Le Moyen-Orient en guerre – Entretien avec Elias Moutra [2/3]

Elias Moutran est un avocat libanais et militant pan-arabe de longue date. Il est entre, autres, membre du comité exécutif du Congrès national arabe et du Centre d’étude pour l’unité arabe ainsi que du Congrès national nassérien

Dans ce second épisode, il brosse ici une histoire contemporaine du Moyen-Orient, depuis les accords Sykes-Picot jusqu’à nos jours.

Au moment où les ennemis de la chrétienté et de la romanité frappent conjointement le Moyen-Orient par la guerre et l’Europe par les flots humains des victimes de ces mêmes guerres iniques, il est plus que nécessaire d’avoir les idées claires sur les processus en cours et les permanences historiques rémanentes. De bien les connaitre afin d’identifier les ennemis de la civilisation européenne et de la civilisation arabe. Ennemis qui sont depuis toujours les mêmes.

Vidéo en français de 21′21″ – Source Les Non-Alignés

Article Précédent Article Suivant ⇒
   Envoyer l'article en PDF   

Le Moyen-Orient en guerre – Entretien avec Elias Moutra [1/3]

Elias Moutran est un avocat libanais et militant pan-arabe de longue date. Il est entre, autres, membre du comité exécutif du Congrès national arabe et du Centre d’étude pour l’unité arabe ainsi que du Congrès national nassérien.

Dans cette série d’entretiens réalisée en aout 2015, il expose pour nous les logiques et fractures qui déstabilisent actuellement l’ensemble du Moyen-Orient. Déstabilisation qui touche maintenant le monde européen. Il développe ensuite l’histoire contemporaine de cette région depuis les accords Sykes-Picot ainsi que celle du nationalisme arabe.

Au moment où les ennemis de la chrétienté et de la romanité frappent conjointement le Moyen-Orient par la guerre et l’Europe par les flots humains des victimes de ces mêmes guerres iniques, il est plus que nécessaire d’avoir les idées claires sur les processus en cours et les permanences historiques rémanentes. De bien les connaitre afin d’identifier les ennemis de la civilisation européenne et de la civilisation arabe. Ennemis qui sont depuis toujours les mêmes.

Connaitre et comprendre les liens historiques et les intérêts convergents qui existent entre le nationalisme français et européen et le nationalisme arabe historique est plus que jamais fondamental.

Vidéo en français de 37′29″ – Source Les Non-Alignés

Article Suivant ⇒
   Envoyer l'article en PDF   

Maître Goupil : à malin, malin et demi


La Russie va acheter d’occasion les porte- hélicoptères Mistral à l’Égypte


Moon of Alabama

Moon of Alabama

Le 23 septembre 2015 – Source Moon of Alabama

Les voitures neuves sont souvent proposées par les constructeurs dans leurs catalogues à des prix élevés. Les concessionnaires automobiles ont imaginé un truc pour contourner les prix catalogue et vendre plus de voitures : ils vendent la nouvelle voiture à des hommes de paille pour un jour ou deux. Ces voitures sont qualifiées de voitures de démonstration ou de voitures déjà immatriculées. La voiture d’occasion est rendue au concessionnaire qui la vend à l’acheteur initialement prévu à un prix inférieur au prix catalogue du fabricant.

Il semble qu’on soit en train de recourir à un artifice de ce genre, bien que ne comportant pas de prix, pour ce qui concerne deux navires de guerre qui ont défrayé la chronique.
Continuer la lecture

L’invasion des troupes étrangères au Yémen s’amplifie


Moon of Alabama

Moon of Alabama

Le 9 septembre 2015 – Source moonofalabama

Les forces terrestres envahissant le Yémen augmentent. Ces troupes sont actuellement formées de :

  • 3 000 hommes envoyés par les Émirats arabes unis
  • 1 000 hommes envoyés par le Qatar
    • 1 000 hommes envoyés par l’Arabie saoudite
    • 6 000 expatriés yéménites payés et entraînés par l’Arabie saoudite (peut-on vraiment leur faire confiance).
    • 600 à 800 hommes envoyés par l’Égypte

Continuer la lecture

La partition du « Syrak »


Pepe Escobar

Pepe Escobar

Par Pepe Escobar – Le 19 juin 2015 – Source : Russia Today

A moins de deux semaines de l’éventuelle signature d’un accord sur le nucléaire entre l’Iran et les P5+1, la stratégie de la danse au bord de l’abîme dans le désert aux miroirs qu’est devenu le Moyen-Orient atteint son paroxysme. La manipulation règne. Et rien n’est ce qu’il semble être.

Bien sûr, dans l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, beaucoup de choses ont à voir avec le pipelinistan. L’Iran, en supposant que les sanctions soient supprimées rapidement, sera enfin en mesure de vendre du gaz naturel à l’Union européenne – théoriquement en compétition avec Gazprom; mais cela va prendre beaucoup de temps avant que l’infrastructure iranienne (en décomposition) soit remise en état.

Continuer la lecture

La stratégie occidentale des escadrons de la mort


Le 23 mai 2015 – Source Russia Today

Comment et pourquoi État islamique et al-Qaida sont devenus les troupes de choc de l’impérialisme occidental.

Des membres de EI posent avec McCain. Belle photo de famille n’est ce pas ?

Continuer la lecture

Guerre du Yémen en 1962 : Discours de Gamal Abd-al-Nasser contre la dynastie Saoud (VOSTFR)

Par Sayed7asan – Le 12 avril 2015 – Source sayed7asan.blogspot.fr

Extraits de discours de Gamal Abd-al-Nasser de 1962 à 1966, durant la guerre du Yémen opposant les partisans du roi déchu , soutenus par l’Arabie Saoudite, la Jordanie et l’Occident, aux révolutionnaires Républicains, soutenus par Nasser.

L’Égypte d’aujourd’hui, vassale des Saoud et membre de leur coalition contre le Yémen, asphyxiant Gaza, main dans la main avec Israël, a sombré dans des abîmes de servilité insondables, et elle est bien loin de ce glorieux passé…

Vidéo sous-titrée français 

https://www.youtube.com/watch?v=V5Rr6pQrGpU

Transcription 

23 décembre 1962

Gamal Abd-al-Nasser : […] La bataille du Yémen est notre bataille. La révolution du Yémen est notre révolution. […]

La révolution a commencé le 26 septembre (1962). Dès le 27 septembre, le roi Saoud a eu une crise d’hystérie, et il a commencé à envoyer des armes à Najran et à Jizan (villes frontalières). […]

Le peuple arabe du Royaume d’Arabie saoudite, ce peuple arabe a des responsabilités. Ils s’appellent le Royaume d’Arabie saoudite, mais ce n’est pas le peuple qui s’est attribué ce nom. C’est un peuple d’une région de la péninsule arabique qui s’est toujours appelée Najd et le Hijaz. Mais le peuple arabe acceptera-t-il de prendre les armes contre la révolution? Peut-être que ceux qui y seront contraints par la force prendront les armes. Peut-être que les mercenaires prendront les armes. Peut-être que les réactionnaires prendront les armes. Peut-être que les opportunistes prendront les armes. Mais les hommes libres, prendront-ils les armes? […]

Nous avons subi des pertes, et je vais vous révéler les chiffres exacts. Dès le premier jour, jusqu’à hier, nos pertes ont été de 136 officiers et soldats. Vingt et un officiers et 115 soldats. N’importe laquelle de leurs chaussures a plus de dignité que la couronne du Roi Saoud [d’Arabie saoudite] et du roi Hussein [de Jordanie]. […]

Notre force arabe présente au Yémen va œuvrer à mettre fin à l’agression, puis elle œuvrera également à mettre fin aux bases de l’agression. Et par les bases de l’agression, je n’entends nullement le peuple arabe en Arabie saoudite, mais je veux parler des bases de l’agression menée par les rois et princes saoudiens contre la révolution yéménite et contre notre force arabe. […]

1er mai 1966

Gamal Abd-al-Nasser : […] Les dirigeants réactionnaires d’Arabie saoudite pourront-ils briser les espoirs légitimes et les rêves enthousiastes qui brûlent dans les cœurs de milliers de jeunes de la péninsule arabe? Jamais! Les dirigeants saoudiens réactionnaires ne parviendront jamais à réaliser cela.

23 juin 1966

Gamal Abd-al-Nasser : […] Nous avons observé, durant cette dernière année, une coopération totale entre les dirigeants réactionnaires arabes et les forces colonisatrices. Il y a une coopération et une solidarité manifestes entre eux, dirigées contre le nationalisme arabe et les mouvements révolutionnaires et de libération arabes.

Des contrats d’armements suspects sont conclus, et ils sont dirigés contre les Arabes et non pas contre les ennemis des Arabes. Ce qui le prouve, c’est que ces armes fournies aux Arabes sont les mêmes que celles qui sont fournies aux ennemis des Arabes. Ceux qui arment Israël sont les mêmes qui arment l’Arabie saoudite et les États réactionnaires de la région.

Vous avez lu les informations parues hier concernant le contrat conclu entre l’Arabie saoudite et la Grande-Bretagne, selon lequel la Grande-Bretagne va lui fournir des avions anglais. Et bien sûr, en Arabie saoudite, il y a des bases militaires américaines ainsi que des bases militaires britanniques. […]

26 juin 1966

Gamal Abd-al-Nasser : […] Je n’imagine pas une seule seconde que le royaume saoudien puisse un jour combattre en Palestine, avec des bases américaines et britanniques sur son sol. L’Arabie saoudite devrait déjà se libérer des bases militaires américaines et des bases britanniques. Alors seulement elle pourrait se diriger vers la libération de la Palestine. […]

23 décembre 1963

Gamal Abd-al-Nasser : […] (Cris hostiles contre l’Arabie saoudite et la Jordanie dans l’audience.) Nous avons déjà parlé des Saoud et nous connaissons leur histoire du début à la fin. Et… vous savez…. C’est un péché de s’acharner sur les morts. […]

21 juin 2014

[Voyons maintenant le nouveau Président Sissi, présenté par les médias égyptiens serviles comme le digne héritier de Nasser, s’humilier devant le roi saoudien, Saud al-Fayçal, Bandar (Bush) Bin Sultan, etc.]

Roi Fahd : Bienvenue, bienvenue Président. Comment vas-tu ? Bien j’espère. Que Dieu te préserve et te donne longue vie !

Sissi : Merci !

[Blablabla…]

Voir également

 
   Envoyer l'article en PDF   

Le Yémen sera le Vietnam de l’Arabie Saoudite


Par Thomas C. MOUNTAIN –  Le 2 avril 2015 –  Source Counterpunch

Ne se remettant pas de la dernière humiliation militaire que lui avaient infligée, il y a six ans, au Yémen, des combattants tribaux Houthis, la famille royale d’Arabie saoudite s’est lancée dans une entreprise qui est très probablement en train de devenir un Vietnam saoudien: je veux parler de sa tentative d’envahir le Yémen.

En 2009, l’incompétence de l’armée saoudienne a été révélée au grand jour lorsque son importante offensive contre les Houthis de long de la frontière Arabie saoudite/Yémen a été repoussée et que, dans la contre-offensive qui a suivi, les combattants Houthis, légèrement armés, ont conquis un grand morceau de territoire saoudien.

Continuer la lecture

L’extrémisme violent est le symptôme, la répression autoritaire, la maladie

Par Omar Ashour – Le 3 mars 2015 – Source Al Araby

Soit vous retroussez vos manches et vous en prenez plein la gueule
Soit vous vous couchez et vous en prenez plein la gueule.


Dans un contexte politique où les répressions autoritaires, les coups d’État militaires, les guerres civiles et autres formes de violence politique et d’instabilité sociale se multiplient, il est presque sûr de voir apparaître une forme ou une autre d’extrémisme violent.


Quand les plateaux de la justice ne pèsent plus.
On ne peut retrouver son honneur que par le sang.
Quand jeter des pierres ne marche plus.
Les canons prennent toute leur importance.
Soit vous retroussez vos manches.
Et vous faites face.
Soit vous vous couchez et vous en prenez plein la face.

La violence politique nourrit le violence extrémiste. AFP

Les paroles de la nouvelle chanson du chanteur révolutionnaire égyptien, Ramy Essam – un militant qui s’est fait connaître lors du soulèvement de janvier 2011 – reflètent parfaitement le niveau de frustration des jeunes militants en Egypte, qu’ils soient religieux ou laïques.

La répression brutale de la dissidence a causé plus de 3 248 morts, 18 535 blessés et 41 163 arrestations depuis le coup d’État militaire de juillet 2013 (et jusqu’en janvier 2014). Elle a conduit à la conviction croissante chez de nombreux jeunes militants que les tactiques de résistance civile non violentes ont leurs limites et que, pour provoquer un véritable changement, il faut utiliser la force. Et du fait des dernières mauvaises nouvelles – notamment les centaines de condamnations à mort prononcées par des tribunaux fantoches et au moins 226 décès en garde à vue depuis le 30 juin 2013 – l’atmosphère est particulièrement propice à la violence.

Historiquement, la répression brutale des dissidents en Égypte et dans le monde majoritairement arabe a non seulement provoqué des vagues de violence politique et la prolifération d’entités illégalement armées, mais aussi la propagation d’idéologies qui légitiment diverses formes de violence politique, du coup d’État militaire au terrorisme urbain. Étant donné le contexte politique, cela ne surprenait personne. Dans la plus grande partie du Moyen-Orient post-colonial, les armes et la religion se sont révélés les moyens les plus efficaces pour conquérir le pouvoir politique et s’y maintenir, comme c’était le cas à l’époque pré-moderne, à peu de choses près.

Le vote, la Constitution, la bonne gouvernance et les réalisations socio-économiques sont des moyens secondaires, quand ils ne sont pas carrément relégués au rang des accessoires cosmétiques. Dans un tel environnement, une radicalisation violente et des idéologies soutenant le militantisme armé sont susceptibles de se développer, de persister et de prospérer.

De la dictature à la démocratie

Ce qui est plus problématique pour les démocraties, c’est que les cadres idéologiques nés sous les dictatures peuvent être utilisés pour légitimer la violence politique dans des contextes où le degré de violence subie n’est pas du tout le même et où, au moins, les moyens de s’en protéger sont disponibles.

Le djihadisme et le takfirisme sont tous deux nés dans les années 1960 dans les prisons politiques égyptiennes, où la torture s’exerçait tantôt quotidiennement tantôt périodiquement. C’est la même chose dans l’Égypte d’aujourd’hui. Les idéologies ultra-conservatives et extrémistes telles que le salafisme et le wahhabisme sont également nées et se sont développés sous des régimes autoritaires. Aucune des idéologies susmentionnées n’est sortie d’une démocratie solide ou mature. Mais elles y ont certainement été importées.

L’impunité dont ont bénéficié ceux qui ont porté atteinte à la sécurité des états ou des particuliers a largement contribué à allumer et alimenter le feu de la radicalisation armée. Cela remonte au théoricien islamiste Sayyid Qutb qui a considérablement modifié sa pensée après avoir été témoin d’un massacre dans les prisons de Gamal Abdel Nasser en 1957.

«John, le djihadiste»

Mais l’hypothèse répression-radicalisation, dans un contexte où armes + religion / hyper-nationalisme = pouvoir politique, ne s’applique généralement pas aux démocraties. L’affirmation récente selon laquelle le terroriste surnommé John, le djihadiste a été radicalisé dans des rencontres avec les services de sécurité britanniques est absurde. Alors que toutes les allégations de harcèlement ou d’abus doivent être prises au sérieux et faire l’objet d’une enquête approfondie, John, le djihadiste n’a certainement pas été témoin du massacre de plus de mille manifestants en moins de dix heures par les services de sécurité britanniques. Il n’a certainement pas non plus assisté à la torture de prisonniers au moyen de décharges électriques à répétition dans les organes génitaux (une pratique régulière des enquêteurs des divers régimes arabes) ni au léger délit dont se rend coupable la police en battant à mort un militant de l’Internet en public.

Cela dit, il convient également de mentionner que le but, le degré, la portée, la durée, l’intensité et les objectifs des actions armées diffèrent. Les arguments idéologiques que le djihadisme et le takfirisme donnent, pour justifier la multiplication significative des cibles civiles, sont fondés principalement sur leurs croyances religieuses, sectaires et idéologiques. Le but principal de ces deux idéologies est de créer un État qui applique certaines des interprétations les plus controversées de la loi islamique. C’est un objectif très éloigné – par exemple – de la justice sociale idéale et du système libéral pour lequel les compañeros espagnols et leurs brigades étrangères se battaient dans les années 1930, ou même des révolutionnaires armés libyens et syriens en 2011.

Le maintien d’autocrates répressifs en Afrique du Nord est une mauvaise nouvelle pour la démocratie occidentale, en particulier pour l’Europe géographiquement proche. Dans le moyen et le long terme, ces régimes sont plus susceptibles de donner lieu à des atteintes à la sécurité et des crises humanitaires qu’à de la coopération et des réformes. Et quand le contexte politique se caractérise par la répression autoritaire, les coups d’État militaires, les guerres civiles et d’autres formes de violence politique et d’instabilité sociale, il est infiniment probable que l’extrémisme violent fera son apparition. Mais il s’agit là du symptôme, pas de la maladie. Et il faudrait s’en souvenir lorsqu’on prend des décisions politiques.

Traduit par Dominique Muselet, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

 

   Envoyer l'article en PDF