Hassan Nasrallah : scénario catastrophe pour la Syrie et Bachar al-Assad ? (VOSTFR)


Par sayed7asan – Le 13 mai 2015 – Source sayed7asan

Discours du Secrétaire Général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, le 5 mai 2015. 

Préambule

Dans ce discours, Hassan Nasrallah présente la chute d'Idleb et de Jisr al-Choughour entre les mains des groupuscules terroristes comme de simples revers locaux qui ne doivent pas occulter les avancées majeures de l'Armée Arabe Syrienne. Il dénonce les annonces de chute prochaine du régime comme la suite de la guerre médiatique et psychologique menée depuis quatre ans contre la Syrie, et il réaffirme le soutien de l'Iran, de la Russie et du Hezbollah à la Syrie.

Sayed7asan

Vidéo sous-titrée en français – Traduction Sayed7asan

https://www.youtube.com/watch?v=zbhI-fVRkwo

Transcription 

Troisièmement, en ce qui concerne la Syrie. Je vais parler de manière très franche et explicite sur certains points.

Dernièrement, et après la chute de la ville de Jisr Al-Choughour, dans la province d’Idlib, entre les mains des groupes terroristes, nous avons assisté – les Syriens, les Libanais et l’ensemble de la région – à une véritable vague de slogans et d’allégations, à tout un tapage médiatique sur les chaînes TV, les différents médias, des déclarations, articles, nouvelles ainsi que sur les réseaux sociaux.

Tout cela, bien sûr, fait partie de la guerre psychologique, et vous savez bien que dans les coulisses, une guerre psychologique est menée contre cette région depuis de longues années. Et cette guerre psychologique est toujours renouvelée de façon à profiter de n’importe quelle occasion, développement ou incident afin de lancer de nouvelles vagues de guerre psychologique sur les peuples. Bien entendu, certaines de ces déclarations se sont concentrées sur des aspects sectaires. Quel était le principal objectif de tout cela ? Que voulaient-ils dire par tout ce tapage médiatique ?

Ils prétendaient (soyons francs et explicites), qu’après la chute de Jisr al-Choughour et d’Idlib entre les mains des groupes armés, le régime était fini, et qu’on assistait à ses derniers jours, ses dernières semaines. Ils ont œuvré à propager ce scénario, je le résume brièvement pour le commenter, car cela fait partie de leur guerre psychologique : ils prétendent que l’armée syrienne a perdu ses capacités de combat et s’effondre.

Dans le cadre de cette guerre (psychologique), d’autres prétendent encore que les alliés de la Syrie l’ont abandonnée, que l’Iran l’a vendue pour son accord sur le nucléaire, et que la Russie l’a également abandonnée pour je ne sais quelle raison, que tous ses alliés s’en détournent. 

Ils prétendent encore, dans leurs déclarations et mensonges, que la situation intérieure en Syrie est difficile, que les gens veulent déserter, fuir, se réfugier ailleurs, etc. Ils peignent une image terrible et très étrange ; un exemple de leurs mensonges, est que toute la côte syrienne est sur le point de tomber. Et par conséquent, voilà l’aspect sectaire de leur propagande, prétendant qu’un très grand nombre d’Alaouites quittent les côtes syriennes en direction de la frontière libanaise, que le gouvernement libanais les empêche d’entrer et que le Hezbollah exerce des pressions sur lui pour leur permettre d’entrer au Liban. Des mensonges vraiment gratuits et insensés.

D’autres allégations prétendent que le régime syrien a demandé aux Alaouites de Damas ou de certaines régions de Damas de quitter cette ville (avant qu’il ne soit trop tard). Mais tout cela n’a aucun fondement.

Par conséquent, ce que nous voyons et que nous avons déjà vu auparavant, est une guerre psychologique qui veut briser la volonté des Syriens, leur détermination et leur persévérance, et qui veut obtenir par les mensonges, les fausses allégations et la guerre psychologique ce qu’ils ont été incapables d’obtenir par une guerre mondiale imposée à la Syrie depuis quatre ans.

Bien sûr, il arrive que de telles allégations soient couronnées de succès, comme par exemple à Mossoul, à Salaheddine, avec l’expérience de Daech en Irak cela a fonctionné, car une grande partie de la guerre consistait en allégations mensongères et en guerre psychologique.

Parlons-donc de ce sujet. 

Premièrement, personne ne devrait croire ces mensonges et déclarations et céder à cette guerre psychologique. Telle est la grande ligne. Nous devons tous prendre conscience, surtout les Syriens et les Libanais, que tout ce qui se dit n’est rien d’autre qu’une guerre psychologique, et que cela n’est pas nouveau. Cela fait quatre ans qu’on entend que c’en est fini du régime, de l’armée, que les gens veulent se rendre, qu’ils veulent fuir etc., etc. Et il faut bien souligner que lorsque nous avons commencé à entendre tout cela il y a quatre ans, la situation était bien plus difficile qu’elle ne l’est aujourd’hui.  La situation à l’intérieur de la Syrie, les batailles à l’intérieur du territoire, à Damas, à Alep, à Homs, à l’intérieur des villes, dans beaucoup de provinces, ainsi que la situation régionale (du Moyen-Orient), la situation internationale, etc. Aujourd’hui, les choses sont très différentes. Les développements internationaux et régionaux, les développements à l’intérieur de la Syrie qui ont eu lieu ces dernières années nous ont mis bien loin de tout ce que prétendent ces déclarations.

Par exemple, il a été notamment dit – je vais répondre point par point. Premièrement, ce qui est dit au sujet de la position iranienne n’est pas vrai : il y a quelques jours à peine, dans un discours, Son Éminence l’Imam Khamenei (que Dieu le préserve) a évoqué précisément cette question et a affirmé : «Nous négocions sur le dossier nucléaire, et sur rien d’autre. Et même tandis que nous sommes occupés aux négociations sur le nucléaire, nous restons très attentifs aux intérêts de nos alliés, et absolument rien ne se fera au détriment de nos alliés.» Toutes ces déclarations sont donc vides de sens – l’idée que l’Iran a abandonné la Syrie ou qu’elle serait sur le point de le faire. 

Il en va de même pour la Russie, même si jusqu’à présent, je ne connais pas la Russie aussi bien que je connais l’Iran, mais il n’y a aucun signe, pas le moindre, si infime fût-il, qui laisse à penser que les dirigeants russes sont sur le point de délaisser la situation en Syrie, ou qu’ils ont commencé à le faire.

Oui, il est vrai que qu’il peut parfois y avoir des revers sur le terrain, mais nous devons en rechercher les causes directement sur le terrain concerné. Par exemple, Idlib est tombée. Voyons donc pourquoi Idlib est tombée? Observons la situation des groupuscules armés, la situation de l’armée, la situation des forces engagées là-bas, s’il y a un problème ou non, que ce soit au niveau de la direction, de la logistique, etc.  Jisr Al-Choughour est tombée? Pourquoi? Recherchons donc les causes sur le terrain même. Il ne faut pas directement rechercher les causes sur la situation internationale, régionale, les alliés, la situation intérieure, la volonté du régime, l’armée, etc.

Comment ce régime serait-il en dislocation, et cette armée en décomposition, alors qu’ils combattent sur de nombreux fronts, qu’ils tiennent bon sur bien des fronts et qu’ils obtiennent des victoires parfois quotidiennement? Comment serait-ce possible, comment concilier la propagande et la réalité du terrain? 

L’approche correcte face à n’importe quel revers, où qu’il se produise, est de se concentrer sur les causes qui ont amené à ce revers afin d’y remédier et d’éviter que cela se répète. Dans n’importe quelle guerre, mes frères et sœurs, il y a des batailles. Celui qui remporte une bataille ne va pas forcément remporter la guerre. L’armée syrienne, les forces de défense nationales et populaires et les alliés de la Syrie ont remporté batailles sur batailles depuis quatre ans et jusqu’à ce jour, mais elles n’ont jamais prétendu qu’elles avaient gagné la guerre. Et même si on perd une bataille, cela ne signifie pas qu’on a perdu la guerre. L’armée syrienne et ses alliés n’ont cessé de remporter bien des batailles durant les dernières années, des batailles longues, difficiles et majeures.  

Par conséquent, tout ce qu’on peut dire, ou qu’ils peuvent dire, est qu’il y a eu une bataille à tel endroit, et que tel côté a gagné ou perdu. Mais déduire hâtivement de l’issue de telle bataille qui sera le vainqueur de la guerre et de les instrumentaliser dans le cadre d’une guerre psychologique est très éloigné de la réalité du terrain. 

Toutes ces personnes qui mènent ces guerres psychologiques n’ont cessé de décevoir les espoirs de leurs masses et de leurs partisans, et ils se trompent eux-mêmes et voient leurs espoirs déçus lorsque la situation a changé après une autre bataille. Et la situation change actuellement dans bien des batailles, et continuera ainsi (en faveur du gouvernement) si Dieu le veut.

Telles sont donc les proportions véritables de ces événements, et personne ne devrait s’en inquiéter outre mesure. 

Évidemment, ici au Liban, nous avons des gens qui sont très hâtifs, et multiplient les actions précipitées depuis quatre ans, encore et encore, ils se félicitent mutuellement les uns les autres pour une victoire supposée, avant de découvrir que cette nouvelle de festivité était mensongère, qu’il n’y a ni fiancé, ni fiancée, et qu’ils se moquaient les uns des autres.

Quoi qu’il en soit, il faut rester vigilant sur cette question, et être conscients de tous ces aspects.

En ce qui concerne le Hezbollah, je tiens également à affirmer ce soir à nos proches et à notre peuple syrien bien-aimé en Syrie ceci : nous étions avec vous, et nous resterons avec vous et à vos côtés, quels que soient les développements. Partout où il nous a fallu être, nous y sommes allés. Et partout où il nous faudra être, nous y serons. Et dernièrement, nous sommes intervenus dans des lieux où nous n’étions jamais allés durant les années passées. 

Nous considérons que cette lutte n’est pas la lutte du peuple syrien, et c’est ce que nous avons déclaré depuis le début de notre intervention dans cette guerre. Nous ne sommes pas intervenus pour des raisons émotionnelles, personnelles, sectaires ou par esprit de parti. Nous sommes intervenus sur la base d’une vision claire qui n’a pas changé, au contraire, tous les événements la confirmant jour après jour, à savoir la conviction que par notre intervention, nous défendons le Liban, la Palestine, la Syrie et toute la région.

Laissons-donc les haines et ressentiments de côté, et prenons clairement conscience de la réalité, considérons-la avec lucidité : si, à Dieu ne plaise, les groupuscules armés étaient parvenus à prendre contrôle de la Syrie depuis quatre ans, quel aurait été le destin de la Syrie et du peuple syrien? Quel aurait été le destin du Liban et du peuple libanais? Quel aurait été le destin de la région? Il vous suffit de regarder autour de vous pour connaître la réponse à cette question. 

En ce qui nous concerne, c’est notre intime conviction, c’est notre responsabilité. Et je vous confirme, ce soir, que nous continuerons à assumer cette responsabilité quels que soient les sacrifices.

 

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Bachar al-Assad dénonce le boucher Erdogan (VOSTFR)

Par Sayed7asan – Le 12 mai 015 – Source sayed7asan

Préambule 

Il y a 99 ans, le 6 mai 1916, 21 nationalistes syriens et libanais étaient exécutés par Jamal Pacha, le gouverneur ottoman de la Grande Syrie qui fut surnommé le boucher à cause de sa cruauté. L'Empire Ottoman était alors en plein déclin, un processus qui fut accéléré par son alliance avec les puissances impériales durant la Première Guerre mondiale. Depuis l'indépendance de la Syrie, cette date est célébrée comme le Jour des Martyrs.

A l'occasion de cette commémoration, Bachar al-Assad a souligné le fait que l'Histoire se répète : la Turquie du Sultan Erdogan, mégalomane aspirant à la renaissance d'un Empire ottoman, est aujourd'hui encore à contre-courant de la marche de l'Histoire, ayant ouvertement pris le parti des terroristes atlanto-wahhabites.

Ankara joue un rôle actif dans la guerre internationale qui est menée contre la Syrie, apportant un soutien direct aux combattants d'Al-Qaïda et du Front Al-Nosra et multipliant les actes de guerre contre la République Arabe Syrienne. Alors que l'ensemble de la communauté internationale à reconnu que ces mouvements terroristes représentaient un danger pour la paix mondiale (ne serait-ce que sur le plan des déclarations) et que Bachar al-Assad est un interlocuteur incontournable, la Turquie, avec Israël, reste le dernier bastion de soutien ouvert à ces groupuscules terroristes et persiste à appeler au renversement du régime.

Le Président syrien a également évoqué la chute de Jisr al-Choughour et d'Idlib aux mains des combattants takfiristes pour dénoncer la propagande médiatique autour de cet événement. Loin de constituer un revers annonciateur de la fin du régime, ce n'est qu'une bataille parmi d'autres, qui ne doit pas occulter les avancées de l'Armée Arabe Syrienne, notamment dans la région stratégique du Qalamoun le long de la frontière syro-libanaise. Toutes ces déclarations font partie de la guerre psychologique incessante qui est menée depuis 4 ans contre la Syrie, et qui n'a cessé de prédire la chute de Bachar al-Assad de manière imminente.

Sayed7asan

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C’est officiel, Les États-Unis collaborent avec Al Qaida


Moon of Alabama

Le 6 mai 2015 – Source Moon of Alabama

La propagande contre la Syrie fait son petit lait de la capture de la ville d’Idlib par le groupe terroriste Al Nusra, allié à d’autres groupes islamistes. La tonalité générale en est : Assad est en train de perdre, assortie de la demande illogique du bombardement des troupes d’Assad par les États Unis. Mais en quoi serait-ce nécessaire si le gouvernement d’Assad est vraiment en train de perdre le contrôle des opérations ?

Un bon exemple en est donné, via Foreign Policy, par Charles Lister, un analyste de Brooking Doha qui est payé par le Qatar, même s’il coopère souvent avec l’administration Obama. Le titre déclame qu’Assad est en train de perdre et l’assaut contre Idlib est fortement. Puis l’article reconnait que cette victoire contre les troupes syriennes, forcées à se replier, ne fut possible que parce qu’Al Qaida menait l’assaut.

L’article reconnait aussi que les États Unis, qui espèrent un équilibre des forces entre Al Qaida et le gouvernement syrien afin que le conflit se prolonge et que les deux cotés perdent, sont derrière cet assaut :

L’implication des groupes des Forces Syriennes Libres révèle, dans les faits, comment ceux qui les soutiennent ont changé de point de vue en ce qui concerne leur coordination avec les islamistes. Plusieurs commandants en charge des opérations contre Idlib ont confirmé à l’auteur de ces lignes qu’un centre de contrôle américain situé dans le sud de la Turquie et qui coordonnait l’approvisionnement en armes létales et non létales aux groupes d’opposition, a joué un rôle capital dans l’implication et le succès des forces islamistes, a partir de début avril. Ce centre de contrôle, avec celui situé en Jordanie et qui couvre les opérations menées dans le sud de la Syrie, a aussi énormément augmenté son assistance en renseignements aux groupes islamistes, ces dernières semaines.

Alors que ces centres de contrôle avaient auparavant demandé à ce que les bénéficiaires de l’assistance militaire direct arrêtent toute coordination avec des groupes comme Al Nusra, les récents mouvements à Idlib nous montrent quelque chose de différent. Non seulement les livraisons d’armes en direction des soi-disant groupes contrôlés ont augmenté mais, de plus, le centre de contrôle a spécifiquement encouragé à une meilleure coopération avec les islamistes commandant les opérations sur le front.

Ce centre de contrôle, dirigé par les américains, encourage donc la coopération entre la soi disant Armée Syrienne Libre et Al Qaida. Un drone américain, abattu au dessus de Lattaquié en mars dernier, était en train de récolter des renseignements pour aider à l’attaque d’Al Qaida sur Idlib. Plus de 600 missiles anti tank TOW de fabrication américaine ont été tirés sur les troupes régulières syriennes dans le nord de la Syrie. Ils ne forment qu’une partie des 14.000 que l’Arabie Saoudite a commandé au fabricant américain.

Même si les États-Unis ne demandent pas officiellement à ses mercenaires de coopérer avec Al Nusra une telle coopération est évidente pour celui qui ose y jeter un œil :

Dans le sud de la Syrie, les groupes qui prétendaient se distancer des extrémistes comme ceux d’Al Nusra en avril ont été vus coopérant avec ce même groupe à Deraa quelques jours plus tard.

La réalité est que les mercenaires djihadistes de l’Armée Syrienne Libre, des soi-disant modérés, entraînes et payés par les États-Unis, sont tout aussi hostiles que ceux des groupes comme Al Nusra, une branche d’Al Qaida, ou du soi-disant État Islamique. Même s’ils ne décapitent pas ceux qu’ils déclarent des infidèles, ils les tuent quand même.

Pendant que les États-Unis s’occupent d’Al-Qaida en Syrie, la Turquie s’occupe de l’État Islamique. Des tonnes de sulfate d’ammonium, utilisé pour fabriquer des bombes artisanales, sont passées en contrebande par la frontière turque, sous les yeux bienveillants des douaniers, à destination du groupe État Islamique. Des recruteurs turcs incitent les musulmans Ouighours de l’ouest de la Chine et du Tadjikistan à venir rejoindre les rangs de ce groupe. Ils leur refilent des passeports turcs pour leur permettre de rejoindre la Turquie, d’où ils peuvent rejoindre la Syrie et l’Irak. Pendant ce temps, les Saoudiens bombardent tout le Yémen sauf les villes et régions tenues par Al-Qaida dans la Péninsule Arabique.

Maintenant, Les États Unis et leurs alliés supportent donc pleinement les djihadistes sunnites à travers tout le Moyen Orient. Dans le même temps, ils utilisent la menace d’Al-Qaida pour effrayer et imposer des lois liberticides dans leurs propres pays.

Charles Lister et les autres propagandistes de la Brooking Institute veulent que les États-Unis bombardent la Syrie afin d’amener Assad à la tables des négociations. Mais avec qui le gouvernement syrien devra-t-il négocier ? Avec Al-Qaida ?

Qui va gagner si le gouvernement syrien finit par perdre et capituler ? Les islamistes rebelles modérés, ceux qui n’ont rien pu faire seul contre le gouvernement syrien, se mettrait alors à prendre le dessus sur Al Qaida et le groupe État Islamique ?

Qui peut croire à de telles fantaisies ?

Note du traducteur

Voici maintenant la traduction des quatre premiers paragraphes d’un communiqué de presse, du 30 avril 2015, de l’on ne peut plus officielle agence de presse Reuters, et qui reconnait aussi cette alliance diabolique :

Les islamistes extrémistes qui combattent aux cotés de groupes soutenus par les États-Unis ont avancé dans le nord de la Syrie ces dernières semaines en faisant preuve d’une rare unité, que certains craignent de courte durée.

Une alliance islamiste se faisant appeler l’Armée du Fatah, en référence aux conquêtes du VIIème siècle qui ont propagé l’Islam au Moyen Orient, s’est emparée de villes du nord ouest dont Idlib, la capitale provinciale.

Cette alliance, qui inclue l’aile d’Al-Qaida en Syrie connue sous le nom d’Al-Nusra, ainsi que d’autres groupes militants extrémistes comme le mouvement Ahrar al-Sham, se rapproche de la ville côtière de Lattaquié, un bastion du président Bashar al-Assad.

Se battant aussi à leurs cotés, même si non réunis sous le même centre de contrôle, se trouvent des groupes qui refusent les buts anti-occidentaux des djihadistes et qui reçoivent une aide secrète de la part de la CIA. Parmi eux, deux groupes qui se nomment Division 13 et Fursan al-Haq…..

Traduit par Wayan, relu par jj pour le Saker Francophone

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Le grand numéro d’équilibriste des États-Unis au Proche-Orient


Le 28 avril 2015 – Source moonofalabama

Après la chute d’Idlib, une ville syrienne proche de la frontière turque, les forces anti-gouvernementales ont continué à attaquer les positions des militaires du gouvernement dans le nord-ouest. Ces forces anti-gouvernementales sont le front al-Nusra, allié à des brigades jihadistes salafistes. Au cours du mois précédent, ces attaquants très bien organisés ont utilisé au moins plusieurs dizaines de missiles anti-tank de fabrication américaine, des TOW, contre les positions de l’armée régulière syrienne.

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Une crise, quelle crise ?
al-Quaida prend le contrôle en Syrie


Neil Clark

Par Neil Clarck – Source Russia Today

Comme tout le monde, vous avez pu voir aux infos que les rebelles affiliés à al-Qaida avaient pris le contrôle de presque toute la dernière ville encore tenue par le gouvernement dans la province d’Idlib, au nord de la Syrie.

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Autopsie d’un montage de propagande. L’enlèvement de journalistes britanniques par Assad en 2012


Le 18 avril 2015 – Sources TheIntercept – Moon of Alabama

Voici encore deux articles sur le même sujet qui démontrent comment la propagande de guerre occidentale en vient à monter de toutes pièces, et de plus en plus souvent, de faux événements pour faire croire à la culpabilité de l’adversaire et ainsi mieux cacher à sa population sa propre culpabilité. En Ukraine comme en Syrie. Et la collaboration totale des médias dans cet enfumage de la population. Un seul remède à cela: Tcesser totalement de regarder le journal télévisé et de lire les journaux de masse, sauf la page des sports et l’horoscope, qui restent encore à leurs niveaux d’honnêteté.

Le premier article traduit de The Intercept vous décrit l’histoire telle qu’elle a été montée en 2012. Le second, traduit de Moon of Alabama, révèle, 28 mois plus tard, comment la presse officielle fait soudain semblant de prendre conscience du montage.

Le Saker Francophone

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L’armée américaine reporte une fois de plus la formation des recrues de Jabhat al-Nusra


Le 31 mars 2015 – Source Moon of Alabama

Les États-Unis avaient prévu de former des insurgés syriens qui doivent ensuite aller se battre contre l’État islamique. Mais la Turquie, où la formation devait avoir lieu, veut que ces combattants attaquent le gouvernement syrien.

Le projet américain, qui était d’ailleurs irréaliste, a été de nouveau reporté :

Un programme dirigé par les États-Unis pour former des rebelles syriens à lutter contre les militants de l'Etat islamique débutera en mai, a dit le ministre de la Défense de la Turquie, Ismet Yilmaz, selon l'agence gouvernementale Anadolu News, mardi.
 [...]
On a eu peu de détails sur la formation qui aurait pourtant dû commencer ce mois-ci en Turquie, en Jordanie, au Qatar et en Arabie saoudite.

Ce nouveau retard a été annoncé après la prise de la ville syrienne d’Idlib par Jabhat al-Nusra, la filiale d’al-Qaïda en Syrie. L’armée syrienne accuse la Turquie de soutenir directement Jabhat al-Nusra :

Faisant écho à plusieurs commentaires plus généraux du président Bachar al-Assad, la source militaire a accusé la Turquie et la Jordanie de soutenir les insurgés dans leur offensive contre Idlib, en disant que ces deux pays «menaient les opérations et les planifiaient». Les insurgés utilisaient du matériel de communication de pointe qui avait été mis à leur disposition via la Turquie, a ajouté la source. Le ministère turc des Affaires étrangères a refusé de faire un commentaire.

Le chroniqueur saoudien, Jamal Khashoggi, qui est proche des centres de pouvoir en Arabie saoudite, confirme les allégations syriennes :

Selon M. Khashoggi, [le rédacteur en chef saoudien], des sponsors turcs et saoudiens soutenaient la coalition des groupes djihadistes qui a récemment pris la ville syrienne d'Idlib, décrochant ainsi leur première grande victoire contre le gouvernement du président Bachar al-Assad depuis des mois.

Parmi les membres de la coalition, il y avait le Front Nusra, la branche syrienne d'al-Qaïda, un groupe terroriste aux yeux de l'Occident. Mais les membres de la coalition djihadiste «sont ceux qui ont capturé Idlib, c’est un développement important, et je pense que cela se renouvellera, a déclaré M. Khashoggi. La coordination entre les services secrets saoudiens et turcs n'a jamais été aussi bonne qu’en ce moment.»

Et il y a aussi cela:

Trita Parsi

Un diplomate occidental me dit que l’Arabie Saoudite a décidé de fournir à al-Nusra (al-Qaïda) en #Syrie tout ce dont il a besoin.

Si l’armée américaine entraînait ces combattants en Turquie, ils se transformeraient probablement en djihadistes rattachés à Jabhat al-Nusra aussitôt revenus en terre syrienne. Le Pentagone n’aime pas être pris en flagrant délit de soutien direct à al-Qaïda.

Mais la CIA, elle, n’a pas ce genre de scrupules

Traduit par Dominique Muselet, relu par jj pour le Saker Francophone

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Syrie : La chute d’Idlib est-elle liée aux négociations nucléaires avec l’Iran?


Le 28 mars 2015 – Source Moon of Alabama

Il y a une dizaine de jours, il était question d’une attaque djihadiste imminente sur Idlib au nord-ouest de la Syrie. Idlib, une ville du gouvernorat qui comptait autrefois 100 000 habitants, se trouve à seulement quelques kilomètres de la frontière turque et les forces gouvernementales syriennes ne pouvaient plus y accéder que par un étroit couloir.

Il y a trois semaines, le gouvernement turc a fermé au trafic civil tous les postes frontaliers entre la Turquie et la Syrie. Il y a quatre jours, une coalition formée de Jabhat al-Nusra (l’affilié d’al-Qaïda en Syrie), le groupe islamiste Ahrar Al-Shams et quelques plus petits groupes s’est lancée à l’assaut d’Idlib. Au moins 1 500 combattants ont pris part à l’attaque. Quatre énormes attentats suicides motorisés perpétrés aux check points du gouvernement ont brisé ses défenses extérieures.

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Documentaires : fenêtres ouvertes sur le monde ou écrans de fumée ?

Par Rosa Llorens – Le 21 mars 2015

Ces dernières semaines, plusieurs documentaires étaient censés nous ouvrir des fenêtres sur les Palestiniens de Syrie (Les Chebabs de Yarmouk), la Russie soviétique (Red Army), le Venezuela (Premier Festival de Cinéma vénézuélien à Paris, 4-10 mars 2015) : voilà un éventail intéressant pour réfléchir à ce genre du documentaire.

Les Chebabs de Yarmouk, documentaire marocain d’Axel Salvatori-Sinz (Français dont les organisateurs de la soirée au cinéma La Clef nous ont bien recommandé de ne pas écorcher le nom), tourné entre 2009 et 2011, avant la guerre, nous transporte dans le camp de Yarmouk, créé dans la périphérie de Damas, et devenu une ville en dur (on ne voit de tentes que dans les dialogues des protagonistes), de plusieurs centaines de milliers d’habitants (les chiffres varient entre 120 000 et 500 000). Ou plutôt on nous transporte dans une série de chambres où cinq jeunes vitelloni pseudo-intellos se vautrent en fumant et en bavardant sur la vie, l’amour, l’art … – mais ne s’animent vraiment que pour raconter leurs stratagèmes pour échapper au service militaire (c’est facile pour eux, leurs études leur permettant d’obtenir des sursis à rallonge) et des passeports pour n’importe quel pays pour lesquels ils ont des tuyaux. La ville elle-même, ses habitants, la vie réelle et ses problèmes, on n’en saura rien : cette bande de parasites irresponsables met son point d’honneur à vivre en vase clos, sans aucun contact avec les non-«intellectuels», dans l’oisiveté et les jérémiades : ils n’ont sans doute jamais entendu parler des massacres de Gaza, en tout cas Gaza est bien loin de leurs soucis narcissiques (comment réaliser nos ambitions, devenir cinéastes, metteurs en scène, acteurs… pour quoi faire ? Il n’y a chez eux aucun projet d’engagement, seulement un projet de succès personnel). Le monde extérieur n’est présent, ou plutôt suggéré, que par des fenêtres devant lesquelles flottent des rideaux, effort esthétique du réalisateur qui voit dans ces images le nec plus ultra de la poésie !

Et le film s’étire en bavardages inconsistants et pages de poésie écrites par chacun des intervenants et lues devant la caméra, avec trémolos et mines pathétiques par une des deux filles, starlette en devenir particulièrement exaspérante. Tout cela pour arriver à un dramatique carton où on lit que le camp a été détruit par l’armée syrienne, brisant ainsi les espoirs de nos sympathiques vitelloni.

La soirée était organisée par rue 89 – L’Observateur, représenté par Pierre Haski, ex-rédacteur de Libération ; on devine bien qu’il ne s’agissait pas d’une soirée de soutien au peuple palestinien, mais plutôt d’une opération de propagande visant à faire d’une pierre trois coups : jouer des divisions entre Palestiniens, faire oublier Israël, et présenter la Syrie comme le véritable ennemi des Palestiniens, c’est-à-dire poursuivre la campagne anti-syrienne avec un argument original (dont le cynisme doit ravir les concepteurs).

Renseignements pris (merci Wikipédia en anglais), l’armée syrienne (celle de l’État syrien) a bombardé le camp de Yarmouk pour en chasser les coupeurs de têtes de l’armée syrienne libre, qui avait armé les membres palestiniens de son émanation, le groupe Liwa al-Asifa, qui était combattu par les Palestiniens du FPLP.

Red Army (2014) se présente comme un documentaire américano-russe de Gabe Polsky : on cherche vainement l’élément russe du film ! Le réalisateur est américain, fils d’émigrés ukrainiens (et même, si on raisonne sur le nom, de l’ouest de l’Ukraine), les producteurs américain (Jerry Weintraub) et allemand (Werner Herzog). Le sujet, l’équipe de hockey soviétique des années 1960-1980, certes, est russe ; mais un film ne prend pas la nationalité de son sujet. On reste donc perplexe devant cette mention : film américano-russe, à moins d’y flairer une volonté d’escroquerie. Dans une interview, le réalisateur s’efforce longuement, avec un embarras visible, de tirer au clair la question de ses compétences de russophone. Ce n’est pas une question anodine : on ne peut parler authentiquement de ses expériences personnelles que dans sa langue ; or, Polsky interroge son protagoniste, Viatcheslav Fetissov, vedette de l’équipe, en anglais.

De la langue utilisée dépend aussi le degré de confiance dans les échanges. Là se situe une faille fondamentale dans le film : la réticence de Fetissov face à son interviewer. Le Figaro retient que l’interview commence de façon peu courtoise, Fetissov faisant un doigt d’honneur à Polsky ; mais pourquoi le traiterait-il avec égards ?

Polsky lui a demandé une interview en pleins Jeux de Sotchi, Fetissov, qui a été l’un des porte-drapeaux des sportifs russes, est alors ministre des Sports, et a bien d’autres chats à fouetter. Du reste, qui est Polsky ? Wikipédia ne nous apprend pas grand-chose : Polsky vient de la production, et Red Army est son seul film (c’est un cas de figure de plus en plus fréquent : un type qui évolue dans les milieux du cinéma et qui sort de l’anonymat pour faire un seul film, comme Salvatori-Sinz (pourvu que je n’écorche pas son nom !) ou Florian Henckel von Donnersmarck qui, avant et depuis La Vie des autres, n’a pas fait grand-chose : on pense alors à des commandes, voire des contrats).

Red Army est donc un film américain : mais pourquoi s’intéresser à l’équipe de hockey russe ? La réponse est simple, prévisible (je regrette, mais c’est le cas de toute la production hollywoodienne), même si elle semble paradoxale : Polsky traite des succès de l’équipe russe pour parler en parallèle de l’échec du système communiste et de la décomposition, contemporaine, de l’URSS. Tout le film joue ainsi contre son sujet, la problématique étant : comment un système aussi abominable a-t-il pu produire une grande équipe qui nous a battus, nous et nos amis canadiens ? Le critique du Figaro assure : «Habile, le montage se fait oublier derrière des interviews pleines d’enseignements.» Mais le montage est on ne peut plus indiscret, interrompant des images sportives ou des témoignages de sportifs russes pour faire asséner par un ou deux journalistes états-uniens le catéchisme de la guerre froide, c’est-à-dire les accusations sempiternelles contre le communisme et sa propagande totalitaire et l’affirmation de la supériorité du système américain et de ses magasins où on trouve toutes sortes de fruits en plein hiver ! (C’est ainsi qu’on a persuadé les Allemands de l’Est de brader leur emploi à vie, leur système de retraites, leurs logements à prix protégé… contre des bananes.) Ces leçons prennent un tour humoristique (volontaire ? on peut en douter, car la propagande américaine est une seconde nature, devenue inconsciente) lorsque Jimmy Carter intervient pour féliciter l’équipe de hockey US après une victoire, pour conclure : «Cela montre que le système américain est le bon» ! Mais ce sont aussi les questions du réalisateur-interviewer qui sont biaisées : à un camarade de Fetissov qui  évoquait la vie en commun des hockeyeurs et leur solidarité, il demande avec insistance : «Mais en dehors de l’entraînement, vous lisiez ? Vous aviez des hobbies ?». On comprend bien l’accusation implicite : le système communiste supprime toute différence individuelle, toute liberté. Mais imagine-t-on un journaliste US demandant à un hockeyeur canado-américain : «Et à part ça, qu’est-ce que vous lisez ?» !

Cependant, vers la moitié du film, se produit une bifurcation : l’URSS se délite, mais les autorités russes empêchent leurs hockeyeurs de rejoindre la Ligue américaine et ses contrats juteux. On essaie alors de comprendre quel est le fil logique du film, puisqu’on abandonne le sujet apparent, les remarquables résultats de l’équipe russe ; mais le fil s’embrouille, on évoque les refus de Fetissov de partir aux USA, même quand le gouvernement russe l’y invite : quelles sont ses raisons ? Patriotisme, bouderie, désir de faire monter les enchères ? Mais le réalisateur n’a pas envie d’explorer la personnalité de son héros.

Non, pour comprendre la vraie logique du film, il suffisait de lire la fiche Fetissov de Wikipédia : «Avec Igor Larionov, il a contribué à casser la barrière empêchant les Soviétiques de rejoindre la ligue nationale de hockey en Amérique du Nord.» Les méandres du film devaient donc nous amener à ce happy end : les hockeyeurs russes se font engager dans des équipes US, sanctionnant ainsi la victoire du monde libre !

Le titre était significatif : Red Army n’a jamais été le nom de l’équipe de hockey mythique ; elle faisait partie des fédérations du CSKA Moscou (qui recrutait, certes, dans l’Armée Rouge, ce qui explique les deux dernières initiales : Krasnoï Armyi), club glorieux, qui compte bien d’autres succès que ceux de ses hockeyeurs. Le film est conçu comme un réquisitoire contre l’ennemi russo-soviétique, accusé d’utiliser ses équipes sportives comme une armée parallèle. Le journaliste US donneur de leçons apporte la morale du film : ces responsables russes formés sous le système communiste sont LE problème. Quel problème ? Le fait que la Russie n’accepte plus, comme sous Gorbatchev, de se laisser désagréger par le bloc occidental ?

Polsky est passé à côté de son sujet de départ et Red Army nous laisse donc sur une frustration : qui fera le vrai film sur les méthodes et la stratégie (qu’on a comparée à celle de la dream team du Barça) de l’entraîneur Anatoli Tarassov, sur les rivalités internes de la fédération russe de hockey et sur la personnalité séduisante mais ambiguë de Viatcheslav Fetissov ?

Parmi les films du Festival de cinéma vénézuélien, on pouvait voir deux documentaires : Dudamel, El sonido de los ninos (Dudamel, le son des enfants) et El Misterio de las lagunas.

Le premier se présente comme un hymne au Sistema, le Système d’orchestres juvéniles conçu en 1975 (donc bien avant l’ère bolivarienne) par l’économiste et (!) chef d’orchestre José Antonio Abreu, dans un but à la fois artistique et social : intégrer, par la musique, les enfants des quartiers pauvres, leur permettre de dépasser leur situation socio-économique, et leur offrir une perspective de promotion professionnelle, soit directement (le système se nourrit lui-même et réclame de plus en plus de professeurs), soit indirectement (en leur inculquant des valeurs de discipline et d’effort). C’est une belle entreprise, mais qui réclamerait du moins une problématisation (n’y sent-on pas un aspect paternaliste, voire conservateur, comme chez ces philanthropes qui créaient des clubs de foot pour détourner les ouvriers de l’action politique ?).

Mais le film, au lieu de nous présenter le créateur, l’octogénaire J. A. Abreu (beau vieillard au demeurant), préfère faire virevolter devant la caméra Gustavo Dudamel, un jeune prodige qui a bénéficié du Sistema (mais n’est pas un exemple vraiment probant, car il vient d’un milieu de musiciens), aujourd’hui chef d’orchestre à Los Angeles et coqueluche des médias avec ses boucles brunes et ses charmantes fossettes (il rappelle l’acteur fétiche de Pasolini, Ninetto Davoli).

De même, au lieu de nous montrer les fruits du Sistema dans les bidonvilles de Caracas, le film fait de la pub pour le Sistema en nous faisant voyager dans tous les pays franchisés, parmi lesquels la Corée du Sud, où on interviewe un jeune garçon sous le patronage d’une Holy Bible placée bien en évidence sur une étagère.

De fait, le film est une coproduction Venezuela-USA, et semble être un remake consensuel (tout le monde se congratule, avec des yeux extasiés de ravi de la crèche) et spectaculaire (morceaux musicaux faciles de concerts en noeud pap’ ou au milieu d’un quartier populaire avec vues aériennes) d’un autre film antérieur, du même réalisateur, Alberto Arvelo Mendoza, Tocar y luchar o la orquesta de los pobres (Jouer et lutter ou l’orchestre des pauvres), de 2005, dont on aurait oublié la partie lutter, puisque la morale assénée par un des chefs d’orchestre intervenants est : «La musique changera le monde

Heureusement, le Festival réservait une découverte passionnante, El Misterio de las Lagunas, d’Atahualpa Lichy, tourné dans les villages des Andes vénézuéliennes, dans l’État de Mérida, au Nord-Ouest du pays, entre les installations pétrolières de Maracaibo et la populeuse Caracas ; malgré cette proximité, le secteur est encore (pour combien de temps ?) isolé au milieu des montagnes, hors de portée des signaux des radios ou des portables. Le réalisateur aurait pu faire un reportage misérabiliste comme le tristement célèbre Las Hurdes, tierra sin pan, de Bunuel, ou se présenter en champion des Lumières face à des sauvages, comme le héros du roman autobiographique de Levi, Le Christ s’est arrêté à Eboli, ou du film de 1979 de Francesco Rosi, habituellement plus inspiré.

Car ces deux œuvres ne peuvent convaincre que des citadins ignorant tout de la vie des paysans et se contentant de plaquer sur tout la grille manichéenne et paresseuse : préjugés archaïques versus Lumières et modernité. El Periódico de Extremadure publie justement aujourd’hui, 21 mars 2015, un article (dont je recommanderais la lecture à tous les hispanophones qui veulent se faire une idée juste sur ce film mythifié) sur les polémiques provoquées par le pseudo-documentaire de Bunuel. Pseudo, car on sait aujourd’hui que tout y a été mis en scène, selon un scénario préparé d’avance, pour présenter les Hurdes comme une terre d’obscurantisme et de misère effroyables, et faire de son film une exhibition gore (tremendista) selon les mots d’un anthropologue, n’hésitant pas pour cela à torturer un âne, à transformer un groupe de villageois en acteurs maigrement rémunérés, et à énoncer des contre-vérités : «Dans les Hurdes, on n’entend jamais une chanson» : les survivants témoignent, eux, du plaisir avec lequel il écoutait, dans la taverne du village, les femmes du coin chanter des chansons traditionnelles, rémunérées par quelques piécettes.

Ce mépris aveugle à la réalité, ce parti-pris de truquage didactique par un détenteur des Lumières est aux antipodes du documentaire de Lichy ; il nous montre, au contraire, la richesse des traditions et des savoir-faire paysans, ce qu’aurait pu voir aussi à Aliano (le village du Christ s’est arrêté…) Levi, confiné là par les autorités fascistes, si, au lieu de vouloir apporter la civilisation aux sauvages, il avait profité de cette expérience pour découvrir la culture de la Basilicate. Nous découvrons donc avec émerveillement la culture des villages des Andes, d’une activité agricole et d’une fête à l’autre.

Là, on n’a pas besoin de télévision, les paysans sont bien plus autonomes que nous citadins, et les artistes locaux abondent, chanteurs traditionnels, ou violonistes compositeurs, dont les airs, comme les corridos mexicains, s’inspirent de la chronique locale, ou encore jeune cavalier virtuose qui fait danser son cheval. Mais on retient surtout les images des grandes fêtes, incroyablement colorées : celle de San Isidro, patron des paysans, le 15 mai, où défilent dans les rues des attelages de bœufs aux cornes ornées de fleurs et de fruits, comme des cornes d’abondance, ou celle de San Benito, fin décembre, dont le culte, venu de Palerme, répandu dans toute l’Amérique latine, s’est mêlé ici à une célébration patriotique, celle de la Campagne admirable de Simon Bolivar, en 1813, qui a abouti à la conquête de l’Ouest vénézuélien, jusqu’à Caracas et à la IIe République du Venezuela. Cette fête est encore plus spectaculaire : les hommes se peignent le visage en noir (San Benito est un saint noir, originaire d’Afrique), et, armés de tromblons rafistolés (versant historique de la célébration), font exploser des charges de poudre (les blessures aux mains font partie de la fête, les secours sont là, prêts à intervenir).

Mais le documentaire se construit (de façon peut-être trop dramatique) autour du mystère des lagunes, face obscure de la culture traditionnelle : les sacrifices humains qu’on offrait aux dieux des lagunes (Arco et Arca, Soleil et Lune), mis en rapport, par une anthropologue strictement objective, évitant tout commentaire moralisateur, avec la célébration des Angelitos : jusqu’au début des années 1970, les enfants morts étaient grossièrement momifiés, revêtus d’habits de fêtes, et offerts pendant des mois parfois à la contemplation des villageois, pour la plus grande fierté de leurs parents. Ces enfants étaient en effet les substituts des anciens sacrifices humains, conçus comme des offrandes des prémices, destinées à appeler la protection des dieux sur toutes les autres naissances. Coutume barbare ? Mais en quoi témoigne-t-elle de plus de superstition que la croyance, aujourd’hui, semble-t-il, majoritaire, que le meilleur moyen de protéger une population et de lui apporter la démocratie est de la bombarder et de détruire son pays ?

Ce documentaire envoûtant ne laisse qu’une question : ces villageois, successeurs, et en partie descendants des Indiens Mucuchies, sont-ils vraiment aujourd’hui aussi isolés et autonomes que le montre le film, ou leur culture et leurs fêtes n’ont-elles pas déjà été récupérées par l’industrie du tourisme ?

Le documentaire est donc un genre à accueillir avec intérêt et méfiance. Il peut nous mettre en contact avec d’autres cultures,apportant les connaissances concrètes que les médias, qui ne fonctionnent que sur des généralités idéologiques, nous refusent. Mais c’est aussi une arme de propagande plus sophistiquée que les blockbusters hollywoodiens. Et, comme pour les films de fiction, on peut se demander si le cinéma états-unien est plus dangereux quand il récrit et mythifie sa propre histoire, comme dans American Sniper, ou quand il récrit celle des autres peuples, comme dans Red Army, selon ses propres critères et intérêts. Mais il y a pire que le documentaire de propagande US, c’est le documentaire français, aussi creux que faux, qui n’apporte ni information ni spectacle.

Rosa Llorens

Rosa Llorens est normalienne, agrégée de lettres classiques et professeur de lettres en classe préparatoire.

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Le Canada aide à recruter des tueurs pour l’État islamique

Par Jason Fekete, Lee Berthiaume, Ian MacLeod – Le 13 mars 2015

Source ottawacitizen

Bruno Saccomani, l’ambassadeur du Canada, avec le Premier ministre Stephen Harper.

L’ambassade du Canada en Jordanie, dirigée par un ambassadeur spécialement choisi par Stephen Harper et qui est un ancien garde du corps, est impliqué par un article dans un scandale d’espionnage et de terrorisme international qui se dévoile actuellement.

 

 

Vendredi, le gouvernement fédéral à refusé de commenter les nombreux articles évoquant un espion étranger supposé travailler pour les services de renseignement canadiens, arrêté en Turquie pour avoir aidé trois adolescentes britanniques à se rendre en Syrie pour rejoindre les militants de l’État islamique et qui travaillait pour l’ambassade canadienne à Amman, en Jordanie.

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