L’Irak arrête à Mossoul des conseillers militaires de l’État Islamique américains et israéliens

Le 7 mars 2015 – Source thesaker.is 

Téhéran (FNA) –Les Forces spéciales irakiennes ont dit qu’elles avaient arrêté plusieurs conseillers militaires étrangers de l’EI, y compris des ressortissants américains, israéliens et arabes lors d’une opération à Mossoul, au nord du pays.

Les Forces irakiennes ont dit qu’elles ont récupéré quatre passeports étrangers de conseillers militaires de l’EI, qui appartenaient à des ressortissants américains et israéliens, et un autre appartenant à un ressortissant d’un État membre du Conseil de coopération du golfe Persique (PGCC).

Les conseillers étrangers ont été arrêtés dans une opération militaire dans le désert de Tal Abta, près de la ville de Mossoul.

L’année dernière, un haut conseiller du président russe Vladimir Poutine a accusé le Mossad d’entraîner des terroristes de l’EI opérant en Irak et en Syrie.

Alexander Prokhanov a dit que le Mossad est également susceptible d’avoir transféré certaines de ses expériences d’espionnage à la direction de l’EI, ajoutant que les conseillers militaires d’Israël pourraient aider les terroristes takfiri.

Il a ajouté que l’EI est un sous-produit de la politique américaine au Moyen-Orient. «L’EI est un outil aux mains des États-unis. Ils disent aux Européens que, si nous (les Américains) n’intervenons pas, l’EI va vous causer du tort, ajoutant que l’Iran et la Russie sont les cibles privilégiées de l’EI. Ils ont lancé leur première attaque terroriste contre nous il y a seulement quelques jours en Tchétchénie», a-t-il dit, soulignant que l’idéologie de l’EI n’a rien à voir avec l’islam pratiqué en Iran et dans d’autres pays musulmans de la région du Moyen-Orient.

Prokhanov a déclaré que les États-Unis et Israël sont du pareil au même quand il s’agit de soutenir une organisation terroriste comme l’EI.

Traduit par Claude, relu par jj pour le Saker Francophone

 

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L’Empire du Chaos s’installe en Europe
L’ État islamique en Ukraine

Justin Raimondo

Justin Raimondo

Par Justin Raimondo – Le 6 mars 2015 – Source Antiwar.com 

Kiev et les djihadistes: une sombre alliance

Alors que nous combattons l’État islamique, l’EI, alias ISIS, en Irak et en Syrie, et que les responsables américains soulignent le prétendu danger d’une attaque sur le territoire américain, Washington et le Califat se battent du même côté en Ukraine. Dans une remarquable série d’articles dans l’Intercept, Marcin Mamon s’est penché sur un aspect du conflit en Ukraine auquel personne d’autre n’a fait attention: le rôle joué par le Bataillon Doudaïev, «une force de combat des islamistes radicaux composée de Tchétchènes, mais incluant également des combattants de tout le Caucase ainsi que quelques Ukrainiens».

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L’enquête sur le meurtre de Nemtsov est-elle bouclée?

Par J. Hawk – Le 8 mars 2015 – Source Fort Russ

Pour les médias russes dans leur ensemble, l’assassinat de Nemtsov a été planifié et exécuté par Zaur Dadayev (photo ci-dessus), qui a tout avoué. Le mobile du meurtre, selon les médias, est la position de Nemtsov sur l’affaire Charlie Hebdo et sa critique de l’islam, des musulmans et du président de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov.

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Pourquoi l’Occident hait-il Poutine ? La raison secrète

Le 1er mars 2015 – Source australianvoice

Les raisons officielles

Nous savons tous que les gouvernements occidentaux, emmenés par les États-Unis et le Royaume-Uni, se sont retournés contre la Russie. Les raisons données par les médias sont nombreuses: la Russie a essayé d’empêcher l’Ukraine de rejoindre l’Union européenne. La Russie a aidé les « rebelles pro-russes » à abattre le MH-17. La Russie a « envahi » illégalement la Crimée. Des milliers de troupes et de tanks russes combattent en Ukraine. Certains d’entre nous pensent que ces affirmations sont de la propagande de guerre à l’intention des citoyens de l’Ouest dans le but de justifier des sanctions contre la Russie et de faire monter les tensions militaires.

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Les États-Unis n’ont qu’une logique : celle du chaos

Par Michel Raimbaud – Le 3 mars 2015 – Source Afrique-Asie

Interview par Majed Nehmé, Augusta Conchiglia et Hassen Zenati

Ancien ambassadeur français en Mauritanie, au Soudan et au Zimbabwe, l’écrivain Michel Raimbaud* vient de publier Tempête sur le Grand Moyen-Orient, un ouvrage qui s’annonce déjà comme un classique de la géopolitique moyen-orientale et eurasienne. Il revient sur ce projet élaboré par les néoconservateurs américains qui a non seulement déstabilisé le monde arabo-musulman, reconfiguré les relations internationales, mais fait désormais des vagues jusqu’en Europe, avec la violence qu’on connaît.

Vous avez placé en épigraphe de votre livre cette citation de Voltaire :

« Pour savoir qui vous dirige vraiment, il suffit de regarder ceux que vous ne pouvez pas critiquer. » De qui parlez-vous ?

Il suffit de voir autour de soi. La maxime s’applique à ce qu’on appelle le pouvoir profond… On ne peut pas critiquer certaines catégories de personnes et les sujets qui vont avec, dont ceux que je traite dans ce livre. Ce sont ces sujets sensibles.

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Comment Poutine a bloqué le pivot des États-Unis vers l’Asie

Par Mike WHITNEY – Le 6-8 mars 2015 – Source CounterPunch

«L'effondrement de l'Union soviétique a supprimé la seule limite au pouvoir de Washington qui l’empêchait d'agir unilatéralement à l'étranger... Soudain, les Etats-Unis se sont retrouvés le seul pouvoir, la seule superpuissance mondiale. Les néoconservateurs ont proclamé la fin de l'histoire.»

Paul Craig Roberts, ancien secrétaire adjoint du Trésor Américain

Proverbe russe
«
Ce n’est pas la faute du miroir si votre visage est tordu.»

Le 10 Février 2007, Vladimir Poutine a prononcé un discours à la 43e Conférence sur la sécurité de Munich qui a ouvert un fossé entre Washington et Moscou, fossé qui n’a fait que s’approfondir au fil du temps. Une heure durant, le président russe a critiqué de manière cinglante la politique étrangère américaine, se livrant à un acte d’accusation en bonne et due forme des interventions américaines dans le monde entier et de leur effet dévastateur sur la sécurité du monde. Poutine n’a probablement pas réalisé l’impact qu’aurait son réquisitoire sur l’assemblée réunie à Munich, ni la réaction des éminences grises états-uniennes, pour qui ces déclarations ont représenté un tournant dans les relations américano-russes. Mais, le fait est que l’hostilité de Washington envers la Russie remonte à cet incident particulier, à ce discours dans lequel Poutine s’est engagé publiquement en faveur d’un système mondial multipolaire, rejetant par là-même les prétentions à un Nouvel ordre mondial des élites américaines. Voici ce qu’il a dit:

«Je suis convaincu que le moment est venu de réfléchir sérieusement à l’architecture de la sécurité internationale. Et nous devons rechercher un équilibre raisonnable entre les intérêts de tous les participants au dialogue international

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Y aurait-il une once de vérité dans la propagande ethnique ukrainienne?

Par Le Saker original – Le 6 mars 2015 – Source thesaker.is 

Nous avons tous entendu la position nationaliste ukrainienne: il sont les véritables héritiers slaves des Rus’ de Kiev alors que les Russes modernes sont en réalité soit des Tatars soit des Finno-ougriens, ou Dieu sait quoi d’autre. Et il y a ensuite cette fameuse citation de Napoléon, je crois, qui a dit : « Grattez le Russe et vous trouverez le Tatar ».

Ce qui nous intéresse ici, c’est qu’il pourrait bien y avoir un peu de vérité là-dedans, et pas seulement un grain.

Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’un Tatar? Bon, à l’époque moderne, un Tatar est une catégorie bien définie, à la fois d’un point de vue historique et du point de vue moderne (voir la fiche Wikipédia Tatar). Le problème est ce qui manque à ces définitions, à savoir l’ancien usage de ce mot. Même de nos jours, les différentes personnes qualifiées de « Tatars » ont très peu en commun. Elles ont encore moins en commun avec les Mongols modernes. Donc pourquoi les livres russes parlent-ils d’un joug tatar-mongol? Qui étaient ces Tatars-Mongols, en réalité?

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La Russie a un nouveau sous-marin lance-missiles nucléaires implacable et indétectable

Par Frantz-Stefan Gady – Le 6 mars 2015 – Source Russia Insider

– Le Vladimir Monomaque, troisième sous-marin de la nouvelle flotte russe, a commencé les essais en mer.

– Le sous-marin silencieux est le troisième dans le projet Borei de la Russie.

– Les Etats-Unis ont-il des raisons de s’inquiéter?

La flotte Borei est censée fournir la base des forces navales nucléaires de la Russie au cours des prochaines décennies

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Documents stratégiques ou:
il est interdit de penser

 

Par Dagmar Henn – Le 28 février 2015 – Source vineyardsaker.de

Cette fois, ils auraient attrapé Poutine les doigts dans le pot de confiture, jubilent les médias industriels allemands ces derniers jours; et ils présentent, bombant le torse, un « document stratégique », qui selon eux doit prouver que tous les événements, en Crimée comme au Donbass, ne sont rien d’autre que de sombres manœuvres du Kremlin.

Ils doivent prendre tous leurs lecteurs pour des idiots.

Mis à part le fait que ce document aurait été rédigé exactement dix jours avant le putsch de Kiev et contient donc de graves erreurs d’appréciation (par exemple que Ianoukovitch se maintiendrait jusqu’aux élections ordinaires prévues), il peut, dans le meilleur des cas, être une évaluation tactique actuelle, mais certainement pas un « document stratégique ». Et un truc comme ça serait une base pour diriger les événements?

Cette affirmation n’a de poids que parce qu’on a réussi à convaincre les gens que la pensée stratégique est fondamentalement quelque chose de mauvais et qu’admettre l’existence d’une telle chose serait une « théorie du complot ».

Et évidemment aussi parce que les articles pertinents ne sont pas diffusés largement.

Donc demandons-nous qui pourrait se pencher sur ces questions en République fédérale allemande. En commençant par les autorités compétentes officielles.

A la Chancellerie fédérale, il doit y avoir actuellement des piles d’analyses sur les développements de la situation en Ukraine, produites par le BND Bundesnachrichtendienst – Service fédéral de renseignement, NdT; au ministère des Affaires étrangères, en plus, on doit trouver des projets stratégiques en matière de politique étrangère allemande; et des analyses politiques générales à la SWP [Stiftung für Politische WissenschaftInstitut pour les affaires internationales et de sécurité], la filiale du BND. Il est probable que la Bundeswehr [l’armée fédérale allemande, NdT]  ait elle aussi produit sa propre analyse.

Viennent ensuite les fondations des partis politiques, qui produisent elles aussi de tels documents, même si ces derniers ne sont pas toujours destinés aux yeux du public. Difficile de croire que la Fondation Konrad Adenauer a placé des millions dans le parti de Klitschko sans procéder d’abord à une analyse et à une stratégie pour l’Ukraine. Il en va de même pour la Fondation Heinrich Böll, dont le dirigeant devait avoir un peu réfléchi à tout ça lorsqu’il a décidé de se lier d’amitié avec Kolomoisky

En plus, les grandes banques et les grandes sociétés entretiennent leurs propres départements stratégiques, qui ne se contentent pas d’analyser les tendances économiques, mais aussi les aspects politiques, et font des recommandations sur les mesures qu’il serait possible de prendre dans leur propre intérêt. Cela signifie qu’au moins chaque position sur la liste du DAX devrait avoir suscité la production d’un document de ce type.

Chacun de ces documents devrait contenir des recommandations sur un certain nombre de mesures politiques. Chacune de ces recommandations peut se lire comme une tentative de contrôle des processus politiques dans un autre pays et, si c’est réussi, il s’agit d’un contrôle effectif des processus politiques dans un autre pays. Un exemple assez connu du côté allemand est l’action de la Fondation Friedrich-Naumann au Honduras.

Ce serait intéressant de lire pourquoi la Fondation Konrad Adenauer, en plus du parti fantoche ukrainien Udar, a aussi soutenu les nazis de Svoboda. Comme ces derniers n’ont rien d’autre à offrir qu’une haine fanatique de la Russie, le document qui a motivé ce soutien devrait beaucoup éclairer sur les intentions stratégiques par rapport à la Russie.

Tout cela, c’est du quotidien politique. Toute personne qui a un peu mis son nez dans ces structures le sait. Si on était honnête, on devrait poser ce document russe avec un haussement d’épaule et ajouter, tout au plus, qu’il y en a eu de meilleurs…

Au lieu de quoi, un document banal a provoqué des réactions comme si c’était la preuve d’un crime.

Et ça fonctionne. Les forums de lecteurs attestent qu’il y a effectivement des gens qui gobent cette histoire. Pourquoi? Parce que l’action politique et la communication se sont tellement éloignées l’une de l’autre que le récit présenté n’a plus rien à voir avec les motifs, les intérêts et les événements. La politique est présentée comme s’il n’y avait que des réactions immédiates, spontanées et guidées par différentes « valeurs », à des événements imprévisibles. Même les négociations sur le TTIP [Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement] sont présentées comme s’il n’y avait pas eu, avant les négociations concrètes sur les textes de l’accord, des négociations préalables dans lesquelles les intérêts ont été définis, et comme si ces négociations préalables n’avaient pas été elles-mêmes précédées de longues périodes au cours desquelles les lobbies industriels n’avaient pas massé à bon escient l’âme [et le portefeuille, NdT] des représentants du peuple.

Même au niveau le plus bas, la commune, la politique effectivement guidée par des intérêts est enrobée d’un récit romantique. Un petit exemple, venu de Munich: les services techniques de la ville, à part ça numéro cinq sur le marché national de l’énergie, construisent une éolienne au large de la côte galloise. Oui, parce qu’il paraît qu’il faut assurer l’approvisionnement des citoyens avec des énergies renouvelables. Pour assurer le financement de ce projet, la ville se porte caution pour plus d’un milliard [d’euros]. Mais il y a un détail qui caractérise ce projet – il s’agit du premier projet d’éolienne qui n’est plus réalisé par des moyennes entreprises, mais par un grand groupe, Siemens, qui tente ainsi de prendre le contrôle sur ce marché (ce qui est accompagné de diverses tentatives de racheter des producteurs de turbines). Soit dit en passant, le siège de Siemens est à Munich. La garantie de la ville pour ce projet est donc, pour finir, une subvention dans l’intérêt d’un grand groupe allemand, qui a ainsi partiellement répercuté sur les citoyens de la ville où il a son siège le risque lié au développement de ce nouveau marché. Mais ce fait n’a pas été mentionné dans les documents fournis au Conseil municipal ni, a fortiori, dans la version édulcorée de ces documents répercutée ensuite dans la presse…

Pour ce cas aussi, on devrait trouver dans les entrailles de la société Siemens un document définissant une stratégie sur la manière dont on parvient à se positionner sur ce marché spécifique, et quelles seraient les mesures politiques adéquates. Ensuite il devrait y avoir eu des discussions entre Siemens et des représentants des services techniques de la ville, d’où est sorti ce projet d’éolienne. (Les Gallois, devant la côte desquels le truc doit être construit, n’ont d’ailleurs pas été consultés, et il serait aussi intéressant de savoir comment la société Siemens a obtenu à ce sujet l’accord des politiciens londoniens.)

En certains endroits, comme par exemple dans le Livre blanc de l’armée allemande, on parle effectivement ouvertement d’intérêts. Les intérêts sont aussi ouvertement négociés. L’engagement de la Bundeswehr en Somalie, par exemple, sert les intérêts de la flotte de conteneurs allemands… qui, de nouveau grâce à un soutien public massif pendant des décennies, atteint une taille impressionnante, même si les bateaux sont loués par l’intermédiaire d’armateurs internationaux et naviguent sous les pavillons exotiques habituels. Cela n’est devenu visible que lorsque la HSH Nordbank a eu des difficultés suite à l’effondrement du commerce mondial.

Les subventions à la construction de porte-conteneurs, pour leur part, correspondent de nouveau à un intérêt stratégique, notamment le soutien à l’industrie d’exportation allemande…

A y regarder de plus près, on se heurte partout à des actions stratégiques, c’est pourquoi on doit partir partout du principe qu’il existe aussi des réflexions stratégiques appropriées.

Mais alors pourquoi faire d’un unique document un objet de scandale?

Naturellement, ça sert à diaboliser la politique russe. Prétendre qu’ici la procédure serait différente vise aussi l’intérieur du pays. Ce n’est pas fait comme ça seulement par rapport à l’Ukraine, comme si la RFA ne pêchait pas du tout en eaux troubles et comme si l’industrie ne poursuivait pas ses propres intérêts. Le TTIP et tous ses frères et sœurs sont présentés comme s’il n’y avait que les autres qui profitaient de telles structures non démocratiques, et comme si l’industrie ne s’efforçait pas de se soustraire à tout contrôle politique. Chacune des plus grandes saloperies dans l’UE, comme la tristement célèbre directive sur les services, a poussé sur le fumier allemand. Grâce aux directives contraignantes de la Troïka prises au mépris de toute démocratie, on fait en même temps l’économie de la cape magique qui rend invisible; là, les ministres des Finances grecs ont le droit de s’adresser directement à Monsieur Schäuble, car de toute façon tout le monde sait qu’il décide à partir des directives de la Banque centrale européenne, de l’Union européenne et du Fonds monétaire international.

En Ukraine, d’ailleurs, ce ne sont pas seulement les changements dans le droit de la fiscalité qui portent une empreinte allemande reconnaissable; ces derniers jours, toute une série de modifications du droit du travail ont été introduites, qui rappellent tellement les contrats de la Troïka qu’on ne peut que penser que les auteurs sont à Berlin. Ce qui révèle encore une petite arrière-pensée stratégique dans les rapports avec l’Ukraine. A côté de sa fonction, dont on ne peut mesurer les conséquences, de lieu de rassemblement contre la Russie, elle sert aussi de laboratoire permettant d’expérimenter ce qui peut être infligé aux habitants d’un État jusqu’à ce que celui-ci tombe en ruines.

Mais tout cela sonne de nouveau un peu comme une « théorie du complot », non?

Ce qui est vraiment pernicieux dans ce récit, et que la présence d’intentions est déjà une preuve du mal, c’est son envers. Il veut dire, ici, que par exemple dans la politique allemande, il n’y aurait pas d’intentions, donc pas de plans. Et toute présomption de telles intentions serait une allégation mensongère. Étonnamment, même des gens qui se voient comme éclairés, critiques et de gauche croient à cette construction.

Cui bono? Qui en profite? La question est interdite; la question qui est au commencement de toute considération éclairée de la politique, oui, à la base de toute pensée politique, si ancienne qu’elle a conservé sa forme latine.

Cette question est condamnable parce qu’elle rabaisse les valeurs qui prétendument guident la politique ici. Il faut le souligner, il n’y a pas de faits à l’appui de cette assertion. Les faits, ainsi que des bibliothèques entières de recherche historique, attestent que chaque guerre est déclenchée par des intérêts, qu’on peut chiffrer et nommer; que s’imposent dans l’arène politique les forces qui détiennent la puissance économique, et que lorsque les intérêts des démunis, des économiquement faibles sont aussi un peu pris en compte, c’est toujours le résultat de luttes acharnées.

J’ai dans ma bibliothèque un livre intitulé Europastrategien des deutschen Kapitals 1900-1945 [Stratégies pour l’Europe du capital allemand 1900-1945]. Mille pages de documents, sans commentaire, rien que des mémorandums, des rapports, des documents stratégiques. D’où ils tirent, avec une constance dramatique, les réflexions dont nous voyons les applications concrètes dans l’UE d’aujourd’hui.

Devant ces informations disponibles et accessibles, un rideau de brouillard de valeurs est déployé. Il est chargé de tellement de pathos sacré que toute tentative de les remettre en question, de chercher des intentions et des intérêts sous-jacents, est rejeté comme hérésie.

C’est effectivement un substitut de la représentation féodale d’un ordre sacré. Comme la bataille ne peut pas être gagnée sur le plan des faits, il faut absolument empêcher que les questions qui mènent aux faits soient posées. Le concept de théorie du complot ne sert à rien d’autre. La première question, à qui cela profite-t-il, marque déjà le moment de l’abandon de la vraie foi, et l’inquisition surgit immédiatement et demande qui pose cette question, car celui-ci a pactisé avec le diable. Le débat n’est plus mené autour du contenu d’une critique, mais déjà sur la possibilité d’une critique.

C’est ici que les partisans de gauche du reproche de théorie du complot se mettent violemment en colère. Ils pensent qu’il s’agit de contenus incorrects; il s’agit de combattre des fausses interprétations, par exemple de l’antisémitisme dissimulé dans une critique du capital financier. Ce faisant, ils omettent complètement que ce reproche n’est pas adressé à l’orientation d’une critique, mais contre la critique elle-même. Pas contre une mauvaise réponse à une bonne question, mais contre la question elle-même. Et ils se transforment ainsi en collaborateurs dociles d’une stratégie idéologique qui élimine aussi les bonnes réponses aux bonnes questions et qui remplace la pensée politique elle-même par des fioritures nébuleuses décorées de valeurs telles que liberté et tolérance. Des valeurs, comme on a pu le voir dans les actions XY est de toutes les couleurs des derniers mois, qui n’ont plus aucun contenu politique, aucun lien avec la réalité, par exemple le racisme institutionnel exécuté quotidiennement avec Frontex. Elle ne sont plus que les gestes sacrés d’une foi inconditionnelle, vidée de tout conflit de classe, de tout intérêt, de toute réalité matérielle, et déclarent comme apostats tous ceux qui ne veulent pas s’y plier.

Wolfgang Ischinger, l’organisateur de la Conférence sur la sécurité de Munich qui y a orchestré récemment l’attaque contre Lavrov, est financé par le groupe d’assurances Allianz. Ainsi, de même qu’on peut supposer que les positions d’Elmar Brok sont celles de la maison Bertelsmann, la position d’Ischinger devrait refléter celle d’Allianz. Sinon elle ne le paierait pas. Allianz est le plus grand groupe d’assurances au monde et en même temps la maison mère du plus grand fonds d’investissements au monde, PIMCO. Quand le porte-voix politique d’Allianz adopte une attitude clairement agressive à l’égard du ministre des Affaires étrangères russes, est-ce que cela n’a pas quelque chose à voir avec des intérêts? Ou, dit autrement, si le comportement d’Ischinger contredisait les buts stratégiques d’Allianz, combien de jours resterait-il sur leur liste de salaires après cette sortie? Justement.

Une fois, un jour, il y aura un nouveau livre, Europastrategien des deutschen Kapitals ab 1946 [Stratégies pour l’Europe du capital allemand depuis 1946]. Peut-être pourra-t-on y lire ce qui figurait dans les documents stratégiques d’Allianz. Ou dans ceux du ministère allemand des Affaires étrangères. Dans les véritables documents, pas cette documentation pour crétiniser le peuple comme celle qui a été répandue dans la presse. Alors on pourra comprendre et démontrer qui, quand, pourquoi, quels intérêts il y avait à cette attitude va-t-en-guerre, comme les deux derniers essais le font comprendre et le prouvent.

A condition que nous réussissions à empêcher l’incendie total de toutes les archives, avec lequel ils jouent en ce moment. Pour cela, nous devrions d’abord défendre âprement une question, celle qui rend possible toute forme de résistance:

Cui bono? À qui ça profite?

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone.

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La chef de la politique étrangère de l’UE:
Pas de confrontation avec la Russie sur l’Ukraine

Le 7 mars 2015 – Source Russia Today

La chef des Affaire étrangères de l’UE Federica Mogherini (Reuters / Ints Kalnins

L’UE résiste aux appels des têtes brûlées qui veulent fournir des armes à l’Ukraine, en disant qu’elle ne veut pas être entraînée dans une confrontation avec la Russie. Les Européens citent les progrès accomplis dans la mise en œuvre d’un cessez-le-feu dans l’est de l’Ukraine entre Kiev et les rebelles locaux.

L’idée de fournir une aide létale pour Kiev est populaire parmi de nombreux responsables de l’Otan et les politiciens américains. Aux États-Unis, le président de la Chambre des représentants, John Boehner et un groupe bipartisan de législateurs en vue ont appelé le président Barack Obama à livrer les armes. Mais les Européens sont opposés à cette perspective, qui serait susceptible d’exacerber les tensions avec la Russie.

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