Par Aurelien – Le 22 Octobre 2025 – Source Blog de l’auteur
De toutes les avancées dans notre compréhension de l’esprit humain au cours du siècle dernier, aucune n’est plus fondamentale que la découverte de l’inconscient et la lente prise de conscience de son fonctionnement. Pourtant aucune n’a si peu d’effet sur notre façon de penser le monde. Cet essai porte sur ce qui pourrait arriver si elle en avait un peu plus.
En théorie, les idées de Freud (oui, je sais qu’il avait des prédécesseurs mais je n’ai pas l’espace pour tout couvrir, désolé) sont évidentes. Le modèle mécanique du fonctionnement du cerveau, l’hypothèse que l’esprit conscient est tout ce qui compte, ou même existe, la croyance qu’il y a une correspondance exacte entre la pensée et l’expression, et que nous disons ce que nous voulons dire, et signifie ce que nous disons, n’étaient plus tenables. Dans la vie quotidienne (où, ironiquement, les gens avaient toujours reconnu l’importance des confusions et erreurs verbales apparentes), il est devenu courant de parler de “dérapages freudiens”, en anglais, et de lapsus révélateurs en français, même de la part de ceux qui n’ont jamais lu, ni même entendu parler de La Psychopathologie de la Vie quotidienne. Des générations d’étudiants en littérature ont été initiées à l’idée que le narrateur de Proust ne comprend pas toujours ses propres motivations, et que lorsqu’Antonio dans Le Marchand de Venise ne sait pas pourquoi il est si triste, c’est à cause de ses sentiments non reconnus pour Bassanio.


L’avènement du virtuel est lui-même notre apocalypse. − Jean Baudrillard — Le paroxyste indifférent, 1997
Le secrétaire d’État américain et un oligarque de la technologie de surveillance du Bilderberg ont fait des aveux très intéressants sur le mouvement de protestation contre le massacre de Gaza, soutenu par les États-Unis, et les problèmes qu’il pose à l’empire qu’ils aident à diriger.
Les dirigeants occidentaux vivent deux événements stupéfiants : la défaite en Ukraine et le génocide en Palestine. Le premier est humiliant, l’autre honteux. Pourtant, ils ne ressentent ni humiliation ni honte. Leurs actions montrent clairement que ces sentiments leur sont étrangers et qu’ils sont incapables de franchir les barrières bien ancrées du dogme, de l’arrogance et des insécurités profondément ancrées. Ces dernières sont à la fois personnelles et politiques. C’est là que réside l’énigme. En effet, l’Occident s’est engagé sur la voie du suicide collectif. Suicide moral à Gaza ; suicide diplomatique – les fondations posées en Europe, au Moyen-Orient et dans toute l’Eurasie ; suicide économique – le système financier mondial basé sur le dollar est en péril, l’Europe se désindustrialise. Le tableau n’est pas beau à voir. Il est étonnant de constater que cette autodestruction se produit en l’absence de tout traumatisme majeur – externe ou interne. C’est là que réside une autre énigme connexe.