Ignorance crasse et tragique des leçons de l’Histoire:
L’Otan dans l’ombre de l’opération nazie Barbarossa

Finian Cunningham

Finian Cunningham

Par Finian CUNNINGHAM – Le 13 mars 2015 – Source strategic-culture

L’opération de l’OTAN Atlantic Resolve poursuit sa marche en avant avec la dernière arrivée de militaires américains supplémentaires dans la région de la Baltique. Au motif de la défense de l’Europe de l’Est contre l’agression russe, plus de cent chars d’Abrams et des transports de troupes blindés Bradley ont débarqué en Lettonie. Le mois dernier, une présentation semblable de forces motorisées d’assistance militaire a été exhibée en Estonie – dans la ville de Narva – avec des drapeaux américains déployés par le second régiment de cavalerie US, à peine à 300 mètres de la frontière russe.

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La remarquable renaissance de la Russie

F. William Engdahl

Par F. William Engdahl – Le 9 mars 2015 – Source thesaker.is 

Il se passe quelque chose de remarquable en Russie, et c’est assez différent de ce à quoi nous pourrions nous attendre. Au lieu de se sentir humiliée et déprimée, la Russie est en train de vivre ce que j’appellerais une sorte de renaissance, sa renaissance en tant que nation. Cela malgré ou en raison du fait que l’Occident, dirigé par ceux qu’on appelle les néoconservateurs à Washington, fait tout, y compris la guerre à ses portes en Ukraine, pour provoquer l’effondrement de l’économie russe, humilier Poutine et dépeindre les Russes en général comme mauvais. Dans ce processus, la Russie découvre des aspects positifs à sa culture, son peuple, sa terre, qui ont été longtemps oubliés et niés.

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Russie et islam, Acte VII: les échappatoires de M. Météo

Par le Saker original – Le 20 mars 2013 – Source vineyardsaker

PREMIÈRE PARTIE – INTRODUCTION ET DÉFINITIONS.
SECONDE PARTIE  – LE CHRISTIANISME ORTHODOXE
TROISIÈME PARTIE – LA RUSSIE ACTUELLE
QUATRIÈME PARTIE – LA MENACE ISLAMIQUE
CINQUIÈME PARTIE – L’ISLAM, UN ALLIÉ
SIXIÈME PARTIE      – LE KREMLIN

Au cours de cette triste période où j’ai travaillé comme analyste [dans les services de renseignements US, Note du Saker Fr] pour gagner ma vie, j’ai eu un patron qui insistait toujours pour que je lui fournisse plusieurs scénarios possibles. Il voulait que je lui dise : «Il pourrait se passer X ou Y, mais si cela ne se produit pas alors la scène probable sera Z.» Dans son esprit, les analyses réalisées par notre service ne pourraient jamais être erronées si l’on tenait compte de toutes les possibilités, et ses supérieurs ne pourraient que le considérer compétent et méthodique. J’ai toujours détesté cette façon de voir les choses.

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Le patriote russe et les saltimbanques français

Leçon de Vladimir Poutine à Marine Le Pen et au FN

Extraits des échanges entre Vladimir Poutine et des journalistes après son intervention au forum de Valdaï, le 24 octobre 2014.

Version originale (russe) : http://www.kremlin.ru/news/46860

Version anglaise : http://eng.kremlin.ru/news/23137

Traduction en français & vidéo : http://www.sayed7asan.blogspot.fr

Vidéo sous-titrée en français: Le patriote russe et les saltimbanques français : leçon de Vladimir Poutine à Marine Le Pen et au FN

Dans ces extraits, Vladimir Poutine dénonce explicitement la transformation pernicieuse du patriotisme en chauvinisme et en xénophobie, idéologies dangereuses dont le Front national français s’est fait le champion. Tout en s’affirmant lui-même le premier patriote de son pays, le Président russe revendique hautement son attachement à une Russie multiethnique et multiconfessionnelle, en rappelant que quoique séculaire, l’État russe reconnait légalement quatre religions traditionnelles. Et bien que la proportion de musulmans soit moindre en Russie qu’en France, l’Islam y est reconnu par la loi comme la deuxième religion nationale, ce qui contraste avec la situation française, et le discours du Front national en particulier, qui cible prioritairement les populations immigrées, les musulmans et l’islam alors que la Russie les considère comme des composantes à part entière de l’identité russe et une véritable richesse. Pour Vladimir Poutine, de telles politiques sont irresponsables car elles mènent à l’autodestruction des sociétés et des Nations et ne peuvent en aucun cas servir les intérêts du peuple. Par cette stratégie ignoble et manipulatoire du bouc émissaire, le Front national se révèle comme un ennemi de la France et du peuple français dans son ensemble.

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L’enquête sur le meurtre de Nemtsov est-elle bouclée?

Par J. Hawk – Le 8 mars 2015 – Source Fort Russ

Pour les médias russes dans leur ensemble, l’assassinat de Nemtsov a été planifié et exécuté par Zaur Dadayev (photo ci-dessus), qui a tout avoué. Le mobile du meurtre, selon les médias, est la position de Nemtsov sur l’affaire Charlie Hebdo et sa critique de l’islam, des musulmans et du président de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov.

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Comment Poutine a bloqué le pivot des États-Unis vers l’Asie

Par Mike WHITNEY – Le 6-8 mars 2015 – Source CounterPunch

«L'effondrement de l'Union soviétique a supprimé la seule limite au pouvoir de Washington qui l’empêchait d'agir unilatéralement à l'étranger... Soudain, les Etats-Unis se sont retrouvés le seul pouvoir, la seule superpuissance mondiale. Les néoconservateurs ont proclamé la fin de l'histoire.»

Paul Craig Roberts, ancien secrétaire adjoint du Trésor Américain

Proverbe russe
«
Ce n’est pas la faute du miroir si votre visage est tordu.»

Le 10 Février 2007, Vladimir Poutine a prononcé un discours à la 43e Conférence sur la sécurité de Munich qui a ouvert un fossé entre Washington et Moscou, fossé qui n’a fait que s’approfondir au fil du temps. Une heure durant, le président russe a critiqué de manière cinglante la politique étrangère américaine, se livrant à un acte d’accusation en bonne et due forme des interventions américaines dans le monde entier et de leur effet dévastateur sur la sécurité du monde. Poutine n’a probablement pas réalisé l’impact qu’aurait son réquisitoire sur l’assemblée réunie à Munich, ni la réaction des éminences grises états-uniennes, pour qui ces déclarations ont représenté un tournant dans les relations américano-russes. Mais, le fait est que l’hostilité de Washington envers la Russie remonte à cet incident particulier, à ce discours dans lequel Poutine s’est engagé publiquement en faveur d’un système mondial multipolaire, rejetant par là-même les prétentions à un Nouvel ordre mondial des élites américaines. Voici ce qu’il a dit:

«Je suis convaincu que le moment est venu de réfléchir sérieusement à l’architecture de la sécurité internationale. Et nous devons rechercher un équilibre raisonnable entre les intérêts de tous les participants au dialogue international

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Chypre s’affirme : Allié de la Russie.

Le 5 mars 2015 – Source russiesujetgeopolitique

Chypre a formulé sa Réponse à Chamberlain. Sous ce titre a été publié le 5 mars 2015 la version originale russe de l’article ci-dessous, sur le portail d’information MIA Novorossia. Il rend compte des développements récents d’une situation qui contribue à modifier la donne géopolitique dans le bassin méditerranéen et qui confirme la diversité des positions, sinon l’existence de fissures, au sein de l’Union européenne. Il montre à souhait que le style et l’efficacité de la diplomatie de la Fédération de Russie n’ont rien à envier à personne.

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Italie – Russie: le dégel?

Le 3 mars 2015 – Source Russia Insider

Des signes de normalisation diplomatique alors que le premier ministre italien rencontre Poutine a Moscou.

MOSCOU – Le président russe Vladimir Poutine a mis l’accent sur les relations économiques jeudi, alors qu’il accueillait le premier ministre italien Matteo Renzi, le premier dirigeant européen important a rendre une visite officielle à Moscou depuis que la Russie a annexé la Crimée il y a un an.

Même si MM. Poutine et Renzi n’ont pas annoncé de nouveaux accords à la suite d’une réunion au Kremlin, le président russe a appelé l’Italie un «partenaire privilégié» et «l’un des plus importants partenaires de la Russie dans les affaires européennes» en parlant des relations qui s’étendent du domaine de l’énergie à celui des avionneurs.

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L’Ukraine truffe d’explosifs les ponts vers la Crimée

Par Oleg Kryuchkov – Le 5 mars 2015 – Source Fort Russ

Kiev mine les ponts qui mènent à la Crimée et le cache à ses propre citoyens

Sur l’ordre de Kiev, les ponts vers la Crimée ont été truffés d’explosifs. selon la Direction des frontières du FSB à Simferopol.

Selon la direction des frontières du FSB russe, les Forces armées ukrainiennes (FAU) ont placé des dizaines de caisses d’explosifs près des piliers de pont et les ont reliées à des fils électriques. Tout cela sans interrompre le trafic routier. L’opération a été filmée sur vidéo. NTV est entré en possession des prises de vue et son correspondant Oleg Kryuchkov les a étudiées.

Les FAU ont miné deux ponts au dessus de l’isthme Tchongar qui relie l’Ukraine à la Crimée. Il faut noter que ces ponts sont utilisés principalement par les citoyens ukrainiens. Les résidents de la Crimée ne vont pas en Ukraine. Ils courent le risque d’être arrêtés à la frontière ou d’être recrutés pour l’Opération anti-terroriste (ATO). Le trafic se compose essentiellement d’Ukrainiens (jusqu’à 1000 par jour) qui vont en Crimée. Personne ne leur a dit que les ponts avaient été minés.

Ekaterina Tarasova, la correspondante de presse de la direction des frontières du FSB de la République de Crimée, a déclaré : «L’Ukraine dissimule ces faits, malgré le danger qu’ils représentent pour la vie et la santé des citoyens. La direction des frontières a envoyé une requête au Service des frontières ukrainien pour leur demander de déminer le pont. Toutefois, l’Ukraine a ignoré nos demandes, et le danger d’explosion reste entier

Les FAU ont placé 42 caisses d’explosifs à côté des piliers de pont. Selon des officiers du génie de combat, cela représente une à deux tonnes d’explosifs, selon les cas. A titre d’exemple, un kilogramme de TNT suffit pour faire sauter un camion. Cependant, l’Ukraine ne réagit pas aux demandes des gardes-frontières russes.

Commentaire de J. Hawk (Traducteur du russe à l’anglais)

Cela peut signifier beaucoup de choses. Soit des préparatifs pour opérer le blocage complet de la Crimée, mais il n’est pas nécessaire de faire sauter les ponts pour cela. Soit des mesures défensives contre une éventuelle attaque de la Russie à partir de la Crimée – si l’on pense à l’état de psychose qui règne à Kiev en ce moment, cela ne peut être exclu. Soit, et c’est le scénario le plus inquiétant, Kiev prépare la prochaine provocation. Parce que si un de ces ponts (et ceux qui se trouvent dessus à ce moment-là) devait exploser, on nous dirait aussitôt que c’est Poutine qui l’a fait.

Traduction de l’anglais par Dominique Muselet, relu par jj pour le Saker Francophone

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Revanchisme et russophobie: les racines profondes et sombres de la guerre en Ukraine

Par le Saker Original – Le 4 mars 2015 – Source thesaker.is

La situation en Ukraine est plus ou moins calme en ce moment, et il est peut-être temps de prendre du recul par rapport aux événements quotidiens en en dévoilant les courants sous-jacents plus profonds. Je veux aujourd’hui soulever une question à laquelle j’admets volontiers ne pas avoir de réponse. Ce que je veux demander est ceci: se pourrait-il que l’un des facteurs clés motivant la volonté apparemment illogique et autodestructrice de l’Occident d’affronter constamment la Russie soit tout simplement du revanchisme à cause de la Deuxième Guerre mondiale?

Bien sûr, nous parlons de perceptions donc il est difficile d’établir quelque chose de certain, mais je me demande si la victoire de Staline contre Hitler a été vraiment ressentie comme telle par les élites occidentales, ou si elle a été perçue comme une victoire contre quelqu’un que FDR (Franklin Delano Roosevelt) aurait également pu appeler notre fils de pute. Après tout, il y a beaucoup de preuves que les États-Unis et le Royaume-Uni ont été des partisans zélés de la montée de Hitler au pouvoir (lire Starikov à ce sujet) et que la plupart des Européens (continentaux) étaient plutôt favorables à Herr Hitler. Ensuite, bien sûr et comme il arrive souvent, Hitler s’est retourné contre ses maîtres, ou du moins ses partisans, et ils ont dû se battre contre lui. Mais ceci n’a strictement rien de nouveau. C’est aussi ce qui s’est passé avec Saddam, Noriega, Kadhafi, al-Qaida et tant d’autres mauvais garçons qui ont commencé leur carrière en tant que bons gars pour les anglo-sionistes. Est-il réellement déraisonnable de se demander si les élites occidentales ont été vraiment heureuses quand l’URSS a battu l’Allemagne nazie, ou si elles ont plutôt été horrifiées par ce que Staline avait fait à ce qui était à l’époque la plus puissante armée de l’Ouest – celle de l’Allemagne?

Il y a quelques jours j’ai vu cette image sur le blog du colonel Cassad:

Staline et son état-major

En regardant cette photo j’ai pensé que, pour les élites occidentales, la vue de ces hommes a dû être assez effrayante, surtout si on pense qu’ils devaient savoir que tout leur effort de guerre était, tout au plus, 20% de ce qu’il fallait pour vaincre l’Allemagne nazie et que ceux qui avaient assumé 80% et plus partageaient une idéologie diamétralement opposée au capitalisme.

Y a t-il des preuves de cette crainte?

Je pense qu’il y en a et je les ai déjà mentionnées dans le passé:

Plan Totalité (1945) désignait 20 villes soviétiques destinées à la destruction totale lors d’une première frappe: Moscou, Gorki, Kuybyshev, Sverdlovsk, Novosibirsk, Omsk, Saratov, Kazan, Leningrad, Bakou, Tachkent, Chelyabinsk, Nizhny Tagil, Magnitogorsk, Molotov, Tbilissi, Stalinsk, Grozny, Irkoutsk, et Yaroslavl.

Opération Impensable (1945) supposait une attaque surprise impliquant jusqu’à 47 divisions britanniques et américaines dans la région de Dresde, au milieu des lignes soviétiques. Cela représentait presque la moitié des quelque 100 divisions (environ 2,5 millions d’hommes) disponibles pour les quartiers généraux britannique, américain et canadien à ce moment là. (…) La plus grande partie de l’opération offensive aurait été menée par les forces américaines et britanniques, ainsi que par les forces polonaises, et jusqu’à 100 000 soldats de la Wehrmacht allemande.

Opération Dropshot (1949) incluait des profils de mission qui auraient utilisé 300 bombes nucléaires et 29 000 bombes hautement explosives sur 200 cibles dans 100 villes et villages pour anéantir d’un seul coup 85% du potentiel industriel de l’Union soviétique. Entre 75 et 100 des 300 armes nucléaires devaient détruire les avions de combat soviétiques au sol.

Mais la plus grande preuve est, je pense, le fait qu’aucun de ces plans ne fut exécuté, bien qu’à ce moment-là l’anglosphère ait été bien abritée par son monopole sur les armes nucléaires (et Hiroshima et Nagasaki n’ont ils pas été détruits en partie pour effrayer les Russes?).

Et n’est-il pas vrai que les anglos se sont réellement engagés dans des négociations secrètes avec les envoyés d’Hitler à plusieurs reprises? (La notion d’unir leurs forces contre la menace soviétique était en fait envisagée à la fois par les officiels nazis et anglos, mais ils n’ont pas trouvé la façon procéder.)

Se pourrait-il que Hitler ait vraiment été leur fils de pute?

Plus de preuves? Allons-y.

Hitler n’était certainement pas un chrétien. S’ils étaient quelque chose, lui et Himmler étaient des païens avec un fort penchant satanique dans leur sombre culte d’adoration des ancêtres (Ahnenerbe). Mais qu’en est-il des alliés de Hitler tels que Pétain, Franco, Pavelic – n’étaient-ils pas des défenseurs de ce qu’ils appelaient l’Occident chrétien? N’est-il pas vrai que 70 ans après la chute du Troisième Reich ceux qui admirent Pétain, Franco et Pavelic parlent encore du besoin de défendre l’Occident chrétien, mais cette fois contre la menace islamique?

En outre, si le régime nazi représentait une menace existentielle pour la communauté juive européenne, une enquête rapide ou des articles écrits par des auteurs juifs dans la presse américaine et britannique au cours de la majeure partie du XXe siècle montre clairement que la plupart des juifs avaient peu ou pas de sympathie non seulement pour la Russie prérévolutionnaire, mais aussi pour l’URSS post-Trotsky. Et, même si l’URSS a pleinement appuyé la création de l’État d’Israël, beaucoup sinon la plupart des juifs américains et européens ont estimé que l’Union soviétique était aussi une menace pour leurs intérêts.

Je crois que la russophobie enragée de l’Empire anglo-sioniste (phobie à la fois dans le sens d’obsession haineuse et de peur) ne peut pas s’expliquer uniquement par des raisons pragmatiques de compétition entre grandes puissances ou une lutte de systèmes politiques. La propagande constante sur la menace russe n’est pas seulement un outil politique pour niveler par le bas les Occidentaux en les maintenant dans un état de peur constante (de la Russie ou de l’islam), c’est aussi l’expression d’une peur profonde vraiment ressentie par la ploutocratie des 1% qui règne sur le monde occidental.

La Russie veut la guerre

Enfin, la peur de la Russie est aussi la peur qu’inspirent les dirigeants russes. Quand ils sont comme Eltsine (un imbécile ivrogne) ou son ministre des Affaires étrangères Kozyrev (le dernier des béni oui-oui), les politiciens occidentaux se sentent supérieurs, à juste titre. Mais souvenez-vous que même des personnalités médiocres comme Khrouchtchev ou Brejnev leur faisaient vraiment peur. Donc il n’est pas étonnant que des dirigeants forts et intelligents (comme Staline ou Poutine) les terrifient totalement, ils ne se sentent pas à la hauteur. La manière infantile dont Obama a tenté de montrer qu’il était plus intelligent et plus fort que Poutine indique clairement qu’il s’est senti réellement inférieur quand ils étaient face à face. Il en va de même, évidemment, pour Kerry et Lavrov.

Tout ce que j’ai écrit là s’applique aussi tout à fait aux dirigeants d’Europe de l’Est, avec même davantage d’intensité. Nous parlons de pays qui parfois ont eu un passé assez glorieux et qui, pendant la Deuxième Guerre mondiale, n’ont pas eu d’autre but que de jouer les potiches dans la pièce où les deux Grands Acteurs s’affrontaient. Pire, ils ont plus ou moins gardé le même rôle passif pendant la guerre froide et maintenant ils peinent à devenir plus présents. D’une part, je dirais que c’est de leur propre faute: au lieu de faire enfin usage de leur liberté retrouvée pour développer une forme d’identité politique significative, tout ce qu’ils ont fait a été de s’engager dans un concours de flagornerie pour déterminer qui deviendrait l’animal de compagnie favori de l’Oncle Sam (la Hongrie sous Orban étant l’unique exception à cette triste règle).

Il n’est donc pas étonnant que lorsque les Américains ont renversé Ianoukovitch, ils aient eu l’impression que maintenant, enfin, leur heure était venue et qu’ils montreraient à ces Russes irrespectueux qui est le patron sur le Vieux continent. Et chaque fois que les Russes avertissaient les Eurocons® à Bruxelles qu’il y avait des problèmes liés à l’Ukraine nécessitant des consultations urgentes, ils s’entendaient répondre ce n’est pas votre affaire, il n’y a rien à discuter. Le problème était, évidemment, que les dirigeants ouest-européens avaient oublié que dans le monde réel, il étaient seulement des administrateurs dans la colonie UE  des États-Unis, et que les dirigeants états-uniens se fichaient éperdument d’eux (comme Mme Nuland l’a exprimé en quelques mots pleins de lyrisme [f*uck UE!, NdT]). Comme il est tout simplement pénible pour les dirigeants est-européens de regarder leur insignifiance en face, je me sens presque peiné pour eux et pour leurs égos piétinés.

Personnellement, je pense que, contrairement au script du scénario officiel, il y a de solides arguments pour penser que la fin de la Deuxième Guerre mondiale a laissé des masses de gens très, très malheureux et que tous ceux qui se sont sentis lésés ou effrayés par la victoire soviétique en 1945 ont joint leurs forces dans une tentative de corriger les erreurs du résultat de cette guerre. A tout le moins, la question de l’importance de la russophobie et du revanchisme doit être posée.

Cela n’a aucun sens d’expliquer le comportement apparemment fou des dirigeants occidentaux pendant toute la crise ukrainienne en disant simplement qu’ils sont stupides, naïfs ou mal informés. Ce qu’ils font peut nous sembler stupide, naïf ou mal informé, mais cela ne signifie pas qu’il n’existe pas des raisons profondes qui sous-tendent les actions de ces élites.

La plupart des gens, à l’Ouest, veulent vivre en paix et ignorent complètement les éléments sous-jacents à la guerre en Ukraine. Ce que je décris ci-dessus ne vaut que pour quelques groupes minoritaires. Le problème est que prises comme un tout, et lorsqu’elles agissent à l’unisson, ces minorités finissent par avoir beaucoup de pouvoir et d’influence. La meilleure manière de les stopper est de les mettre, eux et leurs motifs réels, en pleine lumière.

The Saker

Traduit par Claude et Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

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