La Pravda américaine – L’héritage de Sydney Schanberg


Par Ron Unz − Le 13 juillet 2016 − Source unz.com

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Le décès, samedi dernier, de Sydney Schanberg, à l’âge de 82 ans, devrait tous nous attrister. Il s’agit non seulement de la disparition de l’un de nos journalistes les plus réputés, mais ses articles révélaient des choses très profondes sur la nature de nos médias nationaux.

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Bimillénaire de la mort de Germanicus : La défaite de l’État profond romain


Par Ugo Bardi – Le 11 octobre 2019 – Source CassandraLegacy


Il y a 2 000 ans, le 10 octobre 19 de notre ère, Germanicus Jules César mourut à Antioche, en Asie Mineure, peut-être empoisonné par son oncle Tibère, alors empereur au pouvoir. Si nous voyons Hillary Clinton dans le rôle de Germanicus et Donald Trump dans le rôle de Tibère, vous avez un conflit équivalent en cours.

Très probablement, le concept d’« État profond » existait à l’époque romaine, tout comme dans la nôtre.

L’Europe du Sud-Est dans les relations internationales au tournant du XXe siècle 3/4


Par Vladislav B. SOTIROVI – Le 6 mai 2019 – Source Oriental Review

Italy and the BalkansAprès l’unification de l’Italie de 1859 à 1866, 1 l’administration italienne donna le feu vert à la politique étrangère de création d’une plus grande Italie relativement semblable à l’Empire romain. 2 Le projet d’un « nouvel Empire romain » reposait sur l’idée d’un contrôle direct ou d’acquisitions territoriales de certaines portions de la mer Méditerranée, la mer Adriatique, la mer Tyrrhénienne ainsi que de certains territoires en Afrique du Nord et en Asie mineure. Toutefois, après l’échec essuyé par les Italiens dans leur tentative de conquérir l’Afrique éthiopienne durant les années 1886-1896, la politique étrangère italienne se tourna vers les Balkans. 3

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  1. Sur l’unification de l’Italie, voir Darby G., The Unification of Italy, Seconde édition, CreateSpace Independent Publishing Platform, 2013. L’unification de l’Italie fut une lutte longue et complexe contre les occupants Habsbourg, des monarques italiens locaux en place depuis le Moyen Âge (par exemple, le Royaume des deux Sicile ou le Duché de Modène), et contre le conservatisme du Vatican. L’idée d’unification était impulsée par le sentiment que l’Italie devait devenir un État moderne, démocratique afin de se projeter dans le monde occidental moderne (Marr A., A History of the World, London : Macmillan, 2012, 404). L’Italie était historiquement marquée par des divisions, des tensions, des conflits et des guerres régionales. Le Nord de l’Italie, particulièrement la Lombardie, connut une forte industrialisation après l’unification qui amena cette partie de la péninsule à être le moteur et devenir la région la plus prospère du pays ainsi que l’une des régions les plus riches d’Europe à la fin du siècle dernier. De son côté, le Sud de l’Italie était dominé par un système de métayage qui maintenait la majorité de la population dans le statut de travailleurs sans terres employés par une minorité de grands propriétaires terriens. L’un des éléments centraux de la politique italienne depuis l’unification jusqu’à la conclusion des Accords du Latran en 1929 fut la relation entre les autorités séculières et l’Église catholique romaine (le Vatican). Après l’unification de l’Italie, dans le cadre de laquelle le Vatican perdit son propre État et de vastes territoires, le Pape interdit en 1918 aux Catholiques romains de prendre part à la mise en œuvre d’un nouvel état italien libéral et laïque (Palmowski J., A Dictionary of Twentieth-Century World History, Oxford : Oxford University Press, 1998, 302‒303). Il était fondamentalement impossible aux Italiens de forger une italianité fondée sur le catholicisme romain pour la simple et bonne raison que le Pape et le Vatican étaient hostiles au mouvement national italien (le Risorgimento). La nature fragmentaire de la société italienne, l’importante diversité linguistique et les multiples identités régionalistes, auxquelles s’ajoutait un conflit social massif ainsi qu’un système éducatif misérable comptèrent au nombre des facteurs qui firent de la nation italienne un projet assez instable et dont la concrétisation est restée problématique jusqu’à nos jours (Berger S., (ed.), A Companion to Nineteenth-Century Europe 1789‒1914, Malden, MA‒Oxford, UK‒Carlton, Australia: Blackwell Publishing Ltd, 2006, 179).
  2. Sur l’histoire de la Rome antique, voir Zoch A. P., Ancient Rome: An Introductory History, Norman: University of Oklahoma Press, 1998; Gibbon E., The History of the Decline and Fall of the Roman Empire, London: Penguin Books, 2001: Beard M., SPQR: A History of Ancient Rome, New York: Liveright Publishing Corporation, 2015; Baker S., Ancient Rome: The Rise and Fall of an Empire, London: BBC Books, 2007.
  3. Sur la question du colonialisme et de l’impérialisme italiens suite à l’unification en 1861/1866, voir Negash T., Italian Colonialism in Eritrea, 1882−1941: Policies, Praxis, and Impact, Coronet Books Inc, 1987; Ben-Ghiat R., Fuller M. (eds.), Italian Colonialism, New York: Palgrave MacMillan, 2005; Duncan D, Andall J., Italian Colonialism: Legacy and Memory, Peter Lang International Academic Publishers, 2005; Andall J., Duncan D., (eds.), Italian Colonialism: Legacy and Memory, Peter Lang International Academic Publishers, 2005; Finaldi M. G., Italian National Identity in the Scramble for Africa: Italy’s African Wars in the Era of National-Building, 1870−1900, Peter Lang International Academic Publishers, 2009; Finaldi M. G., A History of Italian Colonialism, 1860−1907: Europe’s Last Empire, London−New York: Routledge Taylor & Francis Group, 2017

Le puzzle des cycles néolithiques


L’étrange montée en puissance et l’effondrement des méga-établissements de Tripolye


Le 6 octobre 2019 – Source Peter Turchin

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/10/Talianki_%28Trypillian_city%29.jpg

Comme les lecteurs de ce blog le savent, une grande partie de mes recherches portent sur les raisons pour lesquelles des sociétés complexes passent par des cycles de phases internes paisibles, ou intégratives, et de périodes turbulentes, ou désintégratives. Dans toutes les sociétés passées au niveau de l’État, pour lesquelles nous disposons de données décentes, nous trouvons de tels « cycles séculiers » (voir plus dans notre livre Secular Cycles).

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L’Europe du Sud-Est dans les relations internationales au tournant du XXe siècle 2/4


Par Vladislav B. SOTIROVI – Le 2 mai 2019 – Source Oriental Review

Assassination of Archduke Franz Ferdinand

Après l’unification de l’Italie (1859-1866), lorsque l’Empire autrichien perdit toutes ses possessions en Italie 1, la sphère d’influence de la politique étrangère viennoise se recentra sur l’Europe du Sud-Est, notamment sur les régions du centre et du sud des Balkans. Conformément aux mutations en cours dans l’Empire autrichien et à sa transformation en Double-Monarchie d’Autriche-Hongrie en 1867 (l’Aussgleich ou le Compromis) 2, Vienne et Budapest orientèrent dans un premier temps leur expansion économique et politique vers la Bosnie-Herzégovine, le Sandjak (Raska), le Kosovo-Métochie, l’Albanie, et elles achetèrent Thessalonique en Mer Égée. Pour l’élite dirigeante austro-hongroise, cette orientation de la politique étrangère de Vienne et Budapest était tributaire de la position géographique de l’Autriche-Hongrie et de la structure interne (ethnique) de l’État, ainsi que le Ministre des Affaires étrangères autrichien Berthold le déclara le 2 mai 1913. 3

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  1. Concernant l’unification de l’Italie et la monarchie des Habsbourg, voir Rene A. C., Italy from Napoleon to Mussolini, New York : Columbia University Press, 1962 ; Delzell C. F. (ed.), The Unification of Italy, 1859−1861. Cavour, Mazzini or Garibaldi, New York, 1965; Beales D., The Risorgimento and the Unification of Italy, London, 1981; Hearder H., Italy in the Age of the Risorgimento, 1790−1870, London, 1983; Smith D. M., Cavour and Garibaldi, 1860: A Study in Political Conflict, Cambridge, 1985; Coppa F., The Origins of the Italian Wars of Independence, London, 1992; Smith D. M., Mazzini, New Haven: Yale University Press, 1994; Lucy R., The Italian Risorgimento. State, Society and National Unification, London−New York: Routledge, 1994; Beales D., Biagini F. E., The Risorgimento and the Unification of Italy, London-New York: Routledge, 2002; Riall L., Garibaldi: Invention of a Hero, New Haven−London: Yale University Press, 2008; Riall L., Risorgimento: The History of Italy from Napoleon to Nation State, New York−London: Palgrave Macmillan, 2009; Clark M., The Italian Risorgimento, London−New York: Routledge, 2013
  2. Taylor J. P. A., Habsburgų monarchija 1809‒1918 : Austrijos imperijos ir Austrijos-Vengrijos istorija, Vilnius : Mokslo ir enciklopedijų leidybos institutas, 1999, 167‒181. L’Autriche-Hongrie fut une double-monarchie de 1867 à 1918 constituée d’une partie autrichienne et d’une partie hongroise et au sein de laquelle chacun des deux pays exerçait un contrôle souverain sur ses propres affaires intérieures. Toutefois, les deux entités étaient liées par un conseil des Ministres en charge des affaires communes, ainsi que par la dynastie régnante issue de la Maison des Habsbourg. Le dirigeant des deux pays était à la fois empereur d’Autriche et roi de Hongrie. Palmowski J., A Dictionary of Contemporary World History from 1900 to the Present Day, Oxford−New York : Oxford University Press, 2004, 40. Sur la transition vers un gouvernement constitutionnel de l’Empire autrichien de 1860 à 1867, voir Kann A. R., A History of the Habsburg Empire 1526−1918, Berkeley−Los Angeles−London : University of California Press, 1980, 326−342. Sur Aussgleich, voir Рокаи П. и други, Историја Мађара, Београд: CLIO, 2002, 460−471
  3. Hobus G., Wirtschaft und Staat im südosteuropäischen Raum 1908−1914, München, 1934, 24−27. Sur cette question, voir Williamson R. S., Austria-Hungary and the Origins of the First World War, Bedford−St Martins, 1991 ; Hanebrink P., Gero A., Gaspar Zs., The Austro-Hungarian Dual Monarchy, 1867−1918, New Holland Publishers Uk Ltd, 2009

L’Europe du Sud-Est dans les relations internationales au tournant du XXe siècle 1/4


Par Vladislav B. SOTIROVI – Le 29 avril 2019 – Source Oriental Review

À l’aube du XXe siècle, les grandes puissances européennes 1, réparties entre deux alliances politico-militaires antagonistes, se préparaient à un grand règlement de comptes autour de la nouvelle répartition des sphères d’influence politico-économiques et de la redistribution des colonies à travers le monde. Leurs intérêts respectifs se télescopèrent sur le territoire du Sud-Est de l’Europe, bien plus que dans d’autres parties du globe. Ces puissances étaient motivées par l’exploitation des richesses naturelles de la région et par le potentiel militaro-stratégique de cette arrière-cour stratégique de la méditerranée orientale, point de passage privilégié entre l’Europe centrale et le Moyen-Orient.

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  1. Une grande puissance est « un État s’inscrivant parmi les plus puissants d’un système hiérarchique dans lequel ils se classent, et dont la puissance se mesure à l’aune de l’influence qu’il exerce sur les États modestes »,  Heywood A., Politics, Third Edition, New York : Palgrave Macmillan, 2007, 450

Foi orthodoxe : Yvonne Lorenzo interviewe The Saker


Par Yvonne Lorenzo − Le 4 octobre 2019 − Source thesaker.is

2015-09-15_13h17_31-150x112 Yvonne Lorenzo réside en Nouvelle-Angleterre dans une maison pleine à craquer de livres, y compris des ouvrages sur la Grèce classique et des œuvres théologiques. Elle s’intéresse au jardinage, à la mythologie, à l’histoire ancienne, à l’Univers électrique et à la musique classique, notamment aux compositions de Haendel, Mozart, Bach, Haydn, Tchaïkovski, Wagner, Mahler et au répertoire Bel Canto. Elle est l’auteur de Son of et Cloak of Freya. Continuer la lecture

L’Amérique du père de Trump : une « aspiration » au fascisme régnait à New York


Par Wayne Madsen − Le 2 octobre 2019 − Source Strategic Culture

Wayne MadsenOn aurait peut-être été dérouté par la loyauté réelle des Américains pendant les années de tumulte précédant la Seconde Guerre Mondiale si l’on vivait dans la grande région de New York. New York et ses banlieues de Long Island et du New Jersey comptent une communauté dynamique d’américains d’origine germanique de première et de deuxième génération, dont Fred Trump Senior, étoile montante de l’immobilier et du commerce de détail.

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Une courte histoire de la Yougoslavie (6/6)


Par Vladislav B. SOTIROVI − Le 24 avril 2019 − Source Oriental Review

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La destruction brutale de la Yougoslavie (1991-1995)  

La destruction brutale de l’État fédéral de l’ex-Yougoslavie a pris la forme de guerres civiles ou, en d’autres termes, d’une chaîne de conflits violents de 1991 à 1995. Dès le printemps 1992, la RFSY n’existait plus en tant qu’État et les conflits se sont transformés en guerres de succession yougoslave. Les guerres civiles yougoslaves comprennent trois conflits armés étroitement liés :

  1. La guerre en Slovénie en 1991.
  2. La guerre en Croatie de 1991 à 1995.
  3. La guerre en Bosnie-Herzégovine de 1992 à 1995. 1

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  1. Jeffrey Haynes et al., World Politics, New York: Routledge Taylor & Francis Group, 2011, 587.