La mauvaise gestion, par Mme Merkel, de la crise grecque est à l’origine des questions que les Allemands se posent sur son jugement, si pas encore sur son leadership

Alexander Mercouris

Par Alexander Mercouris – Le 19 août 2015 – Source Russia Insider

Russie Insider a écrit depuis plusieurs mois sur le fait que la véritable Angela Merkel est une personne très différente du mythe de leader fort et décisif qu’elle propage  elle-même attentivement.

Ce dont on ne discute pas en dehors de l’Allemagne, à quelque niveau que ce soit, est que le mythe de l’Allemagne commence à s’effilocher, même parmi les Allemands qui ne suivent pas les nouvelles de près et dont on attendrait normalement qu’ils la soutiennent.

Certains députés de son parti devraient voter contre son plan de sauvetage grec

La cause n’est pas la crise ukrainienne, mais le dernier plan de sauvetage de la Grèce.

À Russia Insider nous avons expliqué comment les tergiversations de Mme Merkel et son incapacité à prendre une position claire dans la crise grecque a créé une situation insoutenable, que personne ne souhaitait.

La Grèce est contrainte d’accepter une nouvelle dose massive d’austérité, sans promesse d’une décote de sa dette, afin qu’elle puisse rester dans l’euro.

L’Allemagne est obligée de débourser des milliards d’euros supplémentaires pour renflouer la Grèce de façon à maintenir celle-ci dans la zone euro [et lui permettre de rembourser ses dettes aux banques allemandes, NdT].

En attendant, aucun économiste sérieux ne croit que ce cocktail de politiques – imposer une austérité plus sévère tout en refusant de réduire une dette qui est évidemment insoutenable – peut fonctionner, alors qu’il a manifestement échoué avant.

Le même scepticisme est partagé par le FMI.

Tout cela parce que Mme Merkel a cédé aux pressions des États-Unis et n’a pas réussi à soutenir son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, qui a proposé que la Grèce quitte la zone euro et soit autorisée à faire défaut en dehors d’elle.

Cette situation où la faiblesse de Mme Merkel et son indécision face à la pression des États-Unis a entraîné l’Allemagne dans une politique extrêmement coûteuse – dont personne ne pense qu’elle fonctionnera – a pour la première fois exposé la Chancelière à une critique soutenue et largement répandue en Allemagne même.

Bild Zeitung, tabloïd très populaire de la droite allemande, a été particulièrement franc dans sa critique.

Le parlement allemand, le Bundestag, va voter sur le plan de sauvetage le 19 août 2015. Alors qu’il est certain de passer en raison du soutien du SPD et des Verts, il y a une spéculation généralisée sur une rébellion à grande échelle au sein de la CDU, le propre parti de Mme Merkel. Celle-ci a même été obligée d’annuler des voyages à l’étranger pour tenter de mater la révolte.

La rébellion au sein de la CDU sur le plan de sauvetage de la Grèce ne signifie pas encore un défi direct contre le leadership de Mme Merkel. Conscients de la popularité de celle-ci, nombre de rebelles de la CDU continuent de déclarer leur loyauté envers elle.

C’est cependant la première fois que, durant cette crise, Mme Merkel s’est trouvée elle-même nager à contre-courant de l’opinion à la fois en Allemagne dans son ensemble et dans son propre parti. Pour la première fois son jugement est remis en question par une majorité d’Allemands.

Comme je l’écrivais pour Russia Insider, peu de temps après le dernier accord de sauvetage de la Grèce, «… le résultat le plus important du dernier rebondissement dans la crise grecque est la façon dont il a démasqué Merkel».

Donc, il se révèle qu’avec la situation en Grèce et en Ukraine en voie de détérioration rapide, c’est seulement une question de temps avant que le jugement de Mme Merkel – et son leadership – ne soient remis  encore plus en question.

Alexander Mercouris 

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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