Chypre s’affirme : Allié de la Russie.

Le 5 mars 2015 – Source russiesujetgeopolitique

Chypre a formulé sa Réponse à Chamberlain. Sous ce titre a été publié le 5 mars 2015 la version originale russe de l’article ci-dessous, sur le portail d’information MIA Novorossia. Il rend compte des développements récents d’une situation qui contribue à modifier la donne géopolitique dans le bassin méditerranéen et qui confirme la diversité des positions, sinon l’existence de fissures, au sein de l’Union européenne. Il montre à souhait que le style et l’efficacité de la diplomatie de la Fédération de Russie n’ont rien à envier à personne.

Nikos Anastasiades et Vladimir Poutine à Moscou

Au cours des entretiens tenus lors de son récent voyage à Moscou, Nikos Anastasiades a examiné la possibilité d’accueillir dans le port de Limassol les vaisseaux de la Marine militaire de la République fédérale de Russie. Cela a provoqué une réponse sous forme de  pressions d’une violence sans précédent de la part des États-Unis sur les autorités chypriotes. Le ministère des Affaires étrangères de Chypre a réagi en formulant une critique acerbe de la position des États-Unis et de l’Union européenne et, finalement, Nicosie n’a pas flanché; la question de l’existence d’une nouvelle base d’accueil pour notre Flotte est réglée.

La position de Nicosie a suscité des critiques extrêmement vives de la part des Anglo-saxons. En visite à Washington dès après la visite à Moscou, le ministre des Affaires étrangères de Chypre, Monsieur Kassoulides, a non seulement résisté aux coups sur le terrain de l’adversaire, mais est parti en contre-attaque. Il a accusé les États-Unis et la Grande-Bretagne d’ignorer les intérêts de Chypre, soulignant que la république a ses propres problèmes et ses exigences vis-à-vis de l’Europe et des États-Unis. Par exemple, Nicosie a trouvé plus de compréhension de la part de la Russie, de la France et de la Chine que des États-Unis et de l’Union européenne dans sa confrontation sans fin avec la Turquie. La réaction de Kassoulides à la pression américaine a été très vive, dans la mesure où, lors du récent incident du navire turc d’études sismologiques venu sonder dans les eaux chypriotes sous la protection de navires de guerre, ni les États-Unis ni la Grande-Bretagne n’ont fourni d’assistance diplomatique ou autre à Chypre, ce qui a fait perdre patience à Nicosie.

Rien n’a pu faire broncher Chypre, tant au sujet des sanctions anti-Russie que sur la position de Nicosie concernant la crise en Ukraine. De nouveau, Kassoulides a fait un parallèle entre la situation en Ukraine et celle de l’île, dont quasi la moitié est occupée par la Turquie depuis 1974, sans que la communauté hellénophone de Chypre ne reçoive le moindre soutien de la part des États-Unis ou de la Grande-Bretagne. En ce qui concerne sa position pragmatique au sujet des sanctions, Nicosie la justifie par la nécessité de résister à la crise économique. Par ailleurs les liens de la communauté grecque avec Moscou sont historiques. Les circonstances actuelles ont simplement pour effet de  conférer du relief à cette tendance.

Les premières négociations portant sur la disposition de Chypre à accueillir les navires de la Marine militaire russe dans son port pour les opérations d’entretien et de réparation remontent à deux ans. Mais à cette époque, beaucoup considérèrent qu’il s’agissait juste de pomper un peu d’argent à Moscou dans le contexte de l’effondrement économique qui se produisait à Chypre. Mais le pouvoir chypriote est allé jusqu’au bout, et de façon active.

On ne connaît pas encore le prix à payer par la Russie. Mais si, en Syrie, la République fédérale de Russie loue quelques hectares de terres sur un territoire étranger, à Chypre, il n’est pas question de location. Les vaisseaux de la Marine militaire de la Fédération de Russie reçoivent la possibilité d’utiliser les ports et d’y entreposer le matériel nécessaire à leur réparation et à leur entretien, ce qui reviendra beaucoup moins cher que d’entretenir là-bas une base militaire complète, à la manière britannique, avec garnison et fils de fer barbelés.

L’accord avec Chypre garantit la présence tactique de la flotte russe sur différents théâtres d’opérations potentiellement dangereux. La constitution de la nouvelle escadre russe en Méditerranée n’est pas encore définie, et il n’est d’ailleurs pas encore clair si elle y séjournera en permanence (il sera possible de la constituer, en fonction des circonstances et nécessités, avec des navires dépendant en temps normal d’autres flottes). L’éventualité d’une présence permanente dans cette zone de vaisseaux d’un fort tonnage sera le critère déterminant pour la constitution future d’une base complète disposant de toute l’infrastructure et des équipes nécessaires. Ainsi, pour l’instant, personne n’est en mesure de dire jusqu’où se développeront les événements que l’on a connus dans les pays touchés par l’épidémie du printemps arabe. La Libye pourrait, par exemple, en revenir à une politique pragmatique comme cela s’est produit en Égypte.

Quoiqu’il en soit, la Russie a acquis un nouvel allié. Pas en échange d’argent ou d’autres exigences. Un allié idéologique. Cela vaut très cher.

Source du texte original en russe publié par МИА Новороссия.

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