La mort lente de la grande presse américaine

Tim Adams

Par Tim Adams – Le 21 mars 2015 – Source The Guardian

‘Philadelphia’ has becomes ‘delhi’   in the elevator lobby on the Inquirer’s last day at the Tower o

«Philadelphie» devient «Delhi» dans la cage d’ascenseur le dernier jour de l’Inquirer à la Tour de la Vérité, avant son déménagement en 2012. Photo: Will Steacy

L’industrie de la presse aux États-Unis est en chute libre et le passage au numérique l’accélère. Un photojournaliste a passé cinq ans à déplorer ce déclin et à tracer ce qui a été perdu.

Dans la dernière décennie, en pourcentage, plus de journalistes de presse écrite ont perdu leurs emplois que les travailleurs dans toute autre industrie américaine importante. (Les mauvaises nouvelles se font sentir aussi, et vivement, en Grande-Bretagne, où un tiers des emplois de rédaction dans les journaux ont été perdus depuis 2001.) Les pires des coupes, des deux côtés de l’Atlantique, sont tombées sur les plus grands quotidiens locaux, ce que les Américains appellent les titres métro. Une douzaine de journaux historiques ont entièrement disparu aux États-Unis depuis 2007, et beaucoup d’autres ne sont plus que des versions fantômes de ce qu’ils étaient, en format hebdomadaire plutôt que quotidien, gratuit plutôt que payant, sans les ressources nécessaires pour tenir le pavé ou donner aux citoyens une vision avantageuse de leur communauté et du monde.

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Une commission d’audit de la dette en Grèce, maintenant
Et demain où ?


Par Eric Toussaint , Yannick Bovy – Le 25 mars 2015 – Source CADTM

Retranscription de l’interview donnée par Eric Toussaint, économiste, porte-parole du CADTM, et coordonnateur de la Commission d’audit de la dette grecque, le 24 mars 2015 à la RTBF.

Yannick Bovy : Vous étiez à Athènes la semaine dernière car c’est vous qui allez coordonner les travaux de la commission que le Parlement grec est en train de mettre sur pied. Cette commission va servir à analyser, ausculter, disséquer la dette de la Grèce, dont on sait qu’elle constitue un sacré problème pour le nouveau gouvernement grec et bien sûr pour la population en général. Alors expliquez-nous ce que vous allez faire concrètement, et quels sont vos objectifs ?

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Bulles monstres :
Réveil de la crise du capitalisme casino


Jérôme Ross

Par Jérôme Roos – Le 29 mars 2015 – Source: znet

S’il y a une leçon à tirer de la longue histoire des manies financières, paniques et accidents, c’est que les banquiers ne résolvent jamais eux-mêmes les crises qu’ils provoquent: ils les laissent à d’autres, passant éternellement la patate chaude de la catastrophe imminente à d’autres et reportant systématiquement le fardeau de l’ajustement sur les membres les plus faibles de la société. En conséquence, la manière dont une crise particulière est résolue consiste inévitablement à semer les graines de la suivante. Cette fois-ci c’est pareil.

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De la métamorphose du gouvernement et de l’armée US en Meurtres & Compagnie

Paul Craig Roberts

Paul Craig Roberts

Par Paul Craig Roberts – le 24 mars 2015 – Source Paulcraigroberts.org

Andrew Cockburn vient de sortir un ouvrage que chacun devrait lire. Son titre est Kill Chain : The Rise of the High-Tech Assassins [Meurtres en série : l’âge de l’assassinat de haute technologie]. Et son titre pourrait tout aussi bien être : De la métamorphose du gouvernement et de l’armée des USA en Meurtres & Compagnie.

L’armée des USA ne mène plus de guerres. Elle pratique l’assassinat, et généralement des mauvaises personnes. Les principales victimes des meurtres perpétrés par la politique étrangère des Etats-Unis sont des femmes, des enfants, des chefs de village, des participants à des mariages, à des enterrements, et parfois même des soldats américains confondus avec des talibans par les moyens de surveillance US, qui travaillent avec une acuité visuelle comparable à la définition légale de la cécité.

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Réchauffement à Bruxelles après les dernières propositions de Tsipras ?


Par Phil Butler – Le 28 mars 2015 – Source Russia Insider

Alexis Tsipras – PhotoBlömke/Kosinsky/Tschöpe

Le Premier ministre grec semble jouer toutes les cartes susceptibles d’influer sur le meilleur scénario possible pour le pays en vue de son sauvetage financier. Il a soumis de nouveaux documents qui semblent être reçus avec un peu plus de chaleur par Bruxelles. Reste à savoir combien le potentiel russo-grec peut être alléchant.

Dans la course aux rencontres entre le Premier ministre grec Alexis Tsipras et le président russe Vladimir Poutine au début du mois prochain, l’Union européenne et les dirigeants du FMI semblent assouplir leur position à l’égard de la nécessité impérieuse pour la Grèce d’obtenir des fonds. Ce qu’on appelle le groupe de Bruxelles, formé pour examiner les réformes promises par la Grèce, analyse aujourd’hui les documents qui lui ont été soumis. Dans une perspective plus large, il reste à voir ce que sera le jeu géostratégique et économique du Kremlin à l’égard de la Grèce.

La semaine dernière, la Grèce a envoyé aux créanciers du pays une longue liste de réformes, avec la promesse de dégager un excédent budgétaire primaire [avant paiement des intérêts de la dette, NdT] cette année. L’approbation du groupe de Bruxelles sera nécessaire pour que Tsipras obtienne que soient dégelés les fonds indispensables, et pour prévenir un défaut de paiement. Le hic, pour la Grèce, est maintenant de créer l’atmosphère économique propre à satisfaire Bruxelles, tout en maintenant les promesses anti-austérité faites au peuple grec. Pour le moment, on ne sait pas si Tsipras s’est assis sur ses promesses électorales afin d’obtenir le financement permettant à la Grèce de rester solvable.

L’atmosphère entre la Grèce et ses bailleurs de fonds s’est améliorée de façon assez spectaculaire à la nouvelle que Tsipras avait avancé la date d’une rencontre avec Poutine à Moscou, par peur évidente d’une alliance gréco-russe quelle qu’elle soit. La France, notamment, tente maintenant de jouer les médiateurs entre le groupe de Tsipras et la ligne dure des banquiers allemands émanant de Merkel. Sur cette opposition de Merkel, Thomas Oppermann, le chef de file du parti social-démocrate au Bundestag, a déclaré que l’éventuel défaut de la Grèce provoquerait une catastrophe. Il a déclaré à Bloomberg et à d’autres médias :

Une sortie de la Grèce de la zone euro serait un désastre politique, pas seulement pour celle-ci mais pour toute l’idée de l’Europe.

La preuve que l’Allemagne et la Grèce déconnectent a refait surface dans les informations contestées parues dans journal Bild, affirmant que le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, très contesté, envisageait de démissionner. Quant au ministre, il a fait profil bas depuis les dernières négociations. Ce pourrait être un signe que la Grèce préfère un accord avec l’UE plutôt qu’un déplacement plus extrême dans le sens d’un alignement sur Poutine et la Russie. Le célèbre ou infâme (suivant à qui vous parlez) Tyler Durden, dans Zero Hedge, résume ainsi la position médiane:

Comme Syriza fait face à la proposition peu enviable de renoncer à ses promesses de campagne ou de plonger l’économie et le système bancaire grecs dans la spirale mortelle de la drachme, il semble qu’Athènes joue la seule carte qu’il lui reste, qui est de menacer de se rendre au Kremlin.

D’autres indicateurs plus subtils de l’état des finances grecques se reflètent dans la vente de biens de l’État, y compris de la Banque nationale grecque, qui s’est séparée de 5,849 Souverains-or en janvier. Avec la Russie qui investit davantage dans l’or que tout autre pays, ce n’est pas de la spéculation d’imaginer que cet or peut servir de garantie collatérale à un prêt direct de Moscou. Poutine a développé une stratégie de couverture financière de la Russie sur l’étalon-or, un mouvement dont certains disent qu’il serait plus qu’une petite épine dans le cœur de la Réserve fédérale américaine. La Russie détient actuellement plus de 1200 tonnes du précieux métal en réserve.

Poutine, la semaine dernière, lors d’une rencontre avec des entrepreneurs internet, dont les projets sont soutenus par le Fonds pour le développement d’initiatives internet (Kremlin)

Pendant ce temps, Fitch a abaissé la note de crédit de la Grèce vendredi, de crainte que le pays fasse faillite en raison son endettement, selon EUBusiness. Un article de Gold Seek décrit quelque chose qui ressemble une négociation de la dernière chance, du style «ça passe ou ça casse», ce week-end. Le total des dépôts bancaires en Grèce est tombé à 152.4 milliards d’euros en février, en dessous des 160.3 milliards de janvier, soit le niveau de dépôt le plus bas depuis juin 2005.

Il semble que le calendrier soit crucial pour les parties concernées. Si le sauvetage de la Grèce par l’UE fait fiasco avant la visite de Tsipras à Moscou, alors Poutine aura toutes les cartes en main. Le FMI, l’UE et les parties intéressées à l’Ouest le savent certainement. Je serais vraiment surpris si le Groupe de Bruxelles échouait à donner le feu vert au moins au report de la sortie de la Grèce. La seule carte qui reste à jouer est sous le dôme du Kremlin.

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone

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Je suis Airbus*


Par IL SIMPLICIMUS – Le 29 mars 2015 – Source sinistrainrete

Dommage que ce ne soit pas un attentat de l’Isis : la déception pour ce motif manqué de peur et d’alarme, qui pleuvrait comme une manne sur les nombreux comptes à rendre annoncés en Europe, se perçoit à l’œil nu, elle entre dans les humeurs et vous frappe à l’estomac. Au point que les médias et en particulier la RAI marginalisent dans une certaine mesure l’évidence d’un incident dans la chute de l’Airbus de German Wings, et basent leurs commentaires sur l’arrière-pensée de l’attentat, mettant fortement l’accent sur le filon de la sécurité.

S’il n’y a pas de motif concret d’alarme, si les événements de Tunis n’ont pas rapporté assez en termes de distraction, si les cellules djihadistes composées d’Albanais peuvent susciter quelque doute et créer une certaine confusion géographique, on peut exploiter tout triste événement en le lisant à la lumière du comme si c’était un attentat potentiel.

Du reste, c’est ce qui se passe en Europe : le fait que Hollande, Merkel et Rajoy (pourquoi pas aussi Renzi, puisque l’impact s’est produit à quelques kilomètres de la frontière italienne ?) se rendent sur le lieu de la tragédie, comme si ce n’était pas un accident, en dit long sur le désir d’évoquer un ennemi extérieur, seul outil exploitable pour simuler un sentiment de solidarité désormais introuvable sur le continent – et comme démonstration d’une sensibilité autrement inexistante, mais simulable au moyen d’un tant soit peu de démagogie voyageuse. C’est une vraie malchance de ne pas pouvoir s’offrir une promenade avec la pancarte Je suis Airbus.

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La lutte de Syriza :
Une alternative pour la Grèce


Par Geoffrey McDonald – Le 27 mars 2015 – Source CounterPunch

Depuis la victoire électorale de Syriza, les couteaux s’affûtent autour de la question du renflouement de la Grèce. Tout tourne autour de la question de savoir quel est le meilleur moyen d’assainir les finances publiques. Faut-il en passer par un assainissement budgétaire impliquant des coupes encore plus claires dans des dépenses gouvernementales considérées comme superflues, en particulier celles qui visent à aider la population ? Ou s’agit-il plutôt de mesures d’incitation au développement financées par le crédit, autrement dit d’une politique de croissance au service de la population ?

Les politiciens des deux bords clament haut et fort que les petites gens sont leur première préoccupation. Le gouvernement grec invoque les travailleurs, les retraités, les chômeurs, les malades, etc., qui ont déjà consenti tant de sacrifices qu’ils sont au bout du rouleau. Le ministre des Finances allemand, Schäuble, se plaît à rappeler constamment que les laborieux contribuables allemands ont subi il y a de nombreuses années déjà les réductions budgétaires auxquelles les Grecs doivent s’attendre aujourd’hui.

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La patronne de la FED :
L’argent liquide n’est pas une réserve de valeur

Par Tyler Durden – Le 27 mars 2015 – Source zerohedge

Avertissement ou dérapage involontaire ?

Après que Alan Greenspan s’est confessé :

L'or est une monnaie. Il est encore, de toute évidence, une monnaie de premier ordre. Aucune monnaie fiduciaire, pas même le dollar, ne peut l'égaler

nous avons trouvé remarquable que pendant la séance de questions qui a suivi son discours d’aujourd’hui, Janet Yellen, lorsqu’on l’ interroge sur les taux négatifs, a admis :

le cash n'est pas une réserve de valeur très pratique

allusion à peine voilée à l’hélicoptère de Bernanke et affirmation qu’il n’y aura jamais de déflation aux États-Unis.

L’expert de CNBC Business News network, Rick Santelli résume tout ça parfaitement …

La déflation est clairement le croque-mitaine... La seule chose qui permettrait de sauver la classe moyenne est la baisse des prix.

Alors, si les réserves liquides ne permettent pas de stocker de la valeur… qu’est-ce qui le fera ? Les biotechs ? Comme l’explique Rick Santelli… c’est la chose la plus effrayante qu’elle ait jamais dite…

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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Le business-modèle de la guerre éternelle : Une petite entreprise familiale typique qui ne connaît pas la crise


Robert Parry

Robert Parry

Par Robert Parry – Le 20 mars 2015 – Source consortiumnews

L’expert néoconservateur Robert Kagan et sa femme, la secrétaire d’État adjointe Victoria Nuland, font tourner une entreprise familiale remarquable : elle a suscité une guerre ouverte en Ukraine et a aidé à relancer la guerre froide avec la Russie – et elle intervient pour exiger que le Congrès augmente les dépenses militaires pour que l’Amérique puisse mieux se défendre contre ces nouvelles menaces à sa sécurité.

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Ukraine: l’ambassadeur US fait le shériff dans les règlements de comptes entre oligarques


Par Dmitry Minin – Le 27 mars 2015 – Source strategic-culture

Le gouvernement ukrainien est en train de perdre son indépendance, incapable qu’il est de stopper la lutte interne entre les clans des oligarques. Par exemple, la confrontation actuelle entre le magnat des affaires ukrainien Igor Kolomoisky, gouverneur de la région de Dniepropetrovsk (une des plus importantes régions du pays), et le président Petro Porochenko n’a cessé qu’après l’intervention directe de l’ambassadeur des États-Unis pour soutenir le chef de l’État. Porochenko n’oserait pas lancer une attaque ouverte contre Kolomoisky ni, encore moins, le démettre sans que Washington ne le lui demande.

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