Réduire la techno-sphère, Partie II

Dmitry OrlovPar Dmitry Orlov – le 14 octobre 2015 – Source Club Orlov

Partie I

 

 

Les technologies politiques ont trois objectifs principaux:

1. Changer les règles du jeu entre les participants dans le processus politique.
2. Introduire dans la conscience de masse de nouveaux concepts, des valeurs, des opinions et des convictions.
3. Manipuler directement le comportement humain à travers les médias de masse et les méthodes administratives.

Les technologies politiques poursuivent ces objectifs tactiques en conformité avec des impératifs stratégiques, plus élevés, et c’est seulement la nature noble de ces impératifs élevés qui peuvent justifier l’utilisation de ces moyens non démocratiques, tenus d’une main ferme. Oui, la fin justifie les moyens, de temps en temps. Il vaut mieux, pour sauver l’humanité et le monde naturel, utiliser des moyens non démocratiques que de les laisser s’éteindre en adhérant à ceux qui sont strictement démocratiques.

Mais souvent, les impératifs sont beaucoup moins nobles. Ils peuvent être séparés en deux catégories:

1. Améliorer le bien-être de tout le monde par la poursuite du bien commun de toute la société, tel qu’il est compris par ses membres les plus instruits, les plus dignes et responsables, les plus intelligents. Les technologies politiques de ce genre résultent d’un cercle vertueux, se fondant sur les succès précédents pour renforcer la cohésion sociale, la solidarité et la mise en scène pour de grandes réalisations. (Ce sont les bons côtés.)

2. Enrichir, donner du pouvoir et protéger les intérêts particuliers au détriment du reste de la société. Ces types de technologies politiques ne réussissent pas à surmonter leurs contradictions internes ou sont entraînées dans un cercle vicieux, dans lequel ceux qui en bénéficient s’acharnent à obtenir des niveaux toujours plus élevés de comportements égoïstes au détriment des autres, préparant le terrain pour des résultats sociaux désastreux, une stagnation économique, une violence de masse et une guerre civile éventuelle avec une désintégration politique. (Ce sont les mauvais côtés.)

Prenons les États-Unis à titre d’exemple. Les États-Unis prennent actuellement plus que leur juste part de cette seconde description. Passons brièvement en revue une douzaine de références à ces comportements, parmi les plus importantes.

1. Le lobby des combustibles fossiles.

Objectif : Convaincre la population américaine qu’un changement catastrophique climatique anthropique ne se produit pas.

Moyens : Mener des campagnes de diffamation contre les scientifiques du climat, publication de faux articles scientifiques, dénigrement de la science dans son ensemble, présentation du mouvement pour arrêter le changement climatique catastrophique comme une conspiration, etc.

Ce lobby montre quelques signes de défaillances avec une contradiction interne, comme quoi certaines parties de Caroline du Sud, un État soi-disant conservateur, finiraient sous l’eau dans un prétendu «déluge de mille ans» (qui sera bientôt rebaptisé «crue centennale», puis  «crue décennale» et, enfin, en inondation blub-blub-blub). Contrairement à la Caroline du Nord, la Floride (un autre État blub-blub-blub) et le Wisconsin, la Caroline du Sud n’a pas interdit l’utilisation du terme «changement climatique» aux employés de l’État; non pas que quiconque l’ayant entendu puisse les utiliser comme il veut. Lorsque les technologues politiques commencent à interdire l’utilisation de mots, vous savez qu’ils sont de plus en plus désespérés. Au niveau de la technologie méta-politique, quand un technologue politique montre des signes de défaillance par une contradiction interne, il est souvent préférable de laisser les choses suivre leur cours. Après tout, qu’importe si les responsables en Caroline ou en Floride utilisent le terme changement climatique ou le terme blub-blub-blub?

2. Les fabricants d’armes.

Objectif : Convaincre la population américaine que la propriété privée des armes à feu met les gens à l’abri, qu’elle est efficace pour prévenir la tyrannie du gouvernement, et qu’elle est un droit devant être défendu à tout prix.

Mais là aussi, on voit apparaître quelques signes de défaillance avec une contradiction interne, comme l’augmentation du nombre de fusillades de masse aux États-Unis. Le niveau de lavage de cerveau ici est assez élevé, et les autorités américaines pourraient se trouver contraintes de recourir à la manipulation directe pour ramener la situation sous contrôle (enfin c’est ce qu’ils espèrent). Cela peut impliquer une sorte de bras de fer féroce entre le gouvernement et les fous des armes à feu, dans lequel ces derniers sont décrits comme des terroristes, des hors-la-loi qui, dans un exercice de démonstration, seraient instantanément anéantis par l’armée, la marine et l’armée de l’air. Mais cela ne ferait que mettre en évidence la prochaine couche de contradictions internes: en démontrant de façon décisive que la possession d’une arme à feu ne vous met pas à l’abri, et que les armes sont inutiles dans la prévention de la tyrannie, le gouvernement serait forcé d’admettre tacitement qu’il est, de fait, une tyrannie en guerre avec son propre peuple. Et cela nuirait à un certain nombre d’autres technologies politiques dont le gouvernement dépend pour sa survie politique.

3. Le système politique à deux partis, avec les lobbyistes et ses sponsors parmi les corporations, le big money et des étrangers.

Objectif : Garder les gens dans la croyance que les États-Unis sont une démocratie et que les gens ont le choix. D’une part, cette technologie semble fonctionner. Beaucoup de gens ont voté pour Obama (certains d’entre eux deux fois!), puis ont eu un grand moment de solitude face au fait qu’il n’était qu’un imposteur, à peine différent de son prédécesseur, et que tout ce qu’il avait dit pour obtenir leur vote était seulement une musique de l’espoir. Et maintenant, beaucoup de ces mêmes personnes sont prêtes à voter de nouveau, pour un quelconque autre politicien de carrière, démocratique, jouant le même genre de musique de l’espoir. Mais malgré tout, cet aspect de la technologie politique semble être   plutôt en déclin. L’appareil des partis paraît incapable de produire des candidats viables. Les républicains sont dans le désarroi interne et semblent particulièrement vulnérables, risquant d’être relégués au second plan par des étrangers comme Trump. En outre, la plupart des électeurs ne s’identifient plus avec l’un ou l’autre des partis, un développement troublant pour les technologues politiques chargées de les faire paître d’un côté ou de l’autre de l’échiquier politique.

4. Les entreprises de défense et les élites autour de la défense nationale.

Objectif : Justifier les budgets de défense exorbitants au prétexte qu’ils gardent la nation en sécurité en déjouant les malfaiteurs et autres absurdités. Les États-Unis ont un système de défense très coûteux, mais très inefficace.

Affaire en cours : Les hostilités en Syrie menacent de dégénérer. Les États-Unis ont ordonné au porte-avion USS Theodore Roosevelt de quitter le golfe Persique, laissant ce golfe sans un seul porte-avions américain pour la première fois en 6 ans.

La raison est simple : Bien qu’issus d’une recherche de pointe très coûteuse, les porte-avions américains ne sont efficaces que contre des adversaires très faibles et désorganisés. Quand on en vient à affronter de grandes puissances comme la Russie, la Chine et l’Iran, ils ne sont pas plus que des canards d’eau douce, sans défense contre les attaques de missiles de croisière supersoniques et de torpilles à super cavitation [1] – qu’en outre les Américains ne possèdent tout simplement pas. Ces signes évidents de faiblesse (et il y en a beaucoup d’autres) sapent les fondements de ces demandes en dollars pour la défense, selon lesquelles c’est de l’argent bien dépensé. Avec le temps, ce message est amené à sombrer comme la mise en place de la défense des États-Unis produit des cafouillages militaires inutiles, des rapports sans fondement, ceux des services de renseignement prenant leurs désirs pour la réalité, ce qui entraîne une contradiction interne grave.

Si on couple cette relative impuissance des armes de haute technologie américaines contre des adversaires équipés de façon similaire avec l’incapacité ou le refus de déployer des troupes au sol (après les grandes réussites dans les hachoirs à viande de l’Irak et de l’Afghanistan), on a une superpuissance d’antan dont la capacité à projeter sa force est plutôt circonscrite. Pourquoi, alors, est-ce que ça coûte autant? Une défaite aurait pu être obtenue pour beaucoup moins cher. Un signe de désespoir vient de cette dernière initiative américaine de déposer des palettes de munitions d’armes légères et de grenades à main dans les déserts du nord de la Syrie, dans l’espoir que certains terroristes modérés (mort de rire) seraient les premiers à les trouver pour les utiliser contre le gouvernement syrien.

La liste est longue, mais, pour des raisons de concision, et comme exercice pour le lecteur, je vais laisser celui-ci remplir en détail les exemples restants de mauvaises technologies politiques que l’on trouve aux États-Unis. Les informations ne sont pas difficiles à trouver. Demandez-vous si ces technologies vont échouer grâce à une contradiction interne, par le déclenchement d’un conflit plus large ou en provoquant une dégénérescence généralisée dans la population qu’elles oppriment.

5. L’industrie médicale.

Objectif : Maintenir les gens dans la conviction qu’une assurance maladie privée est nécessaire, que les frais médicaux exorbitants sont justifiés, que la médecine socialisée est en quelque sorte le mal incarné, et qu’ils reçoivent des soins médicaux de bonne qualité, en dépit de toutes les preuves du contraire.

6. L’industrie de l’enseignement supérieur.

Objectif : Maintenir les gens dans la conviction que l’enseignement supérieur aux États-Unis est une valeur sûre en dépit de ses coûts exorbitants, de la crise de la dette étudiante et du fait que plus de la moitié des diplômés universitaires et du collège ont été incapables de trouver un emploi professionnel.

7. Le complexe industriel des prisons.

Objectif : Maintenir les gens dans la conviction qu’emprisonner un pourcentage plus élevé de la population que ne l’a fait Staline, surtout pour des actes non violents, des crimes sans victimes, permet d’assurer en quelque sorte la sécurité de la population en dépit de l’inexistence de preuves.

8. L’industrie automobile.

Objectif : Maintenir les gens dans la conviction qu’une automobile à soi est la marque d’une liberté personnelle tout en dénigrant les transports en commun, en dépit du fait que si vous prenez en compte tous les coûts et les externalités des voitures particulières en les traduisant en heures de travail nécessaires pour payer pour cela, conduire une voiture se révèle moins rentable que la marche.

9. L’industrie agro-alimentaire.

Objectif : Maintenir les gens dans la conviction qu’un régime alimentaire constitué de nourriture pas chère, chargée de produits chimiques, produite industriellement est en quelque sorte acceptable en dépit du niveau élevé d’obésité, de maladies cardiaques, du diabète et d’autres affections qui en sont les conséquences.

10. L’industrie financière.

Objectif : Maintenir les gens dans la conviction que leur argent est en sécurité même s’il disparaît dans le trou noir sans cesse croissant d’une dette impossible à rembourser.

11. La religion organisée.

Objectif : Maintenir les gens dans la conviction que se prosterner devant un grand homme blanc dans le ciel, qui pourrait vous envoyer en enfer en dépit du fait qu’il vous aime, et qui, bien que tout-puissant, a toujours besoin de votre argent, l’emporte sur l’utilisation de votre propre raison se fondant sur des faits pour trouver votre propre chemin dans le monde. Cela amène les gens simples d’esprit à affirmer avec insistance que l’histoire fabriquée du dieu égyptien Horus, à laquelle on ajoute des morceaux de l’épopée de Gilgamesh et d’autres mythes anciens, est la parole de Dieu et la vérité littérale absolue. Il faut garder vivante la fiction que les personnes religieuses sont en quelque sorte plus morales ou plus éthiques que les personnes non religieuses.

12. Le système juridique.

Objectif : Maintenir les gens dans la conviction que le système juridique produit en quelque sorte la justice au lieu de se vendre au plus offrant, seulement pour nourrir une énorme armée d’avocats bien payés qui mériteraient leur argent, et que l’obéissance à un codex de lois si volumineux et si compliqué qu’il en est complètement incompréhensible pour une personne moyenne et même pour la plupart des avocats, signifie être un bon citoyen.

Comme vous le voyez, les États-Unis supportent un certain poids de parasitisme dû aux mauvaises technologies politiques. Chaque groupe d’intérêt particulier peut faire appel à des technologues politiques pour mettre en place un système qui lui assurera un morceau disproportionné du gâteau, au détriment de tout le monde.

Tout ceci est déjà assez mauvais, mais les mauvaises technologies politiques provoquent un problème supplémentaire: elles affaiblissent l’esprit de ceux qu’elles oppriment. Leur principal objectif est de maintenir les gens dans la conviction de choses qui sont fausses. Une fois qu’elles réussissent, ces gens deviennent personnellement investis dans ces mensonges, viennent à s’y identifier et prennent toute information qui les contredit soit comme un affront personnel ou, à tout le moins, comme une source de dissonance cognitive inopportune. Cela les rend imperméables à de bonnes technologies politiques, celles qui cherchent à les convaincre de choses qui sont vraies et d’approches qui travaillent sur les faits pour les orienter dans le sens de faire ce qui est nécessaire. Ils sont ce que Andy Borowitz a appelé l’«homme résistant aux faits».

En raison de la forte charge parasitaire des mauvaises technologies politiques, la population des États-Unis ne peut pas comprendre l’importance d’en mettre de bonnes sur pied, comme celle visant à prévenir un changement climatique catastrophique. Un grand nombre de ces mauvaises technologies politiques sont sur le point d’échouer, soit par le biais de contradictions internes, soit en raison de leurs effets néfastes sur les personnes prises dans leurs sortilèges. Il est donc logique d’attendre.

En outre, le problème des États-Unis comme pollueur et perturbateur majeur du climat peut se résoudre de lui même : les États-Unis sont un pays qui souffre énormément du changement climatique, avec la côte Ouest et le Sud-Ouest courant vers des pénuries l’eau, le Sud décimé par des vagues de chaleur et la côte Est en passe de disparaître sous les vagues. Gardez à l’esprit que cela concerne moins de 5% de la population mondiale, un nombre important, mais pas assez important pour tenir en otage le reste de la planète.

Essayer de négocier avec les États-Unis pour prévenir un changement climatique catastrophique commence à ressembler à une perte de temps. Pourquoi les 95% devraient attendre de voir les 5% se creuser un trou assez profond pour eux-mêmes? Mais qu’est-ce qui ne serait pas une perte de temps? Telle est la question que nous allons traiter bientôt.

Dmitry Orlov

Traduit par Hervé, relu par Diane pour le Saker Francophone

[1] Précisions de l’Auteur

  • Les États-Unis disposent d’un missile de croisière supersonique air-sol lancé mais de  courte portée. Idem pour la France. Ils n’ont rien qui se compare avec le Kalibr russe, qui dispose d’un rayon d’action de plus de 1500 km et a été récemment testé en Syrie en conditions réelles avec 100% de réussite.
  • Les États-Unis n’ont pas de torpilles fonctionnant sur le principe de la super-cavitation.
  • La vitesse Mach 1 commence à 1,470km/h, et la vitesse de propulsion de la torpille US à hélice la plus rapide est de 500 km/h, moins de la moitié.
  • La Russie et l’Irak ont la torpille Shkval, qui nage à plus de 500 km/h.
  • Les porte-avions peuvent abattre des cibles subsoniques, mais ils ont pas de défense antimissile contre les supersoniques.
  • Contrairement aux Tomahawk subsoniques des Américains, le Kalibr peut être lancé depuis des petits navires.
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Le retour, et la victoire, des non-humains

«...Essayez d'imaginer ce qui est arrivé à l'Amérique pour que des professeurs de droit de Harvard et Berkeley créent des justifications légales à la torture et à l'assassinat extra-judiciaire, et que les présidents américains se livrent à ces crimes odieux. Il est clair que l'Amérique est exceptionnelle dans son immoralité, son manque de compassion humaine, son mépris de la loi et de son document fondateur...

Barron, Bybee, Yoo, et Bradford sont membres d'une nouvelle espèce : les non-humains fécondés par le ventre immonde de l'environnement toxique américain fait d'arrogance, d'orgueil, et de paranoïa.» Paul Craig Roberts

 

Paul Craig Roberts

Paul Craig Roberts

Par Paul Craig Roberts – Le 3 septembre 2015 – Source counterpunch

La descente de l’Amérique dans la violence totalitaire s’accélère. Comme le régime de Bush, le régime Obama a un penchant pour récompenser les fonctionnaires du Département de la Justice(sic)  qui piétinent partout autour d’eux la Constitution américaine. L’année dernière, le premier président noir des États-Unis a nommé David Barron au poste de juge à la Première cour d’appel du circuit de Boston US.

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D’après Norman Finkelstein, les rapports d’Amnesty concernant Gaza sont de la pure propagande pro-israëlienne

«... J'en suis arrivé à reconnaître la sagesse de l'approche qu'avait Gandhi de la politique. Sa doctrine exprimait l'idée que la politique ne devait pas chercher à changer l'opinion publique, mais devait tenter d'amener les gens à agir sur ce qu'ils estimaient mauvais... L'un des dangers qui menacent les politiques radicales est leur aspiration à aller au-delà du sentiment populaire. Vous définissez vos propres conceptions du bien et du mal, et vous tentez de vous distinguer d'un public ignorant. Au final, vous aurez une posture politique des plus impressionnantes, mais au détriment de son efficacité.» Norman Finkelstein

Voir aussi la série d'articles de Finkelstein publiée par le Saker Francophone sur les rapports d'Amnesty concernant l'opération israélienne Protective Edge à Gaza en juillet 2014 évoqués dans cette entrevue.

Le Saker Francophone

Par Nick Mutch – 19 juillet 2015 – Source Information Clearing House

Norman Finkelstein est un grand connaisseur, bruyant et controversé, du conflit israélo-palestinien, et l’un des critiques d’Israël les plus assumés et les plus incisifs. Aux côtés du célèbre historien israélien Benny Morris, il a récemment annoncé son association avec Byline, une plate-forme de financement participatif pour le journalisme indépendant. Il a l’intention d’utiliser ses articles pour récolter 100 000 dollars, qui seront donnés à l’hôpital Al-Awda de Gaza. Vous pouvez soutenir son travail et la campagne de financement à cette adresse. Nick Mutch a pu parcourir un premier jet de l’étude de Norman centrées sur les rapports émis par Amnesty International concernant la guerre de Gaza, et a pu discuter avec lui de ce nouveau projet par téléphone.

Nick Mutch (NM) : Votre dernier article présente une critique acérée des rapports émis par Amnesty International à propos de l’opération Bordure Protectrice, l’assaut israélien contre Gaza, l’été dernier. Vous vous attaquez notamment aux différences de traitement entre «des attaques de mortiers et de roquettes, illégales et meurtrières, par un groupe armé palestinien» (Unlawful and Deadly: Rocket and Mortar Attacks by Palestinian Armed Groups) et «Des familles sous les décombres : attaques israéliennes sur des maisons habitées» (Families Under the Rubble – Israeli Attacks on Inhabited Homes). Pourriez vous nous en dire plus?

Norman G. Finkelstein (NGF) : Je me suis plongé dans les rapports d’Amnesty, plein d’espoir et avec des attentes élevées, car j’avais en mémoire leur rapport 22 jours de massacres et de destructions (22 Days of Death and Destruction), qui avait été publié après l’opération Plomb Durci en 2008-2009. Je m’attendais à lire un rapport rigoureux, honnête et légalement cadré de ce qui a pu se passer sur place. Dans la bataille menée pour gagner l’opinion publique, nous avons besoin d’organisations comme Amnesty, qui possèdent une autorité morale certaine, pour faire pièce à la propagande israélienne qui fonctionne comme une machine bien huilée.

Mais je suis un lecteur des liens donnés dans un article, et je n’ai pu m’empêcher de remarquer que certaines sources, par exemple le ministère des Affaires étrangères israélien, étaient citées de façon extensive. Cette véritable antenne de propagande était citée comme une source sûre, alors que les enquêtes par des organisations humanitaires gazaouies respectées, comme al-Mezan, n’étaient même pas mentionnées. J’en suis arrivé à réaliser que les rapports d’Amnesty ne faisaient que reprendre la propagande israélienne, c’est à dire une image retouchée et embellie des horreurs infligées par Israël à Gaza.

Israël a détruit ou rendu inhabitables 18 000 maisons. Dans ‘Des familles sous les décombres’, Amnesty insinue que dans l’intégralité des cas étudiés, Israël ciblait des objectifs militaires, mais a utilisé une force disproportionnée. C’est un alibi parfait pour Israël. Toute personne familière avec le droit humanitaire international (les lois de la guerre), sait qu’il est impossible de prouver la disproportion. C’est un concept sans pré. Comment faites vous pour estimer combien de vies civiles valent un objectif militaire? C’est un cas classique de comparaison entre des pommes et des oranges.

Y avait-il vraiment 18 000 militants du Hamas dans ces 18 000 maisons? Si vous vous référez aux témoignages de combattants israéliens publiés par l’organisation Breaking the Silence, vous verrez qu’ils montrent qu’Israël avait deux objectifs à Gaza. Tout d’abord, lorsque les troupes entraient sur le champ de bataille, les règles d’engagement qui leur étaient imposées étaient les suivantes : tirez sur tout ce qui bouge, voilà tout. En d’autres termes, il n’y a pas de civil dans les zones de guerres identifiées comme telles. Ensuite : à chaque fois que vous entrez dans une maison, détruisez-là en sortant. Leurs bulldozers blindés D-9 fonctionnaient jour et nuit pour détruire les maisons rencontrées. En quoi cela avait-il un quelconque rapport avec le fait de prendre des militants pour cible?

Tirez sur tout ce qui bouge, voilà tout.

NM : Vous indiquez dans votre article qu’«Amnesty retombe dans ses vieux travers», mais vous considérez également que l’opinion publique dans le reste du monde est en train de se tourner contre Israël. Comment expliquez-vous ce paradoxe?

NGF : De façon extraordinaire, malgré la propagande médiatique et l’immense pouvoir du lobby sioniste, l’opposition populaire à la politique d’Israël ne fait que croître. De plus en plus de gens ont vu au travers de la toile des mensonges, et sont en mesure de discerner la vérité. Quand les partisans d’Israël ont compris qu’ils avaient perdu la bataille pour l’opinion publique dans les segments libéraux des sociétés, comme les campus des universités et les organisations humanitaires, ils ont cessé d’agir avec des pincettes. Ils se sont mis à accuser quiconque était vaguement critique de la politique d’Israël d’être antisémite, et se sont mis à appliquer toutes sortes de pressions en sous-main. Par exemple, sur les campus universitaires, où l’opinion majoritaire s’oppose avec vigueur à la politique israélienne, des réseaux d’anciens étudiants juifs ont été mobilisés pour menacer de retirer leurs subventions.

Vous pouvez aussi vous référer au conseil d’administration d’Amnesty au Royaume-Uni, qui a récemment contribué à une nouvelle campagne anti-antisémitisme. Ils ont donné leur accord à la mise en place d’une campagne absurde. Avez-vous jeté un œil aux statistiques à ce sujet? D’après tous les sondages menés par des sources sérieuses, comme Pew, l’antisémitisme au Royaume-Uni concerne moins de dix pour cent de la population. Par contre, soixante pourcent de la population du Royaume-Uni a des préjugés envers les gitans, et quarante pour cent envers les musulmans. Et l’autre jour, une manifestation nazie au Royaume-Uni a été l’occasion d’un grand ramdam médiatique. Savez-vous combien de nazis se sont vraiment rendus à cette manifestation? Vingt. Mais le Guardian a tout de même cru bon de présenter en une un sondage a la fiabilité douteuse, annonçant des taux d’antisémitismes alarmants dans le pays. Les gens ont plus de préjugés envers les gens gros, petits ou laids [qu’envers les juifs]. Je suis prêt à parier que si vous demandez à n’importe quel Britannique s’il préfère être chauve ou juif, il choisira juif.

NM : Avez-vous déjà été personnellement en contact avec des manifestations d’antisémitisme ?

NGF : J’ai grandi dans un environnement totalement judaïsé, de la maternelle à l’université. Je ne connaissais pratiquement que des juifs. C’était comme si les non-juifs de l’école étaient inexistants, car les meilleures classes étaient entièrement constituées de juifs. Je connaissais bien quelques non-juifs, comme ça, mais nous ne nous mélangions pas. Ma génération de faisait pas grand cas de l’antisémitisme. Nous étions trop occupés à préparer nos plans pour nos futures carrières. En fait, beaucoup de mes anciens camarades ont brillamment réussi. Un grand nombre d’entre eux ont pu faire carrière dans leurs champs respectifs et ont fini directeurs de département dans une université de l’Ivy League, professeurs à l’Ecole médicale de Harvard, gérants de grandes corporations, directeurs de fonds spéculatifs, sénateurs. Ils étaient intelligents, bien sûr, vous aurez du mal à trouver votre place dans le monde, en partant d’en bas, si vous n’êtes pas intelligent. Mais ils étaient également très ambitieux, sans doute trop. Déjà, à l’époque, et je doute que cela ait changé, il ne s’agissait pas de gens très sympathiques. Ils n’auraient rien laissé se mettre en travers de leur ascension de l’échelle de la gloire, que ce soient des sentiments ou des principes. L’antisémitisme n’était même pas un sujet de discussion, car nous étions persuadés, et la suite à prouvé que nous avions raison, que si nous travaillions assez dur, tous les chemins vers le pouvoir et les privilèges nous seraient ouverts.

NM : Par le passé, vous avez émis des positions extrêmement critiques envers le mouvement Boycott, Divestment and Sanctions [BDS pour Boycott, Désengagement et Sanctions, NdT], le qualifiant de culte et d’«historiquement criminel». D’où vient votre désaccord avec ce mouvement?

NGF : Je suis en accord avec quatre-vingt-quinze pour cent des actions menées par BDS, mais pas avec leur charte officielle. La tactique qui consiste à utiliser divers instruments nonviolents comme les boycotts, le désengagement, les sanctions économiques, est évidemment appropriée. Il est inutile de tenter de convaincre les Israéliens au moyen d’arguments rationnels ou moraux. Vous ne pourrez pas plus les convaincre de la validité de la lutte palestinienne que vous n’auriez pu convaincre un blanc du Sud des USA de la pertinence des mouvements pour les Droits Civiques. Toute approche critique de l’action de BDS doit commencer par reconnaître la ténacité, l’ingéniosité et l’intelligence des activistes qui forment la base de BDS, et qui ont pu remporter un nombre impressionnant de victoires contre Israël.

Mon différend avec BDS vient du fait que je considère qu’il est impossible de gagner l’opinion publique sans affirmer clairement le droit à l’existence de l’État d’Israël, à l’intérieur des ses frontières reconnues par des accords internationaux. BDS refuse catégoriquement de prendre une telle position : ils affirment n’avoir aucune opinion quand au droit d’Israël à exister. C’est le meilleur moyen de se couper d’une grande partie du public.

BDS affirme être ancré sur le droit international, mais le droit international admet l’existence de l’État d’Israël. C’est pourquoi le pays est membre de l’ONU. Vous ne pouvez à la fois demander la reconnaissance des Palestiniens au nom du droit international et refuser cette reconnaissance à d’autres. Vous ne pouvez pas choisir quelle partie de la loi accepter, et en refuser le reste. Vous devez admettre l’ensemble de ce que stipule le droit international concernant les deux parties du conflit, et pas seulement vous occuper du côté qui a votre préférence. Si vous demandez que vos droits soient respectés, alors vous avez automatiquement l’obligation de respecter les droits des autres. Au final, chaque victoire atteinte par BDS l’a été en dépit de leur charte.

Vous ne pouvez pas choisir quelle partie de la loi accepter.

Les diverses résolutions votées dans les campus US américains, qui demandent le désengagement, s’attaquent à l’occupation [de Gaza par Israël], tout en reconnaissant explicitement l’État d’Israël. Si BDS se définit par sa charte officielle (ce que ses dirigeants affirment), il est difficile d’admettre que ces résolutions puissent être considérées comme des victoires pour BDS. En effet, celles-ci soutiennent directement la solution de deux États, sans que cette solution soit reconnue par la charte de BDS, et alors que de nombreux dirigeants et activistes du mouvement s’y opposent fortement.

De plus, BDS entretient l’illusion qu’en agissant seul, et sans le soutien d’une résistance populaire massive dans les territoires occupés, le mouvement sera capable de libérer la Palestine. Un dirigeant de BDS est allé jusqu’à proclamer récemment que ‘«BDS pourrait bien être la plus puissante forme de résistance du peuple palestinien jamais formée‘». Vraiment? Cela suppose donc que le nombre de Palestiniens qui ont participé activement à BDS est plus important que ceux qui ont prix part à la Grande Révolte arabe de 1936-1939 ou à la première intifada? Ce dirigeant semble confondre le peuple palestinien avec les ONG financées par l’étranger qui fleurissent à Ramallah. Un autre dirigeant de BDS vient d’affirmer: «Concernant Gaza, nous considérons que le seul espoir restant passe par un boycott d’Israël, et son isolation complète, jusqu’à ce que les résidents des camps de réfugiés gazaouis, qui forment la majorité de la population sur ce territoire, puissent retourner dans leurs villes et villages dont ils ont été chassés en 1948.»

Il est étrange d’entendre ces gens qui d’une part, fustigent les colons-impérialo-racistes-blancs-libéraux-sionistes occidentaux pour leur négligence envers la volonté palestinienne, alors que d’autre part, ils souhaitent voir la Palestine libérée, non pas par son peuple, mais par des pressions exercées depuis l’étranger. Ces affirmations, et les nombreuses autres semblables, provenant de la direction du BDS, s’apparentent à des illusions, mâtinées de délire et entrelacées de mégalomanie. Le révolutionnaire africain Amilcar Cabral a un jour affirmé : «Ne pas mentir, ne pas revendiquer les victoires faciles.» A mon avis, ce sage conseil devrait être mieux médité.

NM : De nombreux étudiants britanniques ont exprimé un soutien massif au mouvement BDS. Que pensez-vous du soutien apporté par les étudiants à ce mouvement ?

NGF : Je peux comprendre ces jeunes gens qui soutiennent la charte de BDS et la solution de l’État unique. Dans ma jeunesse, j’aurais agi comme eux. Cela vient en partie de l’idéalisme inhérent à une jeune personne. Un État séculier unique, sous lequel chacun puisse bénéficier des mêmes droits, est bien plus attirant à une sensibilité éclairée, que deux États basés sur des critères ethniques. Mais il s’agit aussi d’une posture qui se veut radicale : on cherche plus de pureté, à être plus en avant que tous les autres, quand une solution à deux États semble triste et pleine de compromis. L’âge n’a pas éteint mon radicalisme, mais mon investissement en politique se concentre moins sur moi-même, sur mon ego et mon souhait de présenter une pose radicale à la face du monde. Je cherche bien plus à trouver une solution efficace.

J’en suis arrivé à reconnaître la sagesse de l’approche qu’avait Gandhi de la politique. Sa doctrine exprimait l’idée que la politique ne devait pas chercher à changer l’opinion publique, mais devait tenter d’amener les gens à agir sur ce qu’ils estimaient mauvais. Chacun sait que le système a déjà une multitude de défauts inacceptables. Le problème vient du fait qu’il est rare que les gens agissent à ce propos. L’un des dangers qui menacent les politiques radicales est leur aspiration à aller au-delà du sentiment populaire. Vous définissez vos propres conceptions du bien et du mal, et vous tentez de vous distinguer d’un public ignorant. Au final, vous aurez une posture politique des plus impressionnantes, mais au détriment de son efficacité.

NM : Pourriez-vous nous parler de vos parents et de l’influence qu’ils ont eu sur vous ?

NGF : Cette année marque le vingtième anniversaire de leur mort. Mon père est mort en janvier 1995, et ma mère en octobre de la même année. J’aimerais pouvoir poser une plaque en leur mémoire dans un hôpital de Gaza (ce que je tente d’accomplir avec Byline.com). Bien sûr, il me faut considérer la possibilité qu’Israël, dans son délire abyssal, puisse bombarder l’hôpital pour détruire cette plaque. Cela s’appelle «apprendre les leçons de l’Holocauste».

Tout ce que j’ai pu accomplir dans ma vie l’a été en rétribution des souffrances que leur a causé la Seconde Guerre mondiale, et qui les ont marqués pour le restant de leur vie. J’ai eu l’occasion de dîner un soir avec deux honnêtes vétérans de la Seconde Guerre mondiale et leurs femmes, nées allemandes. La conversation en est venu à leur mariage avec ces deux vétérans, en Allemagne, après la guerre. Elles avaient toutes deux participé aux Jeunesses hitlériennes. Cela ne me dérangeait pas fondamentalement. De nombreuses personnes avaient rejoint l’organisation pour gravir les échelons de la société nazie, tout comme ils auraient rejoint les boys scouts. Ils avaient dû faire des compromis moraux, tout comme le reste d’entre nous. Mais à un moment, l’une de ces femmes s’est exclamée, avec comme un gémissement dans la voix: «Combien de temps les allemands auront-ils à vivre avec cet Holocauste?» Ma première pensée a été: «Mes parents ont dû vivre avec jusqu’à la fin de leur vie, alors peut-être est-il juste que les Allemands de votre génération (elle devait avoir 70 ans) vivent aussi cela le reste de leur vie

Au moins, faites briller le soleil, je vous en prie, rien qu’un rayon de soleil.

NM : Seriez-vous capable de nous parler d’un moment qui vous a profondément marqué ?

NGF : Il n’est pas exagéré d’affirmer que l’Holocauste nazi était partout présent chez mes parents, depuis ce nombre bleu tatoué sur le bras de mon père, en passant par les images de la famille de ma mère, accrochées au mur du salon, la vision de ma mère scotchée à l’écran de télévision durant le jugement d’Eichmann, et jusqu’à sa réaction hystérique en voyant des vidéos du Viêt Nam au journal du soir. A chaque fois que je coupe une échalote, je vais jusqu’à la racine, me rappelant la valeur que pouvait prendre le moindre légume dans la soupe qui était distribuée dans les camps de concentrations.

Hier, je faisais visiter le Washington Square à un ami néerlandais. Je lui parlais de tous ces hippies qui venaient s’y retrouver dans les années 1960. Puis je lui ai montré une vidéo de Hair, le spectacle de Broadway. La chanson la plus connue de la pièce était Let the Sun Shine (Laissez briller le soleil), qui était filmée au Washington Square dans la vidéo. Pourquoi est-ce que je vous parle de cela? Parce que lorsque ma mère entendait cette chanson, qui parle de hippies adorant le soleil, à chaque fois elle s’effondrait en larmes. Elle se revoyait déambuler dans les rues du ghetto de Varsovie,  et prier «Au moins, faites briller le soleil, je vous en prie, rien qu’un rayon de soleil».

Et moi, qui ai atteint l’âge mûr de 61 ans, lorsque j’entends cette chanson, je ne pense pas aux hippies. Mais je pense à ma mère, parcourant le ghetto de Varsovie, dévastée, ravagée, sa famille exterminée, toute en os et sans muscles, contemplant les cadavres qui couvraient les rues, et elle qui ne pouvait que supplier: «Faites briller le soleil

NM : Le soleil est-il jamais revenu dans sa vie ?

NGF : Non. Elle a porté ce fardeau jusqu’à son dernier jour. Elle n’a jamais pu admettre l’idée que sa famille avait été exterminée. Ses deux sœurs, son frère, sa mère, son père. Elle n’a jamais pu l’accepter. En fait, même si elle l’avait pu, elle n’aurait pas laissé s’apaiser sa peine, elle ne voulait pas laisser leur disparition et continuer son chemin. Même arrivée à un âge où ses parents seraient morts de morts naturelle (elle est morte à 74 ans, mon père à 75), elle continuait à porter leur mémoire à chaque minute de chaque jour, et ce jusqu’à la fin de sa vie.

NM : Cela met-il nos problèmes en perspective ?

NGF : J’ai mon ego, j’ai mes bassesses, je souffre de chacune des faiblesses humaines, de nos afflictions narcissiques. Je suis bien souvent incapable de voir le choses de haut. Nihil humani a me alienum put, rien d’humain ne m’est étranger, était la maxime favorite de Marx. Nous sommes ainsi faits ; vous ne pouvez supprimer l’ego pour vous libérer et voir les choses de haut.

Traduit par Etienne, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone.

La vidéo (en anglais) ci-dessous vous en dit plus sur la campagne de financement lancée par Norman Finkelstein sur Byline, pour soutenir l’hôpital Al-Awda de Gaza

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Julian Assange : l’histoire détaillée et méconnue d’une bataille épique pour la justice

John Pilger

John Pilger

Par John Pilger – Le 31 juillet 2015 – Source : CounterPunch

Le siège de Knightsbridge est à la fois l’emblème d’une grande injustice et une mascarade épuisante.  Pendant trois ans, le cordon de police entourant l’ambassade d’Équateur à Londres n’a pas eu d’autre but que d’afficher le pouvoir de l’État. Cela a coûté 12 millions de livres sterling. Le gibier est un Australien qui n’est accusé d’aucun crime, un réfugié dont l’unique sécurité est la pièce qu’un courageux pays d’Amérique du Sud lui a accordée. Son crime est d’avoir lâché une cargaison de vérités sur un océan de mensonges, de cynisme et de guerre.

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Est-ce que Amnesty International a perdu la tête ? [1/6]


Une analyse médico-légale des rapports d’Amnesty International sur l’opération israélienne Protective Edge à Gaza en 2014


Par Norman G. Finkelstein – Le 9 juillet 2015–- Source byline.com

Amnesty International est parmi les premiers organismes de droits humains dans le monde. Ses déclarations façonnent l’opinion publique, alors que les États se sentent obligés, sinon à les écouter, en tout cas à répondre. Un mouvement pour la justice qui aspire à atteindre un large public et infléchir la politique de l’État ne peut se permettre d’ignorer l’association Amnesty International si, et quand, elle se fourvoie. L’affirmation de cette monographie est qu’Amnesty a en effet perdu le nord, et l’intention de cette monographie est de documenter cette proposition, dans l’espoir que Amnesty effectuera d’elle-même, ou que ses adhérents de base vont l’obliger, à effectuer une correction à mi-chemin.

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Les ploutocrates et la justice internationale. Le Guatemala en exemple


Par Eric Zuesse – Le 28 juillet 2015 – Source strategic-culture

Le 8 juillet 2015, s’est produit un événement massivement ignoré mais historiquement très importante (brièvement mentionné par la BBC). Il s’agit du seul jugement dans lequel un ancien chef d’État, l’ami guatémaltèque de Ronald Reagan, le général Rios Montt, ait jamais été condamné dans son pays pour génocide. Il s’est enfin terminé, après un long procès, par une déclaration d’un tribunal guatémaltèque, alléguant que le jugement du 10 mai 2013, condamnant Montt à 80 ans de prison pour génocide, devait maintenant être simplement abandonné, parce que Montt est censé être mentalement inapte à être jugé. Même si une révision de son procès avait été promise, elle n’aura probablement pas lieu. La ploutocratie du Guatemala semble avoir bloqué toute sanction pour le génocide provoqué par leur général et ancien président.

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Propos divers sur le bon usage de la démocratie

«Je voudrais gouverner dans une telle perfection, seigneur, que mon règne surpassât l’âge d’or.» William Shakespeare : La Tempête, Acte II, scène 1

Par jimmie – Le 15 juin 2015 – Source Yourdailyshakespeare

Je finis mon café, fermai mon livre, payai l’addition et m’apprêtai à partir. Soudain, l’inconnu assis à la table voisine, auquel je donnerais à partir de maintenant le titre de L’INCONNU, m’adressa la parole. «Puis-je vous poser une question? Vous êtes un client régulier de cet établissement. J’ai pu constater que vous lisiez lentement, marquiez des annotations dans vos livres, que vous faites souvent des pauses, plongé dans vos réflexions… De ces observations, je déduis que vous êtes un libre-penseur, et, par corollaire, un esprit libre. J’aimerais donc connaître votre opinion ; qui bénéficiera de votre bulletin lors des prochaines élections? Bush ou Clinton? Vous agréez, j’en suis sûr, à l’opinion suivant laquelle les élections sont la manifestation ultime de la Démocratie, la Démocratie étant l’ultime manifestation de la Liberté. Et un libre-penseur, par définition, doit placer la Liberté en très haute estime.»

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La solidarité humaine, ça existe. Mais faut aller loin pour la trouver


Étrange humanité, qu’une rivière borne. Socialisme argentin en deçà du Rio Paraguay, fascisme au delà


Par Andre Vltchek – Le 19 juillet 2015 – Source ICH

Le Rio Paraguay, l’un des plus grands fleuves d’Amérique du Sud, forme une frontière naturelle entre l’Argentine et le Paraguay, deux pays à la culture similaire, mais dont les systèmes politiques sont radicalement différents.

L’Argentine est socialiste, elle possède une couverture médicale universelle gratuite et une éducation pratiquement gratuite. Elle est dirigée par un gouvernement progressiste. Elle a refusé de se plier aux demandes de ses créditeurs, la Banque mondiale et le FMI. Elle a fait défaut sur sa dette, qui avait été accumulée sous l’égide de gouvernements de droite et pro-occidentaux (la Grèce devrait étudier et suivre son exemple). Elle est de plus en plus proche d’autres pays socialistes d’Amérique latine, ainsi que de nations non occidentales, comme la Chine ou la Russie.

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Le gel des actifs russes n’existe que dans les médias


Le 18 juin 2015 – Source: Fort Russ

Mettons les points sur les «i» en ce qui concerne la saisie d’actifs russes dans l’affaire Ioukos

Le siège de Ioukos Universal Limited à Moscou

Disons-le tout net, il n’y a pas de gel ni de saisie en tant que tels, et il n’y en aura sans doute pas. Je peux l’expliquer sans la moindre difficulté, mais le problème, c’est que nos journalistes sont plus intéressés par les grands titres que par les faits et l’interprétation correcte de ce qui se passe. Continuer la lecture

Vladimir Poutine à propos de la FIFA, Snowden & Assange (VOSTFR)


Par Sayed7asan – Le 28 mai 2015 – Source sayed7asan

Commentaires de Vladimir Poutine au sujet de la situation de la FIFA

Vidéo sous-titrée en français. Traduction des sous-titres Sayed7asan

https://www.youtube.com/watch?v=Zfa95kqvrJQ

 

Source : http://en.kremlin.ru/events/president/news/49546

Transcription

Journaliste : Des rapports concernant un scandale majeur à la FIFA sont apparus aujourd’hui. Cette organisation a été accusée de corruption et 14 employés ont été arrêtés. Pensez-vous que tout cela peut avoir un impact sur la Coupe du Monde 2018 en Russie ?

Vladimir Poutine : Je ne sais pas, cela ne nous regarde pas. Mais bien entendu j’ai une opinion sur la question.

 Comme nous le savons tous, l’élection du Président de la FIFA était prévue pour vendredi, et M. Blatter avait toutes les chances d’être réélu. Nous sommes conscients des pressions auxquelles il a été soumis pour empêcher la tenue de la Coupe du monde 2018 en Russie. Nous connaissons sa position sur ce dossier, et celle-ci n’a aucun rapport avec une quelconque relation spéciale entre la FIFA et la Russie. C’est sa position générale, une position de principe, à savoir que le sport et la politique doivent être toujours dissociés. Et de plus, il considère que le sport devrait avoir un impact positif sur la politique, et constituer une plateforme de dialogue, de réconciliation et de recherche de solutions. Je crois qu’il a parfaitement raison.

En ce qui concerne la série d’arrestations, le moins que l’on puisse dire est que c’est étrange, car les arrestations ont eu lieu à l’instigation d’accusations de corruption émises par les États-Unis. Qui ont-ils accusé ? Des fonctionnaires internationaux. Il est possible que certains d’entre eux aient violé la loi, je ne sais pas, mais il est clair que les États-Unis n’ont aucunement le droit de se mêler de cela. Ces fonctionnaires ne sont pas des citoyens des États-Unis, et même s’il y avait effectivement eu quelque violation, elle ne s’est pas produite sur le sol américain, et les États-Unis n’ont rien à faire là-dedans. C’est encore une fois une tentative manifeste des États-Unis d’appliquer leur juridiction sur d’autres États souverains.

Et je n’ai aucun doute sur le fait qu’il s’agisse d’une tentative concertée pour empêcher la réélection de M. Blatter au poste de Président de la FIFA, ce qui constitue une violation très grave du mode de fonctionnement des organisations internationales.

De plus, comme nos médias l’ont rapporté, le Procureur général américain a déjà annoncé que ces responsables de la FIFA ont effectivement commis des crimes, comme s’il ne savait pas que tout individu est présumé innocent jusqu’à ce qu’il soit déclaré coupable. Seule une Cour de justice peut déclarer quelqu’un coupable ou non coupable, et c’est seulement après cela que quiconque peut s’exprimer sur la question, même en supposant que les États-Unis aient pu avoir quelque légitimité à demander l’extradition de ces individus, bien que leurs crimes supposés aient eu lieu en dehors du territoire américain.

Nous connaissons la position des États-Unis au sujet de l’ancien agent de la NSA, M. Snowden, qui a révélé les actions illégales des États-Unis à l’échelle mondiale, y compris la mise sur écoute des téléphones de dirigeants étrangers. Tout le monde a condamné cela, même en Europe, mais personne n’a accepté de lui donner asile ou d’assurer sa sécurité, car personne ne veut se quereller avec ses partenaires, surtout ses principaux partenaires.

On pourrait à la rigueur comprendre cela, car M. Snowden est un ancien agent des services de sécurité américains et un citoyen des États-Unis, mais que dire de M. Assange? Il a été contraint de se réfugier dans l’ambassade d’un pays étranger pendant plusieurs années. C’est comme s’il était emprisonné. Pourquoi est-il persécuté? Pour des crimes sexuels? Personne ne peut croire cela.

Ils le traquent car il a publié des informations obtenues de la part de soldats américains au sujet des actions de l’armée américaine au Moyen-Orient, en particulier en Irak. J’évoque cela maintenant car malheureusement, nos partenaires américains emploient de telles méthodes pour parvenir à leurs propres fins. Ils espionnent les gens et les persécutent illégalement. Je n’exclus pas la possibilité que la même chose se produise avec la FIFA.

Bien sûr, je ne sais pas comment cela va finir, mais le fait que cela se produise juste avant l’élection du Président de la FIFA m’amène à ces réflexions.

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