Ukraine : comment la promesse d’abondance de l’UE s’est transformée en cauchemar économique


Par Ivan Lisan – Le 11 avril 2015 – Source thesaker.is

L’économie politique de la guerre civile : comment l’Ukraine est devenue aussi pauvre que le Tadjikistan en une année seulement

Le Tadjikistan a longtemps été considéré comme la plus pauvre des anciennes Républiques soviétiques. Par exemple, en 2013, son PIB par habitant, basé sur la parité du pouvoir d’achat, était de $2536, alors que pour l’Ukraine il était de $8652. Il pourrait sembler de mauvais goût de comparer le Tadjikistan pauvre, qui est passé par le creuset de la guerre civile, avec l’Ukraine encore prospère il y a peu.

Mais ce n’est pas si simple. Le départ de la guerre civile et la désintégration de l’Ukraine ont rendu une telle comparaison possible et adéquate, parce que pour comprendre l’ampleur de l’appauvrissement de l’Ukraine en une année seulement, il est juste de comparer certains de ses indicateurs économiques avec ceux du Tadjikistan.

Toutes les guerres civiles se ressemblent

Bien que les gens en Ukraine aient commencé à se battre les uns contre les autres dans la 23e année de leur indépendance, la guerre a éclaté au Tadjikistan seulement cinq mois après sa déclaration d’indépendance, le 9 septembre 1991. Et ce n’est que le 27 juin 1997, à la neuvième rencontre au Kremlin, entre des représentants du gouvernement tadjik et l’opposition unie, qu’un accord de paix final a été signé.

Rien qu’en 1992 et 1993, près de 60 000 personnes ont été tuées au Tadjikistan, et le nombre de réfugiés pour la seule année 1994 a été évalué entre un million et un million et demi de personnes. Selon diverses estimations, les dommages économiques ont atteint entre $7 milliards et $10 milliards. Quelque 150 000 maisons ont été incendiées et 15 000 autres pillées. Dans l’oblast de Qŭrghonteppa [1], au sud, près de 80% de la capacité industrielle a été détruite. En 1997, la production industrielle du Tadjikistan avait chuté de 72%.

L’Ukraine vient de commencer son voyage sur cette route sanglante, mais même avant le chaudron de Debaltsevo, la guerre avait causé plus de 50 000 victimes, selon les services de renseignement allemands. A la fin du quatrième trimestre, le PIB réel de l’Ukraine avait baissé de 15.2%, sans y inclure celui de la Crimée et des Républiques populaires de Lougansk et Donetsk, qui ensemble représentaient environ 20% du PIB du pays. Le 20 février, suite aux combats dans la République populaire de Donetsk, 90% de sa capacité industrielle avait été détruite ou tournait au ralenti. La destruction de maisons et d’infrastructures est incalculable. Et même si c’est seulement le début, la population ukrainienne est déjà tombée au niveau d’appauvrissement du Tadjikistan.

Retraites et salaires de base

La pension de retraite en Ukraine se monte à 979 hryvnia, et le salaire minimum à 1218 hryvnia. La retraite de base et le salaire minimum au Tadjikistan sont tous deux de 250 somoni.

Au taux de change officiel, un dollar US valait 21 à 22 hryvnia le 14 mars dernier, mais le taux actuel est de 26. Il faut 5,53 solomi pour avoir un dollar.

Donc si nous convertissons les pensions et les salaires en Ukraine et au Tadjikistan en dollars US, nous trouvons ce qui suit:

Au taux de change officiel, la retraite de base en Ukraine est de quelque 44 dollars (mais de $37.60 au taux réel), et la retraite de base au Tadjikistan est de $45.20;

Le salaire minimum en Ukraine au taux officiel est d’environ $55 (actuellement $46.80), et le salaire minimum au Tadjikistan est de $45.20.

A titre de comparaison, il y a un an, lorsque 1 dollar équivalait à 8 hryvnia, la retraite de base en Ukraine était de $118, et le salaire minimum correspondait à $152.

En septembre, le président du Tadjikistan Emomali Rahmon a promis d’augmenter le salaire minimum de 50%, à 400 somoni. Les bourses pour les étudiants seront augmentées de 30% en moyenne. Six milliards de somoni seront consacrés à ce but.

En Ukraine, la prochaine augmentation de la retraite de base et du salaire minimum doit prendre effet en décembre de cette année. Le Conseil des ministres de Kiev a promis d’augmenter la retraite de base à 1074 hryvnia, et le salaire de base à 1378 hryvnia, mais seulement s’il n’est pas obligé de réduire les dépenses dans les programmes sociaux. Étant données les mesures d’austérité imposées par le FMI, une augmentation des retraites et des salaires semble presque aussi probable que l’atterrissage d’astronautes sur la surface nébuleuse d’Uranus. Même si Emomali Rahmon ne remplit pas sa promesse, en termes de salaire minimum et de retraite de base, les Tadjiks vivent déjà un petit peu mieux que les Ukrainiens.

Travailleurs migrants

Selon les chiffres fournis par Konstantin Romodanovsky, directeur du Service fédéral des migrations de Russie, en 2013, environ trois millions de travailleurs ukrainiens ont gagné $27 milliards en Russie. Au début de 2015, il y avait plus de 1 300 000 hommes ukrainiens en âge de faire du service militaire en Russie. En tout, cinq à sept millions d’Ukrainiens ont quitté leur pays pour chercher du travail et en 2014, ils ont envoyé $9 milliards en Ukraine.

Le nombre de travailleurs migrants tadjiks en Russie est estimé entre un million et 1,2 million, et ils représentent plus de 90% de tous les migrants du Tadjikistan. Ensemble, ils ont envoyé $1,5 milliards à leurs familles pendant le premier semestre de 2014.

En 2014, la population du Tadjikistan était de 8,2 millions, et la proportion de la population en âge de travailler était environ de 60%, soit 4 920 000 personnes.

La population de l’Ukraine était de 45 490 000 en 2013. Depuis 2014, lorsque les manifestations de l’Euromaïdan ont commencé le processus de désintégration, la Crimée (environ deux millions d’habitants) a officiellement quitté l’Ukraine, et les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk (la RPL avec 1,2 million et la RPD avec 1,8 million) ont aussi fait sécession, pour des raisons évidentes. Donc, selon des estimations grossières, la population ukrainienne est tombée à 40,5 millions. La proportion de la population active en Ukraine en 2013 était d’environ 48%. Par conséquent, en 2014, le nombre de citoyens valides n’était que de 19,4 millions (en y incluant la RPD et la RPL, 21,2 millions).

Si nous faisons un calcul sommaire de la proportion de citoyens en âge de travailler ayant émigré pour chercher du travail (parce que l’auteur de cet article n’a pas de données sur le nombre de travailleurs migrants de Crimée et des deux républiques populaires), il s’avère qu’un quart ou un tiers de la population active d’Ukraine a quitté le pays. En comparaison, au Tadjikistan ce nombre est de 25% à peu près.

Donc environ un quart des populations du Tadjikistan et d’Ukraine ont émigré pour chercher du travail.

Seul Dieu sait combien de temps durera la guerre civile, combien de victimes elle fera et combien de villes elle détruira, mais un an après le commencement de la guerre, l’Ukraine a déjà atteint le niveau de destructions causé par la guerre civile au Tadjikistan.

L’Ukraine n’a pas encore fait défaut sur sa dette, mais son salaire minimum et ses retraites de base sont tombés aux niveaux du Tadjikistan, bien qu’une année plus tôt, un déclin si rapide ait semblé inconcevable. De plus, en Russie, les travailleurs migrants ukrainiens remplacent progressivement les gens venus d’Asie centrale.

Et ce n’est que le début. Maintenant, les Ukrainiens et les Tadjiks ont plus d’une chose en commun. Non seulement ils ont fait partie de l’Union soviétique, mais ils partagent aussi un destin semblable: avec leurs vies en ruines, ils parcourent le monde à la recherche de travail.

Ivan Lisan

Article original traduit du russe en anglais par Robin

Traduit de l’anglais par Diane pour le Saker Francophone

Note
[1] L’oblast de Qurghonteppa était une subdivision administrative du Tadjikistan jusqu’en 1992, lorsqu’il a été fusionné avec l’oblast de Kulob pour créer la province de Khatlon.

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Soros vise la co-propriété de l’Ukraine


Le 6 avril 2015 – Source strategic-culture

George Soros

Le milliardaire gestionnaire de fonds d’investissements George Soros a proposé de contribuer à hauteur de $1 milliard à un paquet d’investissement de $50 milliards en Ukraine afin d’ériger une barrière économique contre l’entrée de la Russie dans le pays déchiré par la guerre.

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Poutine et Tsipras se rencontrent aujourd’hui: les principaux éléments


Par Tyler Durden – Le 8 avril 2015 – Zerohedge.com

Alors que l’Allemagne est apparue en affirmant, à titre préventif et quelque peu défensif, que l’aide russe à la Grèce n’est pas affaire importante – un non-évènement

Comme le rapporte Bloomberg, le gouvernement allemand suggère que le prêt de la Russie à la Grèce serait un événement de routine.

Un pays qui emprunte à un autre «ce n’est absolument rien de spécial», déclare la porte-parole du ministère des Finances allemand Friederike von Tiesenhausen lorsqu’on lui demande si l’acceptation par la Grèce de prêts de la Russie serait en accord avec la politique européenne. «C’est le système financier international.»

Elle refuse de commenter spécifiquement la possibilité de prêts russes à la Grèce, dit que c’est «hypothétique» et «pour autant que je sache, pas à l’ordre du jour» de la visite de Tsipras à Moscou.

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Grèce: retour de la drachme ?


Par Ambrose Evans-Pritchard & Mehreen Khan – Le 2 avril 2015

La Grèce se prépare à un défaut de paiement vis à vis du FMI et à un retour à la drachme.

La Grèce est en train de préparer des plans drastiques pour nationaliser le système bancaire du pays et mettre en place une monnaie parallèle afin de pouvoir payer ses factures, à moins que l’eurozone ne prenne les mesures nécessaires pour atténuer la crise en cours en adoucissant ses exigences.

Des sources proches du parti au pouvoir, Syriza, ont dit que le gouvernement est déterminé à garder ses services publics ouverts et à payer ses retraites même si les fonds disponibles sont très bas. Il pourrait être obligé de prendre une décision sans précédent en ne respectant pas une obligation de paiement au FMI la semaine prochaine.

La Grèce n’a plus assez d’argent pour rembourser €458 millions au FMI le 9 avril et pour couvrir les paiements, salaires et charges le 14 avril, sauf si l’eurozone est d’accord pour débourser la prochaine tranche de son prêt d’urgence dans les temps.

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Réseau Swift :
l’alternative chinoise et la mort programmée du dollar


Par James Corbett – Le 12 mars 2015 – Source corbettreport

Oubliez toutes les absurdités et le battage fait au sujet de l’Apple Watch ou du rachat des actions de la General Motors. L’information économique de loin la plus importante de la semaine, ne se trouve pas en première page de Bloomberg ou de MarketWatch. Des nouvelles informations indiquent que la Chine est prête à lancer son alternative au système Swift et pour ceux qui sont à l’écoute, il s’agit de l’action la plus importante menée jusqu’à ce jour dans le processus en cours de sortie de l’emprise du dollar [dédollarisation], menée par le bloc de la résistance ,les BRICS, pour mettre fin à l’étranglement financier du Consensus de Washington, imposé par les Etats-Unis.

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Ce que vous devez savoir sur AIIB, la nouvelle banque chinoise


Par James Corbett – Le 25 mars, 2015 – Source TheInternationalForecaster

Les agences d’informations économiques ont tellement évoqué l’AIIB ces deux dernières semaines que l’individu moyen peut être excusé de ne pas savoir ce qu’est l’AIIB, ou la raison pour laquelle cette histoire reçoit autant d’attention. N’ayez crainte, le Corbett Report est là pour recomposer le puzzle.

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Réveil brutal : Les perspectives d’intégration de l’Ukraine à l’UE disparaissent de l’horizon


Par Dmitry Minin – Le 2 avril 2015 – Source Strategic-culture

La révolution du Maïdan a impliqué une participation populaire dans le processus du changement de pouvoir. L’intégration à l’Union européenne était promue comme un de ses principaux objectifs. L’accord d’association était une étape sur cette voie. Il avait été signé le 21 mars 2014. Une année a passé, mais il n’y a pas de résultat concret. Les perspectives d’intégration sont même devenues plus sombres qu’elles ne l’étaient alors.

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Jeu géostratégique : une alliance russo-grecque


Par Phil Butler – le 1er avril 2015 – Source Russia Insider

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras est à la veille de rencontrer le président Poutine, le 8 avril prochain. Avec l’émergence de la Russie et de la Chine comme alternative économique à la Banque mondiale des États-Unis, un pont russo-grec pourrait être une bonne affaire.

Poutine avec le Directeur Général d’Aéroflot Vitaly Savelyev, bon signe pour le tourisme grec ? (Photo Kremlin)

Le ministre grec de la Réforme industrielle Panagiotis Lafazanis et le député de Syriza Petrakos étaient à Moscou ces jours derniers pour poser les bases de la rencontre du Premier ministre Alexis Tsipras avec Vladimir Poutine. Le nœud de vipères des banquiers fiévreux, des politiciens corrompus, et des généraux hystériques à l’Ouest du Bosphore sent que la Russie et la Chine ont là une occasion unique.

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La politique du FMI en Ukraine est irresponsable et ne sert que les intérêts des États-Unis


Par Ron Paul – Le 31 mars 2015 – Source RT

Le FMI veut encore prolonger le sauvetage financier de Kiev qui ne sert que le calendrier de politique étrangère des États-Unis et ne préservera pas l’Ukraine de la crise économique, selon l’ancien candidat à la présidence états-unienne Ron Paul, qui affirme que le système ne peut pas être stabilisé, il ne peut qu’être supprimé.

«Une institution financière responsable n’apporterait pas un nouveau prêt entre 17 et 40 milliards de dollars à un emprunteur qui lutte déjà pour rembourser un prêt existant de plusieurs milliards», a écrit Paul dans un billet pour le Ron Paul Institute.

En savoir plus : «Que l’Otan et les autres pays sortent de l’Ukraine pour mettre fin à la guerre civile» – Ron Paul

L’ancien accord du FMI, prolongé de quatre ans, est destiné à soutenir la stabilisation économique et de vastes réformes en Ukraine. Pourtant, argumente Paul, le nouveau modèle de prêt ne fait rien pour le gouvernement de Kiev allié de Washington, principal bailleur de fonds du FMI.

«Ce nouveau prêt n’a pas beaucoup de sens économique, mais appuyer l’actuel gouvernement ukrainien sert le calendrier de politique étrangère des Etats-Unis», écrit Ron Paul.

Le politicien états-unien continue à accuser le FMI de tailler sur mesure ses actions pour faire progresser les objectifs de politique étrangère du gouvernement américain.

«Le FMI a aussi une longue histoire dans l’utilisation des fonds fournis par les contribuables américains pour soutenir des régimes dictatoriaux et des politiques économiques bancales», écrit-il.

Bien que le président ukrainien Petro Porochenko ait signé les mesures législatives pour réduire drastiquement les dépenses et approuvé les changements en matière de fiscalité, les prêts échouent toujours à promouvoir un marché libre, dit encore Ron Paul.

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

 

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Une commission d’audit de la dette en Grèce, maintenant
Et demain où ?


Par Eric Toussaint , Yannick Bovy – Le 25 mars 2015 – Source CADTM

Retranscription de l’interview donnée par Eric Toussaint, économiste, porte-parole du CADTM, et coordonnateur de la Commission d’audit de la dette grecque, le 24 mars 2015 à la RTBF.

Yannick Bovy : Vous étiez à Athènes la semaine dernière car c’est vous qui allez coordonner les travaux de la commission que le Parlement grec est en train de mettre sur pied. Cette commission va servir à analyser, ausculter, disséquer la dette de la Grèce, dont on sait qu’elle constitue un sacré problème pour le nouveau gouvernement grec et bien sûr pour la population en général. Alors expliquez-nous ce que vous allez faire concrètement, et quels sont vos objectifs ?

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