Jean-Loup Izambert – Empêcher l’Europe


Par Hervé – Source le Saker Francophone

Jean-Loup Izambert nous parle d’Europe dans ce dernier livre publié aux Editions Cultures et Racines, la notre bien sur, celles des peuples, celles des nations, en opposition frontale à la « Leur » comme il l’écrit lui-même en ouverture de son livre.

Fortuitement peut-être, ce livre reprend le fil déroulé par un livre précédemment chroniqué ici-même par Mme Lacroix-Riz sur l’origine du Plan Marshall. Cette 1ère lecture permet d’emblée de se plonger au cœur des origines de notre histoire moderne en Europe avec la mainmise américaine au sortir de la 2nd Guerre Mondiale.

Il faut aussi avoir à l’esprit cette époque d’après-guerre avec par exemple les plans de bombardement nucléaire de l’Union Soviétique ou pour la France, l’AMGOT pour occuper la territoire national comme l’Allemagne qui reste occupée jusqu’à ce jour avec des ogives nucléaires stockées sur son territoire pour l’US Army. L’idée est toujours finalement la même, la captation du pouvoir et la concentration des richesses, plutôt Hitler que le communisme si ca permet de rester au  pouvoir.

La BRI va jouer un rôle central dans le monde financier d’entre les 2 guerres et jusqu’à nos jours pour assurer les gros détenteurs de capitaux vont garder la main. Ce n’est pas un hasard si les grandes multinationales américaines vont faciliter l’effort de guerre allemand pour jeter les allemands sur les soviétiques malgré la lucidité de ces derniers sur le plan anglo-saxon, avant de basculer côté soviétique en 41. A l’époque la réalité des faits obligeait certaines élites à tenir compte du rapport de force réel, une époque révolue semble-t-il. Seul le travail des historiens, comme ce livre, permet de mesurer l’abysse entre le narratif médiatique et la réalité du monde piloté dans l’ombre.

Leur Europe, c’est celle des actifs américains au sein des différents pays avec Monnet pour la France pour ne nommer que lui. Il va se trouver une vraie foule de partisans pour permettre à la puissance d’occuper la France en sous-main. Il est sans doute tellement plus facile de servir la puissance en place que de lui résister.

Même avec le retour du Général de Gaulle, la situation ne va pas basculer. Jean-Loup Izambert se sert du cas Pinay pour montrer les mécanismes permettant de passer outre la démocratie quand les bonnes personnes ne sont pas explicitement au pouvoir. Il existe une multitude de clubs, d’associations, d’organe de presse, d’ONG maintenant pour faire moderne, qui sont financées plus ou moins directement par l’occupant pour s’assurer d’un réseau d’influence. L’auteur prend le temps de décortiquer le fameux Cercle Pinay où on retrouve du beau linge des 2 côtés de l’atlantique.

On assiste encore actuellement à une véritable opération de camouflage pour faire avaler certains bizarreries, notamment le CV des 1er dirigeants allemands notamment  comme Walter Hallstein dont certains ont eu bien du mal à élaguer les parties trop colorées national-socialisme. Mais Von der Leyen toujours à la manette en 2025 montre que leur opération camouflage à jusqu’à présent été couronnée de succès.

Quand à se demander comment tout cela a pu advenir, en terme d’organisation, un seul mot, CIA et son ancêtre, l’OSS. C’est cette entité qui va recruter, financer, former les hommes et les femmes qui vont être le relai de gigantesque manœuvre de subversion à travers toutes l’Europe occidentale pour coopter partis politiques, syndicats, journalistes, juristes et ils vont en trouver notamment parmi les anciens collaborateurs de l’Allemagne Nazie.

Et ce sont les ambassades dans chaque pays qui vont permettre de mettre en place cette pieuvre physiquement. Le système perdure de nos jours, l’ambassade américaine étant toujours et de loin la plus imposante pour héberger toutes les courroies de transmission nécessaire pour alimenter ce mécanisme bien huilé. On pourra noter entre autre la FAF, la French American Fondation, célèbre pour avoir fait éclore nombre de « pépites » comme les 2 derniers présidents.

Le plan qui se découvre de nos jours mais couve depuis la fin de la 2nd Guerre Mondiale est simple, dépouiller les peuples de leur nation, de leur souveraineté, le tout derrière une démocratie de façade, une théâtre avant une 2nd phase qui devait venir  dans la foulée mais que le coup de frein russe avec cette guerre en Ukraine est peut-être en train d’ébranler.

Enfin comme toujours avec l’auteur, le livre est extrêmement bien sourcé avec beaucoup de renvois vers des sources institutionnelles qui ne peuvent occulter la réalité, juste l’estomper derrière un paravent médiatique.


Interview

Le Saker Francophone : Vous évoquez l’objectif américain d’empêcher à tous prix le rapprochement Allemagne – Russie pour diviser l’Europe et bloquer son émancipation mais peut-on aussi parler de la nécessité de piller les ressources russes sans lesquelles la croissance de l’Occident est impossible ? Est-ce même peut-être l’objectif numéro 1 depuis toujours ? On se rappelle notamment de l’exploitation du pétrole de Bakou avec Nobel ou Rothschild dès le 19ème siècle.

Jean-Loup Izambert : Sur la zone Europe, l’un des objectifs principaux des dirigeants de Washington, quels qu’ils soient Républicains ou Démocrates, a toujours été de diviser l’Europe en opposant les pays du versant Ouest du continent à la Russie. La prétention hégémonique des dirigeants impérialistes de Washington se manifeste sur l’Europe à partir de la révolution bolchevik d’octobre 1917 qui met un terme au pillage de la Russie par les sociétés transnationales occidentales. Depuis cette époque, les dirigeants de Washington et leurs politiciens domestiques européens n’ont eu de cesse de faire la guerre à la Russie. Je rappelle notamment l’agression menée contre la Russie soviétique à partir de 1918 pour tenter de renverser le gouvernement révolutionnaire et s’emparer de ses richesses. Très curieusement, cette agression menée par Washington avec une quinzaine de « nations alliées », dont le Japon, sans déclaration de guerre et qui sera la première grande guerre impérialiste est absente des manuels d’histoire. Je décris dans Empêcher l’Europe (éditions Culture & Racines) comment celle-ci s’est opérée en y apportant des témoignages inédits au-travers d’extraits de correspondances entre les présidents Deschanel et Millerand avec des chefs d’Etat et militaires.

Dans les années 1918-1921, deux membres de ma famille occupent des postes stratégiques au sein de l’appareil d’État français qui leur permettent d’avoir connaissance des échanges entre ces présidents et plusieurs dirigeants de cette coalition. En 1918, sans aucune déclaration de guerre, à l’instigation des Etats-Unis les forces armées de quatorze pays envahissent la Russie. Le Japon enverra jusqu’à 70 000 soldats dans l’Extrême-Orient russe pour prendre le contrôle de Vladivostok et de toute la côte du Pacifique. Les pourvoyeurs de la guerre seront les grandes sociétés transnationales occidentales : la Royal Dutch Shell Oil Compagnie, le trust anglais d’armements Metro-Vickers qui, avec le français Creusot-Schneider et l’allemand Krupp, contrôlent pratiquement l’industrie tsariste des munitions, les grandes banques d’Angleterre et de France : Hoare, les frères Baring, Hambres, le Crédit Lyonnais, la Société Générale, Rothschild, le Comptoir d’Escompte de Paris qui tous ont placé des sommes considérables sur le régime tsariste. Tous avaient un plan de partage de la Russie en fonction de ses richesses et de leurs intérêts. La guerre durera jusqu’en 1924 date à laquelle les corps expéditionnaires occidentaux seront défaits par l’Armée rouge.

Ce sont à peu près les mêmes firmes transnationales économiques et financières que l’on retrouve moins de six années plus tard pour préparer l’accession des nazis au pouvoir en Allemagne, les mêmes qui commercent avec l’Allemagne nazie, les mêmes que l’on retrouve au cœur de la guerre froide, les mêmes qui sont aujourd’hui derrière les opérations de déstabilisation des Balkans, du bassin de la mer Noire et de l’Ukraine menées par la CIA depuis les années 1950. Qui s’active à Kiev depuis 2014 pour s’emparer des richesses de l’Ukraine ? Les sociétés transnationales étasuniennes et de l’Union européenne, les Dupont de Nemours, Monsanto, Cargill, la banque Rothschild et autres prédateurs. Ceux-ci ne font que s’enrichir de la guerre menée avec des centaines de milliards d’euros et de dollars de fonds publics.

LSF : Que pensez vous de Monnet ? Au delà de sa trahison patente, qu’est ce qui fait que ce genre de personnage né en Charente va participer au pillage de son propre pays ? Quelles leçons peut-on en tirer pour l’avenir ?

J-L.I. : Jean Monnet est un traitre à sa patrie puisque comme je le montre en m’appuyant sur plusieurs sources d’archives. Non seulement il a favorisé les intérêts du Reich pendant la Seconde Guerre mondiale, a été rémunéré par l’administration nazie de l’un des plus importants groupes chimiques d’Europe occidentale puis a été l’un des principaux animateurs du projet d’Europe supranationale des Etats-Unis à la Libération. Sans doute est-ce pour cela que la bourgeoisie lui a rendu un vibrant hommage en le faisant enterrer au Panthéon sous la présidence d’un ancien de la dictature de Vichy en la personne de François Mitterrand. Comme je le prouve en recoupant les travaux d’historiens comme ceux d’Annie Lacroix-Riz, d’Eric Branca ou de Philippe Mioche mais également avec des enquêtes de journalistes et des archives de groupes industriels et d’autres sources, y compris des Etats-Unis, Monnet fut un collaborateur des milieux impérialistes de Washington pour développer la propagande des « Etats-Unis d’Europe ».

C’est le groupe des atlantistes Monnet, Pinay, Schuman, Marjolin, Lecanuet et autres laquais du « parti américain » qui s’activa à mettre en place l’Europe supranationale. Il s’agissait pour Washington d’enfermer l’Europe de l’Ouest dans un carcan afin de l’opposer à la Russie. Alors que le général de Gaulle avait fait nommer Monnet à la direction du Commissariat général du plan, ce « grand architecte de l’Europe », ainsi que le présente la propagande de l’Union européenne, écrira au Secrétaire d’Etat étasunien qu’« il faut détruire de Gaulle ». Mon confrère journaliste et historien Philippe Branca a également réalisé un important travail, aussi précis que passionnant, en écrivant L’ami américain (éditions Perrin).

Pour répondre au second point de votre question, il y a au moins deux leçons à tirer des activités de ces hauts fonctionnaires et politiciens bourgeois pendant la guerre et au lendemain de celle-ci : remplacer le mandant électif représentatif par le mandat impératif qui oblige l’élu à informer régulièrement les électeurs de son travail pour la réalisation des propositions sur la base desquelles il a été élu et donne pouvoir au peuple de le révoquer s’il ne tient pas ses engagements ; ensuite en finir avec le clientélisme et l’intervention de réseaux dans la nomination des hauts fonctionnaires.

Cette bureaucratie de privilèges a permis hier à des anciens collaborateurs de reprendre ou continuer leurs fonctions au sein de l’appareil d’Etat. Elle leur permet aujourd’hui, passant du privé au public par leurs réseaux, d’occuper des postes au sein de l’Etat pour mettre celui-ci au service d’intérêts privés. C’est le sens du projet de loi de transformation de la fonction publique que voulait mettre en chantier l’ancien ministre communiste Anicet Le Pors mais qui sera enterré en 1984 par l’atlantiste Laurent Fabius lorsqu’il deviendra Premier ministre.

LSF : Les États-Unis viennent de prendre un virage brutal et Trump ne semble pas très accommodant avec les dirigeants globalistes encore en place en Europe. Quels scénarios anticipez-vous pour l’avenir proche ? D’aucun disent que l’Europe maastrichtienne pourrait devenir le bastion des élites globalistes attendant de repartir à l’assaut.

J-L.I. : Ce que nous vivons aux Etats-Unis est surtout de la politique spectacle dont le pouvoir de Washington est coutumier à chaque fois qu’il est en difficulté. Le pays est surendetté de près de 103 000 milliards de dollars, a perdu leur guerre en Ukraine et doit maintenant tenter de se faire rembourser les milliards de dollars prêtés à la dictature que Washington a installé à Kiev pour mener la guerre contre la Fédération de Russie. Comme Kiev ne peut plus rien payer, les Ukrainiens qui n’ont pas bronché pendant la dictature vont maintenant découvrir les désastres de la privatisation de leur économie par les sociétés transnationales occidentales : surendettement, fermetures d’entreprises, suppressions d’emplois, augmentation du chômage, destructions des structures sociales, aggravation de la précarisation et de la pauvreté, etc.

Pour ce qui est de l’Europe maastrichtienne elle est depuis longtemps le second centre du mondialisme capitaliste pour avoir été conçue dès les années 1942-50, sur le modèle du « grand espace économique européen » du Reich. Dès leur origine les « Etats-Unis d’Europe » ont été développés, étape par étape, de la Communauté économique européenne de 1957 au « saut fédéral européen » de 2025, pour satisfaire les seuls intérêts privés des oligarchies économiques et financières anglo-saxonne et européenne. Je décris ce processus dans Bilan noir – L’Union européenne contre la France (éditions Jean-Cyrille Godefroy) et Empêcher l’Europe. Je travaille du reste actuellement sur un état des lieux de l’oligarchie et des forces de résistance qui montrera plusieurs aspects du pouvoir aussi puissant que mortifère de la grande bourgeoisie et la sous-estimation de celui-ci par la plupart des mouvements souverainistes.

LSF : Comment pensez-vous que l’on puisse démanteler le réseau d’influence comme ces milliers de lobbyistes qui enserrent tout le système de Bruxelles comme dans une gangue ?

J-L.I. : Des dispositions ont été votées par les parlementaires français afin de mieux contrôler l’activité de lobbyistes. Mais l’expérience montre que celles-ci sont grandement insuffisantes. Il ne peut y avoir de démocratie dans le cadre de l’Union européenne d’autant que la majorité des eurodéputés ne veulent pas de la démocratie contrairement à leurs discours quand ils se présentent devant les électeurs. Les Français savaient déjà, même s’ils n’en ont pas visiblement tiré toutes les conséquences depuis le référendum du 29 mai 2005 sur le Traité européen pour une constitution européenne, que la bourgeoisie au pouvoir n’avait que faire du suffrage universel. Auraient-ils oubliés que celle-ci déchira les bulletins de vote de près de 55% des Français opposés à ce traité ? Après avoir imposé ce traité par le parlement réuni en congrès en février 2008, c’est aujourd’hui à une remise en cause complète du suffrage universel à laquelle nous assistons.

Réunis à Strasbourg le 13 décembre 2023, le Parlement européen a voté « la création d’un conseil politique transatlantique, sous la direction des responsables de la politique étrangère des États-Unis et de l’Union européenne » et décidé « poursuivre la coopération essentielle entre l’Union européenne et les États-Unis, quels que soient les résultats électoraux de part et d’autre de l’Atlantique ». Cela signifie passer outre le suffrage universel et le choix des peuples. Comment mieux dire que l’Union européenne est une dictature ?! Dans ces conditions il est évident que la survie des pays comme nations souveraines passe par la sortie du carcan de l’Europe supranationale. C’est la raison pour laquelle à l’occasion des vingt ans du coup d’Etat parlementaire de Sarkozy de 2005 le Parti de la démondialisation, le Pardem, vient de lancer un appel-pétition (www.pardem.org) pour l’organisation d’un référendum pour la sortie de l’Union européenne.

LSF : Que vous inspire, à titre d’exemple, la dernière élection en Roumanie ou l’on semble toucher le fond, l’establishment bruxellois avouant publiquement son désir d’écarter toutes les oppositions réelles, au nom de la démocratie bien sûr ?

J-L.I. : Comme je viens de le dire, il ne s’agit pas seulement d’écarter toutes les oppositions à l’Union européenne et à l’Otan mais de se passer du suffrage universel pour imposer le pouvoir de l’oligarchie économique et financière. Ce qui se passe en Roumanie aujourd’hui ressemble à ce qui s’est passé hier en France en 2005 et dans d’autres pays dont les peuples ont dû revoter quand leurs choix lors de référenda ne convenait pas à l’oligarchie. C’est également ce qui se passe en Ukraine où la dictature a supprimé les élections pour imposer son pouvoir et négocier avec ses bailleurs de fonds le pillage des ressources du pays. C’est un régime dictatorial, criminel et corrompu que soutiennent les dirigeants de l’Union européenne.

Pourquoi s’arrêteraient-ils en si bon chemin ? Le prétendue « menace russe » que ne cessent d’évoquer Macron et les politiciens domestiques de l’oligarchie est une sorte de copier-coller de la propagande du régime de Vichy en 1940 sur l’ « agresseur bolchevique ». Mais ce n’est que la poursuite de la politique de crise qui mène à la guerre totale « quels que soient les résultats électoraux de part et d’autre de l’Atlantique » comme l’ont souhaité une majorité d’eurodéputés. Sans doute faut-il que ces apprentis totalitaires connaissaient la guerre chez eux, au sein de leurs propres familles, pour mesurer la folie de leur vote au Parlement européen ?…

LSF : Si on revient à l’actualité de la Guerre en Ukraine, quelle est votre lecture de cette guerre ? Et quelle impact aura-t-elle sur le plan du globalisme ?

J-L.I. : En Ukraine, l’Union européenne a violé les accords de Minsk I et II que les dirigeants français et allemands devaient faire respecter et cela bien que la diplomatie russe ait multiplié les interventions. Comme à son habitude, l’ONU s’est avéré incapable de faire respecter ces accords et a laissé inverser les responsabilités, transformant les agressés en agresseurs. Les dirigeants de l’Europe supranationale ont apporté leur soutien financier et militaire au régime de Kiev. Or, celui-ci s’est livré à un génocide contre la population ukrainienne russophone causant plus de 20 000 morts entre 2015 et février 2022, a supprimé les élections, interdit le principal groupe d’opposition au parlement ukrainien, incorporé des groupes néonazis dans son armée, promulgué le 1er juillet 2021 la Loi n° 38 sur les peuples autochtones – c’est la première fois depuis 77 ans qu’une loi raciale est proclamée sur le continent européen ! -, interdit la langue russe, interdit seize partis politiques d’opposition dont le Parti communiste, a débaptisé place et rues et détruit les monuments à la gloire des soldats soviétiques qui libérèrent le continent en 1945, réhabilité officiellement les anciens collaborateurs nazis, fait fermer du jour au lendemain les médias qui rapportaient les massacres de l’armée ukrainienne et de ses groupes néonazis ou évoquaient simplement la paix avec la Fédération de Russie, fait arrêter et emprisonner les militants communistes et autres démocrates qui s’opposent à la guerre, interdit la pratique de la religion orthodoxe canonique, mis en place un système de délation par internet baptisé Myrotvorets avec la collaboration d’une société informatique étasunienne et d’un serveur de l’Otan situé à son quartier général à Bruxelles.

Je rapporte la réalité du régime ukrainien et le fonctionnement de ce système criminel de meurtres par délation dans Les destructeurs (éditions Jean-Cyrille Godefroy). Un tel régime n’est pas une démocratie mais une dictature génocidaire. Et ce sont ces assassins dont les représentants ont été applaudis dans les enceintes des parlements français et européen par les élus macronistes et de sa « bande des quatre » : droite, parti socialiste, écologistes et RN. Concernant la mondialisation financière capitaliste, l’impact de la guerre devrait être positif pour l’oligarchie bien que la situation en Europe centrale soit pleine d’imprévus. Depuis les années 2016-2020 les sociétés transnationales occidentales s’approprient les secteurs les plus rentables de l’économie ukrainienne. Après la fessée que Trump a donné au « boucher de Kiev », Zélensky, le 28 février dernier, celui-ci a dû consentir à signer un traité qui rend l’Ukraine économiquement dépendante des États-Unis pendant des décennies. Kiev qui doit rembourser les milliards de dollars que Washington lui a prêté n’a eu d’autre choix que de s’engager à verser 50 % de tous les revenus futurs liés aux matières premières et à la logistique qui les accompagnent dans un fonds co-administré avec les États-Unis.

C’est un pays sous tutelle, un peu comme l’était l’Allemagne de l’Ouest au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les va-t-en-guerre de l’Union européenne veulent poursuivre la guerre en Ukraine par leurs propres moyens, quoiqu’il en coûte aux peuples. Après avoir déjà considérablement augmenté leurs dépenses militaires ces dernières années, ils programment maintenant de les augmenter de centaines de milliards d’euros, de convertir l’industrie à la production d’armes, de réintroduire le service militaire obligatoire et de militariser la société dans son ensemble. Le choix des Français est simple : chasser Macron et ses souteneurs de « la bande des quatre », les partis de la crise et de la guerre, de tout mandat électif ou connaître un conflit majeur à l’issu duquel les survivants envieront les morts. Devant une telle irresponsabilité des dirigeants Français qui persistent à soutenir les forces destructrices de la nation et la russophobie des médias de la bourgeoisie, on peut regretter que plus de 27 millions de soviétiques, « les immortels », se soient sacrifiés lors de la Seconde Guerre mondiale pour libérer le continent européen. L’armée soviétique aurait dû se contenter de libérer sa patrie et laisser les autres peuples face à leur conscience et leur lâche abandon : moins de 500 000 résistants en France pour une population de 40 millions d’habitants en 1940 comme je le rappelle avec l’écrivain Claude Janvier dans L’abandon français (Ed. Jean-Cyrille Godefroy) !

LSF : Et enfin comment voyez une renaissance d’une Europe des peuples et des nations ?

J-L.I. : Il ne peut y avoir de renaissance française sans sortie de l’Union européenne, de la zone euro, de l’Otan et du capitalisme. Toute autre tentative est vouée à l’échec ainsi que le Brexit en fait la démonstration. Le peuple ne peut être complètement souverain et mettre en chantier une nouvelle politique économique vivifiée d’une démocratie politique dynamique sans protéger sa souveraineté. Il s’agit de reprendre le contrôle des principaux centres de la production nationale. Cela veut dire nationaliser le système bancaire et financier et les sociétés transnationales du CAC40 – et il ne s’agira pas de remplacer des énarques de droite par des énarques de gauche mais de placer à la tête de ces entreprises des dirigeants soucieux de l’intérêt général – et réorganiser en profondeur le système politique : ses institutions – suppression du Sénat et d’autres organisations comme le Conseil constitutionnel -, le mode d’élection – remplacement du mandat représentatif par le mandat impératif -, la pratique du référenda, etc.

Si vous comparez les programmes politiques des mouvements souverainistes comme le PRCF, les Patriotes, le Pardem, l’UPR, Penser la France et d’autres vous constatez que ceux-ci ont des propositions intéressantes dans leurs programmes respectifs, parfois très proches, voire même communes, qui, de mon avis, demandent à être encore précisées et clarifiés. Celles-ci pourraient alors servir de programme d’action pour chasser ce pouvoir de destructeurs et faire vivre la perspective d’une France souveraine. Encore faut-il pour cela que leurs dirigeants arrivent à se parler, ce qui n’est pas le cas actuellement tant pour des raisons d’organisation que de personnes. De plus, cette nouvelle résistance française bénéficie de l’expérience des peuples qui se libèrent progressivement de l’impérialisme U.S. et coopérent entre eux au sein des BRICS+ en inaugurant de nouvelles formes de gestion politique et économique. C’est un chantier aussi vaste que riche d’initiatives qu’ignorent également la plupart de ces mouvements souverainistes.

C’est la raison pour laquelle je pense que les Français doivent se parler, s’informer, débattre et agir ensemble de manière déterminée dans des actions communes sans attendre les mots d’ordre des états-majors parisiens qui roupillent dans leurs idées reçues et le clivage gauche-droite. Comment s’en sortir ? Telle est la question à laquelle nous devons répondre aujourd’hui alors que le pouvoir et sa « bande des quatre » recourent à la guerre pour dissimuler leur bilan économique et social catastrophique. C’est le peuple souverain qui doit se réveiller et reprendre en main la France qu’il a abandonnée.

LSF : Merci Mr Izambert.

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