Que veut Poutine ?


Par Rostislav Ischenko – Le 11 février 2015 – Source thesaker.is

Il est gratifiant que les «patriotes» n’aient pas instantanément accusé Poutine pour l’échec de la mise en déroute à grande échelle des troupes ukrainiennes au Donbass en janvier et février, ni pour les consultations de Minsk avec Merkel et Hollande.

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Le chat, la souris et les systèmes anti-missiles


Le 19 avril 2015 – Source DEBKAfile

DEBKAfile est un site très proche des renseignements militaires israéliens, basé à Jérusalem. Il est spécialisé dans les commentaires et les analyses sur le terrorisme, l’espionnage, la sécurité nationale, militaire et les relations internationales, avec un accent particulier sur le Moyen-Orient [wikipédia]

Poutine avertit Israël : la vente d’armes à l’Ukraine pourrait déclencher la vente de S-300 russes à la Syrie

Radar du S-300

L’avertissement du président russe Vladimir Poutine adressé à Israël contre la vente d’armes à Kiev – en réponse aux missiles de défense aérienne S-300 fournis à l’Iran par la Russie – ajoute une dimension européenne en plaçant Israël directement au cœur du litige qui oppose Moscou aux États-Unis au sujet de l’Ukraine. La menace implicite du dirigeant russe de répliquer en fournissant le même système de lancement de missiles à la Syrie qu’à l’Iran renvoie à un autre litige entre, d’un côté, la Russie et, de l’autre, les États-Unis et Israël, à savoir, le conflit syrien.

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Le renseignement officiel allemand espionne l’Europe au profit de la NSA

Le 23 avril 2015 – Source Russia Today

Le siège des Services de Renseignements allemands (BND) (Reuters / Soeren Stache)

L’agence de renseignement allemande BND a espionné des sociétés et des politiciens européens pour le compte de la NSA pendant plus de dix ans a révélé Spiegel Online. Une enquête interne a montrée qu’au moins 40.000 de ces demandes d’espionnage ont été faites à l’encontre de l’intérêt national allemand ou européen.

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Le monde réel face à la réalité de la télé
Une guerre est-elle inévitable ?


Par Le Saker Original – 21 avril 2015 – Source thesaker.is

Nous avons tous entendu les déclarations irresponsables des politiciens états-uniens et, ce qui est beaucoup plus préoccupant, de généraux: Poutine doit être stoppé et la Russie ne doit pas être autorisée à atteindre ses objectifs abominables.  Une déclaration caractéristique telle que celle-ci a été faite récemment par le général quatre étoiles à la retraite Barry McCaffrey :

Jusqu’ici, la réaction de l’Otan à l’agression de Poutine a été d’envoyer une poignée de soldats dans les pays baltes pour montrer sa résolution, ce qui n’a fait que convaincre que l’alliance n’a pas la capacité ou la volonté de se battre. Nous aurions donc tout intérêt à la [l’Otan] faire changer d’avis rapidement et à contester la doctrine de Poutine, qui veut qu’il soit disposé à intervenir militairement dans d’autres pays pour protéger les populations russophones. Nom de Dieu, la dernière fois que nous avons eu droit à ce genre de discours, c’était juste avant qu’Hitler n’envahisse les Sudètes.

Peu importe que les nous qui ont déjà entendu ce genre de déclaration de la part de Hitler aient laissé l’Union soviétique assumer quelque 80% de l’effort de guerre, en particulier la partie la plus difficile lorsque, à elle seule, elle a renversé le cours de la guerre. Et peu importe que les nous aient attendu que la défaite de Hitler soit certaine pour ouvrir un deuxième front. De toute évidence, McCaffrey estime que la nation indispensable doit aujourd’hui mettre les pieds dans le plat après avoir semé la zizanie en Ukraine, afin d’arrêter une nouvelle fois le nouvel Hitler (les anciens nouveaux Hitler comprenant notamment Slobodan Milosevic et Saddam Hussein, tous deux ayant prétendument représenté une menace existentielle pour le monde occidental).

Le vrai danger de ce genre de rhétorique réside dans les implications d’un discours selon lequel : 

Il existe une doctrine Poutine qui, sous prétexte de protéger les droits des minorités russophones hors de Russie, vise à reconquérir tout le territoire de l’ancienne Union soviétique.  Dans cette optique, on a recours à la propagande pour enflammer ces minorités russes, les inciter à protester puis intervenir en pratiquant une nouvelle forme de guerre appelée guerre hybride. Autrement dit, il s’agit de combiner les activités militaires, de renseignement, civiles et politiques au soutien de hooligans russes, d’agents du KGB infiltrés, etc.  Cette guerre hybride offre aux Russes une certaine capacité de déni plausible, soutenue si nécessaire par l’impression de maîtriser l’escalade (c’est-à-dire la capacité à contrôler l’ampleur et la rapidité de l’escalade du conflit).  Les cibles potentielles de cette doctrine Poutine sont, littéralement, toutes les anciennes républiques soviétiques, et plus particulièrement les républiques baltes, la Moldavie, la Géorgie et, voire, la Pologne.

Tout cela n’est qu’un tissu d’inepties absolues.  Il n’y a pas plus de doctrine Poutine que de guerre hybride ou de déni plausible, qui sont des inventions de la CIA. La conquête de régions de l’ancienne URSS est bien la dernière chose dont la Russie a besoin, encore moins quand il s’agit des petits États baltes, pauvres et inutiles, ou encore de la Moldavie ou de la Géorgie (qu’elle aurait d’ailleurs pu conquérir facilement en 2008!).  Cependant, le fait que toute cette théorie ne tienne pas debout ne la rend pas moins dangereuse, précisément parce qu’elle repose entièrement sur des idées paranoïdes plutôt que sur des faits.  Réfléchissez un instant: que pourrait faire Poutine pour montrer qu’il n’a absolument aucune intention d’envahir la Lituanie, la Lettonie ou l’Estonie?  Rien.  Même si la Russie démilitarisait entièrement Kaliningrad et transférait toutes ses forces à 300 km de ces mini-États, cela ne changerait rien à la situation de la minorité russe ni ne l’inciterait à accepter de vivre comme des citoyens de seconde zone dans un État où régnerait l’apartheid.  Un tel retrait ne manquerait alors pas d’être interprété comme une nouvelle phase de la guerre hybride, où l’on appliquerait les vieilles ficelles du KGB à la place d’une agression militaire traditionnelle.  En définitive, le problème est qu’on ne peut pas démontrer la fausseté de cette rhétorique, car elle repose sur des idées.  D’ailleurs, comment le démontrer par la négative ?

Cette rhétorique implique également un élément inévitable. Les Russes sont des impérialistes, le président issu du KGB utilise les ficelles du KGB, tandis que les nouveaux Hitler surgissent de partout, comme les champignons après la pluie. Il est impératif de les arrêter, et seule la nation indispensable est en mesure de le faire.

Captain America

Tout cela a quelque chose d’apocalyptique.  En écoutant tous ces Américains ignares, on ne peut se défaire de l’impression que le sort de l’humanité dépend, littéralement, de ces généraux éperdus de liberté prêts à voler au secours de la civilisation et de l’humanité menacées par la noirceur absolue de ces nouveaux Hitler, hybrides de Darth Vador, Sauron et Lex Luthor.  Poutine devient un personnage avec lequel chaque Américain a grandi, le fameux  grand méchant loup qui doit nécessairement être affronté par un super héros à la Captain America.

Évidemment, Captain America n’est plus vraiment ce qu’il était.  En fait, il n’a pas gagné de vraie guerre depuis 1945.  Mais peu importe. Voici l’ Empire des Illusions (pour parodier Chris Hedge) qui vole au secours d’une réalité sordide: tant que le peuple américain, entièrement zombifié par Idiot-Tube, croit que nous avons botté les fesses de Saddam, que Slobo a été traîné à La Haye et que le peuple de Kadhafi lui a fait subir une justice de la rue bien méritée, peu importe le nombre des échecs réels sur le terrain.  Il existe deux mondes parallèles qui ne se rencontrent jamais: la vraie vie et la vie des écrans de téléviseur américains.

La grande question qui se pose alors est la suivante: laquelle l’emportera?

Franchement, je n’en sais rien.

Dans un monde normal, il est quasiment inimaginable qu’un pays ayant perdu absolument toutes les guerres qu’il a menées depuis 70 ans décide de compléter cette série de défaites en s’attaquant à un pays qui a battu Napoléon et Hitler.  Toutefois, dans le monde de la télévision qui est celui des politiciens américains et, apparemment, aussi des généraux, ce monde dans lequel ils semblent vivre littéralement, la nation exceptionnelle pourrait bien être amenée à assumer le fardeau de l’homme blanc pour sauver l’humanité de la noirceur menaçante venue de l’Est.

Ma plus grande crainte est que la Russie soit amenée à ficher la raclée à un autre grand leader de la civilisation occidentale, mais que cette fois le prix en vies humaines ne soit encore plus élevé que les deux fois précédentes.

Aucun politicien américain ne sera présent cette année à Moscou pour commémorer la victoire [de la Seconde guerre mondiale].  Pourtant, pour une fois, j’espère sincèrement qu’ils allumeront leur cher téléviseur et réfléchiront au sens de cette commémoration, mais surtout qu’ils se poseront cette question toute simple: sommes-nous réellement beaucoup plus forts et beaucoup plus malins que ne l’étaient Napoléon et Hitler?

The Saker

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La guerre à la vérité est officiellement déclarée à Washington


Par Paul Craig Roberts – Le 21 avril 2015 – Source Strategic Culture Foundation

Le Représentant américain Ed Royce (R, CA) est occupé à détruire la possibilité de dire la vérité aux États-Unis. Le 15 avril, lors d’une audience devant le Comité des affaires étrangères dont Royce est président, il a fait usage de deux presses-pute mineures pour l’aider à redéfinir tous ceux qui contestent les mensonges de Washington comme des menaces qui appartiennent à un culte détraqué de propagande pro-russe.

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Pepe Escobar : L’Eurasie de Zbigniew Brzezinski est morte, vive l’Eurasie


Pepe Escobar

Pepe Escobar

Par Pepe Escobar – Le 18 avril 2015 – Source Asia Times

Oubliez la Guerre froide 2.0

La véritable histoire, maintenant et pour l’avenir prévisible, dans ses déclinaisons innombrables, et bien sûr, en espérant pas trop de cahots sur la route, est une nouvelle Eurasie intégrée.

L’ambitieux projet de la Nouvelle route de la soie en Chine va côtoyer l’Union économique eurasienne (CEE), emmenée par la Russie. Et ce sera le jour où l’UE se réveillera pour découvrir un axe commercial en plein essor qui s’étend de Saint-Pétersbourg à Shanghai. Il n’est pas mauvais de se souvenir que Vladimir Poutine a essayé de vendre à l’Allemagne, il y a quelques années, un projet semblable, et même plus global, la vision s’étendant de Lisbonne à Vladivostok.

Il faudra du temps – et des temps troublés. Mais un lifting radical de l’Eurasie est inexorable. Cela implique, juste sous nos yeux, la dissolution rapide d’un rêve exceptionnaliste – les États-Unis comme puissance hégémonique dominant l’Eurasie, quelque chose qui semblait encore possible au tournant du millénaire.

La Russie pivote vers l’Est, la Chine vers l’Ouest

Quelques bons esprits aux États-Unis restent essentiels, car ils déconstruisent pleinement les points négatifs qui soulignent les dangers de la guerre froide 2.0. Dmitri Trenin du Moscou Carnegie Center, quant à lui, est plus préoccupé par les points positifs, en proposant une feuille de route pour la convergence eurasienne.

Le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine – du commerce de l’énergie au développement de la défense et des infrastructures – ne peut que se renforcer, par le pivotement de la Russie vers l’Orient et de la Chine vers l’Occident. D’un point de vue géopolitique, cela ne signifie pas une subordination de Moscou à Pékin, mais une relation symbiotique en hausse, minutieusement développée en plusieurs étapes.

Les BRICS – ce gros mot à Washington – ont déjà aujourd’hui beaucoup plus d’attrait, et autant d’influence que le G7 démodé. La nouvelle Banque de développement des BRICS, qui entrera en action avant la fin de 2015, est une alternative clé aux mécanismes contrôlés par le G7 et au FMI .

L’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) s’est engagée à inclure l’Inde et le Pakistan lors de leur sommet à venir cet été en Russie, et l’inclusion de l’Iran post-sanctions comme membre officiel sera un fait accompli en 2016. Finalement, l’OCS s’épanouit comme le forum privilégié du développement de la coopération politique, économique et sécuritaire à travers l’Asie.

La Grande Europe de Poutine, de Lisbonne à Vladivostok – ce qui signifierait la CEE + UE – pourrait bien rester en rade pendant que la Chine met le turbo sur sa Nouvelle route de la soie à la fois terrestre et maritime. Pendant ce temps, le Kremlin se concentrera sur une stratégie parallèle – utiliser le capital de l’Asie de l’Est et sa technologie pour développer la Sibérie et l’Extrême-Orient russe. Le yuan est appelé à devenir une monnaie de réserve en Eurasie dans un très proche avenir, car le rouble et le yuan sont sur le point de s’échanger dans le commerce bilatéral.

Le facteur allemand

La Grande Europe de Lisbonne à Vladivostok dépend inévitablement d’une solution à trouver à propos de l’énigme allemande. Les industriels allemands voient clairement les merveilles que peut leur procurer la Russie en fournissant à l’Allemagne – beaucoup plus que l’UE dans son ensemble – un canal géopolitique et stratégique privilégié vers l’Asie-Pacifique. Cependant, la classe politique allemande ne raisonne pas encore de cette façon. La chancelière Angela Merkel, quoi qu’elle en dise, marche au pas de Washington.

La stratégie Pipelinistan russe était déjà en place – via Nord Stream et South Stream – quand les circonvolutions interminables de l’UE ont conduit Moscou à annuler South Stream et à lancer Turk Stream (qui, à terme, augmentera les coûts de l’énergie pour l’UE). L’UE, en échange, aurait eu un accès pratiquement libre à la richesse de la Russie: ses ressources, et son marché intérieur. La catastrophe en Ukraine a signé la fin de toutes les plans élaborés.

L’Allemagne est déjà le dirigeant de facto de l’UE pour ce train express économique. En tant que puissance exportatrice, sa seule direction possible n’est pas l’Ouest ou le Sud, mais l’Est. D’où le spectacle prodigieux d’un parterre d’industriels allemands salivant lorsque Xi Jinping est allé à Berlin au printemps de 2014. Xi a proposé pas moins qu’une ligne ferroviaire à grande vitesse pour la Nouvelle route de la soie reliant Shanghai à Duisburg via Berlin.

Un point essentiel ne doit jamais être oublié à propos des Allemands: une branche essentielle de la Nouvelle route de la soie est la mouture moderne du Trans-Sibérien à grande vitesse. Donc, l’une des routes jaunes du BRICS vers Beijing et Shanghai valorise Moscou comme une étape stratégique.

L’Empire du Chaos

La stratégie terrestre Go West de Pékin est, par bonheur, totalement libre des ingérences de l’hyperpuissance – du Trans-Sibérien relooké aux routes à travers les pays Stans d’Asie centrale, jusqu’aux voies vers l’Iran et la Turquie. En plus, la Russie considère comme une symbiose, un enjeu gagnant-gagnant, la venue des pays Stans d’Asie centrale simultanément à bord de l’EEU et de ce que Pékin qualifie de ceinture économique de la Route de la soie.

Sur d’autres fronts, en attendant, Pékin fait très attention à ne pas s’opposer aux États-Unis, l’hyperpuissance régnante. Voir par exemple cette interview, tout à fait franche, mais également assez diplomatique du Premier ministre chinois, Li Keqiang, au Financial Times.

Un aspect clé du partenariat stratégique sino-russe est que tous les deux identifient la politique étrangère, massivement incohérente, de Washington comme la première cause du chaos global – exactement comme je le montre dans mon livre l’Empire du Chaos.

En ce qui concerne spécifiquement la Chine et la Russie, ce chaos est essentiellement orchestré selon la devise diviser pour régner. Pékin voit Washington essayant de déstabiliser la périphérie de la Chine (Hong Kong, le Tibet, le Xinjiang), et s’ingérant activement dans les litiges en mer de Chine méridionale. Moscou voit Washington obsédé par l’expansion infinie de l’Otan et par sa guerre sans merci pour briser les efforts de la Russie dans l’intégration eurasienne.

D’où la mort certifiée de l’ancienne stratégie géopolitique de la Russie: plus de tentative d’inclusion dans le club des élites de l’Ouest, tels que le G8, plus de partenariat stratégique avec l’Otan.

Toujours expert à planifier bien à l’avance, Pékin voit comment l’implacable diabolisation par Washington, non seulement de Poutine, mais de la Russie dans son ensemble (vassal ou mort), constitue un galop d’essai pour ce qui risque d’arriver contre la Chine dans un proche avenir.

Rencontrer les impondérables

Tous les paris sont ouverts sur la façon dont le fatidique triangle États-Unis–Chine–Russie va évoluer. Sans doute, il peut prendre le schéma suivant: les Américains parlent haut et brandissent un tas de menaces et de bâtons; les Russes ne sont pas intimidés pour répondre, tout en se préparant en silence pour un long et difficile parcours stratégique; les Chinois suivent une doctrine du Petit Timonier Deng Xiaoping modifiée – parler très diplomatiquement tout en gardant un profil bas.

Pékin est déjà averti de ce que Moscou lui a murmuré: l’exceptionnalisme de Washington – en déclin ou non – ne traitera jamais Pékin comme un égal ni ne respectera les intérêts nationaux chinois.

Dans le grand chapitre des impondérables, les paris sont toujours ouverts de savoir si Moscou utilisera la menace de cette grave et triple crise  – sanctions, guerre des prix du pétrole, dévaluation du rouble – pour appliquer des changements structurels radicaux et lancer une nouvelle stratégie de développement économique. La récente séance télévisée de Poutine à Question-Réponses au public, bien que truffée de réponses intrigantes, n’a pas éclairci le sujet.

Un autre grand impondérable est de savoir si Xi, armé de son soft power, de son charisme et de beaucoup d’argent, sera en mesure de diriger, simultanément, le peaufinage de son modèle économique et une ruée Go West qui ne se termine pas par la perte de plusieurs partenaires potentiels dans la construction des Nouvelles routes de la soie.

Pour finir, un super-impondérable est de savoir si (quand… ou jamais) Bruxelles décidera d’entreprendre un rapprochement mutuellement convenu avec la Russie. Ceci, à contrario de sa position actuelle d’antagonisme total, qui s’étend au-delà des questions géopolitiques. L’Allemagne de Merkel semble avoir fait le choix de rester soumise à l’Otan, et donc de rester un nain stratégique.

Donc, ce que nous voyons émerger ici, est l’étoffe d’une Grande Asie de Shanghai à Saint-Pétersbourg – incluant, et c’est crucial, Téhéran – au lieu d’une Eurasie totale qui s’étendrait de Lisbonne à Vladivostok. L’Eurasie totale est peut-être une chimère, au moins pour l’instant. Mais la Grande Asie est un début. Il y aura un tsunami d’efforts déployé par les suspects habituels, pour tenter de la briser aussi.

Tout cela sera fascinant à observer. Comment Moscou et Pékin feront-ils baisser les yeux à l’Occident – politiquement, commercialement et idéologiquement – sans risquer une guerre? Comment vont-ils faire face à tant de pressions? Comment vont-ils vendre leur stratégie à des pans entiers de l’hémisphère Sud, à travers de multiples latitudes asiatiques?

Une bataille, cependant, est déjà gagnée. Bye, bye Zbigniew Brzezinski. Votre rêve de Grand Échiquier hégémonique est terminé.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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La marmite ukrainienne est de nouveau en ébullition


M.K. Bhadrakumar

M.K. Bhadrakumar

Par MK Bhadrakumar – Le 15 avril 2015 – Source mkbhadrakumar

La meilleure chose issue de la rencontre des ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne, de la Russie et de l’Ukraine, qui a eu lieu à Berlin lundi dernier dans le cadre de ce qu’on appelle le Format Normandie semble qu’ils soient parvenus à une déclaration commune. Mais il est douteux que le but principal de leur rencontre – notamment la mise en œuvre effective des Accords de Minsk dans leur intégralité – soit proche de l’accomplissement.

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Avertissement de la Russie à l’Otan

 


Le 17 avril 20154 – Source Russia Insider

Les sites de missiles en Europe de l’Est sont des cibles prioritaires

Le général Gerasimov, chef d’État-Major de l’Armée russe a déclaré que les États-Unis et leurs partenaires de l’Otan visent à mettre la Russie à genoux en alimentant les conflits à sa frontière, comme en Ukraine. Il a mis en garde les pays européens qui envisagent d’accueillir les systèmes de missiles de l’Otan sous commandement américain, que Moscou considère ces installations comme des cibles prioritaires, car elles possèdent des capacités offensives.

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Les dissimulations dans l’affaire de l’anthrax en 2001 aux USA


Paul Craig Roberts

Paul Craig Roberts

Par Paul Craig Roberts – Le 18 avril 2015 – Source paulcgraigroberts.org

Les lettres à l’anthrax visaient deux sénateurs US opposés à la tyrannique loi Patriot Act

Préambule

Le sénateur Leahy et le sénateur Daschle étaient dans la position de pouvoir bloquerle Patriot Act néo-nazi. Les deux sénateurs avaient négocié avec l'administration Bush des changements dans la loi pour la rendre moins tyrannique. Mais les changements ne se sont pas retrouvés dans la version finale de la loi envoyée au Congrès. Par conséquent, Leahy et Daschle ont résisté à leur tentative de passage en force. Je me suis souvent demandé si Leahy et Daschle avaient compris que les lettres empoisonnées à l'anthrax étaient un avertissement de Washington: «Ne vous mettez pas en travers de la tyrannie ou nous allons vous tuer.»

En 2014, le livre de Graeme MacQueen, 2001 Le mensonge de l’anthrax: un complot national, a été approuvé par le chef de l’enquête sur l’anthrax au FBI.

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L’Amérique militarise l’ignorance


Finian Cunningham

Finian Cunningham

Par Finian Cunningham  – Le 17 avril 2015 – Source strategic-culture

Le meurtre commandité de deux figures de l’opposition à Kiev cette semaine est la preuve indiscutable que le pays, sous le régime soutenu par l’Occident, sombre dans un état total de chaos et de  criminalité.

Oles Buzina, journaliste assassiné à Kiev le 16 avril 2015

Nous avons déjà vu la montée du militarisme néo-nazi, et maintenant l’assassinat d’opposants politiques dans les rues de Kiev. Pourtant, encore maintenant, les gouvernements occidentaux et leurs médias serviles refusent obstinément de faire face à la triste réalité. Au lieu de cela, ils continuent à régurgiter l’agression calomnieuse contre la Russie. Et quand l’Occident ne peut pas faire face à la réalité, ils dénigrent tout simplement la Russie en l’accusant de mentir  et de militariser l’information. Mais la vérité est que c’est l’Occident qui militarise l’ignorance. L’ignorance lamentable, intentionnelle, éhontée.

Ancien rédacteur en chef d’un journal ukrainien, Oles Buzina aurait été abattu par deux assaillants masqués près de son domicile dans la capitale ukrainienne jeudi.

La veille, l’ancien parlementaire Oleh Kalachnikov a également été assassiné à son domicile de Kiev. Les deux hommes étaient connus pour leurs critiques virulentes du régime ultra-droitier qui a pris le pouvoir l’année dernière avec le soutien de Washington et de Bruxelles. Kalachnikov avait été un membre éminent du Parti des régions – le parti du président déchu Viktor Ianoukovitch.

Le style d’exécution  de ces derniers meurtres suit une série d’au moins quatre morts suspectes de même nature, entre autres d’anciens parlementaires qui avaient également appartenu au gouvernement Ianoukovitch avant qu’il ne soit renversé en février 2014 lors du coup d’État sponsorisé par les Occidentaux.

Le nouveau régime a continué à entretenir un état de guerre illégal dirigé contre les régions pro-russes dissidentes en Ukraine de l’Est, il mène le pays à la faillite économique et à la misère sociale généralisée. Il a encouragé la création de milices privées sous le contrôle d’oligarques concurrents et corrompus, ainsi que la glorification systématique des anciens collaborateurs du nazisme. La date de la formation de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne, qui a perpétré des massacres au nom de la Waffen SS nazie pendant la Deuxième Guerre mondiale, a été déclarée jour férié officiel en commémoration de la création de cet escadron de la mort.

La semaine dernière, le parlement du régime à Kiev, qui est dominé par des partis ouvertement fascistes, a voté l’interdiction des organisations communistes et l’éradication de tous les symboles de l’histoire de l’ère soviétique. Les statues publiques des dirigeants soviétiques et des héros de l’Armée rouge qui ont libéré l’Ukraine de la domination nazie ont été détruites. Le régime prévoit de dépenser plus de $200 millions pour purger les villes et villages de leurs noms russes.

Maintenant, l’assassinat d’opposants politiques qui sont considérés comme pro-russes élève le régime de Kiev à un nouveau degré d’anarchie et d’extrémisme idéologique.

L’an dernier, les gouvernements occidentaux et leurs médias serviles ont persisté à donner au régime de Kiev une image pro-démocratique d’avant-garde qui s’efforcerait  de réorienter l’ex-République soviétique vers les valeurs occidentales, vers l’adhésion à l’Union européenne et à l’alliance militaire de l’Otan dirigée par les Etats-Unis.

La représentation par l’Ouest de l’évolution du régime de Kiev est un exploit prodigieux de déni de ce qui se passe réellement en Ukraine. La pratique de l’oligarco-banditisme et la flambée des paramilitaires de style nazi; l’exhibition effrontée des emblèmes SS et l’exécution de crimes de guerre contre la population d’origine russe; le bombardement aveugle de villes ukrainiennes de l’Est et de villages suite aux ordres des dirigeants de Kiev; et enfin le blocus économique de la région séparatiste dans une politique nazie de punition collective – toutes ces violations ont été complètement niées par les gouvernements occidentaux et leurs médias de masse.

La distorsion préférée de l’Occident est d’inverser la réalité en accusant la Russie d’envahir l’Ukraine et de parrainer les rebelles indépendantistes dans l’est. Peu importe qu’il n’existe aucune preuve crédible à l’appui de ces revendications; peu importe que Moscou ait maintes fois nié les allégations, y compris cette semaine par le président Vladimir Poutine dans son émission publique annuelle de Questions-Réponses et dans sa conférence de presse d’hier; peu importe que les rebelles de l’Est ukrainien nient l’accusation de travailler pour le compte des russes; peu importe que les contrôleurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ne puissent pas trouver de preuves de l’invasion russe; peu importe que le chef du renseignement militaire français Christophe Gaumard ait dit cette semaine à l’Assemblée nationale de son pays qu’il n’existe aucune preuve d’incursion militaire russe en Ukraine, ou même de plans pour une telle incursion.

Cependant, avec la campagne d’assassinats en cours contre des politiciens de l’opposition et des journalistes à Kiev, la distorsion de la réalité occidentale tend sa crédulité élastique jusqu’au point de rupture.

Des innocents, des civils non armés sont abattus dans les rues de Kiev pour la seule raison que ces personnes ont exprimé des opinions politiques qui critiquent le régime de Kiev installé par l’Occident. Si ce n’est pas la preuve que ce dernier fait l’éloge d’un régime qui s’enfonce dans les pratiques fascistes, alors qu’est-ce que c’est ?

Ironiquement, dans ce contexte effroyable de collusion occidentale avec la barbarie nazie atavique de Kiev, le Congrès des États-Unis a tenu cette semaine des audiences sur ce qu’il a appelé la militarisation de l’information par la Russie.

Des dirigeants du Congrès ont fait part au Comité sénatorial des affaires étrangères de leurs craintes que la Russie soit en train de gagner une guerre de propagande. Leur témoignage? Eh bien, parce que des canaux de presse russes réputés, tels que Russia Today, Itar-Tass et Spoutnik touchent le public occidental avec un autre point de vue sur la crise en Ukraine. Un point de vue qui explique la nature du conflit en Ukraine dans un contexte géopolitique crédible. A savoir que Washington a provoqué un changement de régime, par un coup d’État, afin d’augmenter son emprise sur la domination militaire mondiale par rapport à la Russie.

Tout simplement parce que les médias russes ne colportant pas un récit anti-Poutine, anti-Moscou – comme le font les médias occidentaux sans vergogne – c’est interprété comme une preuve que le Kremlin mène une guerre de l’information et la militarise.

Plus tôt cette année, le secrétaire d’État américain John Kerry a déclaré au Congrès que «l’agression militaire de la Russie n’a d’égal que sa propagande». Kerry a demandé plus de $630 millions, pour contrer l’influence des nouveaux médias russes sur le public américain, en mettant en place des stations de télévision par satellite, en langue russe, qui vont diffuser des infos du style Fox News en Russie. [Radio Free Europe existe depuis 1972 et Voice of America depuis 1976 dans les pays de l’Est!, NdT]

La logique de la pensée de Kerry partant de fausses affirmations pour arriver à une fausse conclusion est épousée à l’unanimité par la Maison Blanche, le Département d’État, les médias américains et les deux chambres du Congrès – Sénat et Chambre des représentants. En d’autres termes par l’ensemble de l’establishment politique américain.

Le mois dernier, la Chambre des représentants a voté à une écrasante majorité une demande au président Barack Obama d’envoyer des armes meurtrières pour soutenir le régime de Kiev contre l’agression russe.

Un des représentants, membre du parti républicain, Steve Pearce (Nouveau-Mexique), avait ceci à dire à un citoyen américain concerné, qui lui avait écrit en déplorant le soutien du Congrès au régime de Kiev et le risque de guerre avec la Russie.

Fait troublant, la lettre de Pearce révèle un manque incroyable de connaissances.

Il écrit :

Merci de me contacter pour exprimer vos préoccupations concernant l'Ukraine. J'apprécie de vous entendre sur cette question... 
Le 22 Février 2014, le Parlement ukrainien a voté à l'unanimité pour destituer le président Viktor Ianoukovitch, après des mois de protestations dans la rue. L'ancien président Ianoukovitch a depuis fui vers la Russie – qui conteste maintenant la souveraineté de l'Ukraine. Il est très préoccupant que la Russie agisse en Ukraine en ne permettant pas au peuple de déterminer l'avenir de la nation. L'État-Unis [sic] devrait se lever et faire savoir que nous ne tolérerons pas que la Russie envahisse ses voisins. L'Ukraine a le droit de suivre son propre cours.

Notez qu’il n’est pas question pour le membre du Congrès de la façon dont le Département d’État américain a financé les violentes protestations de Maidan à Kiev à la fin de 2013, ou comment la CIA a agi, en liaison avec le groupe de paramilitaires néo-nazis Pravy Sector pour renverser violemment le gouvernement Ianoukovitch constitutionnellement élu.

Le citoyen US concerné qui a partagé cette correspondance, Randy Martin, un activiste des médias sociaux, dit de la réponse du Congrès Pearce :

Dans sa réponse à ma lettre, il n'avait apparemment aucune idée sur le rôle des États-Unis dans le soutien au coup d’État néo-nazi qui a entraîné l'effondrement général de l'économie en Ukraine, une guerre civile brutale et un génocide contre les russophones en Ukraine, et enfin le fait que l'armée américaine entraîne maintenant activement les seuls militaires néo-nazis restant dans le monde.
Le membre du Congrès - comme le reste de l'élite dirigeante à Washington – vit évidemment dans un état d'ignorance béate de ce qui se passe réellement en Ukraine. Pourtant, sur la base de cette ignorance, lui et ses collègues membres du Congrès ont voté la fourniture de milliards de dollars d'armes pour le régime de Kiev qui adule les nazis – un régime où les politiciens de l'opposition et les journalistes sont abattus dans leurs maisons.
Dans l'ensemble de la politique officielle américaine et dans un des piliers de la démocratie – les médias – ce que nous voyons n'est que de «l'ignorance systématique».

Finian Cunnigham

Originaire de Belfast, en Irlande, Finian Cunningham (né en 1963) est un expert de premier plan dans les affaires internationales. L’auteur et commentateur des médias a été expulsé de Bahreïn en juin 2011 pour son journalisme critique, dans lequel il a souligné les violations des droits de l’homme par le régime soutenu par l’Occident. Il est titulaire d’une maîtrise en chimie agricole et a travaillé comme rédacteur scientifique de la Royal Society of Chemistry, Cambridge, en Angleterre, avant de poursuivre une carrière dans le journalisme. Il est également musicien et compositeur. Pendant de nombreuses années, il a travaillé comme éditeur et écrivain dans les médias traditionnels de nouvelles, y compris The Mirror, Irish Times et Independent. Il est maintenant basé en Afrique orientale où il est écrit un livre sur Bahreïn et les printemps arabes. Finian Cunningham est un collaborateur régulier des médias internationaux, y compris la télévision et MSNBC PRESS, où il a commencé à contribuer en 2012.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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