Le 21 mars 2015 – Source Russia Today
Lavrov : «Personne n’est assez fou dans l’Union européenne pour envoyer des soldats de la paix en Ukraine»
Sergey Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères(RIA Novosti / Grigoriy Sisoev)
L’Union européenne n’enverra pas de force de maintien de la paix en Ukraine, à moins que les rebelles n’acceptent une telle mission a dit Sergey Lavrov, le ministre russe des affaires étrangères, en commentant la demande de Kiev pour une force de police étrangère
«Je pense que personne n’est assez fou dans l’Union européenne. [L’Union Européenne a déjà déployé des forces de maintien de la paix], mais seulement dans des situations où, comme dans les Balkans, toutes les parties en conflit l’avaient accepté. L’UE n’irait jamais dans une région, que ce soit le sud-est de l’Ukraine ou ailleurs, sans que les parties en conflit n’acceptent une telle mission», a dit Lavrov au cours d’une interview avec Sergey Brilev de la chaine Rossiya 1, samedi dernier.
Le ministre russe des Affaires étrangères a ajouté que Kiev devrait parler avec les républiques autoproclamées de Lougansk et de Donetsk plutôt qu’avec Moscou pour s’assurer du soutien de celles-ci envers une mission de maintien de la paix, et ne devrait pas les ignorer comme Kiev le fait actuellement.
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Moscou avait déjà critiqué l’invitation unilatérale de Kiev à déployer une force de police sous l’égide de l’UE pour une mission de maintien de la paix dans le sud-est de l’Ukraine, en disant que cette initiative ne respectait pas les accords de Minsk parce qu’elle n’avait pas été prise en accord avec les forces rebelles.
Lundi dernier, le Président Petro Porochenko a soumis une résolution au Conseil de sécurité des Nations unies recherchant le déploiement d’une mission internationale en Ukraine, le document ayant déjà été approuvé par le Conseil de sécurité ukrainien.
Des va-t-en-guerre contre le plan de paix
Moscou pense qu’en essayant d’obtenir le déploiement de troupes étrangères sur son sol, l’Ukraine agit à l’encontre des accords Minsk-2, signés en février.
«Je crois que c’est juste un moyen de détourner l’attention… Porochenko est sous la pression de ceux qui ne veulent pas de plan de paix, ce qui feraient oublier leur culpabilité dans ce conflit, a suggéré Lavrov. Après que le parlement ukrainien a adopté une loi sur les élections locales qui contredit directement les accords de Minsk, les voila maintenant avec leur nouveau truc, l’initiative de maintien de la paix. Cela sonne bien et noble, mais ceux qui sont au courant de la situation savent de quoi il retourne.»
On trouve des partisans d’une solution militaire à la fois à Kiev et à Washington, dit Lavrov. Les deux capitales sont pratiquement à l’unisson quand il s’agit des accords de Minsk.
Washington pousse Kiev à une solution militaire
«Autant que l’on sache, les Américains se taisent quant aux accords de Minsk… mais font beaucoup d’efforts pour interpréter ces accords, et leur position est alors énoncée verbalement par Kiev», dit-il.
«Le vice-président américain Joe Biden a appelé le président ukrainien pour le féliciter de la signature de la loi sur les élections locales, que Donetsk et Lougansk ont considérée comme mettant fin à la clause 12 des accords de février, a ajouté Lavrov. Biden a aussi confirmé, au cours de la même conversation téléphonique, que les États-Unis envoient de l’équipement et des instructeurs pour entraîner la Garde nationale ukrainienne.»
Il faut augmenter la pression sur Kiev
Le haut diplomate russe a confirmé que Moscou avait appelé l’Allemagne et la France, qui ont cosigné les accords de Minsk, à faire quelque chose contre le non-respect par Kiev de ce plan de paix.
«Nous demandons des choses évidentes: que des actions soient entreprises pour pousser les autorités ukrainiennes à remplir leurs obligations, acceptées par Petro Porochenko en tant que président de l’Ukraine», a dit Lavrov.
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Au cours de cette interview, le ministre a aussi rappelé que l’UE avait récemment reconnu que la crise ukrainienne est un problème européen et qu’aucun intérêt outre-mer ne devrait interférer dans le règlement de cette crise.
Au cours de son discours au Conseil européen, jeudi, le président du Parlement européen, Martin Schulz, a dit que l’EU «avait œuvré pour une solution pacifique à ce conflit, qui se situe dans notre voisinage proche» et nommé une solution politique à la crise «la seule solution viable».
«Tout le processus de Minsk est basé sur une philosophie, récemment énoncée par le chef du parlement européen, Martin Schulz, qui a dit que la crise en Ukraine n’est pas un problème russo-américain mais un problème européen, et qu’il devait donc être traité en tant que tel… L’UE veut régler les problèmes à ses frontières en fonction de ses propres intérêts plutôt que de ceux de quelqu’un au delà des mers», a affirmé Lavrov.
Casques bleus patrouillant à la frontière Yougoslavie-Macédoine en août 1993 (Reuters)
Le ministre russe a ajouté que les soutiens étrangers de Kiev devaient exercer plus de pression sur le gouvernement ukrainien pour qu’il respecte les accords de paix.
«Je trouve dommage que les colères et la mauvaise volonté de Kiev pour faire des compromis suffisent à bloquer la mise en place des accords que nous avions tous considérés bénéfiques et réalisables», a-t-il-dit.
«Le problème est que les Américains, et à un moindre degré les Européens, ont beaucoup de mal a critiquer Kiev. Ils évitent autant que possible de le faire. Ils soutiennent le gouvernement de Kiev et ferment les yeux sur beaucoup de leurs actes, mais cela n’aide en rien.»
La mission de l’OSCE s’améliore, la Russie offre de l’aide
Lavrov a aussi critiqué Kiev d’essayer de court-circuiter la mission de l’OSCE, qui a pour tâche de surveiller la mise en place du cessez-le-feu, en prétendant que celle ci n’est pas à la hauteur de cette tâche.
«La mission a nettement amélioré la qualité de ses rapports, qui sont devenus plus réguliers. Nous avons insisté pour avoir des rapports quotidiens et qui soient directement distribués à tous les pays membres de l’OSCE, plutôt que de passer par Vienne pour y être édités et habillés», a encore dit Lavrov.
Les cinq cents postes prévus initialement pour la mission de l’OSCE sont presque remplis et la demande russe pour un doublement des postes a été entendue, a dit Lavrov. L’OSCE est déjà équipée avec les hautes technologies nécessaires à sa mission, avec des drones fournis par l’Autriche.
Moscou est aussi prête a fournir plus d’assistance technique à la mission, dont des drones et des blindés, même si cela demandera de régler des formalités supplémentaires pour avoir le personnel qualifié, comme les pilotes de drone attachés à cette mission de l’OSCE, a-t-il-ajouté.
Le ministre est allé jusqu’à dire qu’apparemment Kiev n’est pas contente des rapports de l’OSCE, car ceux-ci montrent l’armée ukrainienne sous un jour peu favorable.
«Les faits rapportés par les membres de l’OSCE montrent qu’environ 80% des incidents, comme le non-respect de retrait des troupes ou les refus d’autorisations de libre accès pour les observateurs de l’OSCE, sont dus aux militaires ukrainiens» a dit Lavrov.
Traduit par wayan, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone.