Le Moyen- Âge? Les oubliettes?
Que nenni, la démocratie US en action

Le 8 mars 2015 – Source Russia Today

Manifestation à Chicago pour la fermeture d’une prison secrète et la fin des disparitions de civils.

Un activiste devant le « black site » de Chicago. (Reuters / Jim Young)

Des manifestations ont eu lieu à Chicago pour demander que la police ferme un entrepôt autrefois abandonné et qui est apparemment utilisé pour interroger des suspects sans qu’ils aient accès aux recours légaux.

Ce lieu de détention, qui fut porté a la connaissance du public par un article du Guardian en février dernier, est un ancien entrepôt situé à l’ouest de Chicago et connu sous le nom de Homan Square, qui a «longtemps été la scène d’activités secrètes par les unités des Forces spéciales», a révélé le journal.

Même si beaucoup d’Américains sont au courant de la militarisation de leurs forces de police, avec le soutien du gouvernement fédéral qui permet à ces forces de recevoir de l’équipement militaire, dont des tanks et des armes à feu puissantes, la nouvelle que des méthodes d’interrogation spéciales sont aussi utilisées a scandalisé.

L’activiste Brian Jacob Church, qui prétend avoir été incarcéré dans cet endroit en 2012, s’est adressé à la foule rassemblée à Homan Square samedi dernier.

«Pendant trop longtemps, nous les Américains avons été soumis à la brutalité policière… Spécialement les noirs, les pauvres et les latinos, selon les propos de Church rapportés par The Guardian. Ce bâtiment doit être fermé.»

Une manifestation identique s’était déjà tenue le 1er mars.

Cet endroit controversé ne semble pas fonctionner comme un poste de police normal où les suspects sont inscrits dans un registre accessible au public.

A Homan Square, pas d’enregistrement visible, si bien que les personnes comme Chuch qui s’y trouvent emprisonnées, quel que soit le motif, disparaissent sans laisser aucune trace.

«Homan Square est vraiment un endroit pas comme les autres, a dit Church au Guardian le mois dernier. Cela rappelle les centres d’interrogatoire qu’ils utilisent au Moyen-Orient. La CIA les appelle des Black Sites. Celui-ci est un black site domestique. Lorsque tu y rentres, plus personne ne peut savoir ce qui t’arrive

«Ils disparaissent, tout simplement » affirme Anthony Hill, un avocat, jusqu’à ce qu’ils réapparaissent devant une cour ou soient juste relâchés dans la rue.»

Au moins une association civile a critiqué le maire de Chicago, Rahm Emanuel,  occupé actuellement par sa campagne électorale, pour ne pas prêter attention à de possibles violations des droits humains dans ce site.

«C’est un sujet sensible maintenant, car le maire actuel est en campagne pour sa réélection dans quelques semaines et qu’il ne désire pas faire la moindre déclaration à propos de la situation à Homan. Ni sur le côté secret des arrestations, ni sur les possibles tortures lors des interrogatoires», selon Donald Goldhamer le trésorier du comité de défense des droits civils, cité par Sputnik.

Goldhamer dit que le sujet des interrogatoires abusifs à Homan a été soulevé depuis des années par les avocats, mais la ville n’en a jamais tenu compte.

«Le fait que la police cache certaines personnes qu’elle arrête a été discuté avec la police de Chicago et le comité de surveillance, mais ces efforts n’ont amené aucun résultat», dit encore Goldhamer.

Le Département de police de Chicago nie toute participation à ces internements et interrogations supposés à Homan Square.

Traduit par Wayan, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

 

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Ukraine:
La démocratie de la baston
Les néo-nazis s’entre-dévorent

Par Le Saker original – le 8 mars 2015 – Source thesaker.is

Mon monstre favori à Kiev est l’infâme Oleg Liashko, qui amuse le monde toutes les semaines avec un nouveau scandale. Le dernier en date est un combat avec Sergei Melnichuk, le chef de l’escadron de la mort Aïdar. Sachant que Liashko a été élu grâce au prétendu soutien des membres d’Aïdar, il est assez cocasse de voir les deux hommes s’accuser mutuellement de trahison. Jugez par vous-même
sur la vidéo (sous-titres anglais [mais l’ambiance vaut le coup d’oeil, NdT]).

https://www.youtube.com/watch?v=iPSHIBdskfE

Bien sûr, l’importance de cette dernière confrontation entre les monstres réside dans le fait de la crise bien réelle à Kiev et dans le spectacle des nazis qui s’entre-déchirent en s’accusant mutuellement d’être des agents de Moscou. Que la paranoïa concernant les agents russes soit partout est aussi une bonne nouvelle car elle crée une atmosphère de panique, de suspicion, et ce chaos va certainement contribuer à la chute du régime actuel.

Sergei Melnichuk

Hélas, la question est de savoir si le prochain régime au pouvoir sera meilleur ou pire. Mon sentiment personnel est que ce sera encore pire ou que, à tout le moins, la toxicité sera plus visible. Pourtant, ce processus est probablement une fatalité historique et, selon l’expression consacrée, l’Ukraine devra toucher le fond pour se ressaisir à nouveau.

The Saker

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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Les États-Unis n’ont qu’une logique : celle du chaos

Par Michel Raimbaud – Le 3 mars 2015 – Source Afrique-Asie

Interview par Majed Nehmé, Augusta Conchiglia et Hassen Zenati

Ancien ambassadeur français en Mauritanie, au Soudan et au Zimbabwe, l’écrivain Michel Raimbaud* vient de publier Tempête sur le Grand Moyen-Orient, un ouvrage qui s’annonce déjà comme un classique de la géopolitique moyen-orientale et eurasienne. Il revient sur ce projet élaboré par les néoconservateurs américains qui a non seulement déstabilisé le monde arabo-musulman, reconfiguré les relations internationales, mais fait désormais des vagues jusqu’en Europe, avec la violence qu’on connaît.

Vous avez placé en épigraphe de votre livre cette citation de Voltaire :

« Pour savoir qui vous dirige vraiment, il suffit de regarder ceux que vous ne pouvez pas critiquer. » De qui parlez-vous ?

Il suffit de voir autour de soi. La maxime s’applique à ce qu’on appelle le pouvoir profond… On ne peut pas critiquer certaines catégories de personnes et les sujets qui vont avec, dont ceux que je traite dans ce livre. Ce sont ces sujets sensibles.

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Comment Poutine a bloqué le pivot des États-Unis vers l’Asie

Par Mike WHITNEY – Le 6-8 mars 2015 – Source CounterPunch

«L'effondrement de l'Union soviétique a supprimé la seule limite au pouvoir de Washington qui l’empêchait d'agir unilatéralement à l'étranger... Soudain, les Etats-Unis se sont retrouvés le seul pouvoir, la seule superpuissance mondiale. Les néoconservateurs ont proclamé la fin de l'histoire.»

Paul Craig Roberts, ancien secrétaire adjoint du Trésor Américain

Proverbe russe
«
Ce n’est pas la faute du miroir si votre visage est tordu.»

Le 10 Février 2007, Vladimir Poutine a prononcé un discours à la 43e Conférence sur la sécurité de Munich qui a ouvert un fossé entre Washington et Moscou, fossé qui n’a fait que s’approfondir au fil du temps. Une heure durant, le président russe a critiqué de manière cinglante la politique étrangère américaine, se livrant à un acte d’accusation en bonne et due forme des interventions américaines dans le monde entier et de leur effet dévastateur sur la sécurité du monde. Poutine n’a probablement pas réalisé l’impact qu’aurait son réquisitoire sur l’assemblée réunie à Munich, ni la réaction des éminences grises états-uniennes, pour qui ces déclarations ont représenté un tournant dans les relations américano-russes. Mais, le fait est que l’hostilité de Washington envers la Russie remonte à cet incident particulier, à ce discours dans lequel Poutine s’est engagé publiquement en faveur d’un système mondial multipolaire, rejetant par là-même les prétentions à un Nouvel ordre mondial des élites américaines. Voici ce qu’il a dit:

«Je suis convaincu que le moment est venu de réfléchir sérieusement à l’architecture de la sécurité internationale. Et nous devons rechercher un équilibre raisonnable entre les intérêts de tous les participants au dialogue international

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Vote au parlement italien sur le reconnaissance de l’État palestinien
Nains, danseuses et domestiques.

Par Fabrizio Marchi – Le 4 mars 2015 – Source Sinistra in Rete

Nains, danseuses et domestiques acclamés. Je parle naturellement de la quasi-totalité de l’actuelle classe politique qui gouverne (pour le compte de tiers…), directement ou indirectement, ce pays. Nous le savions déjà, mais le vote d’hier à la Chambre sur la reconnaissance manquée de l’État de Palestine le confirme encore une fois, si toutefois il en était encore besoin.

Unique exception – nous le notons scrupuleusement –, celle du M5S [le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo], c’est-à-dire la seule force politique qui, malgré toutes ses contradictions structurelles, a demandé la reconnaissance immédiate de l’État palestinien, sans conditions et sans réserves, comme on dit.

Le parti unique qui nous gouverne (y compris la Ligue du Nord et le maquis rose fuchsia à la gauche du PD [le parti de Renzi], c’est-à-dire le SEL [Gauche Ecologie Liberté]), dont les membres feignent de se disputer dans les divers talk-shows [débats télévisés], n’a même pas été capable de voter ce qui n’aurait été guère plus qu’une motion d’intentions (mais avec une certaine valeur symbolique), et qui n’aurait de toutes façons entraîné aucune retombée concrète sur la réalité de ce qu’on appelle la crise israélo-palestinienne, c’est-à-dire l’occupation néo-coloniale et raciste à laquelle est soumis depuis des dizaines d’années le peuple palestinien par l’État d’Israël et tous ses gouvernants, sans aucune exception.

Il ne vaudrait même pas la peine de commenter la ridicule pantomime qui s’est produite hier (on était aux limites du comique démentiel avec le vote sur les deux motions, celle du PD, soutenue aussi par le SEL, et celle d’Area Popolare, regroupant NCD et UDC [nouveau parti de centre-droit, sur le modèle du PP espagnol]), si ce n’était pour souligner qu’il y a peut-être des manières relativement plus dignes de servir ses maîtres, par exemple en faisant semblant d’avoir une certaine autonomie politique. Au fond, c’est à cela que servait ou aurait pu servir hier un vote en faveur de l’État de Palestine.

Mais même pour cela, il faut un brin de dignité et de stature (c’est incroyable d’avoir à le dire, mais c’est ainsi…), que cette classe politique ne possède pas.

Certes, nous ne nous attendions à rien d’autre, mais il ne peut échapper à personne qu’au moins la classe politique de ce qu’on appelle la Première République [le régime instauré après la Libération] cherchait à s’acquitter du rôle qui lui avait été attribué à l’intérieur de l’alliance politico-militaire occidentale, avec une marge relative d’autonomie politique, d’équilibre et de capacité de médiation réelle dans ce qui était son aire géopolitique de compétence, c’est-à-dire le bassin de la Méditerranée.

Je crois pouvoir dire, sans aucune nostalgie passéiste, que cette classe politique, formée par ces forces politiques (je veux parler en particulier de la DC, du PSI et du PCI, globalement réunis en ce qui concerne la position politique de l’Italie dans l’aire méditerranéenne et moyen-orientale), se serait comportée avec plus de dignité et de sens de l’État. Par honnêteté intellectuelle, on ne peut pas ne pas rappeler le célèbre discours à la Chambre du 6 novembre 1985 par lequel celui qui était alors secrétaire du PSI en même temps que Président du Conseil, Bettino Craxi, défendit le droit légitime des Palestiniens à la lutte armée pour libérer leur terre de la puissance occupante, se livrant même à une comparaison audacieuse entre le mouvement de libération nationale palestinien et celui du Risorgimento mazzinien.

Pour ne pas parler du célèbre épisode de Sigonella en octobre de la même année, où le même Craxi interdit aux marines US de capturer un commando palestinien du FPLP qui avait séquestré un bateau de croisière italien – l’Achille Lauro – et tué un passager américain de confession juive. L’avion sur lequel voyageaient les membres du commando palestinien fut encerclé par les carabiniers (qui empêchèrent, arme au poing, les marines de les faire prisonniers), puis fut autorisé à repartir pour l’ex-Yougoslavie, alors État souverain non-aligné gouverné par la Ligue des communistes du Maréchal Josip Broz Tito. Cet épisode provoqua un moment de grave tension dans les rapports entre les gouvernements italien et américain, et relança le rôle de l’Italie sur l’échiquier moyen-oriental en tant que pays non hostile aux peuples arabes, en continuité avec une politique de coopération et collaboration avec les pays maghrébins et méditerranéens déjà initiée en son temps par le président de l’ENI, Enrico Mattei (qui fut pour cela assassiné par les multinationales du pétrole US). Certains soutiennent que les États-Unis et Israël ne devaient pas oublier cet affront et que la  disgrâce postérieure de Craxi eut quelque chose à voir avec sa politique d’ouverture à l’égard de l’OLP et en général des gouvernements nationalistes laïques arabes, bien au-delà des vicissitudes de la tangentopolis [scandale politico-financier des pots de vin, déclenché en 1992] .

Ceci ne fait évidemment pas de Craxi, ni d’Andreotti et en général de la classe politique qu’ils représentaient, des héros de la lutte des peuples du monde contre l’impérialisme, mais nous offre un témoignage concret du niveau de l’actuelle classe politique. Si Craxi fut le protagoniste de ce qui fut objectivement un grand sursaut d’autonomie nationale (dans les limites de l’appartenance de l’Italie à l’Otan, dont Craxi ne rêvait même pas de sortir), de dignité et de sens de l’État, capable même d’aller jusqu’à pointer les fusils contre des soldats américains, nos gouvernants, Renzi en tête, (mais cela vaut pour tous ses prédécesseurs, de Berlusconi à D’Alema et les autres), ne sont même pas capables d’empêcher un groupe de voyous ivres de profaner la Barcaccia (1), comme ils ne seraient pas en état d’aligner une patrouille de la police urbaine pour empêcher un groupe de touristes américains de prendre un bain dans la fontaine de Trevi…

Une dernière réflexion politique, mais absolument pas marginale. La Ligue du Nord de Salvini a voté contre l’État de Palestine en faisant une déclaration explicitement pro-israélienne. Cela en dit long, s’il en était besoin, sur la nature réelle de cette force politique néo-fasciste ou néo-droitière. Une force de feinte opposition au système, alignée en réalité sur des positions pro-atlantistes – au-delà des sympathies manifestées à la Russie de Poutine et même à la Corée du Nord (façon de jeter de la poussière aux yeux de la partie culturellement la plus faible de son électorat) – même si elle se vante d’un supposé anti-américanisme et anti-européisme qui n’a rien à voir avec une critique authentiquement de classe et anti-impérialiste, mais représente seulement la nostalgie de cette partie des anciennes classes bourgeoises qui n’ont pas été invitées à la répartition du gâteau du grand capital trans- et multinational, par cet État-nation à l’intérieur duquel elles étaient politiquement hégémoniques. Une force politique qui nourrit à dessein une haine confuse (camouflée d’ethno-identitarisme, c’est-à-dire de défense des identités culturelles) à l’égard des peuples arabes et musulmans, et dont l’horizon culturel est la construction d’un État hiérarchique, autoritaire, sécuritaire, interclassiste, identitariste, exclusiviste et différentialiste (c’est-à-dire raciste…), mais toujours à l’intérieur des logiques économiques capitalistes.

Il convient de ne pas se laisser tromper par ces gens, très habiles dans ces opérations de maquillage par lesquelles beaucoup de personnes de bonne foi tendent hélas à se laisser conditionner, surtout en l’absence d’une alternative politique solide, crédible et authentiquement socialiste dans l’actuel état de choses.

Note

(1) Fontaine du Bernin, en forme de barque, récemment dégradée par des
hooligans hollandais du Feyenoord.

Traduit par Rosa Llorens

 

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Paille et poutre:
L’assassinat politique aux US, une spécialité

Par Sage Eurasian – Le 2 mars 2015 – Source OrientalReview

Depuis trente ans, aux États Unis, douze personnalités politiques de premier plan ont été assassinées comme Boris Nemtsov

Au moment où la Russie est frappée par une nouvelle attaque de propagande au sujet de l’assassinat politique à Moscou, il est bon de rappeler que douze personnalités américaines, notables politiques nationaux , ont toutes été assassinées sont mortes de façon suspecte – sénateurs, membres du Congrès, procureurs fédéraux, un juge fédéral, un gouverneur, un directeur de la CIA; toutes les personnes assassinées enquêtaient sur la corruption ou bien contestaient le leadership des oligarques américains – depuis l’assassinat en 1963 de JFK. Avec quatre coup d’État tentés sur les dix derniers présidents américains.

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Washington force le bouledogue britannique à marcher au pied

Finian Cunningham

Finian Cunningham

Par Finian Cunnigham – Le 4 mars 2015 – Source strategic-culture

 

 

Dans une démonstration éhontée de remise au pas de leur relation spéciale, les politiciens américains et les chefs du Pentagone sont en train de réprimander ouvertement le gouvernement britannique pour qu’il maintienne ses énormes dépenses militaires dans l’Alliance atlantique (OTAN) – éventuellement au détriment de services publics déjà en déliquescence dans une Grande-Bretagne assommée par l’austérité. L’injonction de Washington soulève de sérieuses questions sur la nature de la démocratie en Grande-Bretagne – l’auto-proclamée mère de tous les parlements.

Les allégations farfelues sur l’agression russe et les sinistres ambitions mondiales de Vladimir Poutine ont été invoquées pour justifier ce qui est par ailleurs une extraordinaire violation des droits démocratiques de la Grande-Bretagne par les États-Unis.

L’intrusion américaine dans les affaires britanniques s’inscrit dans la course électorale parlementaire de mai prochain, lorsque cinq années d’implacable austérité économique sous la coalition libérale-conservatrice au pouvoir seront soumises au test électoral. Le dirigeant conservateur (Tory) et Premier ministre David Cameron est mis sous pression par la population pour qu’il préserve les budgets de l’éducation et de la santé, pendant que les dépenses militaires, surdimensionnées pour le pays, sont pointées comme le secteur qui devrait procéder aux nécessaires coupes budgétaires. Continuer la lecture

L’extrémisme violent est le symptôme, la répression autoritaire, la maladie

Par Omar Ashour – Le 3 mars 2015 – Source Al Araby

Soit vous retroussez vos manches et vous en prenez plein la gueule
Soit vous vous couchez et vous en prenez plein la gueule.


Dans un contexte politique où les répressions autoritaires, les coups d’État militaires, les guerres civiles et autres formes de violence politique et d’instabilité sociale se multiplient, il est presque sûr de voir apparaître une forme ou une autre d’extrémisme violent.


Quand les plateaux de la justice ne pèsent plus.
On ne peut retrouver son honneur que par le sang.
Quand jeter des pierres ne marche plus.
Les canons prennent toute leur importance.
Soit vous retroussez vos manches.
Et vous faites face.
Soit vous vous couchez et vous en prenez plein la face.

La violence politique nourrit le violence extrémiste. AFP

Les paroles de la nouvelle chanson du chanteur révolutionnaire égyptien, Ramy Essam – un militant qui s’est fait connaître lors du soulèvement de janvier 2011 – reflètent parfaitement le niveau de frustration des jeunes militants en Egypte, qu’ils soient religieux ou laïques.

La répression brutale de la dissidence a causé plus de 3 248 morts, 18 535 blessés et 41 163 arrestations depuis le coup d’État militaire de juillet 2013 (et jusqu’en janvier 2014). Elle a conduit à la conviction croissante chez de nombreux jeunes militants que les tactiques de résistance civile non violentes ont leurs limites et que, pour provoquer un véritable changement, il faut utiliser la force. Et du fait des dernières mauvaises nouvelles – notamment les centaines de condamnations à mort prononcées par des tribunaux fantoches et au moins 226 décès en garde à vue depuis le 30 juin 2013 – l’atmosphère est particulièrement propice à la violence.

Historiquement, la répression brutale des dissidents en Égypte et dans le monde majoritairement arabe a non seulement provoqué des vagues de violence politique et la prolifération d’entités illégalement armées, mais aussi la propagation d’idéologies qui légitiment diverses formes de violence politique, du coup d’État militaire au terrorisme urbain. Étant donné le contexte politique, cela ne surprenait personne. Dans la plus grande partie du Moyen-Orient post-colonial, les armes et la religion se sont révélés les moyens les plus efficaces pour conquérir le pouvoir politique et s’y maintenir, comme c’était le cas à l’époque pré-moderne, à peu de choses près.

Le vote, la Constitution, la bonne gouvernance et les réalisations socio-économiques sont des moyens secondaires, quand ils ne sont pas carrément relégués au rang des accessoires cosmétiques. Dans un tel environnement, une radicalisation violente et des idéologies soutenant le militantisme armé sont susceptibles de se développer, de persister et de prospérer.

De la dictature à la démocratie

Ce qui est plus problématique pour les démocraties, c’est que les cadres idéologiques nés sous les dictatures peuvent être utilisés pour légitimer la violence politique dans des contextes où le degré de violence subie n’est pas du tout le même et où, au moins, les moyens de s’en protéger sont disponibles.

Le djihadisme et le takfirisme sont tous deux nés dans les années 1960 dans les prisons politiques égyptiennes, où la torture s’exerçait tantôt quotidiennement tantôt périodiquement. C’est la même chose dans l’Égypte d’aujourd’hui. Les idéologies ultra-conservatives et extrémistes telles que le salafisme et le wahhabisme sont également nées et se sont développés sous des régimes autoritaires. Aucune des idéologies susmentionnées n’est sortie d’une démocratie solide ou mature. Mais elles y ont certainement été importées.

L’impunité dont ont bénéficié ceux qui ont porté atteinte à la sécurité des états ou des particuliers a largement contribué à allumer et alimenter le feu de la radicalisation armée. Cela remonte au théoricien islamiste Sayyid Qutb qui a considérablement modifié sa pensée après avoir été témoin d’un massacre dans les prisons de Gamal Abdel Nasser en 1957.

«John, le djihadiste»

Mais l’hypothèse répression-radicalisation, dans un contexte où armes + religion / hyper-nationalisme = pouvoir politique, ne s’applique généralement pas aux démocraties. L’affirmation récente selon laquelle le terroriste surnommé John, le djihadiste a été radicalisé dans des rencontres avec les services de sécurité britanniques est absurde. Alors que toutes les allégations de harcèlement ou d’abus doivent être prises au sérieux et faire l’objet d’une enquête approfondie, John, le djihadiste n’a certainement pas été témoin du massacre de plus de mille manifestants en moins de dix heures par les services de sécurité britanniques. Il n’a certainement pas non plus assisté à la torture de prisonniers au moyen de décharges électriques à répétition dans les organes génitaux (une pratique régulière des enquêteurs des divers régimes arabes) ni au léger délit dont se rend coupable la police en battant à mort un militant de l’Internet en public.

Cela dit, il convient également de mentionner que le but, le degré, la portée, la durée, l’intensité et les objectifs des actions armées diffèrent. Les arguments idéologiques que le djihadisme et le takfirisme donnent, pour justifier la multiplication significative des cibles civiles, sont fondés principalement sur leurs croyances religieuses, sectaires et idéologiques. Le but principal de ces deux idéologies est de créer un État qui applique certaines des interprétations les plus controversées de la loi islamique. C’est un objectif très éloigné – par exemple – de la justice sociale idéale et du système libéral pour lequel les compañeros espagnols et leurs brigades étrangères se battaient dans les années 1930, ou même des révolutionnaires armés libyens et syriens en 2011.

Le maintien d’autocrates répressifs en Afrique du Nord est une mauvaise nouvelle pour la démocratie occidentale, en particulier pour l’Europe géographiquement proche. Dans le moyen et le long terme, ces régimes sont plus susceptibles de donner lieu à des atteintes à la sécurité et des crises humanitaires qu’à de la coopération et des réformes. Et quand le contexte politique se caractérise par la répression autoritaire, les coups d’État militaires, les guerres civiles et d’autres formes de violence politique et d’instabilité sociale, il est infiniment probable que l’extrémisme violent fera son apparition. Mais il s’agit là du symptôme, pas de la maladie. Et il faudrait s’en souvenir lorsqu’on prend des décisions politiques.

Traduit par Dominique Muselet, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone

 

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Discours de Netanyaou et conseil de Soljenitsyne aux Congressistes US

Le 4 mars 2015 – Source sayed7asan

« Ne soyez jamais le premier à vous arrêter d’applaudir! »

Vidéo et Transcription du discours : http://www.jpost.com/Israel-News/Politics-And-Diplomacy/Full-transcript-of-Netanyahus-Speech-to-Congress-392803

Avec la force de persuasion d’un serpent à sonnette et le charisme d’un veau, le terroriste-en-chef adjoint Netanyahu a pu obtenir pas moins de quarante-trois ovations soit plus d’une par minute, la plupart debout de la part des membres du Congrès américain. Elles retentirent sans cesse pour les déclarations les plus creuses, les plus absurdes ou les plus scandaleuses, y compris un vibrant hommage posthume – plus de 2.500 ans après ! – rendu à la figure biblique d’Esther, convoquée pour dénoncer les prétendues intentions génocidaires de l’Iran, nouvel Haman, à l’encontre du peuple juif. De tels abîmes de servilité peuvent laisser perplexe, surtout de la part des représentants de la première superpuissance mondiale. Ils évoquent cet extrait de L’Archipel du Goulag de Soljenitsyne, décrivant la Terreur sous Staline :

« À la fin de la conférence du parti, on appela à un hommage en faveur du camarade Staline. Bien entendu tous se levèrent, comme ils s'étaient tous levés durant la conférence à chaque mention de son nom. Des “applaudissements frénétiques se transformant en ovations” éclatèrent dans la petite salle. Pendant trois, quatre, cinq minutes, les “applaudissements frénétiques se transformant en ovations” persistèrent. Mais déjà les mains commençaient à faire mal et les bras levés étaient douloureux. Déjà les hommes d'un certain âge gémissaient de fatigue. Cela devenait insupportablement absurde, même pour ceux qui adoraient Staline. Cependant, qui oserait s'arrêter le premier ? Le secrétaire du Comité du Parti du district aurait pu le faire. Il était debout sur la plate-forme, et c'est lui qui venait d'appeler à l'ovation. Mais c'était un nouveau venu. Il avait pris la place d'un homme qui avait été arrêté. Il avait peur ! Dans cette salle, parmi ceux qui étaient debout et qui applaudissaient, il y avait des membres du NKVD, et ils surveillaient qui cesserait le premier ! Et dans cette petite salle obscure, inconnue du Chef, les applaudissements continuèrent, six, sept, huit minutes ! Ils n'en pouvaient plus ! Les carottes étaient cuites ! Ils ne pouvaient plus s'arrêter maintenant, jusqu'à ce qu'ils s'effondrent d'une crise cardiaque ! A l'arrière de la salle, qui était bondé, ils pouvaient bien sûr tricher un peu, applaudir moins souvent, moins vigoureusement, avec moins d'empressement, mais là-haut avec le présidium où tout le monde pouvait les voir ? Le directeur de la fabrique de papier locale, homme solide et indépendant, était debout à la tribune et applaudissait, tout en comprenant à quel point la situation était fausse et sans issue. Il continuait à applaudir pour la neuvième minute consécutive ! La dixième ! Avec angoisse, il regarda le secrétaire du Comité du Parti du district, mais celui-ci n'osait pas s'arrêter. C'était de la folie ! De la folie collective ! Jusqu’au dernier homme ! Avec un enthousiasme feint sur leurs visages, en se regardant les uns les autres avec un pâle espoir, les dirigeants du district allaient simplement continuer à applaudir jusqu'à ce qu'ils s'écroulent sur place, jusqu'à ce qu'ils soient transportés hors de la salle sur des brancards ! Et même alors, ceux qui resteraient debout ne faibliraient pas... Puis, à la onzième minute, le directeur de la fabrique prit un air sérieux et s’assit à sa place. Et, oh, un miracle se produisit ! Où était passé cet enthousiasme universel, expansif, indescriptible ? Tous s'arrêtèrent comme un seul homme et s'assirent à leur tour. Ils avaient été sauvés ! L'écureuil avait été assez intelligent pour sauter hors de sa cage tournante. 

Seulement, c'était de cette façon-là, justement, qu'ils repéraient les esprits indépendants. Et c'est comme cela qu'ils les traquaient et les éliminaient. La nuit même, le directeur de la fabrique fut arrêté. Ils n'eurent pas de mal à lui coller dix ans pour un tout autre motif. Mais après la signature du procès-verbal de l'instruction, son interrogateur lui rappela :

‘Et ne soyez jamais le premier à vous arrêter d'applaudir !’ »

(Et que sommes-nous censés faire au juste? Comment sommes-nous censés nous arrêter?)

Voilà ce qu'est la sélection naturelle de Darwin. Et c'est également le moyen d'assommer les gens de bêtise. »

Sayed 7asan 

Voir également 

Une défaite électorale de Netanyahu n’annoncera pas la rédemption d’Israël – Par Gidéon Lévy

Sans merci : Israël se précipite vers la prochaine guerre à Gaza – Par Gidéon Lévy

Norman Finkelstein sur Gaza, Israël, les Juifs et l’antisémitisme (VOSTFR)

Ali Khamenei : l’arme nucléaire est illicite en Islam, l’Occident craint un Iran développé et indépendant (VOSTFR)

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Le cousin de feu le Colonel Kadhafi:
L’Europe devra faire face à un 9/11 d’ici deux ans

Le 3 mars 2015 – Source: RT

Ahmed Gaddaf al-Dam, cousin of Libya’s former president Muammar Gaddafi (Reuters/Asmaa Waguih)

Le cousin du colonel Kadhafi prédit un 9/11 en Europe dans un délai de deux ans, lorsque des militants de l’État islamique se joindront aux milliers de migrants qui font route vers l’Europe. Cet avertissement vient du ministre de l’Intérieur de Grande-Bretagne, Theresa May, qui affirme que la menace terroriste est grave et croissante.

Ahmed Kadhafi al-Dam, autrefois l’un des chefs de la sécurité digne de la confiance de Kadhafi, estime qu’un minimum de 500 000 migrants provenant de Libye prendront le chemin de l’Europe en 2015, pendant que l’État islamique [EI, anciennement ISIS/ISIL] renforcera sa présence dans les États du Nord de l’Afrique.

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