Hitlérisme, trumpisme, netanyahisme, lepénisme, macronisme


Une approche comparative et expressionniste


Par Emmanuel Todd – Le 13 octobre 2025 – Source Blog de l’auteur

Emil Nolde, Masques Nature morte, 1911

Les références aux années 1930 se multiplient. La dégénérescence de la démocratie américaine semble nous ramener à celle de la république allemande de Weimar. Trump, par sa jouissance dans la violence et le mensonge, par l’exercice du mal, irrésistiblement nous ramène à Hitler. En Europe, la montée de mouvements catégorisés comme d’extrême-droite nous oblige à ce retour sur notre histoire.

Les sociétés occidentales ne ressemblent pourtant plus guère à ce qu’elles furent dans les années 1930. Elles sont vieillies, de consommation, tertiaires, les femmes y sont émancipées, le développement personnel y a remplacé l’adhésion partisane. Quel rapport avec les sociétés des années trente : jeunes, frugales, industrielles, ouvrières, masculines, encartées ? C’est cet éloignement socio-historique qui m’avait conduit à considérer jusqu’à ce jour comme a priori invalide le parallèle entre les « extrême-droites » du présent et celles du passé. Mais les doctrines politiques existent, aujourd’hui comme hier, et l’on ne peut se contenter de postuler l’impossibilité, par exemple, d’un nazisme de vieux, d’un franquisme de consommateurs, d’un fascisme de femmes libérées ou d’un LGBTisme Croix-de-Feu.

Le moment est venu de comparer les doctrines de notre présent à celles des années trente. Voici l’esquisse de ce que pourrait être l’étude comparative de cinq phénomènes historiques : l’hitlérisme, le trumpisme, le netanyahi(u)sme, le lepénisme. J’ajouterai en fin de parcours, brièvement, le macronisme. L’extrémisme centriste et européiste qui mène la France au chaos nous oblige à cet examen. Cet extrémisme est-il si centriste que ça ?

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Voici comment l’establishment domestique le populisme


Par Thomas Fazi – Le 8 mai 2025 – Compact

La victoire du candidat de droite George Simion au premier tour de la nouvelle élection présidentielle en Roumanie a été célébrée par une partie de la droite comme une victoire populiste. Selon ce point de vue, les forces alignées sur l’UE et l’OTAN qui ont renversé la précédente élection du pays en novembre n’ont pas réussi à faire reculer la réaction populaire croissante contre l’establishment. Mais une analyse plus approfondie révèle un tableau plus complexe et plus inquiétant.

L’ascension de Simion fait suite à une série d’événements qui ont sapé la crédibilité démocratique de la Roumanie. En novembre dernier, le candidat eurosceptique indépendant Călin Georgescu a remporté à la surprise générale le premier tour de l’élection présidentielle. Cependant, avant que le second tour ne puisse avoir lieu, la cour constitutionnelle roumaine a annulé le résultat, invoquant une ingérence russe présumée mais non prouvée. En mars, dans un geste encore plus extraordinaire, la commission électorale a disqualifié Georgescu de toute candidature. Bien qu’une cour d’appel inférieure ait temporairement annulé la décision, la Haute Cour de cassation et de justice l’a finalement confirmée. Le destin politique de Georgescu était alors scellé.

Ces développements suggèrent que les élites ne se limitent plus à influencer les résultats électoraux par la manipulation des médias, la censure et la pression économique. Elles sont désormais prêtes à abandonner même le vernis de la procédure démocratique – en excluant des candidats potentiels ou même en rejetant ouvertement les résultats électoraux lorsqu’ils ne produisent pas le « bon » résultat. La disqualification juridique potentielle de Marine Le Pen pour les futures élections en France et la désignation de l’AfD en Allemagne comme « organisation extrémiste » par les services de sécurité du pays peuvent être considérées comme d’autres exemples de cette nouvelle contre-offensive.

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L’année du populisme


Par Frank Furedi – Le 26 décembre 2024 –  Source Compact Mag

En regardant les agriculteurs manifester en Belgique, en France, aux Pays-Bas et en Allemagne au cours des premiers mois de 2024, je me suis souvenu des paroles de Wordsworth : “Le bonheur était, à cette aube, d’être en vie !« . Tom, un agriculteur flamand qui a conduit son tracteur vers Bruxelles en février pour protester contre les lois environnementales proposées, m’a dit que les médias avaient essayé d’effrayer le public pour l’empêcher de soutenir sa cause en qualifiant son mouvement d’extrême droite et de populiste. Il a souri et a dit  » Ils me traitent de populiste, et bien pourquoi pas !”

Tom ne s’est jamais intéressé à la politique, mais comme des centaines de milliers de personnes, il a décidé qu’il voulait que sa voix soit entendue. Au cours de l’année 2024, le populisme a démontré qu’il avait une formidable endurance. Dans l’Union européenne, les partis populistes mettent l’establishment politique sur la défensive. Aux États-Unis, c’est le tentaculaire mouvement MAGA, et pas l’ancien establishment républicain, qui a assuré la victoire de Donald Trump.

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Le dharma de la dynamique américaine et la confusion des symptômes avec la cause


Le phénomène de regroupement des Déplorables – associée au Trumpisme – n’est pas la cause de la crise actuelle, mais son symptôme, nous explique Alastair Crooke.


Par Alastair Crooke – Le 1er février 2021 – Source Strategic Culture

Harold Macmillan, en réponse à un journaliste qui lui demandait ce qui risquait le plus de faire déraper les gouvernements, aurait répondu simplement : « Les événements, mon cher, les événements ». C’est exact, mais ce n’est pas une explication suffisante. La dynamique systémique inhérente est tout aussi importante en politique – et en économie – pour nous faire avancer dans une direction particulière, que l’on en soit conscient ou pas, et souvent avec des conséquences imprévues. Ces conséquences peuvent être tellement éreintantes et désastreuses qu’elles renversent souvent la dynamique en son opposée – dans laquelle la nuit aspire au jour, et le jour, à la nuit.

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Le populisme n’est plus à vendre


Par Tom Luongo − Le 16 novembre 2019 − Source Gold Goats’N Guns

Tom LuongoIl y a quelque chose que les oligarques non élus, que j’aime appeler la « Bande de Davos », détestent plus que tout : il semble qu’ils n’ont plus le pouvoir d’acheter les peuples.

2019-11-18_12h29_48Lorsque nous observons, dans le monde d’aujourd’hui, la pléthore de soulèvements populaires / populistes à la fois pacifiques et indisciplinés, nous voyons le même fil conducteur qui les traverse.

Les gens ne croient tout simplement pas que le système fonctionne pour eux. Quel que soit le catalyseur qui les a fait sortir de leurs canapés pour les envoyer dans les rues, ce fut la proverbiale dernière goutte du vase qui le fait déborder.

Et ils ne peuvent plus être achetés.

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Le nouveau populisme des Tories


Par Agnès Alexandre-Collier – Le 29 octobre 2019 – The Conversation

Johnson

Le référendum du 23 juin 2016 n’a pas seulement bouleversé l’équilibre constitutionnel du Royaume-Uni. Il a aussi radicalement transformé les valeurs sur lesquelles le parti conservateur britannique s’est construit. Celui-ci s’érige désormais comme le nouveau «parti du peuple», suggérant ainsi la nécessité d’une forme de démocratie plus directe qui s’accorde mal avec le système représentatif dans lequel il a toujours prospéré.

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Cette nouvelle hérésie qui menace tout le continent européen


Par Alastair Crooke – Le 16 septembre 2019 – Source Strategic Culture

crooke alastairDans tout ce tintamarre dû au Brexit et aux querelles parlementaires qui y sont associées, on a peu remarqué comment Dominic Cummings et Boris Johnson tentent de changer la nature même du paysage politique britannique. Bien sûr, l’angoisse du Brexit rend la tentative de susciter un changement politique stratégique beaucoup plus visible et plus aiguë. Pourtant, en fait, les changements ne sont pas entièrement, ou même principalement liés au Brexit, mais reflètent des plaques tectoniques sous-jacentes en train de s’affronter.

Le fait est que le chaos à Londres n’est pas simplement une histoire purement britannique, une histoire de Brexit. Il reflète quelque chose de plus large en jeu. La prise de conscience de ce mouvement tectonique a déjà été politiquement exploitée aux États-Unis (par Trump), et il est presque certain que des symptômes similaires se manifesteront dans toute l’Europe également. Ces symptômes sont là, maintenant (bien qu’ils ne soient pas toujours reconnus comme tels, comme un commentateur l’a déjà noté – voir plus loin).

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Cette narrative médiatique remplie d’apprentis Hitler


Sur l’« hitlerisation » des opposants au système néolibéral


Par C.J. Hopkins – Le 13 juin 2019 – Source UNZ Review

Chaque fois que vous pensez que l’hystérie de l’antisémitisme fabriqué par la « corporatocratie » a déjà atteint le sommet de l’absurde, elle réussit d’une certaine façon à se surpasser. OK, suivez-moi bien maintenant, parce que c’est bizarre.

Hitler

Apparemment, l’Hitler américain [Lien en français] et ses acolytes conspirent avec un groupe secret de « hauts personnages juifs » pour empêcher l’Hitler britannique [Lien en français] de devenir premier ministre et d’exterminer tous les Juifs de Grande-Bretagne. Bizarre, non ? Mais ce n’est pas le plus bizarre, parce qu’il se pourrait que l’Hitler Américain veuille exterminer lui-même tous les Juifs de Grande-Bretagne, plutôt que de laisser à l’Hitler britannique [Lien en français] le soin de le faire… Les Hitlers étant notoirement jaloux de leurs actes génocidaires.

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Comment le complot qui a fait chuter Heinz-Christian Strache va renforcer la droite


Par Moon of Alabama – Le 19 mai 2019

2015-05-21_11h17_05Au cours des derniers jours, un politicien de droite autrichien a été coulé à l’aide d’un piège élaboré. Jusqu’à vendredi, Heinz-Christian Strache était le chef du Parti de la liberté autrichien, un parti d’extrême droite (mais pas fasciste) (le FPOe) et vice-chancelier du pays. Vendredi matin, deux journaux allemands, le Sueddeutsche Zeitung et Der Spiegel ont publié (en allemand) des reportages (en anglais) sur une vieille vidéo qui avait été réalisée pour couler Strache.

Le FPOe entretient de bonnes relations avec le parti Russie unie, le parti du président russe, Poutine, et d’autres partis de droite en Europe de l’Est. Sa position pro-russe a entrainé des attaques verbales et la diffamation du parti de la part des cercles néolibéraux et ceux soutenant l’OTAN.

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Le populisme a-t-il envahi la sphère politique ?


Par Patrice-Hans Perrier – Le 4 février 2019 – Source Carnets d’un promeneur via dedefensa

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Le populisme, nous apprend le dictionnaire, était, bien avant d’être une mouvance politique, un courant littéraire qui cherchait à dépeindre la vie des gens du peuple. Et, qu’est-ce que le peuple ? Il s’agit d’un regroupement d’humains, d’une communauté qui vit en société tout en partageant des coutumes et une histoire. Le peuple est ce qui forme la nation en définitive. Le populisme semble faire écho à l’indifférence des élites face à la misère du peuple.

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