La création d’un Frankenstein.


L’utilisation du wahhabisme saoudien comme outil de politique étrangère

Le problème des Al Saoud ne vient pas que du fait que leur légitimité soit complètement dépendante de leur identification au wahhabisme. Il vient du fait que, depuis le lancement de cette campagne, les Saouds ne le contrôlaient que nominalement et qu’ils ont laissé le génie sortir de la bouteille, génie qui maintenant mène une vie indépendante et ne peut plus être remis dans sa bouteille. 

Par James M.Dorsey – Le 7 mars 2016 – Eurasiareview

Cela fait longtemps que l’on débat sur la longévité du régime saoudien. Lorsque j’ai visité l’Arabie saoudite pour la première fois, il y a 40 ans de cela, ma première conclusion fut qu’il ne pouvait pas durer. Je continue à penser la même chose, même si l’échelle de temps a changé, car la monarchie saoudienne possède évidemment une plus grande résilience que ce que je pensais au début. Une des raisons principales à mes doutes sur sa viabilité tient au pacte faustien qu’elle a passé avec les wahhabites, partisans d’un islam puritain, intolérant, discriminatoire et non pluraliste. 

Flag of Saudi Arabia. Photo by Ayman Makki, Wikipedia Commons.

Drapeau de l’Arabie Saoudite. Photo de Ayman Makki, Wikipedia Commons.

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Toujours attaquer le mauvais pays


Orlov

Orlov

Par Dmitry Orlov – Le 29 mars 2016 – Source Club Orlov

Chor Boogie

Il existe de nombreuses tactiques disponibles pour ceux qui visent à aggraver les problèmes tout en faisant semblant de les résoudre, mais l’erreur par inadvertance est toujours un must. La raison pour vouloir aggraver les problèmes est que les problèmes sont rentables… pour quelqu’un. Et la raison pour prétendre les résoudre est que causer des problèmes, puis les aggraver, écorne sérieusement l’image de ceux qui en profitent.

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Questions autour du centenaire des accords Sykes-Picot


Par Ibrahim Tabet – Mars 2016

En 1916, lors de la Première Guerre mondiale, la France et la Grande-Bretagne s’entendirent secrètement pour se partager les provinces arabes de l’Empire ottoman promis à un ultime démembrement. Les accords Sykes-Picot, nom donné à cette entente, stipulaient que la France et la Grande-Bretagne seraient disposées à reconnaître et à soutenir des États arabes indépendants dans deux zones : une zone A englobant la Syrie intérieureet la région de Mossoul que la France serait seule apte à conseiller, et une zone B allant de la Jordanie actuelle à Kirkouk où la Grande-Bretagne jouirait de la même influence exclusive. De plus la Grande-Bretagne serait autorisée à administrer directement une zone rouge formée de la Mésopotamie et la France une zone bleue comprenant le Mont-Liban, le littoral syrien et la Cilicie. Quant à la Palestine, compte tenu du rôle de Jérusalem pour les trois religion monothéistes, elle serait soumises à une administration internationale. Ces accords cadre firent toutefois l’objet de changements dictés par le nouveau contexte politique et les rapports de force sur le terrain. C’est ainsi par exemple que la France fut contrainte de céder la Cilicie à la Turquie et qu’elle dut renoncer au wilayet de Mossoul au profit de l’Angleterre.  Ils déboucheront, après la guerre, sur la formation des États du Levant (Palestine, Transjordanie, Irak, Syrie et Grand Liban). Continuer la lecture

L’effondrement total de l’Arabie saoudite approche rapidement


Par Joshua Krause – Le 6 mars 2016 – Source Daily Sheeple

saudi tank wikimedia

Char saoudien – wikimedia

Pour l’observateur occasionnel, l’Arabie saoudite pourrait ressembler à une nation enhardie qui s’affirme. Les Saoudiens sont en lutte avec l’Iran pour la suprématie régionale en combattant les rebelles au Yémen, en menaçant d’envahir la Syrie et si certaines rumeurs sont là pour être crues, en essayant d’obtenir des missiles nucléaires du Pakistan. Cependant, ce ne sont pas les actions d’une nation stable qui affirme sa domination dans la région. Ce sont les affres de l’agonie agitant une nation qui a du mal à rester debout.

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Quel sens donner au revirement turc vis-à-vis de l’Iran ?


Le ministre des affaires étrangères iranien Javad Zarif salue son homologue turc Mevlut Cavusoglu à Ankara, le 19 mars 2016.


Par Salman Rafi Sheikh – Le 18 mars 2016 – New Eastern Outlook.

Après avoir pris une position de belligérant sur la question syrienne, la Turquie semble se tourner à nouveau vers la diplomatie. Ce changement a du sens étant donné que l’attitude agressive de la Turquie lui a beaucoup coûté. Sur le plan intérieur, la Turquie a dû faire face à une résistance kurde assez bien organisée. Sur le plan extérieur, son inutile agressivité lui a coûté ses relations avec la Russie, ce qui s’est conclu par des sanctions russes à son encontre. Deux facteurs semblent avoir poussé la Turquie à ce revirement. Continuer la lecture

La convergence juifs-sunnites ; les fondamentalistes se rejoignent.


L’état d’esprit fondamentaliste sunnite que les Saoudiens et l’argent du Golfe ont forgé, perçoit l’Iran et le Hezbollah comme une plus grande menace régionale qu’Israël. Le terrain devient ainsi plus propice à une alliance des fondamentalistes sunnites et israéliens. Le besoin stratégique est déjà pressant et le soutien populaire n’est pas très loin.

Par Ghassan Kadi – Le 13 mars 2016 – The Vineyard of the Saker.

Dans un article publié par le quotidien libanais Assafir le 12 mars 2016 sous le titre L’Arabie saoudite prépare le chemin pour une guerre israélienne contre le Liban, le rédacteur en chef politique s’est fendu d’un commentaire sarcastique en se moquant du fait que si la Ligue arabe a pu déclarer que le Hezbollah est une organisation terroriste, elle pourrait tout autant demander officiellement à Israël de lui déclarer la guerre.  Continuer la lecture

Yémen : la privatisation de la guerre


De nouveaux mercenaires de la société étasunienne DynCorp sont arrivés au Yémen pour combattre les rebelles dans le pays. Ils doivent remplacer ceux de Blackwater, tués les uns après les autres par ces mêmes rebelles.


Le 11 mars 2016 – Source Deutsche Wirtschafts Nachrichten

Les zones de confit au Yémen (Graphisme: Stratfor)

Les premiers mercenaires de la société militaire privée DynCorp ont débarqué mercredi [le 9 mars 2016, NdT] dans le port de Ras Omran au sud d’Aden. Ils remplaceront les mercenaires d’Academi, autrefois Blackwater, puisque ceux-ci n’ont pas pu l’emporter dans le combat contre les rebelles houthis, a rapporté le journal grec Tribune. Ces dernières semaines, selon ce que relate TeleSUR, plus de 39 mercenaires Blackwater seraient tombés au Yémen. Déjà le 1er février, le commandant étasunien de Blackwater a été tué dans des combats avec les rebelles dans la province de Lahij. Les mercenaires de Blackwater ont dû se retirer totalement de la région de Bab el Mandeb.

Les mercenaires de DynCorp ont été envoyés au Yémen sur mandat des Émirats arabes unis (EAI). Les EAI soutiennent le gouvernement de Sanaa contre les rebelles. DynCorp doit toucher 3 milliards de dollars pour cet engagement.

La conseillère en cas de crise d’Amnesty International (AI) Donatella Rovera a dit dans une interview au Wiener Standard que toutes les parties au conflit au Yémen sont responsables de la mort de civils, mais que les frappes aériennes de la coalition conduite par les Saoudiens en causent la plus grande partie. Elle dénonce aussi à ce propos une participation active de l’Union européenne et des États-Unis. «Tant les États membres de l’UE que les États-Unis soutiennent ces bombardements : 99,9% des tirs et des bombes que j’ai vus au Yémen provenaient de la production étasunienne, parmi lesquels des bombes à sous-munitions, internationalement prohibées. Des conseillers des États-Unis et peut-être aussi de Grande-Bretagne sont aux côtés de la coalition pour sélectionner les cibles», affirme Rovera.

Traduit par Diane, vérifié par jj, relu par Ludovic pour le Saker francophone

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Les jours de honte arabe

«Les dirigeants palestiniens ne sont pas aussi dogmatiques et endoctrinés que l’était Arafat. Ils sont tout simplement des vendus. Les dirigeants de l’Autorité palestinienne se sont mis à aimer l’argent du pétrole saoudien et les dirigeants du Hamas sont à vendre ou à louer en échange de n’importe quel argent sunnite.» Ghassan Kadi.

Par Ghassan Kadi – Le 7 Mars 2016 – thesaker.is

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a finalement obtenu ce qu’il voulait. Au cours d’une réunion, le mois dernier, le CCG et d’autres ministres des Affaires étrangères arabes ont condamné l’Iran pour les violences commises contre l’ambassade saoudienne. Le ministre libanais des Affaires étrangères, Basil, membre pro-Hezbollah de la coalition du 8 mars, s’est abstenu. En conséquence, le Liban a été puni par l’Arabie saoudite lorsque celle-ci a décidé de ne pas honorer son contrat d’aide de 4 milliards de dollars envers l’armée et la police libanaise.

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Le Commandement central des États-Unis soutient une guerre contre le Yémen qui ne profite qu’à al-Qaïda


Moon of Alabama

Moon of Alabama

Le 7 mars – Source Moon of Alabama

Daniel Larison résume la guerre contre le Yémen :

«L’intervention menée par les Saoudiens dure depuis plus de onze mois et elle n’a atteint aucun de ses objectifs. Les Houthis n’ont pas été chassés de la capitale, l’ancien président n’a pas été remis au pouvoir (non que la plupart des Yéménites voudraient l’y voir revenir de toute façon), et l’intervention n’a certainement pas engendré la stabilité ridiculement promise par les Saoudiens.» […]
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Semaine 21 de l’intervention russe en Syrie :
le calme avant la tempête ?


Saker US

Saker US

Par le Saker US – Le 6 mars 2016 – Source thesaker.is

Le cessez-le-feu en Syrie (qui n’est pas vraiment un cessez-le-feu, mais plutôt une concentration des opérations de combat), tient étonnamment bien. C’est dû d’abord à la tactique brillante consistant à contraindre chaque groupe combattant en Syrie à se définir lui-même comme un bon modéré, et jouir d’une sécurité garantie, ou comme un mauvais terroriste et devenir une cible indiscutablement légitime qui peut concerner tout le monde.

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