Le coût social du capitalisme

«... En novembre de l'année dernière, US Rep. Chris Stewart (R.Utah) a vu son projet de loi adopté par la Chambre.

Stewart est un tueur à gages pour le capitalisme. Son projet de loi est conçu pour empêcher les scientifiques indépendants et qualifiés de conseiller l'Environmental Protection Agency (EPA). Ils seront remplacés par des personnes désignées par l'industrie affiliée, qui peuvent avoir, ou non, l'expertise scientifique pertinente, mais dont les chèques de paie dépendront de la façon dont ils raconteront à l'EPA ce que leurs employeurs veulent entendre.

Rep. Stewart affirme qu'il s'agit d'une question d'équilibre entre les faits scientifiques et les intérêts de l'industrie (sic).» 

Paul Craig Roberts 
Paul Craig Roberts

Paul Craig Roberts

Par Paul Craig Roberts – Le 12 août 2015 – Source CounterPunch

Il y a peu d’entreprise, pour ne pas dire aucune, qui absorbe la totalité du coût de ses opérations. Les sociétés basculent beaucoup de leurs coûts sur l’environnement, le secteur public, et les tierces parties lointaines. Par exemple, actuellement 3 millions de gallons d’eaux usées toxiques [11 350 m3provenant d’une mine du Colorado ont fui et font tranquillement leur chemin vers le lac Powell dans l’Utah. Les systèmes d’alimentation en eau d’au moins sept villes dépendant des rivières ont été fermés. Les déchets avaient été abandonnés par l’entreprise privée, à la fermeture de la mine, et ont été accidentellement libérés par l’Environmental Protection Agency, ce qui peut-être vrai mais pourrait aussi bien être une dissimulation pour couvrir la responsabilité de la mine. Si le réservoir du lac Powell est pollué, alors il est probable que le coût d’exploitation de la mine, ainsi imposé à des tiers, dépasse la valeur totale de la production de celle-ci sur toute sa durée de vie.

Les économistes appellent ces coûts des coûts externes ou coûts sociaux. La mine a fait des bénéfices en fabricant des polluants, dont le coût est supporté par ceux qui n’ont eu aucune part dans les bénéfices.

Si c’est ainsi que fonctionne le capitalisme réglementé, alors vous pouvez imaginer ce que ça serait s’il n’était pas réglementé. À ce sujet, il suffit de penser au système financier non réglementé, aux conséquences que nous subissons déjà de ce fait, et à ce qui nous attend.

Malgré les preuves massives du contraire, les libertariens s’accrochent fermement à leur conception romantique du capitalisme, qui, libéré de l’ingérence du gouvernement, sert le consommateur avec les meilleurs produits aux prix les plus bas.

Si seulement c’était vrai !

Les progressistes ont leur propre contrepartie du romantisme des libertariens. Ils considèrent le gouvernement comme le chevalier blanc qui protège le public contre la cupidité des capitalistes.

Si seulement, ça aussi, c’était vrai !

Tout le monde, et plus particulièrement les libertariens et les progressistes, devrait lire le livre de Jeffrey St. Clair, Born Under A Bad Sky (2008) [Né sous une mauvaise étoile]. St. Clair est un écrivain attachant, et son livre est enrichissant à plusieurs niveaux. Si vous n’avez jamais navigué sur les rivières de l’Ouest américain, ni relevé le défi de rapides dangereux ou campé parmi les moustiques et serpents à sonnettes, vous pourrez découvrir ces facettes grâce à St. Clair, tout en apprenant simultanément comment la corruption du Park Service, du Service des forêts et de l’Administration Territoriale aide les compagnies forestières, les compagnies minières et les éleveurs de bétail à faire de l’argent par le pillage des forêts nationales et des terres publiques.

Les subventions publiques prévues pour les mineurs, les bûcherons et les éleveurs sont aussi extravagantes et aussi nuisibles à l’intérêt public que les subventions versées par la Réserve fédérale et le Trésor aux banques too big to fail [trop grosses pour faire faillite].

Progressistes et libertariens ont besoin de lire les rapports de St. Clair sur la façon dont le Service des forêts crée des routes dans des forêts vierges, afin de subventionner l’abattage d’arbres séculaires et la destruction de l’habitat des espèces animales rares et menacées. Nos romantiques doivent apprendre comment des terres de faible valeur sont négociées contre des terres publiques de plus grande valeur afin de transférer la richesse du public au secteur privé. Ils ont besoin d’apprendre comment les éleveurs, autorisés à utiliser les terres publiques, détruisent les berges et  l’habitat de la faune et de la flore aquatique. Ils doivent comprendre que les chefs des agences de protection fédérales eux-mêmes sont des opérateurs pour le compte des entreprises privées forestières, minières, et pour les coopératives d’élevage qui travaillent pour elles-mêmes et non pour le public. Les Américains de tous bords doivent comprendre que, tout comme ils sont manipulés par les sénateurs et les députés, achetés, vendus et payés par le complexe militaro-sécuritaire, Wall Street et le lobby d’Israël, ils sont également manipulés par les agences gouvernementales publiques en charge de réglementer les mines, les forêts et l’élevage qui protègent des intérêts privés.

L’intérêt public n’apparaît jamais dans le paysage.

Les deux plus grands réservoirs, lac Mead et lac Powell, sont à 39% et 52% de leur capacité. Les lacs immenses dont dépend l’ouest des États-Unis se tarissent. Et maintenant, le lac Powell va recevoir 3 millions de gallons [11 350 m3d’eaux polluées contenant de l’arsenic, du plomb, du cuivre, de l’aluminium et du cadmium. Les puits dans les plaines inondables par les rivières polluées sont également en danger.

Les polluants, qui ont fait virer l’eau à l’orange, suivent la rivière Animas depuis  Silverton, traversent le Colorado via Durango puis se déversent dans le fleuve San Juan à Farmington, Nouveau-Mexique, une rivière qui se jette dans la rivière Colorado qui alimente le lac Powell et le lac Mead.

Tous ces dommages sont causés par une mine capitaliste.

En novembre de l’année dernière, US Rep. Chris Stewart (R.Utah) a vu son projet de loi adopté par la Chambre.

Stewart est un tueur à gages pour le capitalisme. Son projet de loi est conçu pour empêcher les scientifiques indépendants et qualifiés de conseiller l’Environmental Protection Agency (EPA). Ils seront remplacés par des personnes désignées par l’industrie affiliée, qui peuvent avoir, ou non, l’expertise scientifique pertinente, mais dont les chèques de paie dépendront de la façon dont ils raconteront à l’EPA ce que leurs employeurs veulent entendre .

Rep. Stewart affirme qu’il s’agit d’une question d’équilibre entre les faits scientifiques et les intérêts de l’industrie.

Paul Craig Roberts est ancien secrétaire adjoint du Trésor américain. Il a été journaliste et rédacteur en chef adjoint au Wall Street Journal. Son livre  Comment l’économie a été perdue est désormais disponible auprès de Counterpunch en format électronique. Son dernier livre est Comment l’Amérique a été perdue.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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Désastre écologique chez les Navajos


Des communes déclarent l’état d’urgence en raison d’un déversement d’eaux polluées toxiques qui se répandent au Colorado et au Nouveau-Mexique, en direction de l’Utah


Par Nadia Prupis – Le 10 août 2015 – Source Common Dreams

Un panneau d’avertissement au bord de la rivière Animas qui traverse Farmington, au Nouveau-Mexique, le 8 août 2015. ((Photo: Alexa Rogals/The Daily Times via AP)

L’écoulement qui a déversé la semaine dernière des déchets toxiques provenant d’une mine abandonnée dans un cours d’eau du Colorado a relâché trois millions de gallons [environ 11.35 millions de litres] de polluants sur 126 miles [environ 200 km] de la rivière Animas qui coule dans l’État – et non un million de gallons, comme annoncé précédemment, selon de nouvelles estimations de l’Agence de protection de l’environnemenr [Environmental Protection Agency (EPA)].

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Drones US : Les tueurs sont fatigués

Par Gilles Munier – Le 11 août 2015 – Source france-irak-actualite

Drones US : Les « tueurs » sont fatigués

Un “droneur” en action

Le colonel James R. Cluff, commandant la base aérienne de Creech – située dans le Nevada, à une soixantaine de km de Las Vegas – se plaint des conditions de travail des pilotes de drones-tueurs.

Il explique les erreurs de tirs et les dommages collatéraux par la fatigue des 1 066 droneurs sous ses ordres. Ils travaillent 12 heures par jour, dit-il, cinq jours par semaines, sans prendre de repos, alors que par le passé ils n’occupaient le poste que six mois dans l’année. Certains droneurs de drones totaliseraient 1281 heures de vols, quatre fois plus que les pilotes normaux.

Il faut savoir qu’un tir de missile, à des centaines de milliers de kilomètres, mobilise des dizaines de personnes – techniciens au sol, informaticiens, analystes – et requiert des centaines d’heures de vol de drones. A titre d’exemple, les tirs de 875 missiles de MQ-1 Predator et de MQ-9 Reaper sur des cibles en Irak et en Syrie ont nécessité 3 300 vols. Or, de Creech, les droneurs pilotent tous les jours une centaine de drones vers l’Irak, la Syrie, le Yémen, le Pakistan, l’Afghanistan et la Somalie, décollant des bases américaines au Proche-Orient ou ailleurs…

Pour remplir le nombre toujours plus important de missions demandées aux droneurs par Barack Obama, l’US Air Force recrute maintenant des contractors – généralement des pilotes de chasse retraités –, au double du salaire perçu par les militaires, et alloue des primes mensuelles de 650 à 1 500 $ aux droneurs engagés pour des durées dépassant 6 ans.

Ombre au tableau : le taux de suicides dû au stress, aux remords, à la vue en direct des massacres provoqués par les missiles, est plus élevé que dans les bases aériennes militaires traditionnelles.

Aux Etats-Unis, les manifestations pour interdire l’utilisation de drones-tueurs se font plus nombreuses. En mars 2015, des militants se sont réunis devant la base de Creech pour réclamer sa fermeture. Dernièrement, une organisation de vétérans a demandé aux droneurs de refuser d’accomplir leurs missions.

Sources 

Drone pilots go to war in the Nevada desert, staring at video screens (Los Angeles Times – 17/6/15)

Air Force Trims Drone Ops to Get Workforce ‘Healthy’ (Defense One – 18/5/15)

Air Force struggles to keep pace with explosion in the use of combat drones (Washington Post – 17/6/15)

Merci à Freddy

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L’effondrement de l’économie américaine

«...Si j'étais encore le rédacteur du Wall Street Journal que je fus, l'état déplorable de l'économie américaine serait en première page des nouvelles.» Paul Craig Roberts
Paul Craig Roberts

Paul Craig Roberts

Par Paul Craig Roberts – Le 11 août 2015 – Source counterpunch

Vous souvenez-vous de l’époque où existaient des journalistes réels? C’était avant que le régime Clinton ne concentre les médias, les transformant en un ministère de la Propagande, un outil de Big Brother.

La fausse réalité dans laquelle vivent les Américains se prolonge dans la vie économique. Le rapport sur l’emploi de vendredi dernier était la continuation d’une longue série de mauvaises nouvelles bidouillées en bonnes nouvelles.

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La Cinquième colonne de Washington en Russie et en Chine

Paul Craig Roberts

Paul Craig Roberts

Par Paul Craig Roberts – Le 3 août 2015 – Source : Strategic Culture

Il a fallu deux décennies à la Russie et à la Chine pour comprendre que les organisations pour la démocratie et les droits humains opérant au sein de leurs pays étaient des organisations subversives subventionnées par le Département d’État et une collection d’institutions américaines privées organisées par Washington. Le but véritable de ces organisations non gouvernementales (ONG) est de faire progresser l’hégémonie de Washington en déstabilisant les deux pays capables de résister à l’hégémonie US.

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Guide pratique du fascisme américain : psychopathologie du libéralisme


CounterPunch
Par Norman  Pollack – Le 6 août 2015 – Source counterpunch

Les Républicains sont les boucs émissaires tout désignés pour la politique réactionnaire couvrant un large éventail de la culture politique, de la pensée et de l’activité en Amérique. Le contenu est évident, résumé dans la militarisation du capitalisme avancé qui cherche à maintenir son cap unilatéral de suprématie mondiale; cet effort part en lambeau dans un monde de décentralisation des pouvoirs, et force ainsi l’Amérique à des actions de plus en plus extrêmes afin de garder sa suprématie.

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L’Express Moscou-Beijing au départ


De la conférence de Bretton Woods du 1er au 22 juillet 1944 au sommet OCS-BRICS à Oufa du 6 au 10 juillet 2015


Par Jeff J. Brown – Le 2 août 2015 – Source thesaker.is le 4 aout 2015.

Les livres d’histoire de nos petits enfants feront référence à ces deux événements internationaux, Bretton Woods et Oufa, comme étant des tournants dans l’organisation géopolitique mondiale de l’après-guerre. Cela, bien sûr, si le colonialisme occidental ne pousse pas l’humanité à la catastrophe, dans une tentative désespérée de sauver son empire fasciste au moyen d’une troisième guerre mondiale.

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Pas prêt pour le Prime Time : La Saga du F35 pour les nuls [3/3]

Lorsque l’idéologie du technologisme implose

Avant-Propos

Le projet US du F35, appelé aussi JSF [Joint Strike Fighter], auto-désigné avion de combat universel du XXIsiècle globalisé par l'Empire du Bien et de la Vertu, a été lancé en 1996. Soit il y a presque 20 ans. Il est d'une furtivité extrême confinant au néant. Tellement furtif qu'il ne vole toujours pas et ne volera jamais.

Fruit de l'orgueil technologique post-moderne, il a dès l'origine été conçu pour ne pas avoir de prototype, étant entendu que la nation exceptionnelle ne pouvait produire que des objets exceptionnels, loin des tâtonnements et expérimentations vulgaires auxquels la réalité soumet les industriels des nations ordinaires.

Résumons, un projet qui a coûté pour l'instant $1 400 Mds au contribuable américain, un avion non certifié, qui ne vole pas mais qui est déjà produit à 125 exemplaires.

Cette aventure est typique du système politico-mafieux étasunien. Complicité entre les politiciens, le complexe militaro-industriel, les multinationales, bancaires et autres pour racketter le monde. À l'instar des banques trop grosses pour faire faillite, ce projet F35 ne peut être ni arrêté, ni amendé, ni aboutir. Il ne sert qu'à faire tourner la lessiveuse à essorer les contribuables étasuniens et européens qui ont décidé d'acheter cet avion. Et à l'instar d'une grande guerre globalisée contre la terreur qui n'a jamais fabriqué autant de terroristes.

L'important c'est la bottom-line, le profit.

Nous vous proposons, en plusieurs épisodes, un état des lieux extrêmement détaillé du projet, à partir des meilleures sources. Ces articles ne sont pas un inventaire des déboires vécus depuis vingt ans par le projet, dont vous pourrez certainement faire votre miel ailleurs, ici en français et depuis son origine.

Extrait du rapport:
«...Le programme F-35 est conçu de telle sorte qu'il n'a pas l'obligation de prouver sa capacité au combat avant d'avoir atteint un taux de production annuel de 57 avions, un taux sans précédent pour tout avion de chasse avec si peu d'essais opérationnels accomplis et tant de problèmes non résolus.»

Le Saker Francophone

Photograph of Mandy Smithberger

Par Mandy Smithberger – Le 12 mars 2015 – Source pogo.org

Première partie
Deuxième partie

Mandy Smithberger est directrice du projet de réforme militaire Straus au Centre d’Information de la défense en charge de la surveillance du gouvernement.

Selon le dernier rapport de la Direction des tests opérationnels et des évaluations [DOT&E], le F-35 n’est pas prêt pour les Contrôles opérationnels initiaux [IOC] et ne le sera pas de sitôt

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Trompeuse euphorie : les US changent-ils vraiment de politique envers Cuba ?


Par Nil Nikandrov – Le  26 juillet 2015 – Source strategic-culture

Le président américain Obama a dû admettre en décembre dernier que la politique des États-Unis à Cuba avait échoué. Il a fallu à Washington une cinquantaine d’années pour comprendre un fait fondamental : les sanctions, l’embargo économique et commercial, ainsi que les tentatives pour isoler la petite île étaient condamnés dès le départ.

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