Documentaires : fenêtres ouvertes sur le monde ou écrans de fumée ?

Par Rosa Llorens – Le 21 mars 2015

Ces dernières semaines, plusieurs documentaires étaient censés nous ouvrir des fenêtres sur les Palestiniens de Syrie (Les Chebabs de Yarmouk), la Russie soviétique (Red Army), le Venezuela (Premier Festival de Cinéma vénézuélien à Paris, 4-10 mars 2015) : voilà un éventail intéressant pour réfléchir à ce genre du documentaire.

Les Chebabs de Yarmouk, documentaire marocain d’Axel Salvatori-Sinz (Français dont les organisateurs de la soirée au cinéma La Clef nous ont bien recommandé de ne pas écorcher le nom), tourné entre 2009 et 2011, avant la guerre, nous transporte dans le camp de Yarmouk, créé dans la périphérie de Damas, et devenu une ville en dur (on ne voit de tentes que dans les dialogues des protagonistes), de plusieurs centaines de milliers d’habitants (les chiffres varient entre 120 000 et 500 000). Ou plutôt on nous transporte dans une série de chambres où cinq jeunes vitelloni pseudo-intellos se vautrent en fumant et en bavardant sur la vie, l’amour, l’art … – mais ne s’animent vraiment que pour raconter leurs stratagèmes pour échapper au service militaire (c’est facile pour eux, leurs études leur permettant d’obtenir des sursis à rallonge) et des passeports pour n’importe quel pays pour lesquels ils ont des tuyaux. La ville elle-même, ses habitants, la vie réelle et ses problèmes, on n’en saura rien : cette bande de parasites irresponsables met son point d’honneur à vivre en vase clos, sans aucun contact avec les non-«intellectuels», dans l’oisiveté et les jérémiades : ils n’ont sans doute jamais entendu parler des massacres de Gaza, en tout cas Gaza est bien loin de leurs soucis narcissiques (comment réaliser nos ambitions, devenir cinéastes, metteurs en scène, acteurs… pour quoi faire ? Il n’y a chez eux aucun projet d’engagement, seulement un projet de succès personnel). Le monde extérieur n’est présent, ou plutôt suggéré, que par des fenêtres devant lesquelles flottent des rideaux, effort esthétique du réalisateur qui voit dans ces images le nec plus ultra de la poésie !

Et le film s’étire en bavardages inconsistants et pages de poésie écrites par chacun des intervenants et lues devant la caméra, avec trémolos et mines pathétiques par une des deux filles, starlette en devenir particulièrement exaspérante. Tout cela pour arriver à un dramatique carton où on lit que le camp a été détruit par l’armée syrienne, brisant ainsi les espoirs de nos sympathiques vitelloni.

La soirée était organisée par rue 89 – L’Observateur, représenté par Pierre Haski, ex-rédacteur de Libération ; on devine bien qu’il ne s’agissait pas d’une soirée de soutien au peuple palestinien, mais plutôt d’une opération de propagande visant à faire d’une pierre trois coups : jouer des divisions entre Palestiniens, faire oublier Israël, et présenter la Syrie comme le véritable ennemi des Palestiniens, c’est-à-dire poursuivre la campagne anti-syrienne avec un argument original (dont le cynisme doit ravir les concepteurs).

Renseignements pris (merci Wikipédia en anglais), l’armée syrienne (celle de l’État syrien) a bombardé le camp de Yarmouk pour en chasser les coupeurs de têtes de l’armée syrienne libre, qui avait armé les membres palestiniens de son émanation, le groupe Liwa al-Asifa, qui était combattu par les Palestiniens du FPLP.

Red Army (2014) se présente comme un documentaire américano-russe de Gabe Polsky : on cherche vainement l’élément russe du film ! Le réalisateur est américain, fils d’émigrés ukrainiens (et même, si on raisonne sur le nom, de l’ouest de l’Ukraine), les producteurs américain (Jerry Weintraub) et allemand (Werner Herzog). Le sujet, l’équipe de hockey soviétique des années 1960-1980, certes, est russe ; mais un film ne prend pas la nationalité de son sujet. On reste donc perplexe devant cette mention : film américano-russe, à moins d’y flairer une volonté d’escroquerie. Dans une interview, le réalisateur s’efforce longuement, avec un embarras visible, de tirer au clair la question de ses compétences de russophone. Ce n’est pas une question anodine : on ne peut parler authentiquement de ses expériences personnelles que dans sa langue ; or, Polsky interroge son protagoniste, Viatcheslav Fetissov, vedette de l’équipe, en anglais.

De la langue utilisée dépend aussi le degré de confiance dans les échanges. Là se situe une faille fondamentale dans le film : la réticence de Fetissov face à son interviewer. Le Figaro retient que l’interview commence de façon peu courtoise, Fetissov faisant un doigt d’honneur à Polsky ; mais pourquoi le traiterait-il avec égards ?

Polsky lui a demandé une interview en pleins Jeux de Sotchi, Fetissov, qui a été l’un des porte-drapeaux des sportifs russes, est alors ministre des Sports, et a bien d’autres chats à fouetter. Du reste, qui est Polsky ? Wikipédia ne nous apprend pas grand-chose : Polsky vient de la production, et Red Army est son seul film (c’est un cas de figure de plus en plus fréquent : un type qui évolue dans les milieux du cinéma et qui sort de l’anonymat pour faire un seul film, comme Salvatori-Sinz (pourvu que je n’écorche pas son nom !) ou Florian Henckel von Donnersmarck qui, avant et depuis La Vie des autres, n’a pas fait grand-chose : on pense alors à des commandes, voire des contrats).

Red Army est donc un film américain : mais pourquoi s’intéresser à l’équipe de hockey russe ? La réponse est simple, prévisible (je regrette, mais c’est le cas de toute la production hollywoodienne), même si elle semble paradoxale : Polsky traite des succès de l’équipe russe pour parler en parallèle de l’échec du système communiste et de la décomposition, contemporaine, de l’URSS. Tout le film joue ainsi contre son sujet, la problématique étant : comment un système aussi abominable a-t-il pu produire une grande équipe qui nous a battus, nous et nos amis canadiens ? Le critique du Figaro assure : «Habile, le montage se fait oublier derrière des interviews pleines d’enseignements.» Mais le montage est on ne peut plus indiscret, interrompant des images sportives ou des témoignages de sportifs russes pour faire asséner par un ou deux journalistes états-uniens le catéchisme de la guerre froide, c’est-à-dire les accusations sempiternelles contre le communisme et sa propagande totalitaire et l’affirmation de la supériorité du système américain et de ses magasins où on trouve toutes sortes de fruits en plein hiver ! (C’est ainsi qu’on a persuadé les Allemands de l’Est de brader leur emploi à vie, leur système de retraites, leurs logements à prix protégé… contre des bananes.) Ces leçons prennent un tour humoristique (volontaire ? on peut en douter, car la propagande américaine est une seconde nature, devenue inconsciente) lorsque Jimmy Carter intervient pour féliciter l’équipe de hockey US après une victoire, pour conclure : «Cela montre que le système américain est le bon» ! Mais ce sont aussi les questions du réalisateur-interviewer qui sont biaisées : à un camarade de Fetissov qui  évoquait la vie en commun des hockeyeurs et leur solidarité, il demande avec insistance : «Mais en dehors de l’entraînement, vous lisiez ? Vous aviez des hobbies ?». On comprend bien l’accusation implicite : le système communiste supprime toute différence individuelle, toute liberté. Mais imagine-t-on un journaliste US demandant à un hockeyeur canado-américain : «Et à part ça, qu’est-ce que vous lisez ?» !

Cependant, vers la moitié du film, se produit une bifurcation : l’URSS se délite, mais les autorités russes empêchent leurs hockeyeurs de rejoindre la Ligue américaine et ses contrats juteux. On essaie alors de comprendre quel est le fil logique du film, puisqu’on abandonne le sujet apparent, les remarquables résultats de l’équipe russe ; mais le fil s’embrouille, on évoque les refus de Fetissov de partir aux USA, même quand le gouvernement russe l’y invite : quelles sont ses raisons ? Patriotisme, bouderie, désir de faire monter les enchères ? Mais le réalisateur n’a pas envie d’explorer la personnalité de son héros.

Non, pour comprendre la vraie logique du film, il suffisait de lire la fiche Fetissov de Wikipédia : «Avec Igor Larionov, il a contribué à casser la barrière empêchant les Soviétiques de rejoindre la ligue nationale de hockey en Amérique du Nord.» Les méandres du film devaient donc nous amener à ce happy end : les hockeyeurs russes se font engager dans des équipes US, sanctionnant ainsi la victoire du monde libre !

Le titre était significatif : Red Army n’a jamais été le nom de l’équipe de hockey mythique ; elle faisait partie des fédérations du CSKA Moscou (qui recrutait, certes, dans l’Armée Rouge, ce qui explique les deux dernières initiales : Krasnoï Armyi), club glorieux, qui compte bien d’autres succès que ceux de ses hockeyeurs. Le film est conçu comme un réquisitoire contre l’ennemi russo-soviétique, accusé d’utiliser ses équipes sportives comme une armée parallèle. Le journaliste US donneur de leçons apporte la morale du film : ces responsables russes formés sous le système communiste sont LE problème. Quel problème ? Le fait que la Russie n’accepte plus, comme sous Gorbatchev, de se laisser désagréger par le bloc occidental ?

Polsky est passé à côté de son sujet de départ et Red Army nous laisse donc sur une frustration : qui fera le vrai film sur les méthodes et la stratégie (qu’on a comparée à celle de la dream team du Barça) de l’entraîneur Anatoli Tarassov, sur les rivalités internes de la fédération russe de hockey et sur la personnalité séduisante mais ambiguë de Viatcheslav Fetissov ?

Parmi les films du Festival de cinéma vénézuélien, on pouvait voir deux documentaires : Dudamel, El sonido de los ninos (Dudamel, le son des enfants) et El Misterio de las lagunas.

Le premier se présente comme un hymne au Sistema, le Système d’orchestres juvéniles conçu en 1975 (donc bien avant l’ère bolivarienne) par l’économiste et (!) chef d’orchestre José Antonio Abreu, dans un but à la fois artistique et social : intégrer, par la musique, les enfants des quartiers pauvres, leur permettre de dépasser leur situation socio-économique, et leur offrir une perspective de promotion professionnelle, soit directement (le système se nourrit lui-même et réclame de plus en plus de professeurs), soit indirectement (en leur inculquant des valeurs de discipline et d’effort). C’est une belle entreprise, mais qui réclamerait du moins une problématisation (n’y sent-on pas un aspect paternaliste, voire conservateur, comme chez ces philanthropes qui créaient des clubs de foot pour détourner les ouvriers de l’action politique ?).

Mais le film, au lieu de nous présenter le créateur, l’octogénaire J. A. Abreu (beau vieillard au demeurant), préfère faire virevolter devant la caméra Gustavo Dudamel, un jeune prodige qui a bénéficié du Sistema (mais n’est pas un exemple vraiment probant, car il vient d’un milieu de musiciens), aujourd’hui chef d’orchestre à Los Angeles et coqueluche des médias avec ses boucles brunes et ses charmantes fossettes (il rappelle l’acteur fétiche de Pasolini, Ninetto Davoli).

De même, au lieu de nous montrer les fruits du Sistema dans les bidonvilles de Caracas, le film fait de la pub pour le Sistema en nous faisant voyager dans tous les pays franchisés, parmi lesquels la Corée du Sud, où on interviewe un jeune garçon sous le patronage d’une Holy Bible placée bien en évidence sur une étagère.

De fait, le film est une coproduction Venezuela-USA, et semble être un remake consensuel (tout le monde se congratule, avec des yeux extasiés de ravi de la crèche) et spectaculaire (morceaux musicaux faciles de concerts en noeud pap’ ou au milieu d’un quartier populaire avec vues aériennes) d’un autre film antérieur, du même réalisateur, Alberto Arvelo Mendoza, Tocar y luchar o la orquesta de los pobres (Jouer et lutter ou l’orchestre des pauvres), de 2005, dont on aurait oublié la partie lutter, puisque la morale assénée par un des chefs d’orchestre intervenants est : «La musique changera le monde

Heureusement, le Festival réservait une découverte passionnante, El Misterio de las Lagunas, d’Atahualpa Lichy, tourné dans les villages des Andes vénézuéliennes, dans l’État de Mérida, au Nord-Ouest du pays, entre les installations pétrolières de Maracaibo et la populeuse Caracas ; malgré cette proximité, le secteur est encore (pour combien de temps ?) isolé au milieu des montagnes, hors de portée des signaux des radios ou des portables. Le réalisateur aurait pu faire un reportage misérabiliste comme le tristement célèbre Las Hurdes, tierra sin pan, de Bunuel, ou se présenter en champion des Lumières face à des sauvages, comme le héros du roman autobiographique de Levi, Le Christ s’est arrêté à Eboli, ou du film de 1979 de Francesco Rosi, habituellement plus inspiré.

Car ces deux œuvres ne peuvent convaincre que des citadins ignorant tout de la vie des paysans et se contentant de plaquer sur tout la grille manichéenne et paresseuse : préjugés archaïques versus Lumières et modernité. El Periódico de Extremadure publie justement aujourd’hui, 21 mars 2015, un article (dont je recommanderais la lecture à tous les hispanophones qui veulent se faire une idée juste sur ce film mythifié) sur les polémiques provoquées par le pseudo-documentaire de Bunuel. Pseudo, car on sait aujourd’hui que tout y a été mis en scène, selon un scénario préparé d’avance, pour présenter les Hurdes comme une terre d’obscurantisme et de misère effroyables, et faire de son film une exhibition gore (tremendista) selon les mots d’un anthropologue, n’hésitant pas pour cela à torturer un âne, à transformer un groupe de villageois en acteurs maigrement rémunérés, et à énoncer des contre-vérités : «Dans les Hurdes, on n’entend jamais une chanson» : les survivants témoignent, eux, du plaisir avec lequel il écoutait, dans la taverne du village, les femmes du coin chanter des chansons traditionnelles, rémunérées par quelques piécettes.

Ce mépris aveugle à la réalité, ce parti-pris de truquage didactique par un détenteur des Lumières est aux antipodes du documentaire de Lichy ; il nous montre, au contraire, la richesse des traditions et des savoir-faire paysans, ce qu’aurait pu voir aussi à Aliano (le village du Christ s’est arrêté…) Levi, confiné là par les autorités fascistes, si, au lieu de vouloir apporter la civilisation aux sauvages, il avait profité de cette expérience pour découvrir la culture de la Basilicate. Nous découvrons donc avec émerveillement la culture des villages des Andes, d’une activité agricole et d’une fête à l’autre.

Là, on n’a pas besoin de télévision, les paysans sont bien plus autonomes que nous citadins, et les artistes locaux abondent, chanteurs traditionnels, ou violonistes compositeurs, dont les airs, comme les corridos mexicains, s’inspirent de la chronique locale, ou encore jeune cavalier virtuose qui fait danser son cheval. Mais on retient surtout les images des grandes fêtes, incroyablement colorées : celle de San Isidro, patron des paysans, le 15 mai, où défilent dans les rues des attelages de bœufs aux cornes ornées de fleurs et de fruits, comme des cornes d’abondance, ou celle de San Benito, fin décembre, dont le culte, venu de Palerme, répandu dans toute l’Amérique latine, s’est mêlé ici à une célébration patriotique, celle de la Campagne admirable de Simon Bolivar, en 1813, qui a abouti à la conquête de l’Ouest vénézuélien, jusqu’à Caracas et à la IIe République du Venezuela. Cette fête est encore plus spectaculaire : les hommes se peignent le visage en noir (San Benito est un saint noir, originaire d’Afrique), et, armés de tromblons rafistolés (versant historique de la célébration), font exploser des charges de poudre (les blessures aux mains font partie de la fête, les secours sont là, prêts à intervenir).

Mais le documentaire se construit (de façon peut-être trop dramatique) autour du mystère des lagunes, face obscure de la culture traditionnelle : les sacrifices humains qu’on offrait aux dieux des lagunes (Arco et Arca, Soleil et Lune), mis en rapport, par une anthropologue strictement objective, évitant tout commentaire moralisateur, avec la célébration des Angelitos : jusqu’au début des années 1970, les enfants morts étaient grossièrement momifiés, revêtus d’habits de fêtes, et offerts pendant des mois parfois à la contemplation des villageois, pour la plus grande fierté de leurs parents. Ces enfants étaient en effet les substituts des anciens sacrifices humains, conçus comme des offrandes des prémices, destinées à appeler la protection des dieux sur toutes les autres naissances. Coutume barbare ? Mais en quoi témoigne-t-elle de plus de superstition que la croyance, aujourd’hui, semble-t-il, majoritaire, que le meilleur moyen de protéger une population et de lui apporter la démocratie est de la bombarder et de détruire son pays ?

Ce documentaire envoûtant ne laisse qu’une question : ces villageois, successeurs, et en partie descendants des Indiens Mucuchies, sont-ils vraiment aujourd’hui aussi isolés et autonomes que le montre le film, ou leur culture et leurs fêtes n’ont-elles pas déjà été récupérées par l’industrie du tourisme ?

Le documentaire est donc un genre à accueillir avec intérêt et méfiance. Il peut nous mettre en contact avec d’autres cultures,apportant les connaissances concrètes que les médias, qui ne fonctionnent que sur des généralités idéologiques, nous refusent. Mais c’est aussi une arme de propagande plus sophistiquée que les blockbusters hollywoodiens. Et, comme pour les films de fiction, on peut se demander si le cinéma états-unien est plus dangereux quand il récrit et mythifie sa propre histoire, comme dans American Sniper, ou quand il récrit celle des autres peuples, comme dans Red Army, selon ses propres critères et intérêts. Mais il y a pire que le documentaire de propagande US, c’est le documentaire français, aussi creux que faux, qui n’apporte ni information ni spectacle.

Rosa Llorens

Rosa Llorens est normalienne, agrégée de lettres classiques et professeur de lettres en classe préparatoire.

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Narcissisme et réalité
La rage des élites culturelles et l’image de soi

Par Dmitry Orlov – Le 17 mars 2015 – Source ClubOrlov

Ma tante a été victime d’un incident malheureux à l’été de 1966. La Révolution culturelle – un mouvement politique lancé par Mao Zedong – commençait à embraser le pays. La même année, de nombreux lycéens américains protestaient contre la guerre du Vietnam et Leonid Brejnev gardait au chaud son siège de Secrétaire général du Parti communiste d’Union soviétique (PCUS), après avoir remplacé l’instable Nikita Khrouchtchev deux ans plus tôt. Ma tante était alors étudiante de première année en littérature à l’université Fudan à Shanghai.

Il est donc arrivé que ma tante, alors une jeune femme sensible et quelque peu rêveuse, se cramponnait obstinément et pour son malheur à certains goûts musicaux, considérés en ce temps-là en Chine comme politiquement incorrects, qualifiés, dans le jargon idéologique alors en vogue, d’esthétique bourgeoise décadente et révisionniste. A savoir, ma tante avait conservé dans sa collection de disques une version du Sorbier de l’Oural (Уральская Рябинушка), une chanson folklorique russe dans laquelle une jeune fille rencontre deux beaux garçons sous un sorbier de montagne et doit choisir entre eux, interprété par le Chœur national de la République socialiste soviétique d’Ukraine. C’était un vieux disque 78 tours. Il était frappé au centre d’un emblème rouge portant l’inscription CCCP.

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Poutine gaullien ?

Le 20 mars 2015 – Source Fort Russ

La meilleure réponse aux sanctions, c’est d’augmenter la liberté du commerce intérieur et de protéger les intérêts stratégiques nationaux

 

Le Président de la Fédération de Russie a dit que l’expansion des libertés dans le commerce est la meilleure réponse aux défis et aux limitations externes. Il a exprimé cet avis lors de la Semaine commerciale du Syndicat russe des entrepreneurs et manufacturiers.

«La nouvelle expansion des libertés d’affaires est la meilleure réponse aux sanctions externes et aux défis. Nous continuerons donc à établir les conditions les plus favorables pour ceux qui veulent investir dans l’industrie intérieure et l’économie, dans le développement des technologies et des emplois modernes.»

Les règles d’amnistie sur le capital en Russie doivent correspondre à toutes les exigences légales internationales, afin de ne pas provoquer le soupçon de blanchiment d’argent, a dit Poutine. «L’État et le monde des affaires doivent agir comme des partenaires pour surmonter le climat dépressif actuel et avoir une confiance réciproque. Chers collègues, seule une association entre le domaine commercial privé et l’État nous permettra de surmonter le climat économique défavorable et établira une dynamique de croissance stable, ce qui est bien sûr impossible sans confiance mutuelle. Nous devons avoir une compréhension partagée des tâches stratégiques du pays et garder nos intérêts mutuels à l’esprit.»

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Canada : la liberté en danger
Manifestations monstres contre les lois anti-terroriste

Le 15 mars 2015 – Source Russia Today

Instantané d’une vidéo de Brent Morton sur Youtube

Des milliers de manifestants se sont unis dans tout le Canada pour agir contre la législation anti-terrorisme connue sous le nom de Bill C-51 [proposition de loi, NdT], qui étendrait les pouvoirs de la police et de l’agence d’espionnage, particulièrement lorsqu’il s’agit de détenir des personnes suspectes de terrorisme. [Une transposition du Patriot Act US qui se prépare aussi chez nous, NdT]

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Le Canada aide à recruter des tueurs pour l’État islamique

Par Jason Fekete, Lee Berthiaume, Ian MacLeod – Le 13 mars 2015

Source ottawacitizen

Bruno Saccomani, l’ambassadeur du Canada, avec le Premier ministre Stephen Harper.

L’ambassade du Canada en Jordanie, dirigée par un ambassadeur spécialement choisi par Stephen Harper et qui est un ancien garde du corps, est impliqué par un article dans un scandale d’espionnage et de terrorisme international qui se dévoile actuellement.

 

 

Vendredi, le gouvernement fédéral à refusé de commenter les nombreux articles évoquant un espion étranger supposé travailler pour les services de renseignement canadiens, arrêté en Turquie pour avoir aidé trois adolescentes britanniques à se rendre en Syrie pour rejoindre les militants de l’État islamique et qui travaillait pour l’ambassade canadienne à Amman, en Jordanie.

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La Chine avertit les États-Unis de ne pas interférer avec son espionnage

Le 19 mars 2015 – Source MoonofAlabama

Hier la Syrie a abattu un drone espion américain qui survolait Lattaquié au nord-ouest de la Syrie. Lattaquié est une zone pro-gouvernementale bien protégée et entièrement aux mains du gouvernement. Il n’y a pas d’État islamique ni d’autres rebelles dans la région.

«Le drone est-il entré en territoire syrien juste pour pique-niquer ?», a questionné la source, qui a demandé à garder l’anonymat.

«Nous considérons que s’il entre dans l’espace aérien syrien, c’est pour collecter des renseignements militaires et sécuritaires sur le territoire de la Syrie», a-t-il dit à l’AFP.

Selon la source, l’avion n’a pas été immédiatement identifié comme étant américain, mais a été traité en cible hostile.

Les défenses aériennes syriennes ont abattu l’avion dans la province côtière de Lattaquié, un bastion du président Bachar al-Assad, ont annoncé mardi les médias d’État.

Il y a un accord tacite entre le gouvernement syrien et les États-Unis selon lequel il ne sera pas fait obstacle aux frappes états-uniennes sur les positions de l’État islamique dans les zones tenues par les forces hostiles au gouvernement syrien.

Mais cela ne s’étend certainement pas aux zones où l’armée syrienne est la seule force à espionner. Il est évident que le drone, non identifié au moment où il a été abattu, représentait un danger imminent pour les intérêts syriens. Il n’avait rien à faire dans la région et c’est tout à fait normal qu’il ait été considéré comme hostile.

Mais l’orgueil américain est sans limites et la porte-parole du Département d’État, Jen Psaki, interrogée sur l’incident, a menacé la Syrie:

«Nous réitérons, naturellement, notre avertissement au régime d’Assad de ne pas interférer avec le matériel aérien américain qui survole la Syrie.»

On sait que le gouvernement chinois a réitéré son avertissement au régime d’Obama de ne pas interférer avec le cyber-espionnage chinois des systèmes informatiques américains.

Qu’est-ce que Psaki va leur répondre ?

Traduit par Dominique Muselet, relu par jj pour le Saker Francophone

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Boycott aux Nations-Unies

Le 20 mars 2015 – Source sg.news

Photo By © Maxim Shemetov / Reuters/Reuters

NATIONS UNIS – La Russie, la Chine, le Venezuela et l’Angola n’ont pas participé à une réunion informelle du Conseil de sécurité des Nations unies, jeudi dernier, sur les droits de l’homme en Crimée un an après que la Russie a annexé la péninsule ukrainienne en mer Noire de l’Ukraine, ont indiqué des diplomates.

Le parlement russe a approuvé l’annexion de la Crimée le 21 mars 2014, après que les forces russes en ont pris le contrôle, car celle-ci héberge une base de la flotte russe, et que les résidents ont voté pour le rattachement à la Fédération de Russie lors d’un référendum.

«Nous considérons cette réunion comme contre-productive et provocatrice. Son sujet ne relève pas de la compétence du Conseil de sécurité de l’ONU», a déclaré le porte-parole russe à l’ONU, Alexey Zaytsev.

Les quinze membres du Conseil de sécurité ont tenu plus de trente réunions sur l’Ukraine depuis le rattachement de la Crimée. Les combats entre les rebelles séparatistes soutenus par la Russie et les troupes du gouvernement ukrainien en Ukraine orientale ont tué plus de six mille personnes et déplacé plus d’un million de réfugiés, selon l’Organisation des Nations unies.

L’ambassadrice des Nations unies pour la Lituanie, Raimonda Murmokaite, qui a organisé cette réunion informelle, a déclaré qu’il était regrettable que la Russie, la Chine, le Venezuela et l’Angola n’y aient pas assisté.

«La Russie est habituellement très rapide à critiquer l’Ukraine sur les allégations de violations des droits de l’homme, mais ignore complètement ces mêmes violations quand elles se déroulent dans son propre pays ou dans les pays sous sa coupe», a-t-elle déclaré.

Note du traducteur
Ce texte d’information est essentiellement à noter parce qu’il montre une fois de plus le soutien indéfectible de la Chine envers la Russie. La coalition des deux pays pour contrer les initiatives occidentales est de plus en plus avérée.

Traduit par Wayan, relu par jj pour le Saker Francophone

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Ukraine :
Le schéma global, et facile, du business-plan des oligarques pro-UE

Par Sergei Glazyiev – Le 19 mars 2015 – Source thesaker.is

La Banque d’Ukraine a décidé de remonter son taux de refinancement à 30%. Avec la hausse des taux d’intérêt, les autorités financières ont suivi le même chemin que la Banque de Russie.
Les conséquences seront les mêmes: compression d’un crédit déjà inaccessible, aggravation de la récession et inflation élevée, au même niveau – à peu près 30%.

En temps de crise, une politique monétaire réduite à la limitation de la masse monétaire aboutit partout et toujours au même résultat – la contraction de l’économie dans le piège de la stagflation, qui combine la réduction de la production, une inflation élevée, l’augmentation du chômage et la baisse des revenus.

Comme je comprends l’argument, c’est une demande du FMI. Elle est absolument courante, basée sur le dogme monétariste et largement connu comme un modèle de la thérapie du choc. Seules les activités orientées vers l’exportation survivront à une telle politique.

Puisque les autorités ukrainiennes actuelles ont rompu leur coopération avec la Russie, les seules exportations possibles sont celles qui intéressent l’Union européenne. Parallèlement au tournesol et à la ferraille, ne seront exportés que le travail bon marché, la contrebande d’armes et, éventuellement, le tchernoziom [les fameuses terres noires, riches en humus, NdT].

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Lavrov: Washington pousse Kiev à la solution militaire du conflit dans le Donbass

Le 19 mars 2015 – Source Russia Today

Sergey Lavrov

Les États-Unis incitent Kiev à mettre fin à la crise dans l’est de l’Ukraine par la force, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères citant le soutien américain à la récente loi ukrainienne sur le report du statut autonome spécial du Donbass après la reconquête militaire des territoires par Kiev, selon Moscou cela sape les accords Minsk-2.

«Si Washington se félicite d’une action qui sape les accords de Minsk, alors nous ne pouvons que conclure que Washington incite Kiev à résoudre le problème par des moyens militaires», a déclaré M. Lavrov lors d’une conférence de presse jeudi à Moscou.

Ses commentaires faisaient référence à la conversation téléphonique tenue entre le vice-président américain Joe Biden et le président ukrainien Petro Porochenko mercredi, au cours de laquelle Biden a salué la décision par le parlement ukrainien de donner un statut spécial au Donbass.

Le 17 mars, la Verkhovna Rada (parlement ukrainien), a adopté une loi accordant aux républiques autoproclamées de Donetsk et Lugansk un statut spécial d’autonomie, mais Moscou dit que la loi viole l’accord de paix.

En savoir plus: Le Kremlin attend la réaction de l’Europe aux les lois sur le statut du Donbass

L’autonomie du Donbass était l’une des conditions clés des accords de Minsk, mais la loi adoptée par la Rada reporte l’introduction du nouveau statut jusqu’à ce que ces régions puissent tenir de nouvelles élections en vertu des lois ukrainiennes. Jusque-là, les députés ukrainiens ont déclaré que les deux républiques seront reconnues comme des territoires temporairement occupés et que ce statut durera tant que l’armée ukrainienne n’aura pas pleinement restauré son contrôle sur ces territoires. Les dirigeants des républiques de Donetsk et de Lougansk a déclaré que ces décisions n’ont pas été prises avec eux.

Lavrov a déclaré: «La direction ukrainienne… a clairement renoncé à ses engagements d’instaurer un dialogue direct et de négocier avec le sud-est de l’Ukraine, y compris sur la question des élections, sur la mise en œuvre de la loi sur le statut spécial…»

S’exprimant sur ces questions, Lavrov a exhorté les médiateurs de l’accord de Minsk-2 , la France et l’Allemagne, qui ont investi leur autorité dans le document, à réagir aux actions de Kiev.

Le ministre russe des Affaires étrangères a également appelé à un autre round de négociations dans le format Normandie (Kiev, Moscou, Berlin, Paris) sur le règlement du conflit en cours en Ukraine. Il dit que c’est nécessaire pour éviter une nouvelle détérioration de la situation.

«Je crois qu’il est grand temps pour des discussions au format Normandie, a déclaré M. Lavrov. Je me tournerai vers mes collègues -– les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne et de la France – avec une proposition visant à prendre des mesures urgentes pour empêcher la situation de dégénérer

En savoir plus: Violation flagrante, la Russie exhorte la France, l’Allemagne à agir en Ukraine.

La Russie a convoqué une session extraordinaire du Conseil de sécurité de l’ONU pour discuter des violations dans la mise en œuvre des accords de Minsk-2, a déclaré jeudi le porte-parole de la Mission permanente de la Russie auprès de l’ONU, Aleksey Zaitsev.

La Russie a présenté un projet de résolution au Conseil de sécurité soutenant la mise en œuvre des accords de Minsk, en particulier sur la question du dialogue entre Kiev, Lougansk et Donetsk. Cela concerne les élections dans les régions de l’Est, a déclaré l’envoyé russe à l’ONU, Vitaly Churkin après la fermeture de la session.

Le dernier accord de paix sur l’Ukraine a été négocié dans la capitale biélorusse le 12 février par les dirigeants de la France, de l’Allemagne, de la Russie et de l’Ukraine. Il a été convenu que les parties en conflit retirent leurs armes lourdes de la ligne de front et établissent une zone de sécurité qui les sépare.

L’accord exigeait une réforme politique en Ukraine pour assurer la décentralisation et un statut spécial pour les régions rebelles. Selon l’accord, le contrôle du gouvernement sur les frontières entre les régions de Donetsk et de Lougansk serait entièrement restauré un jour après les élections municipales, qui se tiendraient dans les régions dans le cadre d’une vaste réforme constitutionnelle.

Le document demandait à l’Ukraine d’adopter une loi qui donnerait des privilèges permanents d’autonomie aux régions de Lougansk et de Donetsk. Ceux-ci concernent le droit d’utiliser le russe comme langue officielle et des liens transfrontaliers avec la Russie, ainsi que le droit des gouvernements locaux de nommer les procureurs et les juges. Parmi d’autres points, l’accord comprenait également des pourparlers directs entre Kiev et les représentants des républiques.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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Pourquoi l’Europe défie-t-elle les États Unis en rejoignant la banque d’investissement chinoise ?

Par Gabriel Domínguez – Le 18 mars 2015 – Source DW

Malgré les pressions américaines, les quatre plus grandes puissances économiques européennes ont décidé de rejoindre la Banque régionale d’investissement chinoise, vue comme une potentielle rivale de la Banque mondiale, sous tutelle américaine. Pourquoi ?

Même si la Chine n’a lancé l’initiative de cette Banque régionale asiatique de développement qu’en octobre dernier, elle est déjà présentée comme une rivale potentielle aux institutions financières établies telles que la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement (BAD). Basée à Pékin, la Banque d’Investissement pour l’infrastructure asiatique (AIIB), pour laquelle la Chine a prévu de fournir jusqu’à 50 pour cent des 50 milliards de dollars de capital de départ, est destinée à financer des projets d’infrastructure dans des domaines tels que l’énergie, le transport et la communication en Asie, la région au plus fort taux de développement du monde.

La raison derrière cette initiative est que, compte tenu de l’expansion économique rapide de l’Asie, les institutions financières internationales existantes, telles que la Banque mondiale et la BAD, critiquées par beaucoup comme étant dominées l’une par les États-Unis et l’autre par le Japon, ne peuvent plus satisfaire les besoins de la région en raison de leur capital limité et de l’adoption de priorités différentes.

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