L’ingéniosité de Trump vis-à-vis de la Russie et de l’Iran


Par M.K. Bhadrakumar – Le 10 mars 2025 – Source Indian Punchline

Depuis les trois dernières années, Moscou affirme qu’elle est confrontée à une menace existentielle du fait de la guerre par procuration menée par les États-Unis en Ukraine. Mais au cours des six dernières semaines, cette perception de la menace s’est largement dissipée. Le président américain Donald Trump a fait une tentative héroïque pour changer l’image de son pays en un porte-manteau d’« amis » et d’« ennemis » dans lequel Moscou peut devenir une amie malgré l’accumulation d’une aversion ou d’une suspicion fondamentale.

La semaine dernière, Trump s’est tourné vers le sujet de l’Iran pour ce qui pourrait être un acte de foi similaire. Les deux situations présentent des similitudes. Le président russe Vladimir Poutine et le président iranien Masoud Pezeshkian sont tous deux des nationalistes et des modernisateurs par excellence, ouverts à l’occidentalisme. La Russie et l’Iran sont tous deux confrontés à des sanctions américaines. Tous deux cherchent à obtenir une levée des sanctions qui pourrait ouvrir des possibilités d’intégration de leurs économies dans le marché mondial.

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Les États-Unis mettent en place un pare-feu pour protéger la détente avec la Russie


Par M.K. Bhadrakumar – Le 4 février 2025 – Source Indian Punchline

L’échange verbal de vendredi dernier dans le bureau ovale a fait ressortir la fureur du président Vladimir Zelensky, qui estime que Donald Trump et Vladimir Poutine sont très proches d’un accord sur l’Ukraine, tandis que le conclave de dimanche à Lancashire House à Londres, auquel ont participé 18 dirigeants européens, a montré que Zelensky est en bonne compagnie.

L’esprit incisif de Stephen Bryen, expert en sécurité, stratégie et technologie qui a occupé des postes de haut niveau au Pentagone et au Capitole, a écrit sur Substack : « Trump a invité [le président français] Macron et [le premier ministre britannique] Starmer à Washington pour les informer, ce qu’il a apparemment fait. Les Français sont repartis assez mécontents, mais Starmer semblait être d’accord. Starmer a plaidé pour l’inclusion de l’article 5 et de l’OTAN dans tout accord ; Trump a rejeté cette demande. » Pendant ce temps, Poutine s’est entretenu avec [le président chinois] Xi par téléphone et a envoyé Sergei Shoigu (qui dirige le Conseil de sécurité de la Russie, quelque chose comme le NSC) à Pékin pour rencontrer Xi.

Trump a invité Zelensky. La couverture de l’apparition de Zelensky à Washington était « l’accord sur les minerais » que les deux dirigeants étaient censés signer… La véritable raison de la visite de Zelensky était de l’informer sur les négociations avec Poutine et d’obtenir son soutien.

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Trump s’attaque à l’« Occident collectif »


Par M.K. Bhadrakumar – Le 1er mars 2025 – Source Indian Punchline

La scène dramatique qui s’est déroulée dans le bureau ovale vendredi soir indique que le président Donald Trump est en train de dissocier les États-Unis de la « guerre éternelle » en Ukraine que son prédécesseur Joe Biden avait laissée derrière lui. La guerre est sur le point de se terminer dans un gémissement, mais son « effet papillon » sur notre monde incroyablement complexe et profondément interconnecté définira la sécurité européenne et internationale pour les décennies à venir.

Les médias occidentaux, hostiles à Trump, ont saisi l’occasion pour le caricaturer comme étant un personnage impulsif, dans une inversion des rôles avec Zelensky. En réalité, c’est l’administration Biden qui a littéralement poussé Trump à agir de la sorte.

La réaction très émotionnelle de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui a exprimé sa compassion à l’égard du président Zelensky, est éloquente : « Votre dignité honore la bravoure du peuple ukrainien. Soyez fort, soyez courageux, n’ayez pas peur. Vous n’êtes pas seul, cher président ». Le refus de Trump d’accorder un rendez-vous à Von der Leyen peut expliquer en partie sa fureur de femme bafouée. En vérité, l’« Occident collectif » se trouve à la croisée des chemins et ne sait pas quelle route prendre. Sans la couverture aérienne et les apports satellitaires des États-Unis, le déploiement de troupes occidentales en Ukraine sera impossible. Même le Français Emmanuel Macron admettrait que ses troupes seront passées au hachoir.

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Il y a du printemps dans l’air pour les liens entre les Etats-Unis et la Russie alors que la révolution de Trump prend de l’ampleur


Par M.K. Bhadrakumar – Le 16 février 2025 – Source Indian Punchline

Ce qui ressort des emblématiques événements de la semaine dernière, c’est que les trois années de rivalité entre les États-Unis et la Russie et la guerre par procuration de l’OTAN en Ukraine ont été une crise conçue de manière très délibérée par le nexus anglo-américain dans le cadre d’un programme pernicieux conçu par les néoconservateurs libéraux attachés au globalisme et installés dans l’establishment de Washington et de Londres, afin d’infliger une défaite stratégique à la Russie.

Moins d’un mois après son retour dans le Bureau ovale, le président Donald Trump a commencé à démanteler, par une série de mesures audacieuses, le mur de fer qui s’était abattu sur l’Europe centrale. Son impact est déjà visible, car les canaux de communication avec Moscou ont été rouverts, comme en témoignent l’appel du nouveau secrétaire d’État américain Marco Rubio à son homologue russe Sergueï Lavrov samedi et leur accord pour se rencontrer au niveau des délégations en Arabie saoudite la semaine prochaine.

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Trump fait de beaux discours au sujet de l’Iran, mais il doit passer aux actes


Par M.K. Bhadrakumar – Le 9 février 2025 – Source Indian Punchline

Sadiq Khan, le maire de Londres, a prononcé un discours mémorable lors de la conférence annuelle houleuse du parti travailliste en 2016, tout en félicitant per forma Jeremy Corbyn d’avoir remporté l’élection à la direction du parti avec un mandat accru, mais en restant sceptique quant à la possibilité de « faire confiance au parti pour gouverner à nouveau ».

Il a commencé son discours en disant : « Les travaillistes au pouvoir. Nous ne nous contentons pas de parler, nous avançons aussi. Ne jamais sacrifier ou vendre nos idéaux, mais les mettre en œuvre chaque jour ».

Khan avait prédit qu’il était « extrêmement improbable » que Corbyn ramène le parti travailliste au 10 Downing Street. Il avait raison.

Les remarques du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, le 7 février à Téhéran, lors d’un discours devant les hauts responsables militaires, ont laissé transparaître une certaine méfiance, voire un certain pessimisme, quant à la perspective de parvenir à un accord durable sur le nucléaire avec les États-Unis.

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Trump réexerce sa « pression maximale » sur l’Iran mais ajoute un message sur l’accord américano-iranien


Par M.K. Bhadrakumar – Le 7 février 2025 – Source Indian Punchline

Sylvie Bermann, ancienne diplomate de carrière distinguée en France, a récemment écrit un éditorial dans le principal journal financier, Les Echos, selon lequel un nouveau chapitre de « géopolitique transactionnelle » a commencé avec Donald Trump.

Des événements extrêmement improbables peuvent être attendus, métaphoriquement appelés « cygnes noirs« . La théorie dite du « cygne noir » caractérise des événements qui surprennent, ont un effet majeur, mais ne peuvent être rationalisés qu’après coup, avec le recul.

On peut dire que le 4 février, un cygne noir est apparu à la Maison Blanche, alors que le président Donald Trump signait un Mémorandum présidentiel sur la sécurité nationale (NSPM) rétablissant la “pression maximale” sur l’Iran, refusant à ce pays “toutes les voies vers une arme nucléaire.” 

Une fiche d’information de la Maison Blanche détaille que le NSPM établit le truisme suivant:

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Netanyahu piège Trump en l’entrainant dans un bourbier


Par M.K. Bhadrakumar – Le 5 février 2025 – Source Indian Punchline

Rarement, voire jamais, on arrive à reprendre le fil de ce que l’on a écrit il y a 3 jours sous forme de conjectures. Mais pour mon pronostic selon lequel ”la vue sur mer » de Gaza fascine le président Donald Trump et son envoyé spécial pour le Moyen-Orient Steve Witkoff, deux grands promoteurs immobiliers des temps modernes, ce fut littéralement le cas. Voir mon blog « L’élection de Trump est une mauvaise nouvelle pour le Moyen-Orient ».

Il ne fait aucun doute que lors de ses entretiens avec le Président Donald Trump dans le Bureau ovale mardi, le Premier ministre israélien en visite, Benjamin Netanyahu, a atteint, de loin, la plus grande réussite de ses 17 années tumultueuses au pouvoir en tant que Premier ministre le plus ancien de son pays, en faisant la proposition audacieuse qu’une solution à long terme pour la bande de Gaza réside dans la prise de contrôle de toute cette région par les États-Unis et sa transformation en une “Riviera du Moyen-Orient” (selon les mots de Trump.)

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Le virage de Trump est une mauvaise nouvelle pour le Moyen-Orient


Par M.K. Bhadrakumar – Le 3 février 2025 – Source Indian Punchline

Le 4 février, la communauté internationale verra le président Donald Trump s’immiscer dans la crise au Moyen-Orient, quand le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, entrera dans le bureau ovale en espérant avoir l’occasion de façonner la politique régionale des États-Unis.

Avez-vous un sentiment de déjà-vu ? Oh ! Un air de déjà-vu ? En effet, ce qui me vient à l’esprit, c’est la magnifique chanson d’Olivia Rodrigo, auteur-compositeur-interprète américaine de 21 ans, lauréate de trois Grammy Awards et porte-drapeau d’une nouvelle vague d’artistes pop qui s’orientent vers des ballades puissantes qui intériorisent les émotions.

Mais Trump n’est plus dans l’orbite de feu Sheldon Adelson, l’homme d’affaires milliardaire juif américain et donateur politique. Et le Moyen-Orient s’est transformé de façon phénoménale depuis son premier mandat présidentiel. En outre, l’intervention n’est apparemment pas dans la boîte à outils de Trump. Les conditions sont donc favorables à un passage à la diplomatie.

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La Syrie entre dans une nouvelle ère pleine d’incertitudes


Par M.K. Bhadrakumar – Le 1er février 2025 –  Source Indian Punchline

La nomination d’Ahmed al-Sharaa, le chef de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), comme président intérimaire le 29 janvier marque l’avènement d’une nouvelle ère dans l’histoire de la Syrie. Dans un article de fond sur al-Sharaa, le New York Times a qualifié le HTS de « groupe rebelle islamiste autrefois lié à Al-Qaïda ».

Le Times est resté évasif sur les années qu’il a passées en détention sous la garde des forces d’occupation américaines en Irak ou sur les raisons pour lesquelles il a été libéré alors qu’il était un haut fonctionnaire d’ISIS et autorisé à se rendre en Syrie au début d’une guerre civile (dans laquelle le chaudron djihadiste ISIS et al-Qaïda étaient hyperactifs) pour former le Front al-Nusra, un affilié d’al-Qaïda, mais « a finalement rompu les liens avec al-Qaïda, et le Front al-Nusra a évolué pour devenir Hayat Tahrir al-Sham. » Il n’est pas rare que les terroristes d’hier se transforment en politiciens du lendemain, mais cela ne suffit pas à expliquer l’indulgence dont l’armée américaine a fait preuve dans ces circonstances.

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Le traité Russie-Iran signifie une « percée » dans leurs relations


Par M.K. Bhadrakumar – Le 24 janvier 2025 – Source Indian Punchline

La Russie et l’Iran, en tant que voisins immédiats et grandes puissances avec une histoire glorieuse, ont eu une relation difficile et mouvementée au travers des siècles. C’est au crédit du pragmatisme iranien que ce pays a appris à vivre avec les conséquences de l’expansionnisme de la Russie tsariste plutôt que de s’enfermer dans une inimitié éternelle. À certains égards, il partageait également le sort de la Chine aux mains de puissances prédatrices. De telles expériences amères sont inévitablement ancrées dans la psyché d’une nation. 

Par conséquent, la signature du Traité de Partenariat stratégique global entre l’Iran et la Russie, le 17 janvier à Moscou, est en effet un jalon poignant signifiant l’acceptation mutuelle en tant que partenaires dans une relation d’égalité. C’est aussi une tentative de construire des garde-fous afin de permettre une nouvelle trajectoire de relation dans l’intérêt mutuel. Le président russe Vladimir Poutine l’a justement qualifié de « percée« .  

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