Malgré les efforts déployés par Israël et ses alliés pour sauver le projet de « changement de régime » en Syrie, la défaite imminente des djihadistes soutenus par l’Occident est un tournant pour le Moyen-Orient moderne, analyse l’ex-diplomate britannique Alastair Crooke.
Par Alastair Crooke – Le 8 septembre 2017 – Source Consortium News
Le fait d’exister encore est une victoire pour la Syrie – toujours debout, en quelque sorte – malgré les ruines dues à ce qu’elle a subi. Cette victoire marque effectivement l’échec de la Doctrine Bush pour le Moyen-Orient (le « Nouveau Moyen Orient »). Cela signale le début de la fin, non seulement pour le projet politique de « changement de régime », mais aussi pour le projet jihadiste sunnite, qui a été utilisé comme outil coercitif pour créer ce « Nouveau Moyen-Orient ».
Il n’y a pas que la région qui ait atteint un point d’inflexion géopolitique, mais aussi l’islam sunnite. L’islam d’inspiration wahhabite a connu un revers majeur. Il est maintenant largement discrédité parmi les sunnites et haït par tout le monde.




Malgré les opérations militaires en cours en Syrie et en Irak qui se déroulent quotidiennement dans le vaste territoire sous le contrôle d’« État islamique » (EI), ce dernier a pu toucher des cibles éloignées dans le monde islamique et jusqu’en Europe et en Asie. Malgré sa perte de territoires, le monde est confronté – et continuera à l’être – à une idéologie adoptée et incarnée par une organisation qui a réussi à attirer des jeunes hommes et femmes, à susciter leur émotion, à mettre le feu à leur haine et leur colère et à secouer la stabilité des frontières géographiques établies. Nombreuses en sont les raisons, mais le monde occidental ne veut pas faire attention à certaines d’entre elles qui mettent en évidence sa complicité dans la propagation de cette idéologie et des conséquences qu’elle entraîne, conséquences pouvant frapper toutes les sociétés, sans faire de différence.

