordinaires pour s’accrocher et, finalement, arracher à l’administration Trump ce que le président Vladimir Zelensky a qualifié d’accord « véritablement égal ». Il s’agit sans doute d’une heure de gloire pour le nationalisme ukrainien, qui montre que le pays est loin d’être laissé-pour-compte sur l’échiquier géopolitique.

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L’Inde devrait marcher prudemment vers le champ de bataille


Par M.K. Bhadrakumar – Le 30 avril 2025 – Source Indian Punchline

Dans un rappel opportun, alors même que les Indiens exigent de fortes représailles pour l’attaque terroriste de Pahalgam au Cachemire, le président américain Donald Trump a parlé discrètement au Premier ministre Narendra Modi pour signaler que les conversations avec l’Inde sur un pacte commercial « se déroulaient bien » et a annoncé que les deux pays « auront un accord sur les tarifs douaniers.”

S’il pouvait y avoir un doux rappel des priorités nationales de l’Inde à ce stade, c’est bien ça. Trump a une façon de transmettre ce que les mots et les clichés ne peuvent pas énoncer en matière de guerre et de paix. Il est tout aussi bien que Modi ait pu réagir en décidant que, même si la détermination de l’Inde à porter un coup fatal au terrorisme ne devrait jamais être mise en doute, “la liberté opérationnelle totale de décider du mode, des cibles et du calendrier de la réponse” incombera aux forces armées.

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La diplomatie de Trump gagne du terrain et fait taire les sceptiques


Par M.K. Bhadrakumar – Le 27 avril 2025 – Indian Punchline

Le président américain Donald Trump est un solitaire sur la scène internationale et un praticien avoué de la maxime absolue du Premier ministre Narendra Modi selon laquelle notre époque n’est pas une ère de guerres, quel que soit le « casus belli ». Il se fixe des critères élevés et s’expose aux attaques des faiseurs d’opinion va-t-en-guerre dans son pays, bien qu’il soit un nationaliste convaincu qui place les intérêts américains au premier plan, quelle que soit leur légitimité.

Les membres du cabinet Trump ne souscrivent pas nécessairement à sa ligne de conduite, comme le suggère la remarque au vitriol et intrusive de la directrice du renseignement national des États-Unis, Tulsi Gabbard, concernant les tensions en cascade dans les relations entre l’Inde et le Pakistan.

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Les États-Unis et l’Iran font un bond en avant dans l’instauration de la confiance mutuelle


Par M.K. Bhadrakumar – Le 13 avril 2025 – Source Indian Punchline

Avec la fin des préliminaires et le début des pourparlers américano-iraniens à Mascate samedi, un engagement constructif a sérieusement commencé. Le signe certain est que la monnaie iranienne a augmenté de près de 6% dimanche. Le bazar de Téhéran, la girouette de la politique chiite, a parlé.  

Plus important encore, les deux négociateurs clés à Mascate, Steve Witkoff et Abbas Araqchi, ont décidé de reprendre les pourparlers le 19 avril, dans exactement une semaine, après avoir fait un rapport à leurs dirigeants à Washington et à Téhéran respectivement et cherché de nouvelles directives pour l’avenir.

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La mission de Steve Witkoff en Iran offre des possibilités infinies


Par M.K. Bhadrakumar – Le 11 avril 2025 – Source Indian pPunchline

Les commentaires sur les pourparlers américano-iraniens prévus samedi à Mascate se sont transformés en une sorte de foire aux vanités : les pourparlers doivent-ils être qualifiés d’« indirects » ou de « directs » ? Le président américain Donald Trump avait demandé des pourparlers directs et affirmé que les Iraniens avaient fait savoir par des voies détournées qu’ils n’y voyaient pas d’objection. En outre, Trump a révélé que des pourparlers indirects avaient déjà commencé. Tout en affirmant publiquement que les pourparlers seront « indirects », les Iraniens n’ont pas pour autant mis en cause Trump.

En conséquence, Trump a désigné son fidèle collaborateur et ami de longue date, Steve Witkoff, pour le représenter lors de ces pourparlers. Téhéran lui a rendu la pareille en nommant Abbas Araqchi, négociateur nucléaire chevronné et brillant diplomate, actuellement ministre des affaires étrangères.

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L’ingéniosité de Trump vis-à-vis de la Russie et de l’Iran


Par M.K. Bhadrakumar – Le 10 mars 2025 – Source Indian Punchline

Depuis les trois dernières années, Moscou affirme qu’elle est confrontée à une menace existentielle du fait de la guerre par procuration menée par les États-Unis en Ukraine. Mais au cours des six dernières semaines, cette perception de la menace s’est largement dissipée. Le président américain Donald Trump a fait une tentative héroïque pour changer l’image de son pays en un porte-manteau d’« amis » et d’« ennemis » dans lequel Moscou peut devenir une amie malgré l’accumulation d’une aversion ou d’une suspicion fondamentale.

La semaine dernière, Trump s’est tourné vers le sujet de l’Iran pour ce qui pourrait être un acte de foi similaire. Les deux situations présentent des similitudes. Le président russe Vladimir Poutine et le président iranien Masoud Pezeshkian sont tous deux des nationalistes et des modernisateurs par excellence, ouverts à l’occidentalisme. La Russie et l’Iran sont tous deux confrontés à des sanctions américaines. Tous deux cherchent à obtenir une levée des sanctions qui pourrait ouvrir des possibilités d’intégration de leurs économies dans le marché mondial.

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Les États-Unis mettent en place un pare-feu pour protéger la détente avec la Russie


Par M.K. Bhadrakumar – Le 4 février 2025 – Source Indian Punchline

L’échange verbal de vendredi dernier dans le bureau ovale a fait ressortir la fureur du président Vladimir Zelensky, qui estime que Donald Trump et Vladimir Poutine sont très proches d’un accord sur l’Ukraine, tandis que le conclave de dimanche à Lancashire House à Londres, auquel ont participé 18 dirigeants européens, a montré que Zelensky est en bonne compagnie.

L’esprit incisif de Stephen Bryen, expert en sécurité, stratégie et technologie qui a occupé des postes de haut niveau au Pentagone et au Capitole, a écrit sur Substack : « Trump a invité [le président français] Macron et [le premier ministre britannique] Starmer à Washington pour les informer, ce qu’il a apparemment fait. Les Français sont repartis assez mécontents, mais Starmer semblait être d’accord. Starmer a plaidé pour l’inclusion de l’article 5 et de l’OTAN dans tout accord ; Trump a rejeté cette demande. » Pendant ce temps, Poutine s’est entretenu avec [le président chinois] Xi par téléphone et a envoyé Sergei Shoigu (qui dirige le Conseil de sécurité de la Russie, quelque chose comme le NSC) à Pékin pour rencontrer Xi.

Trump a invité Zelensky. La couverture de l’apparition de Zelensky à Washington était « l’accord sur les minerais » que les deux dirigeants étaient censés signer… La véritable raison de la visite de Zelensky était de l’informer sur les négociations avec Poutine et d’obtenir son soutien.

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Trump s’attaque à l’« Occident collectif »


Par M.K. Bhadrakumar – Le 1er mars 2025 – Source Indian Punchline

La scène dramatique qui s’est déroulée dans le bureau ovale vendredi soir indique que le président Donald Trump est en train de dissocier les États-Unis de la « guerre éternelle » en Ukraine que son prédécesseur Joe Biden avait laissée derrière lui. La guerre est sur le point de se terminer dans un gémissement, mais son « effet papillon » sur notre monde incroyablement complexe et profondément interconnecté définira la sécurité européenne et internationale pour les décennies à venir.

Les médias occidentaux, hostiles à Trump, ont saisi l’occasion pour le caricaturer comme étant un personnage impulsif, dans une inversion des rôles avec Zelensky. En réalité, c’est l’administration Biden qui a littéralement poussé Trump à agir de la sorte.

La réaction très émotionnelle de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a exprimé sa compassion à l’égard du président Zelensky, est éloquente : « Votre dignité honore la bravoure du peuple ukrainien. Soyez fort, soyez courageux, n’ayez pas peur. Vous n’êtes pas seul, cher président ». Le refus de Trump d’accorder un rendez-vous à Von der Leyen peut expliquer en partie sa fureur de femme bafouée. En vérité, l’« Occident collectif » se trouve à la croisée des chemins et ne sait pas quelle route prendre. Sans la couverture aérienne et les apports satellitaires des États-Unis, le déploiement de troupes occidentales en Ukraine sera impossible. Même le Français Emmanuel Macron admettrait que ses troupes seront passées au hachoir.

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