Le point de vue d’un initié. La tragédie de l’État profond américain


Par Pepe Escobar – Le 12 mai 2021 – Source The Saker’s Blog

Henry Kissinger, 97 ans, dit Henry the K. pour ceux qu’il garde près de lui, est soit un penseur stratégique de type oracle de Delphes, soit un authentique criminel de guerre, pour ceux qu’il garde moins près de lui.

Il semble qu’il ait un peu lâché son activité habituelle de diviser pour mieux régner, pour conseiller le groupe qui tient le POTUS, alias Crash Test Dummy, et émettre quelques perles de sagesse en realpolitik.

Lors d’un récent forum en Arizona, Henry the K. a déclaré, en faisant référence au conflit sino-américain qui enfle, que “c’est le plus gros problème de l’Amérique, le plus gros problème du monde. Parce que si nous ne parvenons pas à le résoudre, le risque est que, dans le monde entier, une sorte de guerre froide se développe entre la Chine et les États-Unis.”

En termes de realpolitik, cette “sorte de guerre froide” est déjà en cours ; au sein de la Beltway [Wasington DC, NdSF], la Chine est unanimement considérée comme la première menace pour la sécurité nationale des États-Unis.

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Le langage médiatique encourage la gauche à soutenir les guerres, les coups d’État et les interférences contre la souveraineté des pays


Par Alan McLeod – Le 9 avril 2021 – Source Fair.org

Dans un article précédent, nous avons étudié quelques cas montrant la façon dont la presse aide à fabriquer un consentement pour le changement de régime et autres actions américaines à l’étranger parmi les audiences de gauche, un groupe ne soutenant traditionnellement pas les conflits.

Un certain niveau d’adhésion, ou au moins une hésitation à résister, parmi la moitié la plus à gauche des États-Unis est nécessaire pour garantir que les interventions américaines puissent être menées avec un minimum d’opposition nationale. À cette fin, les médias grand public invoquent les droits de l’homme et l’humanitarisme pour convaincre les personnes situées à gauche du centre d’accepter, voire de soutenir, les actions américaines à l’étranger – une sorte de traitement pour le syndrome du Vietnam, qui est utilisé depuis 50 ans.

Voici quelques-uns des arguments couramment utilisés par les médias de l’establishment pour convaincre les gauchistes sceptiques que, cette fois, les choses pourraient être différentes, en vendant une intervention progressiste que tout le monde peut soutenir.

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L’histoire se répète… Washington et Londres ont envie d’une nouvelle guerre froide


Un éditorial de Strategic Culture – Le 7 mai 2021

Les États-Unis et leur “partenaire junior”, la Grande-Bretagne, ont exprimé cette semaine leur désir de lancer une nouvelle guerre froide contre la Russie et la Chine – quoique subrepticement, et habillés d’un langage vertueux.

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, s’est entretenu avec son homologue britannique, Dominic Raab, avant le sommet des ministres des affaires étrangères du G7 qui s’est tenu à Londres cette semaine. Les deux diplomates ont appelé les pays du G7 et leurs partenaires à se serrer les coudes pour faire face à la Chine et à la Russie. À cette fin, des délégués de l’Australie, de l’Inde, de la Corée du Sud et de l’Afrique du Sud ont été invités à participer au sommet.

Nous devrions prendre un moment pour noter combien un tel appel est provocateur et gratuit, voire carrément criminel. La sécurité mondiale est en train de devenir le jouet de la politique occidentale.

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Le retour du Léviathan : Les leçons pour aujourd’hui de la guerre froide au Vietnam


Par Cynthia Chung – Le 17 mars 2021 – Source Strategic Culture

Dans la première partie de cette série, j’ai expliqué comment un stock massif d’armes américaines stockées à Okinawa, au Japon, qui devaient à l’origine être utilisées pour l’invasion américaine prévue du Japon, ont été retirées une fois que les deux bombes atomiques ont été larguées sur Hiroshima et Nagasaki.

Fletcher Prouty, chef des opérations spéciales pour les chefs d’état-major interarmées sous Kennedy et ancien colonel de l’armée de l’air américaine, explique dans son livre “The CIA, Vietnam and the Plot to Assassinate John F. Kennedy” que ces énormes cargaisons d’armes n’ont pas été renvoyées aux États-Unis, mais que la moitié a été transportée en Corée et l’autre au Vietnam.

Les implications de ce fait sont énormes.

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Jusqu’où devraient aller les forces de la LDNR ?


Suivi de “La guerre américaine contre l’Europe : un 11 septembre continental ? “


Par The Saker – Le 7 avril 2021 – Source The Saker’s Blog

Aujourd’hui, Denis Pushilin, le chef de la DNR, a tenu une conférence de presse.  À ma connaissance, il n’y a pas de transcription en anglais (s’il y en a une, envoyez-la moi !).  Je n’ai pas encore eu le temps d’écouter l’intégralité de la conférence (qui dure 3 heures), mais le moment clé, tel que rapporté par les médias russes, est que Pushilin a déclaré qu’en cas d’attaque ukrainienne, les forces de la LDNR lanceront une contre-offensive en Ukraine, que l’Ukraine devra faire face à une puissante contre-attaque et que les forces de la LDNR ne s’arrêteront pas à la ligne de contact actuelle.

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Etats-Unis/Otan contre Russie/Chine. Le début d’une guerre hybride à mort


Par Pepe Escobar – Le 27 mars 2021 – Source The Saker Blog

Commençons par le coté comique de cette histoire : le “leader du monde libre” [Biden, Ndt] s’est engagé à empêcher la Chine de devenir la nation “leader” de la planète. Signe qu’il est prêt à remplir une mission aussi exceptionnelle, son “espoir” est de se représenter à la présidence en 2024. Et pas sous la forme d’un hologramme, mais avec la même colistière.

Maintenant que le “monde libre” a poussé un soupir de soulagement, revenons aux choses sérieuses, aux aspects géopolitiques d’un 21e siècle très « shocked and awed ».

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Biden part à l’assaut du changement climatique


Par Alastair Crooke – Le 8 mars 2021 – Source Strategic Culture

Biden a claironné le mot sacré “démocratie” à maintes reprises, lors de la conférence de Munich sur la sécurité, dont trois fois rien que dans sa phrase de conclusion ; mais le masque est déjà tombé de ce mythe moralisateur datant des années 1940, qui a longtemps servi aux États-Unis. Les récents événements dans ce pays ont mis en évidence le fait que cette “démocratie” n’est qu’une imposture et ont mis à nu les divisions amères qui se cachent derrière la façade.

La position de l’Amérique en tant que “leader mondial”, comme l’a fait observer Stephen Wertheim dans son livre Tomorrow the World, était fondée sur un ensemble de circonstances momentanées et atypiques de l’après-guerre qui ont donné la primauté aux États-Unis ; mais Wertheim poursuit en soulignant que “ces jours d’unipolarité incontestable sont révolus et ne peuvent être rétablis”. L’empire américain est donc dans l’impasse : sa justification morale et politique de superviser un ordre mondial modelé selon ses normes est désormais au-delà de ses capacités (militaires ou financières).

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La “transition” des élites


Alastair Crooke tente de démêler l’écheveau des courants politiques qui déchirent le tissu social états-unien et d’en présager l’évolution possible.


Par Alastair Crooke – Le 22 février 2021 – Source Strategic Culture

Le député Jamie Raskin a conclu l’affaire de la mise en accusation de Donald Trump en citant un passage de Tom Paine, datant de 1776 : “La tyrannie, comme l’enfer, n’est pas facile à vaincre, mais nous avons cette consolation salvatrice : plus la lutte est difficile, plus glorieuse, en fin de compte, sera notre victoire”. La lumière et l’obscurité, le bien et le mal. C’est ainsi que l’essence de ce “procès spectacle” est révélée. Il s’agit d’un théâtre extravagant qui touche au manichéen en utilisant des clips télévisés montés pour présenter un drame composé, d’une part, de légitimité et de pouvoir, et d’autre part, de Trump et de ses partisans présentés comme des “ennemis”, mais aussi comme des “tyrans sortis de l’enfer”.

La question est finalement la suivante : Ce procès a-t-il atteint son but ? Le “coupable” a-t-il été intimidé par cette majestueuse dramaturgie que fut ce procès spectacle et craint-il un futur Patriot Act domestique ? Ce procès a-t-il garanti une longue période de règne pour un parti unique ?

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De la surdité culturelle qui caractérise l’Occident


Les élites en viennent à croire leur propre récit – oubliant que celui-ci n’a été conçu que pour être une illusion faite pour capter l’imagination de leur population.


Par Alastair Crooke – Le 15 février 2021 – Source Strategic Culture

Pat Buchanan a absolument raison : lorsqu’il s’agit d’insurrections, l’histoire dépend de celui qui écrit le récit. En général, c’est la classe oligarchique qui s’en charge (si elle finit par l’emporter). Pourtant, je me souviens d’un certain nombre de personne étiquetées “terroristes” qui sont finalement devenus des “hommes d’État” très connus. Ainsi tourne la roue de l’histoire, comme elle le fait encore.

Bien entendu, le fait de fixer un récit – une réalité incontestable, qui est perçue comme trop sûre, trop investie pour échouer – ne signifie pas qu’il n’est pas contesté. Il existe une vieille expression britannique qui décrit bien cette remise en question (silencieuse) du “récit” alors dominant (en Irlande et en Inde, entre autres). Elle était connue sous le nom d'”insolence muette”. Lorsque les actes individuels de rébellion étaient inutiles et trop coûteux sur le plan personnel, un silencieux et amère dédain, qui en disait long, exprimait cette “insolence muette” pour leurs “seigneurs et maîtres”. Elle rendait la classe dirigeante britannique furieuse car elle lui rappelait quotidiennement son déficit de légitimité. Gandhi a mené cette expression à son plus haut niveau. Et c’est finalement son récit qui est resté le plus mémorable dans l’histoire.

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