Extrait du rapport de l'historien A. Foursov au forum international «La russophobie et la guerre d'information contre la Russie»
Une conférence sur la russophobie dans notre situation est en retard au moins d'un quart de siècle. Je dis «notre situation» me référant à ce qui suit. Les trois ou quatre dernières années ont démontré à tout le monde – à tous ceux qui ne sont pas aveugles, qui voient – que l'Occident restera un ennemi de la Russie indépendamment du régime politique que nous aurons ; et voici que les militaires américains disent déjà que les relations entre les États-Unis et la Russie resteront conflictuelles même après le départ de Poutine. Alors que la ministre de la Défense allemande, mère de sept enfants, a déclaré le 22 juin 2015 qu'il fallait traiter la Russie à partir d'une position de force. Apparemment, la date de la déclaration n'a pas été choisie par hasard. Mme la ministre a oublié comment la tentative de son compatriote et fondateur de la première Union européenne [Adolf Hitler, NdT] de commencer le 22 juin 1941 [invasion de la Russie par les nazis, NdT] la conversation avec la Russie à partir d'une position de force s'est terminée. Elle pourrait au moins plaindre ses enfants ; le sort des enfants de Goebbels et le drapeau rouge sur le Reichstag sont-ils déjà oubliés ? Cette conférence est tardive, mieux vaut tard que jamais, mais la perte de temps ou de rythme, comme diraient les joueurs d'échecs, est évidente. La clarté est toujours nécessaire, en particulier la clarté au regard des adversaires historiques, pour parler franchement, les ennemis. L'affaiblissement et la soumission de la Russie, l'effacement de l'identité russe en tant que nation formant l'État, dans le but de la prise de contrôle de ses ressources et de l'espace russe (l'importance et la valeur de ce dernier augmentent avec la menace de la catastrophe géoclimatique) est un objectif de longue date des groupes dirigeants de l'Occident. Dans sa forme systématique, cet objectif a été formulé dans le dernier tiers du XVIe siècle dans les versions catholique (les Habsbourg) et protestante (Angleterre, John Dee). Le désir de subjuguer le vaste territoire, détruire l'État le contrôlant, soumettre et briser le peuple constituant l'État était justifié par le caractère prétendument hostile aux Européens de l'État et du peuple russes, par leur agressivité – imaginaire, bien sûr: «Tu es coupable parce que j'ai faim». Un accent particulier était mis sur l'altérité religieuse des Russes, leur orthodoxie. Jusqu'aux années 1820, l'accentuation de l'altérité des Russes par rapport aux Européens de l'Ouest était principalement de nature religieuse, même s'il y avait une composante nationale, ou plus précisément, ethnique. Depuis les années 1820 la situation a changé : à la pointe de la guerre d'information et psychologique (psycho-historique) contre la Russie sont concentrées les composantes ethno-historique, nationale, culturelle et politique, formant la russophobie dans le sens strict. C'est là où la guerre psycho-historique de l'Occident contre la Russie commence sérieusement. C'est un changement qualitatif, mais avant que nous en parlions, il faut déterminer ce que l'on entend par les termes la guerre psycho-historique et la russophobie.
Par Andreï Foursov – Le 25 novembre 2015 – Source traduitdurusse.ru
La guerre psycho-historique est un ensemble d’actions systématiques, ciblées et à long terme, ayant pour but d’établir un contrôle sur la psychosphère de la société, principalement sur la psychosphère de son élite intellectuelle et dirigeante, en allant progressivement au-delà des groupes cibles primaires, d’effacer la psychosphère attaquée et de lui substituer la sienne.