Par Jacob G. Hornberger − Le 20 septembre 2019 − Source FFF
La campagne de «pression maximale» du président Trump contre l’Iran me rappelle la campagne similaire du président Franklin Roosevelt contre le Japon avant l’attaque japonaise de Pearl Harbor.
Après que l’Angleterre a déclaré la guerre à l’Allemagne, à laquelle elle imputait la responsabilité de l’invasion de la Pologne, le peuple américain s’est opposé de manière écrasante à l’entrée en guerre. C’est parce qu’ils ont reconnu que l’interventionnisme américain dans la Première Guerre mondiale, qui avait coûté la vie ou mutilé des dizaines de milliers de soldats américains, et porté gravement atteinte à la liberté du peuple américain, n’avait rien donné.
Les Américains n’avaient aucun intérêt à recommencer. Leurs mentalités étaient similaires à celles de nos ancêtres américains, dont la politique étrangère avait été mise en place pour éviter toute implication dans les guerres éternelles en Europe.
Dans sa campagne pour la présidence en 1940, Roosevelt avait déclaré au peuple américain qu’il était avec lui dans son opposition aux guerres étrangères. Il leur a dit : «Je l’ai déjà dit, mais je le répète encore et encore : vos gars ne seront jamais envoyés dans aucune guerre à l’étranger».
Le problème est que FDR mentait. En fait, son objectif secret était de contourner la volonté du peuple américain et de faire basculer les États-Unis dans la guerre.
En ce temps là, les présidents américains respectaient toujours la disposition de la Constitution qui interdisait au président de faire la guerre sans obtenir au préalable une déclaration de guerre du Congrès. FDR savait toutefois qu’il était impossible de faire adopter une telle déclaration, étant donné le sentiment écrasant de ne pas vouloir s’engager dans une autre guerre européenne.
Ainsi, FDR, qui est largement reconnu comme l’un des hommes politiques les plus habiles de l’histoire des États-Unis, a commencé à chercher un moyen d’engager le pays dans la guerre malgré la farouche opposition du peuple américain. Il a décidé que s’il pouvait amener l’Allemagne à attaquer des navires américains, le Congrès lui donnerait la déclaration de guerre qu’il souhaitait au motif de la légitime défense.
Ainsi, FDR a lancé une campagne visant à aider la Grande-Bretagne dans sa guerre contre l’Allemagne, notamment en lui fournissant de la nourriture, du pétrole et des armes dans le cadre du programme « Lend Lease » et en utilisant des navires de la marine américaine pour aider les forces britanniques dans l’Atlantique. Au grand dam de Roosevelt, cependant, l’Allemagne a refusé de mordre à l’hameçon et s’est abstenue d’attaquer les navires de la marine américaine.
Une porte dérobée pour la guerre
Cela a poussé l’astucieux FDR à regarder vers le Pacifique, dans le but d’inciter le Japon à « tirer le premier ». Il espérait qu’une guerre avec le Japon fournirait une « porte dérobée » pour participer à la guerre en Europe.
Donc, FDR a lancé une campagne visant à empêcher le Japon de se procurer du pétrole pour sa machine de guerre en Chine, un plan qui pourrait bien servir de modèle aux actions de Trump contre l’Iran. Le plan de FDR comprenait trois choses principales : imposer un embargo serré sur le pétrole au Japon ; saisir des avoirs japonais aux États-Unis ; et imposer à ceux-ci des termes humiliants dans les «négociations de paix».
Alors que FDR resserrait l’embargo sur le Japon, le Japon se retrouvait face à trois alternatives : capituler devant ce que FDR lui dictait, retirer ses forces militaires de la Chine ou frapper militairement les États-Unis dans l’espoir de lever l’embargo pétrolier de FDR.
Le Japon a choisi la troisième option. C’est ce qui a motivé son attaque contre Pearl Harbor. Ce n’était pas la première étape d’une tentative japonaise de conquérir l’Amérique, comme l’affirmaient les autorités américaines. Au lieu de cela, c’était un moyen, espérait-on, d’empêcher la marine américaine de s’immiscer dans la prise de contrôle, par l’armée japonaise, des gisements de pétrole dans les Indes orientales néerlandaises.
Bien sûr, FDR jouait l’innocent. Nous avons été attaqués, s’exclama-t-il. C’est une grande surprise pour nous, insinua-t-il. Nous sommes choqués ! Sous le choc ! Nous n’avions aucune idée que cela allait arriver ! Nous sommes totalement innocents ! Nous ne faisions que nous occuper de nos affaires ! C’est une journée qui sera clairement infâme pour l’éternité !
Mais tout cela est un mensonge. En fait, le plan de FDR avait brillamment fonctionné. Il avait obtenu ce qu’il désirait – une participation américaine dans la guerre européenne – et avec l’appui écrasant du peuple américain, dont la plupart n’avaient pas compris ce que Roosevelt avait fait pour les entraîner dans la guerre.
Le schéma de Trump
L’embargo économique brutal de Trump sur l’Iran rappelle ce que FDR a fait au Japon. La différence, cependant, est que l’objectif de Trump semble différent de celui de Roosevelt. Apparemment, il ne condamne pas le peuple iranien à mort avec son embargo dans l’espoir de se trouver une excuse pour attaquer l’Iran. Au lieu de cela, il semble utiliser son embargo simplement comme un moyen d’obliger les dirigeants iraniens à se conformer à ses exigences, en particulier pour les contraindre à accepter ses conditions pour un nouvel accord nucléaire.
Lorsque Trump a retiré les États-Unis de l’accord conclu avec l’Iran sous l’administration Obama, c’était dans le but de parvenir à un nouvel accord. Trump pensait qu’en exerçant un embargo sur la vie économique des citoyens iraniens, il pourrait inciter les dirigeants iraniens à revenir à la table des négociations et obtenir un nouvel accord, qui le satisferait, et qu’il pourrait ensuite claironner dans la campagne pour sa réélection.
Mais ce que Trump n’a pas compris, c’est la réticence du régime iranien à suivre son plan. Leur position était assez logique : nous avons déjà conclu un accord avec les États-Unis et nous avons respecté notre part du marché. Par conséquent, il vous appartient de respecter la votre au lieu de nous demander de renégocier ce dont nous sommes déjà convenus.
Il est également de plus en plus clair que l’Iran n’a pas l’intention de capituler, quel que soit le nombre de citoyens iraniens que Trump et ses forces tuent avec leurs sanctions. Et personne ne devrait être surpris si l’Iran était responsable de la destruction des installations pétrolières saoudiennes. Étant donné que Trump empêche l’Iran de vendre son pétrole, pourquoi s’étonnerait-il que l’Iran décide d’empêcher l’allié proche de son ennemi, le régime saoudien tyrannique et meurtrier, de vendre le sien ?
Ironiquement, le plan de Trump visant à écraser le peuple iranien avec son embargo dans l’espoir de conclure un nouvel accord nucléaire avec l’Iran pourrait bien aboutir au même résultat – une guerre – que le plan de FDR visant à contraindre les Japonais par un embargo sur leur pétrole.
Jacob G. Hornberger
Traduit par jj, relu par San pour le Saker Francophone