Document secret de l’UE sur le Grexit : «Des chars dans les rues d’Athènes»


La Commission européenne a élaboré un document secret pour le Grexit. Visiblement, la Commission s’attend à tellement de troubles sociaux lors de la réintroduction de la drachme qu’un des auteurs du document voit déjà des chars dans les rues d’Athènes.


Le 20 juillet 2015 – Source : Deutsche WirtschaftsNachrichten

Les denrées alimentaires pourraient aussi se transformer en véritable champ de bataille en cas de Grexit (photo: dpa)

Le journal grec Kathimerini fait état du plan développé par le président de l’UE Jean-Claude Juncker pour le Grexit. Le journal parle d’un plan apocalyptique. Juncker avait dit qu’il y avait un plan détaillé pour le cas où on ne parviendrait pas à l’unité entre la Grèce et les sauveteurs de l’euro lors du sommet.

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Les Panzer des banques allemandes écrasent la Grèce, Washington grimace


Par Finian Cunningham – Le 18 juillet 2015 – Source  strategicculture

Le payeur allemand de l’Europe a soumis la Grèce avec une cruauté à couper le souffle. En 1941, l’Allemagne nazie a écrasé la Grèce avec ses chars Panzer. Aujourd’hui, sans coup férir, les banques Panzer allemandes ont accompli la même chose, transformant le pays de facto en un protectorat allemand dont les actifs et la souveraineté nationale sont remis par diktat entre les mains des financiers de Berlin.

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L’Allemagne sauve l’Euro en humiliant la Grèce

Préambule

Il est bon de rappeler que l'eurogroupe, est une réunion informelle des ministres des Finances de la zone euro, sans aucune légitimité démocratique. Ce n'est pas un groupe appelé à prendre des décisions économiques ou politiques. Un groupe de discussion c'est tout, il n'a aucun pouvoir de décision.

Le décideur politique est le Conseil européen composé de membres démocratiquement élus par chaque pays de l'UE.

L'habitude a été prise par le Conseil de transformer systématiquement les préconisations technocratiques de l'eurozone en décisions politiques.

Ceci est tout sauf anecdotique, et montre à quel point les dirigeants élus de l'Europe ont abdiqué institutionnellement leur souveraineté politique aux mains du pouvoir financier et des conglomérats industriels; en bon français ça s'appelle une forfaiture.

Le Saker Francophone

Par Pepe Escobar – Le 13 juillet 2015 – Source SpunikNews

Il a fallu aux institutions de l’UE le plus long sommet jamais tenu pour infliger à la Grèce une humiliation cuisante enrobée de novlangue eurocratique.

Et cela vient d’institutions qui ne bronchent pas lorsqu’il s’agit de sanctionner l’agression russe.

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Émeutes à Athènes : Effondrement imminent de l’UE ?

Par Norman Pollack – Le 16 juillet 2015 – Source CounterPunch

Les peuples font bouger les événements. Le peuple grec tente de façonner sa propre histoire. Il n’en est pas encore là – même la gauche ne l’a pas tout à fait rejoint. Mais une coalescence de forces se profile à l’horizon : soit Syriza se radicalise soit il sera laissé en arrière. Le capitalisme, par sa grande dureté, crée sa propre antithèse. Les étiquettes idéologiques ne sont pas importantes ; ce qui l’est, c’est un véritable gouvernement populaire. Les émeutes à Athènes, pendant que le Parlement grec votait les mesures d’austérité, pourraient être le premier signe de l’éclatement de l’Union européenne, elle-même une formation politique du capitalisme avancé incapable de répondre aux besoins de ses membres les plus pauvres.

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Des voix autorisées s’élèvent en Europe de l’Est : l’Allemagne doit quitter l’euro


Le 17 juillet 2015 – Source : Deutsche WirtschaftsNachrichten

Les premiers Ministres de Slovaquie et de République tchèque: Robert Pico et Bohuslav Sobotka (photo: dpa)

Dans le prestigieux journal tchèque Parlamentnilisty, un mensuel politique, l’économiste Aleš Michl constate que le temps de la décision est venu. Si l’Eurozone est construite de telle manière qu’il est impossible d’en exclure quiconque, alors c’est à l’Allemagne d’en sortir. Les économies de la Grèce et de l’Allemagne sont si différentes qu’il n’y a aucun espoir que les deux pays aient une monnaie commune.

Le journal écrit:

«Si l’UE persiste à exister en n’autorisant personne à quitter l’Eurozone, alors les dettes des États et la récession se propageront dans toute l’Europe, et cela pour 50 ans. Par conséquent, l’Allemagne a au fond trois options. L’une est d’imposer le Grexit, la deuxième que l’Allemagne elle-même quitte l’Eurozone; la troisième serait que l’Allemagne adhère à l’union de transfert et, ce faisant, garantisse de manière permanente des paiements de transfert aux États du Sud.»

En Slovaquie aussi on ne voit pas la crise grecque de manière isolée. Le journal économique Hospodárske Noviny écrit dans un éditorial que le débat stérile sur le maintien de la Grèce en son sein fait courir un grand risque à l’Eurozone. Si la Grèce reste dans l’Eurozone, c’est un signe clair comme de l’eau de roche que la crise morale des politiciens européens va perdurer. Ce n’est pas un signe d’intégrité morale.

Ce qui serait vraiment moral et courageux serait de trouver une vraie solution au problème. Le manque d’un tel courage et de l’intégrité qui va avec est le problème principal de l’UE. Le maintien de la Grèce comme membre de l’Eurozone met toute la communauté en danger de faillite, écrit le journal.

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

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Angela Merkel – L’impératrice nue


Les crises politiques en Ukraine et en Grèce mettent en évidence la paralysie et le manque d’un leadership fort à Berlin.


Alexander Mercouris

Alexander Mercouris

Par Alexandre Mercouris – Le 7 juillet 2015 – Source Russia Insider

Ce n’est pas un hasard si, à l’intersection des deux grandes crises qui affectent l’Europe – l’Ukraine et la Grèce – se trouve une seule et même personne : la chancelière allemande Angela Merkel.

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Un cheval de Troie dans la forteresse de l’austérité


La Grèce a inventé la démocratie. La mythologie grecque a poli le miroir dans lequel l’Occident se regarde. La Grèce a même inventé la dénomination de la péninsule asiatique : Europe


 

«De nos jours, seuls les criminels ont l’audace de porter dommage à autrui sans l’aide de la philosophie»

Robert Musil, L’Homme sans qualités.

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Le début de la fin du Politburo à Bruxelles

Par Rafael Poch – Le 1er juillet 2015 – Source El Correo de la diaspora Latinoamericaine

 

«DAVID ET GOLIATH» PAR GUILLAUME COURTOIS. Crédit http://www.integratedcatholiclife.org

Don Quichotte déménage à Athènes

La partie grecque est encore loin de sa conclusion, mais nous sommes probablement devant le plus déterminant échec du Politburo de Bruxelles et peut-être assistons-nous à une nouvelle étape dans le processus de mort naturelle du projet européen. Don Quichotte est définitivement installé à Athènes. Tout comme David.

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De la bataille contre le système épisode VIII
Ukraine : quand l’Empire tombe le masque


Le 15 avril 2015 – Source entrefilets

Jérôme Bosch

Jérôme Bosch

Il y a des moments comme cela où la vérité surgit soudain et vient brièvement parasiter l’écran de fumée de la vertueuse narrative propagée par les médias-Système. L’effet est toujours saisissant, jubilatoire même. Le 3 février dernier, le directeur de la fameuse agence privée de renseignement Strafor, George Friedman, nous a donc offert l’un de ces moments devant le Council on Foreign Relations de Chicago.

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La Russie et la Chine vont gagner contre les États-Unis


Le 06 juin 2015 – Source: Vodka et Pelmini 

Voici ce que déclare un grand banquier allemand !

China und Russland wenden sich von den USA ab, die EU spielt nur noch eine Nebenrolle. Der Westen läuft Gefahr, die Auseinandersetzung mit dem Rest der Welt zu verlieren. Aufnahme vom Feuerwerk beim APEC-Gipfel 2014. (Foto: dpa)

La Chine et la Russie se détournent des États-Unis, l’UE ne joue qu’un rôle de soutien. L’Occident est en danger de perdre sa relation avec le reste du monde. Photo lors des feux d’artifice au sommet de l’APEC en 2014. (Photo: Reuters)

 

Folker Hellmeyer prédit que les dommages économiques  seront assez significatifs pour l’UE et l’Allemagne si elles  décident de poursuivre la politique de sanctions imposée par les États-Unis.

Folker Hellmeyer, Chefvolkswirrt der Bremer Landesbank. (Foto: Bremer Landesbank)

Folker Hellmeyer, économiste en chef chez Bremer Landesbank. (Photo: Bremer Landesbank)

Hellmeyer: «Les USA ne sont plus une démocratie, mais une oligarchie!»

Folker Hellmeyer, chef économiste à la Bremer Landesbank,  n’a pas de doute sur le futur du système économique mondial: l’axe Moscou-Pékin-BRICS va prévaloir contre l’ancien hégémon, les États-Unis.  Ces pays en ont assez de l’Occident; parce qu’ils veulent mettre en place une stratégie à long terme, et pas d’opportunisme, l’UE, à cause de son obéissance aveugle à la politique des sanctions, devrait faire partie des perdants.

Deutsche Wirtschafts Nachrichten: – Les pays de l’UE font état de pertes en raison des sanctions contre la Russie. Quels dommages les sanctions ont-elles déjà causés, selon votre estimation ?

Folker Hellmeyer: – Les dommages sont beaucoup plus importants que ne le montrent les statistiques. Commençons par l’économie et l’accumulation des dégâts jusqu’à maintenant. Bien sûr, la baisse des exportations allemandes de 18% sur l’année en 2014  et de 34% dans les deux premiers mois de 2015 comprennent seulement les pertes primaires. Il y a aussi des effets secondaires. Les économies des pays européens qui ont une activité forte en Russie, entre autres, en particulier la Finlande et l’Autriche, souffrent massivement. En conséquence, ces pays passent moins de commandes en Allemagne. En outre, afin de contourner les sanctions, certains conglomérats européens envisagent de créer des installations de production avec un plus haut niveau d’efficacité en Russie. Par conséquent, nous perdons ce potentiel de stocker du capital, qui est le fondement de notre prospérité. La Russie remporte cette masse de capital.

– On ne sait pas encore si les sanctions prendront fin dans un avenir prévisible. Quelle sera le montant de la facture à payer, en particulier pour l’économie d’exportation allemande ?

– L’Allemagne et l’UE ont mis leur fiabilité économique à l’égard de la Russie en question. L’Allemagne et l’UE ont rompu la confiance mutuelle. Il faudra plusieurs années pour reconstruire cette confiance. Il se passe jusqu’à cinq ans entre la signature d’un contrat et la livraison du matériel dans les exportations en provenance d’Allemagne et d’Europe lorsqu’elles livrent des équipements pour l’industrie. Siemens a quitté un projet d’envergure pour cette raison. Alstom a perdu le contrat pour le chemin de fer Moscou-Pékin. Les dommages potentiels, non seulement pour l’Allemagne mais aussi pour l’UE, sont beaucoup plus massifs que les chiffres actuels ne pourraient l’exprimer. Les dommages à l’avenir ne peuvent pas être exactement quantifiés, mais ils sont certainement significatifs.

En outre, dans le cadre de la Coopération de Shanghai et des pays des BRICS, l’axe Pékin-Moscou est occupé à la planification des plus grands projets de croissance économique de l’histoire moderne – la construction de l’Eurasie et de l’infrastructure de Moscou à Vladivostok, et ensuite vers le Sud de la Chine et de l’Inde. Dans quelle mesure les pays émergents considèrent-ils la politique de sanctions de l’UE et de l’Allemagne, autour de ces méga projets, comme un affront, non seulement contre la Russie mais aussi contre eux-mêmes? Cela reste à voir. Apparemment, certains participants à la vie politique européenne manquent de capacité d’abstraction pour saisir toute l’étendue des effets de leurs actions.

Qui paiera pour les dommages, à la fin ?

Les dommages mesurables se composent de pertes de croissance, de pertes dans le domaine salarial, de pertes de cotisations pour le système social et de pertes de recettes fiscales. C’est valable pour les 12 derniers mois et aussi pour les années à venir. Ainsi, les populations de l’Allemagne et de l’UE le paient par un manque d’amélioration de leur bien-être et de leur sécurité à long terme. Le dommage non mesurable réside dans l’augmentation des risques géopolitiques pour les personnes vivant dans l’UE.

Si nous regardons la situation en Ukraine de manière objective, il semble que le gouvernement de Kiev soit principalement intéressé à garder la situation au bord de l’explosion, afin de toujours obtenir de nouveaux prêts. N’y a-t-il aucun politicien occidental pour parler franchement avec eux ?

C’est irritant, en effet. Les gens qui ne sont pas seulement informés par les médias occidentaux de qualité sont surpris que ceux-ci masquent l’agression et les lois discriminatoires mises en œuvre par Kiev, qui sont en contradiction flagrante avec la revendication des valeurs occidentales et de la démocratie. Je dois reconnaître que M. Steinmeier parle en effet clairement derrière des portes closes. La question est de savoir si, de l’autre côté de l’Atlantique, on soutient M. Steinmeier. Je renvoie à ce propos aux déclarations de la représentante des intérêts états-uniens, Victoria Nuland. Le fait est que le coup d’État en Ukraine a remplacé l’oligarchie amicale envers Moscou par une oligarchie pro-US. C’était de la géopolitique au bénéfice de tierces personnes, mais certainement pas de l’Allemagne, de l’UE, de la Russie et encore moins de l’Ukraine.

La ministre des Finances, Natalie Jaresko, est une ancienne membre du personnel du Département d’État américain, qui a acquis la nationalité ukrainienne seulement un jour avant de prêter serment. Cette ancienne banquière d’investissement est-elle définitivement imbattable ou y a-t-il un master plan là derrière ?

Je ne la connais pas personnellement. On a beaucoup écrit sur elle. L’image qui en ressort ne permet pas d’employer le terme définitivement imbattable à son propos. Le fait que des postes importants dans l’administration ukrainienne soient occupés du personnel étranger, très proche des Etats-Unis et de leurs institutions [je tiens à noter que Tony Blair vient d’être nommé conseiller de Porochenko, à quoi il faut ajouter trois ministères aux mains de non-Ukrainiens  proches des Etats-Unis, et Saakachvilii à Odessa, NdT] souligne le caractère géopolitique du coup d’État. Donc le terme master plan est au moins à discuter, voire probable.

Une figure importante de la récente politique allemande, qui n’est plus en poste actuellement, a déclaré dans un entretien bilatéral que la géopolitique états-unienne contre le pouvoir central de Pékin est le mieux décrite par l’image de l’échiquier de l’Ukraine, avec le sang des pions ukrainiens sur les bandes de Moscou. Je partage ce point de vue.

Le fait que les pays émergents se libèrent eux-mêmes de l’hégémonie américaine est certain. Cela devient évident avec la création d’institutions qui entrent en concurrence avec la Banque mondiale (AIIB) et le FMI (Nouvelle Banque de Développement). Cela déplait à l’hégémon de toujours. Les points chauds internationaux actuels que sont l’Afghanistan, l’Irak, la Syrie, la Libye, l’Égypte – en passant par l’Ukraine –, sont des expressions de la lutte actuelle, clairement reconnaissable, pour le pouvoir. N’avons-nous pas voulu instaurer la démocratie et la liberté dans tous ces pays ? Jetons un coup d’œil sur cette réussite…

Plusieurs pays de l’UE, tels que l’Italie, l’Autriche et la Hongrie, sont de plus en plus audibles sur les sanctions. En Allemagne, cependant, règne une cohésion presque fantomatique. A quoi cela est-il dû ?

Le citoyen allemand est saturé. En dépit de la perte de business, il vit toujours bien. Les prochaines vacances arrivent. Les médias allemands sont politiquement corrects et dociles à l’égard de la géopolitique états-unienne, tout comme nos politiciens. Le nivellement (vers le bas) politique et médiatique de ces questions est efficace.

Quel est l’impact des sanctions sur la relation germano-russe ?

La relation, sur le plan politique, est cassée. Pourtant, le dialogue est toujours maintenu des deux côtés. Ce qui est déjà positif. Moscou est déçu, et en particulier au sujet de la politique allemande, énormément déçu. On reste très réaliste sur l’évaluation, vue de Moscou, de la capacité des Allemands et des Européens à s’exprimer et à vivre une politique indépendante des États-Unis et dans leur propre intérêt. Dans le secteur des entreprises, c’est mieux. Les divers niveaux de discussion sont utilisées. Elles se préparent pour le jour X après les sanctions. Cependant, une rapide relance au niveau d’avant la crise est peu probable. La Russie est un ours. Maintenant, on construit de nouvelles routes d’approvisionnement. On ne va pas abandonner tout cela après la fin des politiques de sanctions. L’arbitraire est peut être en vogue à l’Ouest, mais pas à Moscou. Chaque jour qui passe dans la politique de sanctions, nous consumons un peu notre avenir commun.

Quel est l’impact des sanctions sur les économies nationales de l’UE ?

Nous perdons des points de croissance sur les exportations, nous manquons les dividendes de la paix. Nous réformons les pays faibles de la zone euro, afin de rétablir leur compétitivité internationale grâce à de durs sacrifices, et ensuite nous les privons de marchés. La main gauche de la politique allemande et de l’UE sait-elle ce que fait sa main droite ?

Quels sont les risques pour les banques européennes ?

Ces risques sont largement gérables. La surveillance instaurée par l’autorité de contrôle est efficace et ne permet pas d’envisager d’accidents durables.

Pourquoi les grandes organisations comme la Fédération de l’industrie allemande (BDI) regardent-elles ailleurs ? On pourrait penser que sa mission est de représenter les intérêts de l’industrie…

Il y a une différence considérable entre les déclarations publiques de ces organisations et l’état interne des affaires. Quelque chose se prépare dans le domaine de l’entreprise. Toutefois, je suis déçu par leurs déclarations publiques. Elles agissent de manière politiquement correcte. Leur rectitude politique est limitée à cette même rectitude et est donc par définition erronée.

Pour une économie axée sur l’export, la question de la politique des sanctions est d’une grande importance et, pour certaines entreprises, elle prend une signification existentielle. Romancer sur la primauté du politique, est pour ces organisations un déni de responsabilité.

Le mépris avec lequel le gouvernement étasunien traite les Européens est vraiment remarquable – les mots clés sont NSA et Fuck the UE. Les politiciens européens n’ont-ils aucun respect d’eux-mêmes ou sont-ils trop lâches ?

N’importe quel vrai démocrate, qui prend ses fonctions pour la res publica au sérieux, qui ne foule pas aux pieds son propre droit à l’auto-détermination, doit tirer des conclusions de ces remarques. Ceux qui ne le font pas manifestent un manque de respect de nos valeurs. Je suis le mauvais interlocuteur. Vous devez soumettre ces questions à nos responsables politiques.

L’agressivité interne est inversement proportionnelle à l’attitude de soumission à l’égard de Washington : d’abord les dissidents ont été diffamés comme Poutine-Versteher [ceux qui comprennent Poutine, autrement dit une sorte de 5e colonne pro-Poutine, NdT] et depuis peu, on est un troll pro-Poutine, lorsqu’on n’a pas hurlé avec les loups. La guerre froide nous a-t-elle déjà coûté une partie de notre liberté démocratique ?

Je l’ai écrit en 2007 dans la préface de mon livre, Endlich Klartext [Enfin parler clair] : «D’abord, les marchés libres meurent, puis la démocratie !» Dans ce livre, j’ai également analysé les États-Unis et leur système hégémonique. Les conflits géopolitiques actuels sont utilisés à l’échelle nationale pour démolir les libertés démocratiques, et la cadence s’accélère. Je suis plus préoccupé que jamais. Actuellement, je suis occupé à développer l’idée du terrorisme de la pensée dominante. Nous faisons semblant d’être tolérants et pluralistes. Mais celui qui défend sur des sujets politiquement sensibles une opinion qui s’éloigne de la pensée dominante court le risque d’être isolé et diffamé. Ces évolutions sont totalement antagoniques avec l’exigence de démocratie et de liberté. Oui, les conflits actuels nous coûtent notre démocratie

– Aux Etats-Unis – et contrairement à l’Allemagne – il existe un débat très vif sur le comportement hégémonique du gouvernement, autant à droite qu’à gauche. Pourquoi pas en Allemagne ?

– C’est vrai, mais ce débat n’a aucune répercussion, aux Etats-Unis, sur les rapports de force politiques au parlement. Chez nous, le débat n’est pas très prononcé, mais le parlement est plus multicolore, même si la grande coalition empêche une opposition efficace. Et finalement, peut-être y a-t-il beaucoup d’Allemands pour confondre le bien-être et la liberté de circulation avec la liberté ?

– Comment le conflit continuera-t-il ? Est-il concevable que les Américains et les Russes travaillent à nouveau ensemble – peut-être à cause d’État islamique et de la Syrie – et les Européens seront de nouveau à la traine des deux grandes puissances et paieront ?

Pour moi, le conflit a déjà été tranché. L’axe Moscou-Pékin-BRICS va gagner. Là-bas, on en a assez de l’Ouest. En 1990, ces pays représentaient environ 25% de la production économique mondiale. Aujourd’hui, ils en représentent 56% et 85% de la population mondiale. Ils contrôlent environ 70% des réserves de change mondiales. Ils croissent chaque année en moyenne de 4% à 5%. Comme les États-Unis n’étaient pas prêts à partager leur pouvoir international (par exemple le système de voix au sein du FMI et de la Banque mondiale), les pays émergents construisent leur propre système financier. C’est l’avenir.

À l’heure actuelle, l’UE est entrainée dans un conflit provoqué par les États-Unis, parce qu’elle ne voulait pas  et ne veut toujours pas partager le pouvoir, ce qui paralyse ses possibilités de développement. Plus nous poursuivrons cette politique dans l’Union européenne, plus le prix sera élevé et moins nous serons pris comme des interlocuteurs sérieux.

Sans Moscou et Pékin, pas un problème dans le monde ne peut être résolu. Les États-Unis pourraient en effet agir beaucoup plus pragmatiquement que nous pouvons l’imaginer aujourd’hui. Le manque d’agenda propre de la part de l’UE et de l’Allemagne nous fait passer pour des perdants.

Que devrait-il se passer afin qu’une politique économique et diplomatique indépendante voie à nouveau le jour en Allemagne ?

Pour cette question, je prend un joker. Je demande votre compréhension.

Qu’est-ce que ça signifie, pour une place économique, quand le gouvernement joue à des jeux géopolitiques plutôt que de défendre fermement les intérêts de l’Allemagne, comme tous les autres ?

Cela signifie que ses propres affaires souffrent.

Le parlementaire moyen comprend-il l’interdépendance de la politique et de l’économie ?

À cet égard, je suis sceptique.

Est-ce que la politique va mieux lorsque les politiciens comprennent de moins en moins l’économie mais sont en revanche de plus en plus nombreux ?

Certainement pas. La stabilité d’une démocratie dépend de la stabilité de son économie. Si l’économie subit en permanence des dégâts, la radicalisation de la société augmente. L’Empire allemand a fait cette expérience en 1933. En outre, il y a encore la possibilité que la démocratie se transforme en démocrature, une dictature élue, pour aboutir à l’oligarchie. À cet égard, il y a une enquête de la Princeton University. Citation : «Les États-Unis ne sont plus une démocratie, mais une oligarchie !» Oups, ce n’était pas politiquement correct….

Pour le moment, il y a davantage en jeu que ce que les gens ordinaires veulent l’admettre. Vous m’en voyez profondément préoccupé.

Article original: Deutsche Wirtschafts Nachrichten

Traduit par TJ, relu par Hervé et Diane pour le Saker francophone

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