Une guerre contre l’Iran ?


Par Moon of Alabama – Le 12 avril 2024

Un certain nombre de discussions portent sur l’imminence d’une guerre lancé par les États-Unis contre l’Iran. Yves Smith, de Naked Capitalism, conclut qu’une guerre est plus probable qu’improbable. Crooke, Mercouris et Diesen sont ambivalents (vidéo) mais semblent également s’attendre à un conflit.

Le président Trump (ou, plus exactement, Netanyahou derrière lui) a formulé des exigences à l’égard de l’Iran qui sont conçues pour être rejetées :

  • Mettre fin à tous les programmes nucléaires
  • Détruire les missiles à moyenne portée qui peuvent atteindre Israël
  • Cesser de soutenir tous les mouvements de « résistance » au Moyen-Orient.

L’Iran rejettera évidemment ces exigences.

Il est, par contre, prêt à remettre son programme nucléaire dans les paramètres de l’accord nucléaire JCPOA, que Trump avait précédemment rejeté, SI les sanctions à son encontre sont levées. Ce pays est également prêts à faire des affaires lucratives avec les États-Unis, mais c’est à peu près tout.

Les États-Unis tentent d’impressionner l’Iran avec des pressions militaires. Plusieurs bombardiers B-2 ont été envoyés à Diego-Garcia, deux porte-avions naviguent dans les eaux du Moyen-Orient, Israël a reçu davantage de missiles de défense aérienne THAAD et Patriot.

Je pense qu’il s’agit d’une simple démonstration de force, destinée principalement au public américain. Car les forces en présence ne sont pas suffisamment forte pour vaincre l’Iran. Les capacités de riposte de l’Iran nécessiteraient une force beaucoup plus importante pour réussir une attaque initiale et beaucoup plus de forces supplémentaires pour gérer toutes les calamités qui suivraient inévitablement.

L’envoyé de Trump, Steve Witkoff, était à Oman aujourd’hui pour s’entretenir avec le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araqchi. Les premières réactions sont positives mais il n’y a pas (encore) de résultats :

« Les discussions se sont déroulées dans une atmosphère constructive, basée sur le respect mutuel, et les délégations ont échangé les points de vue de leurs gouvernements respectifs sur le programme nucléaire iranien et l’allègement des sanctions avec la médiation du ministre des affaires étrangères d’Oman », indique le communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Les discussions se poursuivront la semaine prochaine.

Il est difficile d’évaluer ce que Trump va faire. S’il n’en a rien à faire, il attaquera l’Iran quoi qu’il arrive. S’il se soucie encore de son héritage, il évitera une guerre qui ferait exploser les prix de l’énergie et entraînerait les États-Unis dans une autre grande guerre sans fin qu’ils ne pourraient pas gagner.

Ma ligne de pensée actuelle (un vœu pieux ?) est similaire à celle de Larry Johnson :

J’espère que Trump, pour se remettre de la raclée qu’il a reçue à cause du fiasco des droits de douane, est impatient de remporter une victoire diplomatique. Si mon hypothèse est correcte, Trump considérera le JCPOA 2 comme sa création et se proclamera comme celui qui a empêché l’Iran de construire une bombe atomique.

Mais, comme nous le rappelle Alastair Crooke, la situation internationale volatile actuelle peut faire en sorte que des événements aléatoires soient plus puissants que les politiques pour créer le résultat. Des actions simples, émanant de différentes parties (une attaque israélienne contre l’Iran ?) pourraient facilement avoir un effet boule de neige.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

   Envoyer l'article en PDF