Syrie : La chute d’Idlib est-elle liée aux négociations nucléaires avec l’Iran?


Le 28 mars 2015 – Source Moon of Alabama

Il y a une dizaine de jours, il était question d’une attaque djihadiste imminente sur Idlib au nord-ouest de la Syrie. Idlib, une ville du gouvernorat qui comptait autrefois 100 000 habitants, se trouve à seulement quelques kilomètres de la frontière turque et les forces gouvernementales syriennes ne pouvaient plus y accéder que par un étroit couloir.

Il y a trois semaines, le gouvernement turc a fermé au trafic civil tous les postes frontaliers entre la Turquie et la Syrie. Il y a quatre jours, une coalition formée de Jabhat al-Nusra (l’affilié d’al-Qaïda en Syrie), le groupe islamiste Ahrar Al-Shams et quelques plus petits groupes s’est lancée à l’assaut d’Idlib. Au moins 1 500 combattants ont pris part à l’attaque. Quatre énormes attentats suicides motorisés perpétrés aux check points du gouvernement ont brisé ses défenses extérieures.

L’armée syrienne a envoyé des renforts, mais ils n’ont pas suffi à contenir les attaques sur trois fronts simultanés. Les forces gouvernementales ont reculé aujourd’hui et ont formé une nouvelle ligne de front au sud de la ville. Jabhat al-Nusra a publié des vidéos montrant ses combattants au centre de la ville, qui semblait vide. Cette carte de Peto Lucem montre la situation actuelle.

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D’après les vidéos et photos prises à Idlib, on peut voir que très peu de véhicules ont été capturés. Un T-62 semble avoir été détruit et puis seulement un autre, et trois véhicules de transport de troupes ont été capturés. Ceci signifie sans doute que le gouvernement avait déjà retiré ses armes lourdes et était prêt à céder la ville à ses adversaires.

Dans la situation actuelle, la ville était de peu de valeur stratégique, militaire ou économique, et elle était difficile à tenir et à approvisionner. Y renoncer tout en intensifiant les efforts dans des endroits plus stratégiques du sud et des environs de Damas est la bonne décision d’un point de vue purement militaire, mais c’est toujours dommageable du point de vue de la politique et de la propagande de guerre.

Quoiqu’il en soit, étant donné le soutien évident du voisin turc (et étasunien) à Jabhat al-Nusra et à d’autres groupes djihadistes, défendre la ville contre une attaque vigoureuse aurait nécessité des forces disproportionnées et aurait affaibli les défenses en d’autres endroits.

C’est une coïncidence intéressante que trois événements se produisant simultanément dans trois pays,

– l’attaque sur Idlib,

– l’intervention américaine contre la milice chiite à Tikrit,

– l’attaque wahhabite sur le Yémen,

semblent tous avoir pour effet d’affaiblir les forces alliées à l’Iran. Et cela au moment précis où les négociations sur le programme nucléaire de l’Iran en Suisse sont au point culminant. Faut-il en déduire que ces attaques ont été coordonnées par une direction centrale pour affaiblir la position (psychologique) de l’Iran dans les négociations nucléaires ?

Traduit par Dominique Muselet, relu par jj pour le Saker Francophone.

 

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