Par Le Saker original – Le 20 mars 2015 – Source thesaker.is
Exactement comme le Titanic, l’Ukraine est en train de couler, toujours plus vite.
Maintenant, je suppose que la plupart d’entre vous a entendu parler de la quasi-insurrection dans Konstantinovka à la suite du meurtre d’une mère et de son enfant par un Ukrainien ivre conduisant un véhicule blindé de transport de troupes. Un accident peut arriver n’importe où, bien sûr, mais la quasi-insurrection qui a eu lieu après cet accident indique l’intensité de la rage et de l’hostilité de la population locale à l’égard de ses occupants nazis. La réaction de Kiev, toutefois, a été parfaite, belle comme une image: ils ont imputé l’émeute populaire à des provocateurs russes et ont envahi Konstantinovka d’escadrons de la mort.
Ensuite, il y a la mini-guerre qui se déroule entre le président Porochenko et le célèbre oligarque juif Kolomoiskii à propos du contrôle d’Ukrtransnafta (à ce sujet, lire ici et ici). C’est un signe clair du profond processus de somalisation qui se met en place, dans lequel tout le pouvoir du pays est divisé entre des seigneurs de guerre. Kolomoiskii est probablement un personnage beaucoup plus puissant que Porochenko et il contrôle l’Ukraine néo-khazare (Ukraine méridionale, côte de la mer Noire, région d’Odessa) et il y en a beaucoup qui croient que c’est l’homme qui a payé pour abattre le MH17 (Kolomoiskii l’a avoué lors d’un appel privé par Skype). Et encore, il est prêt à fuir si c’était nécessaire, et il a pour cela sécurisé trois nationalités: ukrainienne, chypriote et israélienne.
Quant à l’économie ukrainienne, elle continue de se comporter comme une tour le 11 septembre et dégringole en chute libre.
Un événement vraiment extraordinaire s’est produit récemment. Vous vous souvenez sûrement du nom du journaliste le plus prostitué d’Ukraine, Savik Shuster, qui avait l’habitude d’être le porte-parole le plus abject de la junte et qui a été licencié (temporairement) pour avoir donné la parole au journaliste Maksim Shevchenko à l’antenne pendant trois minutes. Dans une émission récente, Shuster (qui a toujours eu un flair incroyable pour sentir lorsque les vents changent) a déclaré soudain en direct:
On ne peut pas accuser Poutine pour ce qu’il se passe avec la hryvnia!
On ne peut pas accuser Poutine pour ce qu’il se passe avec l’inflation!
On ne peut pas accuser Poutine pour ce qu’il se passe avec la corruption!
On ne peut pas accuser Poutine pour l’absence de réformes! Il n’y en a eu aucune!
Ni réforme fiscale, ni réforme judiciaire! Aucune!
Comme Shuster a accusé depuis des années Poutine de tout et n’importe quoi, si ridicule et farfelu que ce soit, vous pouvez être sûr à cent pour cent que s’il change de camp (encore une fois), c’est parce qu’il sait que le Titanic ukie est vraiment en train de sombrer à toute vitesse.
Quant à la Novorussie, elle fait plus ou moins ce qu’elle faisait avant. Les forces de la junte bombardent toujours diverses villes et villages, et la récente tentative d’assassinat contre Givi montre clairement que la situation sécuritaire n’est toujours pas sous contrôle.
Enfin, il devient de plus en plus évident que Kiev n’a tout simplement pas l’intention d’appliquer les Accords de Minsk 2. Cela, à son tour, signifie qu’une nouvelle attaque des forces de la junte est probablement imminente, éventuellement précédée d’un coup monté.
Avec le recul, on voit qu’aux Accords de Minsk 2 la Russie a manœuvré Merkel, Hollande et Porochenko et que les Accords de Minsk ne seront jamais acceptés par les États-Unis, du moins aussi longtemps qu’il existe une voie pour ré-enflammer le conflit et créer des tensions. La position des États-Unis est maintenant claire comme le cristal: ils ne peuvent pas permettre que les Accords de Minsk 2 soient mis en œuvre, mais puisqu’ils ne peuvent pas l’interdire ouvertement, ils doivent provoquer le maximum de chaos et de tensions autour de l’Ukraine dans le but de détourner l’attention sur un autre problème. En d’autres termes, pour les Etats-Unis, c’est la politique du pire. Et cela confère aux États-Unis un énorme avantage sur les autres acteurs, car il est beaucoup plus facile de créer le chaos et la violence que de maintenir n’importe quel cessez-le-feu ou de s’accorder sur quoi que ce soit.
De nouveau, le but de la prochaine reprise des hostilités ne sera pas de gagner contre la Novorussie ou, encore moins, contre la Russie, mais de créer autant de violence, de chaos et d’hystérie que possible pour garder l’attention sur les gros titres. Je soupçonne que maintenant les États-Unis et leurs alliés nazis ont déjà compris que non seulement ils ne récupéreront pas la Crimée et la Novorussie, mais qu’ils envisagent maintenant une éventuelle mais inévitable perte de l’Ukraine tout entière. Dans cette situation, les États-Unis ont toujours favorisé la stratégie du si je ne peux pas l’avoir, personne d’autre ne l’aura et ils vont plonger l’Ukraine dans la crise la plus profonde possible.
Quant aux dirigeants européens, leur position est exactement celle d’un chien en laisse. Leur maître, Oncle Sam, peut leur donner, et leur donne, une certaine longueur de laisse pour jouer, mais il peut la raccourcir à chaque instant, et il n’y a absolument rien que les Eurocons® puissent faire contre. Même s’ils font semblant, de temps en temps, d’avoir une opinion qui leur est propre, la réalité est qu’aucun d’entre eux n’osera défier la volonté des États-Unis. Ils vont tirer sur la laisse, quelques-uns d’entre eux aboieront un peu, puis ils viendront marcher au pied, comme les bons toutous qu’ils sont.
The Saker
Traduit de l’anglais par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone