Ce qu’enseigne la décision de Trump de se retirer de Syrie


Une sage décision accueillie par des calomnies, de l’obstructionnisme, de la pensée impériale et de la russophobie.


Par Stephen F. Cohen – Le 9 janvier 2018 – The Nation

StephenFCohenLe président Trump a tort d’affirmer que les États-Unis ont détruit État islamique dans la grande zone du nord-est syrien qu’il tenait – c’est la Russie et ses alliés qui l’ont fait – mais il a raison de proposer de retirer les 2 000 militaires étasuniens stationnés dans ce pays ravagé par la guerre. Ce petit contingent américain n’a aucune utilité pour un combat ou un objectif stratégique positif à moins qu’il ne serve à contrecarrer les négociations de paix actuellement en cours sous la direction de la Russie ou à servir de tête de pont pour une guerre américaine contre l’Iran. Pire encore, sa présence représente un risque constant que des militaires étasuniens soient tués par des forces russes opérant également dans cette zone relativement restreinte, risquant ainsi de transformer la nouvelle guerre froide en un conflit très chaud, même par inadvertance. Que Trump comprenne ou non ce danger, sa décision, si elle est réellement mise en œuvre – on y résiste farouchement à Washington – rendra les relations américano-russes, et donc le monde, un peu plus sûres.

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Ce que Poutine n’est pas


Diaboliser à tort le leader de la Russie rend la nouvelle guerre froide encore plus dangereuse.


Par Stephen F. Cohen – Le 20 septembre 2018 – Source The Nation

Depuis une bonne dizaine d’années, l’attitude des USA à l’égard de la Russie a été dominée et empoisonnée par le spectre du méchant Poutine. De tous les politiciens américains d’envergure, Henry Kissinger a eu le mérite de mettre en garde contre cette image très déformée de celui qui dirige la Russie depuis l’an 2000 : « La diabolisation de Vladimir Poutine ne constitue pas une politique. Elle n’est qu’un alibi pour justifier une absence de politique. »

Mais Kissinger se trompait lui aussi. Washington a mis en œuvre de nombreuses politiques fortement imprégnées par la diabolisation de Poutine – un dénigrement de la personne qui va bien au-delà de tout ce qui a été pratiqué à l’égard des derniers dirigeants de la Russie soviétique. Ces politiques vont des critiques croissantes du début des années 2000 aux guerres par procuration qui ont eu pour théâtre la Géorgie, l’Ukraine, la Syrie, pour inclure finalement, dans notre pays, les allégations portant sur l’affaire du Russiagate. En fait, les maîtres de notre politique ont adopté l’ancienne formule du défunt sénateur John McCain, comme élément central d’une nouvelle guerre froide, qui est encore plus dangereuse que l’ancienne : « Apparatchik du KGB, Poutine est une réincarnation de l’impérialisme russe… Son univers est brutal et cynique… Nous devons empêcher que la noirceur du monde de Monsieur Poutine ne s’étende à une plus grande partie du monde. »

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Encore plus d’extrémisme et de crises dans la nouvelle guerre froide


Occultées par les audiences de confirmation de Kavanaugh, les relations russo-américaines deviennent de plus en plus périlleuses


Par Stephen F. Cohen – Le 3 octobre 2018 – Source The Nation

En insistant sur la montée de l’extrémisme de la nouvelle guerre froide à Washington et, par ailleurs, sur les crises, comparables à la guerre, dans les relations russo-américaines, Cohen commente les exemples suivants :

Le Russiagate, même si aucune de ses allégations fondamentales n’a été prouvée, fait désormais partie intégrante de la nouvelle guerre froide en limitant sévèrement la capacité du président Trump à mener des négociations de crise avec Moscou et en dénigrant encore davantage le président russe, M. Poutine, pour avoir ordonné « un attentat contre l’Amérique » lors de l’élection présidentielle de 2016. Le New York Times et le Washington Post ont été les principaux promoteurs du Russiagate, même si plusieurs de ses fondements ont été sérieusement remis en question, voire discrédités.

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Collusion des États-Unis avec les néonazis


Les néofascistes jouent un rôle important en Ukraine, qu’il soit officiel ou seulement toléré. Et cela avec l’appui des États-Unis.


Par Stephen F. Cohen – Le 2 mai 2018 – Source The Nation

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Dans la version orthodoxe des faits entretenue par les milieux politiques et les médias étasuniens, la « Russie de Poutine » est seule à blâmer pour la nouvelle Guerre froide qui oppose les USA à la Russie. Pour étayer cette vérité (pour le moins) partiale, les médias grand public ont recours à diverses pratiques journalistiques malhonnêtes, comme le mépris du contexte historique, ainsi que l’exclusion, voire même la mise au ban, de tous ceux qui proposent une version alternative des faits, en leur faisant porter l’étiquette d’« apologistes du Kremlin » et de pourvoyeurs de la « propagande russe ».
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Comment Washington a provoqué et peut-être perdu une nouvelle course aux armements nucléaires


Poutine déclare que la longue tentative des États-Unis d’obtenir la supériorité nucléaire sur la Russie a échoué et espère que Washington « écoutera maintenant ».


How Washington provoked, and perhaps lost, a new nuclear-arms race - Stephen Cohen

© Michael Dunning / Getty Images


Par Stephen Cohen – Le 8 mars 2018 – Source Russia Today

Stephen F. Cohen, professeur émérite d'études et de politiques russes à New York et à Princeton, et John Batchelor poursuivent leurs discussions (habituellement) hebdomadaires sur la nouvelle guerre froide américano-russe. (Les contributions antérieures, maintenant dans leur quatrième année, sont accessibles sur le site TheNation.com).

Cohen explique que le discours du président Poutine devant les deux chambres du parlement russe le 1er mars, un peu comme le discours annuel du président américain sur l’état de l’Union, était composé de deux parties distinctes. Les premiers deux tiers environ concernaient la prochaine élection présidentielle russe, le 18 mars, et répondait aux préoccupations nationales des électeurs russes, qui ne sont pas sans rappeler celles des électeurs américains : stabilité, emploi, santé, éducation, impôts, infrastructures, etc. La dernière partie du discours était cependant consacrée uniquement aux récentes réalisations des armes stratégiques ou nucléaires de la Russie. Ces remarques, bien que de valeur électorale, s’adressaient directement à Washington. Le point essentiel de Poutine était que la Russie a contrecarré les deux décennies d’efforts de Washington pour obtenir la supériorité nucléaire – et donc une capacité de première frappe capable de survivre contre la Russie. Sa conclusion connexe était qu’une ère dans les relations stratégiques russo-américaines post-soviétiques est terminée et une nouvelle a commencé. Cette partie du discours de Poutine contient le plus important de ce qu’il a livré au cours de ses 18 années au pouvoir.

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Le silence des colombes


Pourquoi n’y a-t-il pas d’opposition dominante à la nouvelle guerre froide ?


Stephen F. Cohen

Par Stephen F. Cohen – Le 17 octobre 2017 – Source The Nation

Pourquoi, à l’inverse de ce qui s’est passé pendant les 45 ans qu’a duré la dernière Guerre froide, n’y-a-t-il aujourd’hui en Amérique aucune opposition notoire à l’actuelle Guerre froide (qui est encore bien plus dangereuse que la précédente) ?

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Poutine veut-il vraiment déstabiliser l’Occident ?


Tout comme il n’existe aucune preuve avérée que le Kremlin ait lancé une « attaque contre la démocratie » américaine en 2016, il n’y a pas de logique politique expliquant les raisons qui auraient motivé Poutine à lancer cette attaque.


Stephen F. Cohen

Par Stephen F. Cohen – Le 6 septembre 2017 – Source The Nation

Depuis plus d’une décennie, la politique des États-Unis conduit à une nouvelle Guerre froide avec la Russie. Si elle venait à être déclarée, cette guerre serait plus dangereuse que celle qui a opposé les USA et l’URSS pendant 40 ans. Quels que soient les critères qu’on lui applique, la nouvelle Guerre froide – ou le prolongement de l’ancienne – est maintenant au-dessus de nos têtes et les récents événements montrent bien quels en sont les dangers.


Dans le cadre des sanctions dont la phase actuelle a été initiée de façon peu judicieuse par le Président Obama en décembre 2016, l’administration Trump a séquestré plusieurs propriétés diplomatiques détenues par la Russie aux États-Unis. Ce qui s’est passé au consulat russe de San Francisco n’a pas de précédent. En violation des traités internationaux et bilatéraux ainsi que des normes générales de l’immunité diplomatique, les agents de sécurité étasuniens ont pénétré dans le bâtiment du consulat et l’ont perquisitionné. Le Président Poutine est mis sous pression chez lui pour réagir de « façon appropriée ». S’il ne le fait pas, l’inconcevable peut devenir possible : une totale rupture des relations diplomatiques entre les deux superpuissances du monde. (On se rappelle que Washington a refusé de reconnaître formellement la Russie soviétique pendant 15 ans, jusqu’à ce que le Président Franklin Roosevelt le fasse en 1933.)
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Conflit politique autour des monuments historiques, de Charlottesville à Moscou


Les affrontements actuels au sujet de l’esclavage aux États-Unis et de la Grande Terreur stalinienne donnent lieu à des controverses similaires et révèlent un Poutine méconnu.


Stephen F. Cohen

Par Stephen F. Cohen – Le 20 juin 2017 – Source The Nation

(…) Selon Cohen, l’héritage politique de l’esclavage aux États-Unis et de la Grande Terreur stalinienne en URSS, a eu – et continue d’avoir – des conséquences similaires. Ayant grandi dans le Sud ségrégationniste et après être devenu un historien des époques stalinienne et post-stalinienne, Cohen reconnaît que ses perceptions ont pu être influencées par sa biographie.


Il reconnaît aussi les différences importantes qui distinguent les victimes noires de l’esclavage américain de celles plus mélangées de la Terreur stalinienne. Mais il fait ressortir que les conséquences historiques et politiques on été semblables.

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L’affaire du Russiagate et ses allégations non vérifiées


L’affaire du Russiagate et ses allégations non vérifiées d’intrusion dans la campagne présidentielle, auxquelles le Congrès et les médias ont donné leur crédit de façon irresponsable, menacent gravement la sécurité nationale des États-Unis.


Stephen F. Cohen

Par Stephen F. Cohen – Le 9 août 2017 – Source The Nation

Le Président Trump a raison : les relations avec la Russie n’ont jamais été aussi mauvaises, tandis que l’establishment politico-médiatique étasunien ne fait qu’envenimer la situation.


Les nouvelles sanctions que le Congrès a récemment adoptées à l’unanimité contre la Russie sont injustifiées et dangereuses. Comme Cohen le répète depuis longtemps, elles sont la preuve que la nouvelle Guerre Froide est plus dangereuse que celle qui l’a précédée et qui a duré quarante ans.
Pire encore : les sanctions, inspirées par les allégations non vérifiées du Russiagate plus que par les initiatives récentes prises par Moscou, empêchent Trump de rechercher la coopération plutôt que la confrontation avec le Kremlin. C’est pourtant ce que ses prédécesseurs ont cherché à faire avant lui et ce que Trump lui-même a tenté de faire.

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Certaines nouvelles de la Guerre Froide ne sont pas bonnes à publier


Le récit orthodoxe que les médias grand public véhiculent sur la Nouvelle Guerre froide et sur le « Russiagate » omet de mentionner certains aspects importants du cours récent des événements.

Par Stephen Cohen – Le 19 juillet 2017 – Source The Nation

Dans le récit sur la Nouvelle Guerre froide et sur le « Russiagate », devenu un élément déterminant dans les relations américano-russes, les médias grand public passent sous silence d’importants événements qui ne cadrent pas avec l’orthodoxie. Selon cette vision des choses, Poutine est seul responsable de la Nouvelle Guerre froide et serait, avec son complice le Président Trump, à l’origine du « Russiagate ». Ce récit est généralement constitué de récits parus dans le New York Times et le Washington Post, souvent basés sur des sources anonymes et immédiatement repris pendant plusieurs heures, voire à longueur de journées, sur CNN et MSNBC. La devise du Times « All the News That’s Fit to Print » (« Toutes les nouvelles qui sont bonnes à publier ») semble s’être transformée en « All the News That Fits » (« Toutes les nouvelles qui sont dans la ligne »). Aucune place n’y est laissée aux opinions dissidentes bien informées. (Pour trouver ce genre d’information et de couverture, on se référera au site www.eastwestaccord.com du Comité américain pour l’entente Est-Ouest).  

Voici plusieurs exemples de cette manière de rapporter et de commenter les faits de façon sélective.

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