L’UE continue de saboter son économie en ciblant les investissements chinois


Par Thomas Fazi et Fabio Massimo Parenti – Le 26 novembre 2025 – Source Blog de l’auteur

Dans une énième escalade des tensions commerciales dans le monde, l’UE se prépare à introduire des règles nettement plus strictes sur les investissements chinois dans le bloc. Dans le cadre actuel de 2019, les États membres jouissent d’une grande latitude dans la manière dont ils filtrent les investissements directs étrangers. Mais une nouvelle loi – approuvé par le Parlement européen en mai 2025 – rendrait désormais obligatoire le filtrage dans un éventail de secteurs stratégiques, notamment les médias, les matières premières critiques, les transports, l’énergie, les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle et les technologies émergentes. Elle étend également cet examen aux projets entièrement nouveaux – et pas seulement aux acquisitions – et accorde à la Commission plus de pouvoirs pour intervenir dans les litiges ou combler les lacunes. D’ici décembre, la Commission vise à consolider les nouvelles règles, en mettant explicitement l’accent sur la Chine.

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L’UE veut plus de pouvoir pour accéder aux messages internet privés des gens


Par Thomas Fazi – Le 27 novembre 2025 – Source Unherd

En théorie, le contrôle des messages privés aurait dû être enterré le mois dernier. L’ inquiétant plan de l’UE de scanner en masse les messages privés des citoyens s’est heurté à une résistance écrasante du public en Allemagne, le gouvernement du pays refusant de l’approuver. Mais Bruxelles recule rarement simplement parce que le public l’exige. Et donc, fidèle à sa forme, une version retravaillée du texte est déjà avancée – cette fois à l’abri des regards, à huis clos.

Le contrôle des messages privés, officiellement connu sous le nom de Règlement sur les abus sexuels sur enfants, a été proposé pour la première fois par la Commission européenne en 2022. Le plan initial aurait obligé les fournisseurs de messagerie électronique et de messagerie à analyser les communications privées, même chiffrées — dans le but prétendu de détecter les potentiels abus sexuel d’enfants.

L’outil a été vendu comme une noble croisade contre certains des crimes les plus horribles du monde. Mais les critiques ont fait valoir que l’outil risquait de devenir un modèle de surveillance généralisée, en donnant essentiellement aux États et aux institutions de l’UE la possibilité de scanner chaque message privé. En effet, une consultation publique précédant la proposition a révélé qu’une majorité de répondants s’opposaient à de telles obligations, plus de 80% rejetant explicitement son application aux communications chiffrées de bout en bout.

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La nouvelle machine de censure de l’UE


Par Thomas Fazi – Le 15 novembre 2025 –  Source Unherd

L’UE adore parler de liberté. Il suffit de regarder l’un de ses récents communiqués de presse, lançant quelque chose appelé le Bouclier démocratique européen, qui promet de tout protéger, des “personnes libres” aux “élections libres”, en passant par Bruxelles, “une société civile dynamique”. Toutes choses admirables, au moins sur le papier. En réalité, cependant, le Bouclier démocratique n’est que la dernière vision de la non-liberté : réprimer la dissidence et contrôler le discours sous prétexte de défendre la démocratie contre l’ingérence étrangère et les infox.

Dans le cadre du Bouclier démocratique, la Commission propose la création d’un Centre de surveillance qui identifierait et supprimerait les “faux contenus” et la “désinformation” sur Internet. Comme l’a déclaré Henna Virkkunen, Vice-présidente exécutive pour la Sécurité et la démocratie, le Bouclier permettra à l’Europe de « répondre plus rapidement et plus efficacement à la manipulation de l’information et aux menaces hybrides« . La Haute Représentante de l’UE pour la Politique étrangère et de sécurité, Kaja Kallas, n’a pas caché le caractère antirusse de l’initiative : “Nous assistons à des campagnes, y compris de Russie, spécifiquement conçues pour polariser nos citoyens, saper la confiance dans nos institutions et polluer la politique dans nos pays.”

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Échapperons-nous un jour à la Commission Européenne des Droits de l’Homme ?


Par Thomas Fazi – Le 4 novembre 2025 – Source Unherd

Pendant une grande partie de son existence, la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) et son organe d’application, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), ont occupé une place relativement peu controversée dans l’imaginaire européen et britannique, créditée d’avancées marquantes en matière de droits civils, de la protection de la liberté journalistique à l’égalité pour les homosexuels. Pourtant, 75 ans après sa fondation, l’institution qui était autrefois considérée comme un gardien de la liberté est devenu quelque chose de tout à fait différent : une cour transnationale qui fonctionne en pratique comme une autorité supranationale, se réservant le pouvoir de décider et de redéfinir constamment ce qui compte comme un “droit de l’homme”.

Ces dernières années, la Cour est de plus en plus entrée en conflit avec les gouvernements élus, notamment sur des questions de migration et d’expulsion. Ses détracteurs, en particulier en Grande-Bretagne, soutiennent que la Convention s’est étendue bien au-delà de son mandat initial, s’immisçant dans des domaines qui vont au cœur de la souveraineté démocratique : le contrôle des frontières, la sécurité nationale et la prérogative des parlements de légiférer. Lorsque neuf dirigeants européens ont signé une lettre commune en mai de cette année, se demandant si la CEDH avait outrepassé son mandat en matière de migration, le Secrétaire général du Conseil de l’Europe, Alain Berset, a rejeté catégoriquement leurs préoccupations. « Aucun organe judiciaire ne devrait être soumis à des pressions politiques« , a-t-il déclaré. L’implication était claire : la CEDH est au-dessus du contrôle démocratique ; son autorité, dérivée d’un principe moral plutôt que d’un consentement électoral, doit être acceptée sans débat.

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L’insensé régime de sanctions de l’Europe dont Moscou et Pékin n’ont que faire


Par Thomas Fazi – Le 24 septembre 2025 – Source Unherd

« Il est temps de fermer le robinet« , a annoncé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen la semaine dernière, dans sa 19e tentative de faire pression sur la Russie. Le dernier train de sanctions proposé comprend une interdiction des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe à partir de janvier 2027 — un an plus tôt que prévu — et étend les sanctions aux raffineries et aux négociants en pétrole de pays tiers, tels que la Chine et l’Inde, accusés d’aider la Russie à contourner les sanctions.

Sur le papier, cela est présenté comme une étape décisive pour « réduire les revenus de guerre de la Russie » et forcer Moscou à s’asseoir à la table des négociations. En pratique, ce n’est guère plus que la continuation d’une politique qui a échoué à maintes reprises. La Russie n’a pas été mise à genoux et a redirigé les flux d’énergie ailleurs, tandis que l’Europe a été paralysée par la hausse des prix et s’est enfermée dans une position de dépendance permanente vis-à-vis des États-Unis.

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L’avenir de l’Europe dépend du démantèlement de l’UE.


Une critique globale du modèle d’intégration supranational de l’UE, analysant ses lacunes structurelles, économiques et géopolitiques


Par Thomas Fazi – Le 10 septembre 2025 – Source Blog de l’auteur

Présentation

Au cours des trois dernières décennies ou plus, un récit dominant a façonné le discours européen : dans un monde de plus en plus globalisé et interconnecté, les nations individuelles sont progressivement devenues limitées dans leur autonomie économique et ont perdu la capacité de déterminer indépendamment leur trajectoire économique. Cela est attribué à leur faiblesse par rapport aux puissantes forces extérieures — à la fois des entités privées telles que la finance internationale et les multinationales, ainsi que des superpuissances étrangères, en particulier la Chine. Selon ce point de vue, le concept même de souveraineté nationale est devenu de plus en plus obsolète dans le monde d’aujourd’hui.

La solution, selon ce récit, était que les nations européennes « mettent en commun » leur souveraineté et la transfèrent à une institution supranationale suffisamment grande et puissante pour faire entendre sa voix sur la scène internationale : l’Union européenne (UE). L’argument soutenait que ce n’est qu’à ce niveau supranational et continental que les États individuels pourraient acquérir un pouvoir collectif suffisant pour mettre en œuvre des politiques économiques efficaces par rapport à ces forces mondiales. Autrement dit, renoncer à certains éléments de souveraineté nationale — déjà jugés diminués dans la pratique — permettrait aux pays de se réapproprier une forme de souveraineté “réelle”, par la force collective. Cela constitue le cœur de l’argument supranationaliste pro-UE.

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Voici comment la France a inventé le complexe censuro-industriel


Par Thomas Fazi − Le 4 septembre 2025 − Source Blog de l’auteur

Aux États-Unis, l’affaire des « fichiers Twitter » a révélé l’existence d’une vaste alliance d’agences gouvernementales, d’organisations médiatiques, d’entreprises technologiques, d’institutions universitaires et de groupes de la société civile travaillant ensemble pour supprimer, signaler et censurer les discours non favorables en ligne ; un système secret de contrôle narratif qui est devenu connu sous le nom de « complexe censuro-industriel ».

Ces pratiques, cependant, ne sont en aucun cas limitées aux États-Unis. Le complexe censuro-industriel est un phénomène mondial mais il y a peu d’endroits où il controle autant qu’en France, comme nous le révélons dans un nouveau rapport pour Civilization Works que j’ai co-écrit avec Pascal Clérotte, et édité par Michael Shellenberger et Alexandra Gutentag.

En effet, de nouveaux fichiers Twitter mis à notre disposition révèlent comment les autorités politiques françaises, les ONG et les tribunaux ont travaillé pour faire pression sur Twitter (maintenant X) en faveur de la censure et de la modération proactive ou anticipée, malgré la loi française interdisant la censure préventive.

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Une illusion de paix


Bien que Poutine et Trump partagent un intérêt tactique pour la coopération, la Russie reste un adversaire stratégique pour l’État impérial américain, et la Russie le sait, c’est pourquoi la vraie paix reste hors de portée.


Par Thomas Fazi − Le 20 août 2025 − Source Blog de l ‘auteur

Commençons par les bonnes nouvelles. La réunion d’Anchorage, en Alaska, a officiellement rétabli un dialogue direct entre les deux plus grandes puissances militaires et nucléaires du monde. Il s’agissait de la première rencontre en face à face entre un président américain et russe depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, et de la première rencontre de ce type sur le sol américain en près de deux décennies, marquant un tournant dans les relations américano-russes qui, depuis 2022, avait atteint des niveaux d’hostilité jamais vus depuis la Guerre froide. C’est évidemment une bonne nouvelle pour quiconque souhaite éviter une guerre thermonucléaire.

Pourtant, un règlement politique global de la guerre en Ukraine reste insaisissable. Non seulement parce que l’Europe et Zelensky restent opposés à tout accord aux conditions russes ; les seules conditions possibles, étant donné que la Russie est en train de gagner la guerre. Mais plus fondamentalement, car parvenir à une paix durable, c’est bien plus que simplement reconnaître le contrôle de la Russie sur la Crimée et les quatre oblasts annexés, il s’agit de s’attaquer aux “racines primaires du conflit”, comme l’a répété Poutine à Anchorage : que l’Ukraine ne rejoindra jamais l’OTAN, que l’Occident ne la transformera pas en un avant-poste militaire de facto à la frontière de la Russie et qu’un “équilibre de sécurité générale en Europe” soit rétabli. Cela équivaut effectivement à une reconfiguration globale de l’ordre de sécurité mondial ; une reconfiguration qui réduirait le rôle de l’OTAN, mettrait fin à la suprématie américaine et reconnaîtrait un monde multipolaire dans lequel d’autres puissances peuvent s’élever sans ingérence occidentale.

C’est quelque chose que Trump – et plus fondamentalement l’establishment impérial américain, qui fonctionne en grande partie indépendamment de celui qui occupe la Maison Blanche – ne peut concéder. Comme je l’ai écrit dans un autre article :

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Instagram a tué les intellectuels


Par Benedetta Sabene – Le 9 août 2025 – Source Le blog de Thomas Fazi

Prémisse : Il s’agit d’une réflexion tout à fait personnelle sur l’édition, le journalisme et le rôle des intellectuels aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’une attaque contre qui que ce soit en particulier, même si je citerai certaines personnalités publiques à titre d’exemples. Je ne souhaite diaboliser aucun activiste, communicateur ou expert qui utilise les médias sociaux pour partager des connaissances, des nouvelles ou des opinions — ni ceux qui les consomment. Mon but est d’analyser les mécanismes qui génèrent certaines des contradictions que nous vivons aujourd’hui, et de proposer quelques pistes de réflexion. L’inspiration pour aborder ce sujet — bien qu’il m’ait toujours tenu à cœur – vient de l’article La mort de l’intellectuel public, que je vous encourage à lire.

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Le Pacte vert européen a échoué


Par Thomas Fazi – Le 7 juillet 2025 – Source Compact

En 2019, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, annonçait le « Pacte vert » européen. Elle décrivait ce plan climatique comme étant un « moment historique », une transformation révolutionnaire de l’économie européenne qui permettrait d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et entraînerait des changements dans presque tous les secteurs de l’économie.

Mais cinq ans plus tard, le pacte vert est en train de s’effondrer. Loin de tracer la voie vers le leadership climatique, le pacte vert a mis en évidence les profondes faiblesses structurelles de l’Union européenne et son incapacité à concilier ses ambitions environnementales avec les réalités économiques, démocratiques et géopolitiques.

Au cours des deux dernières années, l’opposition au Green Deal a explosé, qu’il s’agisse des agriculteurs, des groupes industriels, des citoyens ordinaires, des partis politiques populistes, voire du Parti populaire européen (PPE), le groupe politique de Mme von der Leyen. Les élections du Parlement européen de 2024 ont vu une montée en puissance de la représentation populiste de droite, unie dans sa critique de l’agenda vert. En conséquence, la Commission a discrètement mais résolument commencé à revenir sur de nombreuses dispositions clés du Green Deal.

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