Désastre écologique chez les Navajos


Des communes déclarent l’état d’urgence en raison d’un déversement d’eaux polluées toxiques qui se répandent au Colorado et au Nouveau-Mexique, en direction de l’Utah


Par Nadia Prupis – Le 10 août 2015 – Source Common Dreams

Un panneau d’avertissement au bord de la rivière Animas qui traverse Farmington, au Nouveau-Mexique, le 8 août 2015. ((Photo: Alexa Rogals/The Daily Times via AP)

L’écoulement qui a déversé la semaine dernière des déchets toxiques provenant d’une mine abandonnée dans un cours d’eau du Colorado a relâché trois millions de gallons [environ 11.35 millions de litres] de polluants sur 126 miles [environ 200 km] de la rivière Animas qui coule dans l’État – et non un million de gallons, comme annoncé précédemment, selon de nouvelles estimations de l’Agence de protection de l’environnemenr [Environmental Protection Agency (EPA)].

Comme les boues orangées continuaient à couler dans le Colorado et dans la rivière San Juan à New Mexico lundi, les répercussions de l’important accident ont continué à se propager, les communautés déclarant l’état d’urgence et la Nation navajo promettant de porter plainte contre l’EPA, responsable de la pollution.

Le comté de La Plata et la ville de Durango, tous deux au Colorado, ont déclaré chacun l’état d’urgence dimanche à midi.

L’administrateur du comté de La Plata Joe Kerby a déclaré dans un communiqué:

«Cette décision a été prise en raison de la nature sérieuse de l’incident et pour transmettre les graves préoccupations des responsables locaux élus afin de s’assurer que tous les niveaux appropriés de l’État et les ressources fédérales seront mis en oeuvre pour assister notre communauté, non seulement en gérant activement ce tragique incident mais aussi pour en traiter les conséquences.»

Des tests de qualité de l’eau en divers endroits des rivières étaient déjà en cours à partir de lundi après-midi. Selon des données préliminaires publiées par l’EPA dimanche, les teneurs en arsenic dans la zone de Durango étaient, à leur pic, 300 fois plus élevées que la norme. Le plomb était 3 500 fois plus élevé. Les polluants incluent le cuivre, le zinc, l’aluminium et le cadmium.

Pendant ce temps, la mine continue à déverser 500 gallons à la minute. Bien que l’EPA maintienne qu’il est peu probable que la pollution ait nui à la faune dans la région, les responsables locaux dans les zones affectées ont avisé les habitants de ne pas utiliser la rivière dans des buts agricoles ou de loisir ni de permettre à leurs animaux de boire cette eau.

La Commission de la Nation navajo pour la gestion des urgences a aussi déclaré l’état d’urgence. Lors d’une rencontre samedi à la salle du chapitre de Shiprock, au Nouveau Mexique, le président du peuple navajo Russell Begaye a dit qu’il avait l’intention d’entamer une action en justice contre l’EPA pour avoir causé la pollution.

«L’EPA était juste au milieu du désastre et nous avons l’intention de nous assurer que la Nation navajo récupérera chaque dollar qu’elle dépensera pour nettoyer ces dégâts et chaque dollar qu’elle perd comme conséquence des atteintes à nos précieuses ressources naturelles navajos», a dit Begaye à l’assistance.

«J’ai demandé au département de la Justice de la Nation navajo de porter immédiatement plainte contre l’EPA dans toute la mesure possible de la loi pour protéger les familles et les ressources navajos, a-t-il déclaré. Ils ne vont pas s’en sortir comme ça.»

La gouverneure du Nouveau Mexique Susana Martinez s’est rendue pendant le week-end sur une partie de la rivière contaminée à Farmington. «L’ampleur de tout cela, vous ne pouvez même pas le décrire», a-t-elle affirmé sur place.

Des militants pour le climat ont aussi organisé lundi, avec Peaceful Uprising, une manifestation dans l’Utah qui reliait la pollution aux questions plus vastes de l’extraction de pétrole et aux atteintes à l’environnement que causent de telles activités. Plusieurs militants ont bloqué une mine de sables bitumineux de Book Cliffs, propriété de US Oil Sands basée à Calgary, dont ils disent qu’elle opère sur des terrains appartenant juridiquement aux autochtones et qu’elle risque d’empoisonner l’environnement alentour avec une pollution similaire.

Selon Melanie Martin, une militante de Peaceful Uprising:

«Des milliers de mines, comme des plaies ouvertes, racontent l’histoire d’un siècle d’exploitation, de destruction et de violence – contre les gens de cette terre et contre les terres et les eaux elles-mêmes. US Oil Sands perpétue cette tradition malade en gaspillant une eau précieuse dans une région assoiffée et en imposant aux générations futures un héritage toxique qu’il n’y a aucun moyen de nettoyer.»

Les eaux polluées orange qui coulent encore dans la rivière sont actuellement en route vers l’Utah, où la rivière San Juan rejoint le lac Powell. En prévision, les responsables dans la ville de Montezuma Creek ont fermé les pompes à eau sur place et à Aneth, à proximité, stationnant une citerne contenant 7 000 gallons d’eau potable à la caserne de pompiers de Montezuma Creek.

L’accident s’est produit mercredi dernier après que des ouvriers de l’EPA qui tentaient d’enquêter sur des déchets de métaux lourds dans la mine Gold King abandonnée au Colorado ont accidentellement déversé les matériaux toxiques dans le Cement Creek, qui alimente la rivière Animas. Comme Common Dreams l’a rapporté dimanche, le nettoyage des mines non exploitées aux Etats-Unis a longtemps été entravé par des obstacles juridiques et financiers.

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

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