Encore et pour toujours. Voici pourquoi le temps est un éternel présent.


Par Aurelien – Le 22 Octobre 2025 – Source Blog de l’auteur

De toutes les avancées dans notre compréhension de l’esprit humain au cours du siècle dernier, aucune n’est plus fondamentale que la découverte de l’inconscient et la lente prise de conscience de son fonctionnement. Pourtant aucune n’a si peu d’effet sur notre façon de penser le monde. Cet essai porte sur ce qui pourrait arriver si elle en avait un peu plus.

En théorie, les idées de Freud (oui, je sais qu’il avait des prédécesseurs mais je n’ai pas l’espace pour tout couvrir, désolé) sont évidentes. Le modèle mécanique du fonctionnement du cerveau, l’hypothèse que l’esprit conscient est tout ce qui compte, ou même existe, la croyance qu’il y a une correspondance exacte entre la pensée et l’expression, et que nous disons ce que nous voulons dire, et signifie ce que nous disons, n’étaient plus tenables. Dans la vie quotidienne (où, ironiquement, les gens avaient toujours reconnu l’importance des confusions et erreurs verbales apparentes), il est devenu courant de parler de “dérapages freudiens”, en anglais, et de lapsus révélateurs en français, même de la part de ceux qui n’ont jamais lu, ni même entendu parler de La Psychopathologie de la Vie quotidienne. Des générations d’étudiants en littérature ont été initiées à l’idée que le narrateur de Proust ne comprend pas toujours ses propres motivations, et que lorsqu’Antonio dans Le Marchand de Venise ne sait pas pourquoi il est si triste, c’est à cause de ses sentiments non reconnus pour Bassanio.

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Habillé pour tuer


Actuellement, d’un côté, certains sont prêts à discuter et à tendre un micro à n’importe qui, tandis que de l’autre, on tire pour tuer dès qu’ils le font.− Aimee Terese sur X


Par James Howard Kunstler – Le 15 septembre 2025 – Source Clusterfuck Nation

Lorsque le film de Brian De Palma, Pulsions, est sorti en 1980, le pays était différent. Tout comme Psycho d’Hitchcock avant lui (1960), ces deux films dépeignaient des hommes cherchant à devenir des femmes, rendus meurtriers par leurs fantasmes. Aujourd’hui, notre pays est devenu meurtrier à cause du même fantasme, mais à plus grande échelle.

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Instagram a tué les intellectuels


Par Benedetta Sabene – Le 9 août 2025 – Source Le blog de Thomas Fazi

Prémisse : Il s’agit d’une réflexion tout à fait personnelle sur l’édition, le journalisme et le rôle des intellectuels aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’une attaque contre qui que ce soit en particulier, même si je citerai certaines personnalités publiques à titre d’exemples. Je ne souhaite diaboliser aucun activiste, communicateur ou expert qui utilise les médias sociaux pour partager des connaissances, des nouvelles ou des opinions — ni ceux qui les consomment. Mon but est d’analyser les mécanismes qui génèrent certaines des contradictions que nous vivons aujourd’hui, et de proposer quelques pistes de réflexion. L’inspiration pour aborder ce sujet — bien qu’il m’ait toujours tenu à cœur – vient de l’article La mort de l’intellectuel public, que je vous encourage à lire.

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Le marteau de Thor


Par Emmanuel Todd − Le 2 juillet 2025 − Source Blog de l’auteur

Une séquence en trois stades peut décrire la disparition de la matrice religieuse de nos sociétés : religion active (croyance et pratique régulière), religion zombie (incroyance avec survie des valeurs morales et sociales), religion zéro (plus rien). J’ai d’abord appliqué cette séquence au christianisme, dans ses diverses variantes – catholique, protestante, orthodoxe. Je l’ai ensuite étendue aux deux monothéismes parents, le judaïsme et l’islam, plus précisément à sa composante chiite. Nous pourrons donc décrire, pour la Scandinavie par exemple, une séquence « protestantisme actif, protestantisme zombie, protestantisme zéro ». Pour l’Iran, nous aurons la même séquence mais inachevée, « chiisme actif, chiisme zombie », sans exclure la possibilité dans le futur d’un « chiisme zéro ». Pour Israël, nous pouvons déjà décrire une séquence complète : « judaïsme actif, judaïsme zombie, judaïsme zéro ».

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Statut, classe et crise de l’expertise


En célébrant le « bon sens » plutôt que l’autorité des experts, le populisme effectue une dramatique inversion de statut. Il offre aux électeurs non éduqués le pouvoir de la connaissance et remet à leur place ceux qui les méprisent.


Par Dan Williams – Le 31 mai 2025 – Source Conspicuous Cognition

I. Dans l’une des scènes les plus mémorables des Frères Karamazov, le gentil protagoniste Aliocha offre au capitaine appauvri et désespéré Snegiryov une somme d’argent importante. Peu de temps auparavant, le frère d’Aliocha avait publiquement humilié Snegiryov en le traînant hors d’une taverne par sa barbe. L’argent est présenté à titre de compensation pour l’incident.

Au début, Snegiryov a l’air de l’accepter :

« C’est pour moi ? Tant d’argent—deux cents roubles ! Bon dieu ! Pourquoi, je n’ai pas vu autant d’argent depuis quatre ans ! Pitié pour nous !”

Il rêve d’utiliser cet argent pour régler ses dettes, aider sa femme et ses enfants malades et commencer une nouvelle vie. Mais après cette première explosion de gratitude et d’enthousiasme, son comportement change:

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Le réel n’est plus


Par Jose Marti − Le 7 janvier 2025 − Source Le Saker Francophone

L’avènement du virtuel est lui-même notre apocalypse. − Jean Baudrillard — Le paroxyste indifférent, 1997

Un peuple qui s’avachit, entre dans l’empathie, ce n’est pas chose nouvelle. Le phénomène est décrit au IVème siècle, dans la chute de Rome (Panem et circenses), dénoncé par Périclès (un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile) huit siècles auparavant, repris par George Orwell dans 1984.

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La désagrégation culturelle


Par Simplicius Le Penseur – Le 1er Août 2023 – Source Dark Futura

Un nouveau type de changement vibratoire a lentement envahi l’Occident. Les gens le ressentent de plus en plus, car la façade de l’esprit partisan a pour la première fois glissé dans les années culminantes de l’ère de la turbo-crise post-Covid.

J’ai 57 ans. Non seulement on a l’impression que « quelque chose de mauvais arrive », mais on a aussi l’impression que le monde entier retient son souffle. C’est comme si nous attendions tous un catalyseur, un signe ou un événement qui mette fin à ce sentiment d’être mis en attente. Ce malaise vague et inexpliqué que nous ressentons. Quelque chose de terrible se cachait juste en dehors de notre champ de vision, mais nous l’avons tous senti se rapprocher. Je ne compte plus le nombre de personnes qui m’ont dit qu’elles aimeraient que ce qui va se passer se mette en place. Que cette attente dans l’obscurité est insupportable.

Nous sommes entrés dans une ère perdue, une ère où les métaphysiques divergent d’une manière étrangement douce. Les spectres politiques et culturels se sont déplacés alors que les pôles qui nous donnaient autrefois ancrage et équilibre se sont réorientés vers une singularité accélérée où la vérité, voire l’épistémologie elle-même, sont devenues des jetons jetables d’une nouvelle sorte de monnaie.

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Le pouvoir de la narrative

Par Caitlin Johnstone – Le 9 mai 2024

Le secrétaire d’État américain et un oligarque de la technologie de surveillance du Bilderberg ont fait des aveux très intéressants sur le mouvement de protestation contre le massacre de Gaza, soutenu par les États-Unis, et les problèmes qu’il pose à l’empire qu’ils aident à diriger.

Au cours d’un discours au vitriol sur les manifestants universitaires lors du Ash Carter Exchange on Innovation and National Security, le PDG de Palantir, Alex Karp, a déclaré sans ambages que si les partisans des manifestants remportaient le débat sur cette question, l’Occident perdrait la capacité de mener des guerres.

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Quel bilan pour l’Occident ?


Par Michael Brenner − Le 8 mars 2024 − Source Scheerpost

Les dirigeants occidentaux vivent deux événements stupéfiants : la défaite en Ukraine et le génocide en Palestine. Le premier est humiliant, l’autre honteux. Pourtant, ils ne ressentent ni humiliation ni honte. Leurs actions montrent clairement que ces sentiments leur sont étrangers et qu’ils sont incapables de franchir les barrières bien ancrées du dogme, de l’arrogance et des insécurités profondément ancrées. Ces dernières sont à la fois personnelles et politiques. C’est là que réside l’énigme.  En effet, l’Occident s’est engagé sur la voie du suicide collectif. Suicide moral à Gaza ; suicide diplomatique – les fondations posées en Europe, au Moyen-Orient et dans toute l’Eurasie ; suicide économique – le système financier mondial basé sur le dollar est en péril, l’Europe se désindustrialise. Le tableau n’est pas beau à voir. Il est étonnant de constater que cette autodestruction se produit en l’absence de tout traumatisme majeur – externe ou interne. C’est là que réside une autre énigme connexe.

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