Le 23 avril 2015 – Source Russia Today
L’agence de renseignement allemande BND a espionné des sociétés et des politiciens européens pour le compte de la NSA pendant plus de dix ans a révélé Spiegel Online. Une enquête interne a montrée qu’au moins 40.000 de ces demandes d’espionnage ont été faites à l’encontre de l’intérêt national allemand ou européen.
Au cours de cette dizaine d’années la NSA a envoyé au BND des milliers de cibles à espionner appelées selectors qui comprenaient adresses IP, adresses courriels et numéro de téléphone, selon Der Spiegel.
Plusieurs fois pas jour, le BND téléchargeait les selectors de la NSA dans leur système de surveillance et les utilisait pour espionner leurs cibles. Les résultats étaient envoyés au quartier général de l’agence allemande à Pullach pour évaluation puis à la NSA, a révélé Zeit Online, ajoutant que la NSA a envoyé un total de 800.000 selectors à la BND.
Parmi ces selectors figurent des politiciens européens dont les noms n’ont pas été donnés. On sait par contre que les autorités françaises faisaient partie de la liste. Mais aussi des entreprises comme EADS et Eurocopter.
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Depuis au moins 2008, des employés de la BND ont senti que certains selectors sont contraire au profil de leur mission dans l’agence de renseignement et aux objectifs du ministère des affaires étrangères allemand parce qu’ils ne rentraient pas dans le cadre de l’accord signé en 2002 entre l’Allemagne et les États Unis, accord dont le seul but est de combattre le terrorisme.
Malgré cela, il fallut attendre 2013 et les révélations de Edward Snowden pour qu’une enquête sur ces activités d’espionnage soit faite. Cette enquête montra que 2.000 de ces selectors enfreignaient l’intérêt national allemand et européens car ils étaient utilisé pour espionner des politiciens. De plus, ces révélations n’ont pas été reportées à la chancellerie. A la place, l’un des chefs de département s’est contenté de demander à la NSA d’arrêter de faire de telles requêtes.
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Mais après réexamination de l’affaire, à la demande du parlement, le BND en vint à la conclusion que 40.000 selectors étaient en fait dirigés contre l’intérêt national allemand et européen.
Le ministre de la chancellerie Peter Altmaier a informé les membres du comité de surveillance du parlement des derniers développements de l’affaire mercredi. Le chef du BND, Gerhard Schindler n’était pas convié à la réunion.
Konstantin von Notz, le dirigeant des Verts au parlement, a dit au journal Leipziger Volkszeitung qu’il trouvait « difficile à imaginer » que la Chancellerie ne soit pas au courant de la collaboration entre les deux agences, l’allemande et l’américaine.
« La limite a été franchie maintenant » a-t-il ajouté « la chancelière doit maintenant s’expliquer.»
Gregor Gysi, le dirigeant du parti de gauche, a trouvé que cette sorte de collaboration était « un scandale » et a demandé l’arrêt de « cette soumission à l’administration américaine », rapportait le Deutsche Welle.
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Note du traducteur
Cette information nous montre, une fois de plus, la totale perte de souveraineté de l’Europe vis a vis des États-Unis. Elle nous apprend aussi qu’un acte que l’on pourrait légalement qualifier de haute trahison, par un service gouvernemental, ne fait absolument pas scandale dans la majorité politique, ni dans les médias où cette histoire incroyable de collaboration d’un service public allemand avec un état étranger, contre son propre gouvernement, est soigneusement étouffée. C’est pourtant bien la définition d’un acte de haute trahison.
Article original en allemand paru sur Der Spiegel
Traduit par Wayan, relu par jj pour le Saker Francophone