Il y aura beaucoup de choses à discuter au prochain sommet Poutine-Modi


Par Andrew Korybko – Le 17 mai 2018 – Source Oriental Review

Putin Modi informal SummitLes dirigeants russes et indiens auront toute une série de sujets à discuter lors de leur sommet informel la semaine prochaine à Sotchi, qui se place à un moment charnière de leur relation historique.

Il a été annoncé plus tôt cette semaine que le président Poutine accueillera le Premier ministre indien Modi à Sotchi lundi prochain pour un sommet informel qui se tiendra quelques semaines avant le Sommet des 9-10 juin de l’OCS en Chine et environ deux mois avant les 25-27 juillet et le sommet des BRICS en Afrique du Sud. Les dirigeants de ces deux grandes puissances confirmeront probablement leur coordination de haut niveau dans ces deux événements amicaux auxquels ils ont tous deux l’intention de participer et il est probable que ce sera le résultat « officiel » de leurs pourparlers. Mais en réalité, ils vont discuter de trois autres ensembles de questions interconnectées qui détermineront de manière déterminante l’avenir de leurs relations bilatérales.

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L’Inde est-elle en train de se tourner vers la Chine ?


Par Vladimir Terehov − Le 10 mai 2915 − New Eastern Outlook

New Eastern Outlook [ainsi que le Saker Francophone, NdT] essaye de ne pas perdre de vue les événements importants qui jalonnent les relations entre la Chine et l’Inde. Avec les États-Unis, le Japon et la Russie, les deux géants asiatiques ont une influence décisive sur l’évolution de la situation dans la région Indo-Pacifique, dont dépend en grande partie le climat politique mondial.

Pourtant, au cours des dernières années, les relations entre la Chine et l’Inde n’ont pas semblé au mieux, montrant plutôt une tendance constante à la détérioration. Et bien que ce processus négatif dépende en grande partie de l’actualisation périodique de problèmes dit « historiques » (par exemple, les revendications mutuelles sur certains territoires frontaliers), le facteur principal en a toujours été l’ascension de la Chine au statut de deuxième puissance mondiale. C’est cela qui pousse l’Inde à adopter une attitude de plus en plus prudente envers la Chine.

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Enjeux géopolitiques du Japon pour le XXIe siècle


Par Andrew Korybko − le 20 octobre 2017 − source geopolitica.ru

Le Japon, équivalent asiatique de la Grande Bretagne, constitue de par son emplacement géographique une anomalie stratégique du supercontinent eurasiatique, ce qui a considérablement influencé ses décisions politiques au cours des siècles et l’a façonné comme puissance historiquement maritime. Ce pays d’Orient choisit prudemment, au sortir de la restauration de Meiji en 1868, de s’occidentaliser sélectivement, ce qui lui apporta une croissance importante, en tête de ses compétiteurs régionaux, et le fit émerger comme grande puissance en soi. La stratégie générale japonaise était de devenir véritablement la Grande Bretagne asiatique, c’est à cette fin que le pays s’efforça de se tailler un empire dans l’hémisphère Est, par des conquêtes brutales et une stratégie « diviser pour mieux régner », qui allait lui permettre de remplacer ses homologues européens en tant que puissance dominante de cette région du monde. Continuer la lecture

Comment l’agression américaine en Arctique pourrait amener la Russie à se « rééquilibrer » via l’AAGC


Par Andrew Korybko − le 16 avril 2018 − source orientalreview.org

US military drill in the Arctic

Les USA exigent que la Russie leur ouvre l’accès à la route maritime arctique, ce qui peut laisser présager d’une agression de type guerre hybride à venir en Arctique, qui pourrait en retour faire augmenter la dépendance stratégique de la Russie envers la Chine. Il s’agit d’un scénario non désiré, qui pourrait être évité si la Russie offre « des contreparties » à des alliés et adversaires, dans le cadre de l’expansion vers l’Europe du « couloir de croissance Asie-Afrique » (AAGC [Asia-Africa Growth Corridor, NdT]) indo-japonais, par son territoire de transit maritime.

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Le Parti du Congrès indien peine à mettre au point sa politique étrangère


Par M. K. Bhadrakumar – Le 19 mars 2018 – Source Indian Punchline

La résolution concernant la politique étrangère indienne, adoptée lors de la 84e session plénière du Parti du Congrès le 18 mars à New Delhi, est un document révélateur. Ce parti a une longue tradition, qui remonte à l’époque pré-indépendance, de s’élever régulièrement de ses racines régionalistes et à courte vue en adoptant une perspective internationaliste. L’objectif du présent document est une fois de plus de différencier le Parti du Congrès de son rival existentiel, le Parti Bharatiya Janata (BPJ).

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La stratégie de New Delhi du confinement chinois soutenue par les États-Unis dans l’océan afro-indien


Par Andrew Korybko – Le 14 février 2018 – Source Oriental Review

India China containmentLa stratégie de « confinement » anti-chinoise de l’Inde vise à amener New Delhi à prendre le contrôle des nœuds stratégiques le long des lignes maritimes de communication (LMDC) dans l’océan afro-indien, mais les plans du pays sont contrecarrés par l’ingéniosité de la Chine qui bricole des solutions de contournement asymétriques autour de ces goulets d’étranglement.

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Un nouveau système de sécurité globale pour un monde multipolaire


Le rôle de la Russie et de la Chine


Par Tayyab Baloch – Le 17 novembre 2017 – Source katehon.com

La Chine a émergé sur la scène internationale en tant que « puissance mondiale » dotée d’une incontestable capacité militaire et de la croissance économique la plus fulgurante au monde. Le commandement chinois n’a pas seulement mis un frein aux manœuvres étasuniennes visant à empêcher la Chine de devenir une puissance mondiale, il a également prouvé que les Chinois ont les moyens de réparer, grâce au développement économique, les dégâts causés par les tentatives US de maintenir leur hégémonie. La lutte menée par la Russie pour réintégrer l’échiquier international en tant que superpuissance comparable à ce qu’était l’URSS a porté ses fruits sous la direction de Vladimir Poutine. Les dirigeants des deux pays, Chine et Russie, ont pris conscience du fait que le seul moyen de mettre en échec le monde unipolaire réside dans la mise en place des institutions d’un nouveau monde multipolaire passant par un basculement des centres de pouvoir. Concrètement, le partenariat stratégique sino-russe met en place un nouvel ordre mondial fondé sur la paix et le développement.

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Afghanistan – Le pipeline, la paix, et les saboteurs


Moon of Alabama

Moon of Alabama

Par Moon of Alabama – Le 2 mars 2018

Les négociations de paix en Afghanistan ont longtemps été au point mort. Mais cela vient de changer à la surprise générale. Il y a dû avoir pas mal de négociations secrètes entre de nombreux acteurs pour parvenir soudain à ces deux résultats :

Les talibans s’engagent à protéger le projet de gazoduc TAPI – VOA, 24 février

Afghanistan – Ghani propose des pourparlers « sans conditions préalables » aux talibans – Reuters, 28 février

Les deux décisions, le soutien des talibans au TAPI et l’offre du président Ghani marquent un changement. Il y a tout juste deux semaines, Ghani rejetait toujours des pourparlers sans conditions.

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Le gazoduc Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI) est en négociation depuis le début des années 1990. Il est censé apporter du gaz d’Asie centrale au Pakistan et en Inde. Seuls les gazoducs russes relient actuellement le Turkménistan et ses grandes réserves de gaz à ses marchés d’exportation. C’est une des raisons pour lesquelles les États-Unis ont toujours soutenu le projet. La société américaine Unocal s’y est fortement impliquée. Un de ses consultants, Zalmay Khalilzad, est devenu plus tard ambassadeur des États-Unis en Afghanistan, puis en Irak.

Les troubles ont jalonné la longue histoire du projet de pipeline. Le projet TAPI était une des principales raisons pour lesquelles les États-Unis voulaient renverser les talibans. Le 11 septembre 2001 leur a donné un prétexte pour envahir l’Afghanistan et, à la fin de 2001, le gouvernement taliban avait mis fin à ses activités.

Mais il a fallu encore 14 ans pour que les premiers tuyaux de ce projet de pipeline d’une valeur de 10 milliards de dollars, soient posés. Après le renversement en Afghanistan du gouvernement taliban qui lui était inféodé, le Pakistan est devenu hostile au projet de gazoduc. Il y a également eu des différends au sujet des prix, et des conflits entre l’Inde et le Pakistan. Le Pakistan a ensuite négocié avec l’Iran pour lui acheter du gaz. Les États-Unis ont fait pression sur l’Inde pour qu’elle n’achète pas de gaz à l’Iran. Mais le gazoduc Iran-Pakistan-Inde (IPI) n’a jamais été achevé. Le Pakistan revient maintenant soutenir TAPI. C’est probablement la raison pour laquelle les talibans ont accepté de protéger le projet dans les zones qu’ils contrôlent. Mais à mon avis, il y a autre chose derrière cette décision. Je crois qu’un accord plus large sur l’avenir de l’Afghanistan a été conclu. Combien de sièges ministériels les talibans peuvent-ils obtenir ? Quelle influence le Pakistan peut-il exercer ?

Au Turkménistan, la construction du gazoduc TAPI a commencé en 2015. En Afghanistan, la construction a commencé le 24 février de cette année. Les États-Unis contrôlent le financement de l’ensemble du projet.

Il ne faut pas parier sur la date de mise en service du pipeline. Le soutien des États-Unis au gazoduc a pour objectif de limiter l’influence russe et chinoise en Asie centrale. Une analyse du marché du gaz permet de discerner plusieurs raisons de saboter le projet :

TAPI est en concurrence directe non seulement avec le projet iranien IPI, mais aussi avec les exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL), parmi lesquels figurent des pays comme le Qatar, l’Australie, les États-Unis, le Canada et la Russie, qui, à eux tous, exportent environ 30 milliards de m³/an en Inde.

En construisant le gazoduc TAPI, les États-Unis tentent de prendre le dessus dans une région qui est loin de ses rivages et sur laquelle ils ont peu de contrôle. Plus de 25 ans après sa conception, l’entreprise nécessite et nécessitera encore des tonnes d’argent, des années de travail et beaucoup de chance pour se réaliser. Il y a de nombreux acteurs qui pourraient vouloir s’ingérer dans l’affaire et qui connaissent la région beaucoup mieux que les États-Unis ne le feront jamais.

Le plus grand risque, cependant, est l’approche agressive et militante que les États-Unis continuent d’adopter à l’égard des talibans. L’intense campagne aérienne américaine contre leurs intérêts et leurs opérations se poursuit sans grand résultat. Les talibans continuent de contrôler près de la moitié du pays. Une série d’attaques contre le gouvernement central à Kaboul a ébranlé la confiance du public dans le gouvernement de Ghani. Aujourd’hui encore, un attentat-suicide a frappé la capitale.

Les récentes annonces montrent que les négociations de paix et le gazoduc sont intimement liés. Si les pourparlers échouent, le soutien des talibans au gazoduc prendra également fin. Si le pipeline tarde à être opérationnel, les États-Unis pourraient se décider à quitter le pays. Beaucoup de gens ne souhaitent sans doute rien d’autre, et ils feront ce qu’ils peuvent pour y parvenir.

Traduction : Dominique Muselet

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L’Inde et les États-Unis trouvent un terrain d’entente dans l’Indo-Pacifique


Le 15 novembre 2017 – Source Stratfor


Les trois pays les plus peuplés du monde sont enfermés dans une lutte pour le pouvoir dans la région indo-pacifique. Les États-Unis veulent renforcer leur partenariat de défense avec l’Inde dans le cadre d’un effort plus large visant à contrer l’influence grandissante de la Chine dans la région et dans le monde. L’Inde aussi est intéressée à défier la Chine en s’imposant dans les domaines politique, économique et de sécurité en Asie du Sud-Est alors qu’elle poursuit sa politique « Agir à l’Est ». Mais bien qu’ils partagent un rival en commun, Washington et New Delhi ont des objectifs différents dans leurs efforts pour contenir Pékin. Les divergences dans leurs stratégies finiront par entraver l’amélioration de la coopération dans la région entre les États-Unis et l’Inde.

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L’Inde pourrait fraternellement rivaliser avec la Chine grâce aux BRICS+


Par Andrew Korybko – Le 6 décembre 2017 – Source Oriental Review


Au lieu d’alimenter un dilemme de sécurité stratégique entre les deux grandes puissances asiatiques qui ne ferait que profiter ultimement qu’aux États-Unis, l’Inde ferait mieux de concurrencer cordialement la Chine au moyen du format BRICS+ afin d’incorporer une structure fondée sur des règles implicites en terme de rivalité et d’avoir une chance de récolter les avantages d’un « équilibre » que la Russie pourrait fournir en maintenant la stabilité entre eux.

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