Le 20 mars 2015 – Source Fort Russ
La meilleure réponse aux sanctions, c’est d’augmenter la liberté du commerce intérieur et de protéger les intérêts stratégiques nationaux
Le Président de la Fédération de Russie a dit que l’expansion des libertés dans le commerce est la meilleure réponse aux défis et aux limitations externes. Il a exprimé cet avis lors de la Semaine commerciale du Syndicat russe des entrepreneurs et manufacturiers.
«La nouvelle expansion des libertés d’affaires est la meilleure réponse aux sanctions externes et aux défis. Nous continuerons donc à établir les conditions les plus favorables pour ceux qui veulent investir dans l’industrie intérieure et l’économie, dans le développement des technologies et des emplois modernes.»
Les règles d’amnistie sur le capital en Russie doivent correspondre à toutes les exigences légales internationales, afin de ne pas provoquer le soupçon de blanchiment d’argent, a dit Poutine. «L’État et le monde des affaires doivent agir comme des partenaires pour surmonter le climat dépressif actuel et avoir une confiance réciproque. Chers collègues, seule une association entre le domaine commercial privé et l’État nous permettra de surmonter le climat économique défavorable et établira une dynamique de croissance stable, ce qui est bien sûr impossible sans confiance mutuelle. Nous devons avoir une compréhension partagée des tâches stratégiques du pays et garder nos intérêts mutuels à l’esprit.»
Le président a souligné que des règles d’amnistie du capital doivent être en accord avec les demandes du Groupe de travail d’action financière. «Elles devraient être absolument légales et compréhensibles du point de vue du droit international, pour que personne n’ait le moindre doute que ce qui arrive en Russie est à cet égard complètement conforme au droit et à la pratique internationale, y compris dans la perspective de ne pas autoriser le blanchiment d’argent obtenu par des activités illégales.»
Poutine pense que le taux actuel des prêts offerts par la Banque Centrale est encore trop élevé. «En effet, à l’heure actuelle, le taux est élevé. Nous n’avons pas encore établi les conditions fondamentales supplémentaires qui nous permettraient de nous sentir confiants, donc il est toujours très important de fournir une aide ciblée.» [Sous-entendu, nous ne pouvons pas nous fier aux lois du marché, NdT]
Le président a souligné que le gouvernement doit adopter des mesures pratiques pour assurer aux entreprises ciblées l’accès aux financement dont elles ont besoin.
Le ministre des Finances Anton Siluanov a dit que les mauvaise conditions économiques qui étaient évidentes dans l’économie russe à la fin de 2014 et au début de 2015 sont derrière nous. «Nous avons passé la plus mauvaise période et nous observons certains aspects de stabilisation.»
À son avis, l’économie de la Russie s’est adaptée à de nouvelles conditions.
Le commentaire de J.Hawk traducteur du russe à l’anglais
Qu’est-ce-que ça veut dire? Pour les débutants, cela signifie que la Russie retourne (ou est peut-être retournée) non pas aux plans quinquennaux de l’ère de Staline qui, bien qu’extrêmement efficaces pour l’industrialisation du pays, ont aussi prouvé leur manque de souplesse, mais au modèle de l’économie de Lénine, où les secteurs stratégiques de l’économie restent sous le contrôle de l’État. C’était la norme pendant la Nouvelle politique économique de Lénine des années 1920 et c’est la norme en Chine d’aujourd’hui. C’est à dire : l’État conserve le contrôle rapproché de certaines branches stratégiques de l’économie (d’habitude par le contrôle des entreprises privées stratégiques et par des monopoles de l’État), en permettant aux autres secteurs de l’économie d’opérer selon le principe du libre marché. Cette approche est évidente dans la démarche russe pour remplacer les importations par des productions locales qui permettent aux entrepreneurs privés d’exploiter plus vite et plus efficacement qu’un plan quinquennal les occasions créées par les sanctions et la dévaluation du rouble .
Cette dualité d’approche se reflète aussi dans la composition du gouvernement russe, avec les statistes [partisans d’un rôle accru de l’état, NdT] clairement prédominants, et les libéraux (ce qui inclut Siluanov et probablement même Medvedev) jouant le second rôle de soutien indispensable. En fin de compte, la Russie a besoin de ces deux segments de l’élite pour que son économie fonctionne bien, la prédominance de l’un des deux est susceptible de provoquer des problèmes économiques, comme l’expérience de la Russie des années 1980 et 1990 l’a montré.
Note du Saker Francophone
Il s’agit là d’une conception très gaullienne du partage des rôles entre l’État défenseur des intérêts nationaux et les marchands.
Traduit par Jefke, relu par jj pour le Saker Francophone