Par Jefke – Le 6 août 2015
Il n’y a pas beaucoup d’articles dans les médias sur les conséquences en Europe des sanctions économiques de l’Occident envers la Fédération de Russie. Nous avons encore moins d’informations venant directement de l’économie la plus puissante d’Europe : l’Allemagne. C’est en discutant avec un proche, qui, par son passé connaît bien l’Allemagne, et m’avait dit : «Même si l’Allemagne perd quelques dizaines de milliers d’emplois suite aux sanctions russes, elle est tellement puissante qu’elle n’en ressentira aucun effet négatif !», que l’idée m’est venu de montrer ce qui se passe vraiment en Allemagne, car les informations que j’ai pu consulter disent tout à fait autre chose que la presse occidentale.
Les sources d’informations de la personne qui m’avait dit cela sont les médias de masse, les journaux comme Der Spiegel, Der Stern, Times magazine etc…
La dégringolade des médias officiels en Allemagne
Le dégoût des Allemands pour leur Lügenpresse (Presse mensongère) prend de telles proportions que les conséquences de leur alignement avec le pouvoir en place et la pensée et les consignes des maîtres aux États-Unis commence à se payer très très cher.
Le mot Lügenpresse n’est pas anodin en Allemagne, remontant à la Première, puis à la Seconde Guerre mondiale, repris par l’extrême-gauche dans les années 1960 puis maintenant surtout dans la bouche… des groupements de droite (Pegida, mouvements contre l’immigration etc.).
C’est devenu le mot le plus politiquement incorrect de l’année 2014. [1]
Que l’on accuse la presse allemande de parler au nom de la gauche ou au nom de la droite, ce qui est sûr c’est qu’elle perd de façon catastrophique ses lecteurs : un dégoût général envers leur presse semble s’emparer des Allemands, et la cause première en est la campagne anti-russe suite aux événements en Ukraine, dont les Allemands ne sont pas dupes (particulièrement ceux de l’ex-DDR qui parlent le russe) et particulièrement celle menée contre Poutine, puis les sanctions envers la Russie qui touchent durement les travailleurs, mais dont le gouvernement ni (sa) presse évite soigneusement de parler de ses conséquences néfastes.
«Déjà depuis des mois, l’audience des journaux allemands et des magazines est en constante et forte baisse. Parallèlement la confiance dans la véracité de la presse baisse aussi constamment, finalement très visible dans les interrogations officielles concernant la crise d’Ukraine. Maintenant une nouvelle étude le démontre : la mort lente de la presse se constate partout, plus que jamais, de la presse de boulevard à la presse sérieuse.» [2]
«Le groupe d’analyse sur les médias (AGMA) présentait mercredi ses données les plus récentes qui sont relevées seulement une fois par an. Selon ces chiffres, non seulement le cercle de lecteurs des médias de boulevard se dissout comme peau de chagrin, mais les journaux de qualité sont aussi fortement affectés [dans le texte : «erleben ihr blaues Wunder» : «jemandem blauen Dunst vormachen» , c’est à dire faire semblant] [3]
Un bilan annuel comme on en voit rarement :
– Bild moins 8,6 pour cent
– Suddeutsche Zeitung moins 12,4 pour cent
– Frankfurter Allgemeine Zeitung moins 10,5 pour cent
– Die Welt moins 4,3 pour cent
– Handelsblatt moins 12,5 pour cent
– Taz moins 16,7 pour cent.»
Ce développement s’observe depuis plusieurs années déjà. L’an passé plusieurs chiffres de vente sont tombés au niveau des années 1960. La raison pour cela est indiquée par l’auteur de best-seller Udo Ulfkotte Gekaufte Journalisten [Les journalistes achetés] [4] avant que tout un consensus des opinions se forme, et celui-ci laisse supposer que «quelque chose ne va pas, n’est pas normal».
Le chercheur de presse Prof. Andreas Vogel, dans une analyse commandée par l’institution de Friedrich Ebert dans son étude La chute de la presse quotidienne : Une analyse des causes, est parvenu à un résultat surprenant : la concurrence par des médias en ligne est seulement une raison secondaire pour le déclin des éditions des journaux imprimés.
Quels sont les véritables perspectives économiques pour l’Allemagne, selon les médias alternatifs Allemands ?
Petit tour d’horizon.
Les sanctions économiques ont commencé il y a un an, suite aux «multiples invasions de l’Ukraine par l’armée russe» et au crash de l’avion Malaisien MH17 «dû aux séparatistes pro-russes, aidés directement par Poutine»…
(dixit la presse occidentale)
Vu de la Russie, surtout suite au refus de la France de livrer les deux bateaux porte-hélicoptèr
Et les Russes s’en souviennent vraiment !
Les Allemands commencent à comprendre que le temps travaille pour la Russie : le rouble faible puis les sanctions économiques de l’UE aident l’industrie russe !
L’institut de l’économie allemande (IW – Analyse des Instituts der Deutschen Wirtschaft Köln-aus iwd 25/2015) a mis à jour un paradoxe : la synergie des effets de la dégradation du rouble, des bas prix du pétrole et des sanctions de l’UE est particulièrement avantageuse pour la Russie. La balance commerciale russe reste équilibrée, l’économie locale est relancée. Le président de la Russie peut supporter cette situation pendant un long moment… L’importation des marchandises depuis l’étranger à subi une diminution massive. «Les Russes achètent alors de plus en plus de produits locaux, le made in UE est tout simplement trop cher pour les consommateurs et investisseurs.» [6]
Conséquences pour l’Allemagne des sanctions envers la Russie : 500 000 emplois perdus !
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On vient de découvrir, grâce à l’expertise de l’Institut autrichien pour la recherche économique (Wifo) effectuée pour le groupe de presse LENA, un bilan destructeur des sanctions de l’UE contre la Russie : une perte en Europe de 2 millions d’emplois due aux sanctions Russes ! [7]
«Les ambassadeurs de l’UE se sont mis d’accord mercredi (17 juin) pour prolonger les sanctions contre la Russie de six mois jusqu’à la fin janvier 2016. Une décision formelle des ministres des Affaires étrangères doit suivre la semaine prochaine. A Bruxelles, aucune prise de position n’est à attendre officiellement sur les conséquences des sanctions pour l’Europe. Dans les coulisses on apprend que la commission de l’UE estime les effets des sanctions comme relativement petits et pouvant être maîtrisés. Les pertes d’exportation que nous avions acceptées dans le pire des cas en automne de l’année dernière sont devenues, entretemps, la réalité. Si la situation ne change pas fondamentalement, notre scénario particulièrement pessimiste se réalisera.»
Le journal Die Welt (Allemagne) informe que l’Allemagne est la plus concernée par les sanctions.
«En conséquence de la politique de l’UE et sous la chancelière Angela Merkel et sa grande coalition, 175 000 emplois sont en danger en Allemagne directement, si les sanctions continuent 290 000 emplois additionnels sont en danger. Tout compte fait nous pouvons estimer qu’à cause des sanctions contre la Russie 500 000 emplois sont perdus.
Tous les secteurs sont concernés par les conséquences. L’agriculture, le commerce de détail, l’industrie du bâtiment, le commerce de gros, l’industrie agro-alimentaire
L’Allemagne souffre non seulement des contre-sanctions russes, mais directement des conséquences des sanctions de l’UE : cette année le ministre industriel Deni Manturow attend une baisse de 25% à 50% dans le marché d’automobile, traditionnellement important pour l’industrie automobile allemande.»
Jusqu’à présent, l’UE a délibérément minimisé les conséquences des sanctions. Le Tages Anzeiger et Die Welt citent des sources anonymes de l’UE qui auraient dit que les conséquences des sanctions sur l’économie européenne seraient «relativement petites et maîtrisables».
Le gouvernement fédéral allemand est aussi resté silencieux jusqu’à présent et n’a pas indiqué quelles conséquences auront les sanctions pour l’économie allemande et avec donc pour les travailleurs allemands. Le Comité oriental de l’économie allemande est extrêmement critique au contraire et a mis en garde sur ces conséquences dès le début. Maintenant, Die Welt cite le président du comité oriental de l’économie allemande, Eckhard Cordes, avec ces mots : «Si ce développement dure plus longtemps – disons encore un an – alors les relations russo-allemandes subiront de lourdes pertes.»
L’industrie allemande a eu raison de se méfier des conséquences :
Les sanctions contre la Russie commencent à prendre des dimensions catastrophiques pour l’économie allemande. Maintenant, les exportations avec les pays voisins de la Russie dégringolent aussi. L’économie allemande craint pour ses «relations d’affaires et ses perspectives communes construites durant des décennies».
Depuis janvier jusqu’à mai 2015, les exportations allemandes ont chuté en Russie suite à une année 2014 déjà faible de près d’autres 34% de plus. Après les chiffres de mai présentés maintenant par le Service fédéral des statistique, que le Comité oriental a analysés, les pertes d’exportation au cours des premiers cinq mois de l’année étaient supérieures de 4,4 milliards d’euros, en comparaison de la même période de l’année précédente. Vu de manière isolée, le résultat mensuel pour le mois mai a noté une baisse des exportations de près de 35%. La tendance négative se poursuit.
De janvier à mai 2015 les exportations allemandes vers la Russie ont dégringolé à nouveau de 34 % après une année 2014 déjà faible.
«Pour l’année entière de 2015, selon une estimation, nous devons prévoir une baisse des exportations allemandes vers la Russie de près de 10 milliards d’euros pour s’établir à seulement 20 milliards d’euros», disait le président du Comité oriental de l’économie allemande Eckhard Cordes. En 2014 les entreprises allemandes avaient encore livré des marchandises pour environ 30 milliards d’euros et, dans l’année record 2012, 38 milliards d’euros en Russie.
Les exportations allemandes vers les pays voisins de la Russie ont également fortement dégringolé. Les exportations vers le Kazakhstan baissaient au cours des premiers cinq mois en 2015 de près de 26% au Bélarus de près de 31% et vers l’Ukraine de près de 29%. «Face à ce développement dramatique, il est très probable que les industriels allemands demandent avec insistance aux instances politiques d’accroître les efforts pour résoudre la crise d’Ukraine», a dit Cordes. [13]
Secteur automobile : la crise russe met en danger l’industrie automobile en Europe.
«Le marché d’automobiles russes se réduira de façon drastique en Russie au cours des prochains mois en raison des sanctions. Depuis le début de l’année, il a déjà dégringolé de près de 38%. C’est plus mauvais que les estimations des experts.
Le marché de l’automobile russe pourrait se réduire beaucoup plus fortement que prévu cette année encore. L’association d’entrepreneurs AEB, qui représente les entreprises européennes en Russie, prédisait mercredi une chute de vente de 36% sur 1,55 millions de véhicules. Jusqu’à présent son pronostic était d’une perte de 24,5%.
Pour le premier semestre l’AEB indiquait une baisse de 36,4%, c’est à dire 782 000 voitures. Pour la première fois, en 2014 les livraisons avaient baissé de nouveau après des années d’une croissance très rapide. Les causes sont la faiblesse de l’économie russe qui subissait la baisse du prix du pétrole et les sanctions de l’ouest suite à la crise en Ukraine.»[12]
Les ventes d’Audi vers la Russie ont chuté de 37 % (16 juin 2015) [8]
Résultat des sanctions contre la Russie, les ventes de VW dégringolent
En raison des sanctions, une chute brutale des ventes s’est produite pour VW.
En mai, la chute des ventes a été de 42,7% par rapport à l’année précédente. Avec cela la tendance du premier trimestre s’est encore aggravée. Les marchés en Chine, aux États-Unis et au Brésil diminuent également. [9]
L’industrie aéronautique
Les sanctions contre la Russie touchent l’industrie aéronautique franco-allemande
«La Russie réduit sa flotte d’avions civils. Les commandes à Airbus et Boeing diminuent. Jusqu’à présent, plus de 100 avions de long et moyen courrier ont été retournés dans le cadre des contrats de leasing, ou ont été mis hors service. Ainsi les sanctions occidentales ne touchent pas seulement la Russie, mais aussi l’Ouest.» [16]
Divers
Moins de trafic sur le canal Nord–mer Baltique : le trafic à chuté de 41,79 millions de tonnes à 40,82 tonnes du fait des sanctions contre la Russie. [10]
Perspectives économiques
La Russie prolonge d’une année ses sanctions contre l’UE, les paysans subissent de lourdes pertes.
Le président de la Confédération paysanne Joachim Rukwied a déploré les conséquences brutales des sanctions de la Russie pour l’agriculture et a exigé un contrôle. L’embargo de la Russie a été la cause principale de l’effondrement du prix du porc et celui du lait est fortement sous pression, disait-il mercredi durant la Journée des paysans allemands à Erfurt. «A la fin de la chaîne ce sont les familles de paysans qui sont affligées.» [11]
Le petit commerce s’écroule : L’Allemagne comme feu arrière de l’Europe
Les Allemands ne voient pas le redressement : dans aucun autre pays de l’euro les chiffres d’affaires ont reculé aussi fortement dans le commerce de détail en juin qu’en Allemagne. Les chiffres d’affaires du commerce de détail régressent partout dans la zone euro.
Les commerces de détail dans la zone euro ont fait moins de chiffre d’affaires en juin. Leur chiffre d’affaires est tombé, par rapport à mai, de près de 0,6% selon l’administration statistique Eurostat. Les données sont beaucoup plus mauvaises que ce que les économistes avaient prévu. Les ventes de produits alimentaires, boissons et tabac, se sont réduites de 0,8% . La vente de l’essence et du diesel stagne. En comparaison du mois de juin 2014, il y a tout de même eu un plus de 1,2%. [14]
Heureusement que les Allemands peuvent encore exporter ailleurs dans le monde… Seulement voilà : une autre crise mondiale due à la chute des matières premières s’annonce.
Le prix des matières premières, la prochaine crise de l’économie mondiale à l’horizon.
La dégradation du prix des matières premières touche durement les producteurs et fondra brutalement sur leurs économies. À la différence des crises anciennes, les banques centrales ne peuvent pas contrebalancer avec une politique d’intérêts bas. Des nations exportatrices comme l’Allemagne doivent se préparer au pire.
La chute des prix du pétrole sera tangible pour tous les pays producteurs qui se sont spécialisés dans l’exportation de l’énergie. Ils sont pris entre le marteau et l’enclume. Et cela, quoi qu’ils exportent : du pétrole brut, des dérivés comme l’essence, le diesel, le fuel, le kérosène, du gaz naturel ou du charbon. Leurs revenus d’exportation seront temporairement retardés de plusieurs trimestres et divisés au moins par deux par la chute des prix du pétrole. Naturellement l’effet ne sera pas limité à ces pays. Ils devront limiter massivement leurs importations, et cela touchera évidemment les grands pays exportateurs : la Chine, les États-Unis, l’Allemagne, le Japon, la Corée. La chute des prix du pétrole aura encore d’autres effet qu’une simple accélération de la consommation à l’intérieur des pays de l’OCDE. [15]
Sources
1. Lügenpresse
http://www.sueddeutsche.de/kultur/luegenpresse-ist-unwort-des-jahres-kampfbegriff-gegen-die-demokratie-1.2301815
http://www.pi-news.net/2015/01/deutsche-linke-und-die-luegenpresse/
http://info.kopp
2. Neopresse, 23/07/2015
http://www.neopr
3. https://www.agma
4. Deutsche Wirtschaftsnachr
http://deutsche-
5. Deutsche Wirtschaftsnachr
http://deutsche-
6. Deutsche Wirtschaftsnachr
http://deutsche-
7. Tagesanzeiger-Zü
http://www.tages
8. Deutsche Wirtschaftsnachr
9. Deutsche Wirtschaftsnachr
http://deutsche-
10. Deutsche Wirtschaftsnachr
http://deutsche-
11. Deutsche Wirtschaftsnachr
http://deutsche-
12. Deutsche WirtschaftsNachr
http://deutsche-
13. Deutsche WirtschaftsNachr
http://deutsche-
14. Deutsche WirtschaftsNachr
http://deutsche-
15. Deutsche WirtschaftsNachr
http://deutsche-
16. Deutsche WirtschaftsNachr
http://deutsche-
Jefke