Obama: Le Venezuela est une menace pour la sécurité nationale

Par Eric Zuesse – Le 10 mars 2015 – Source Global Research

L’administration Obama [prix Nobel de la Paix, NdT], qui en 2009 a fourni l’assistance cruciale pour renverser le président démocratique progressiste du Honduras et le remplacer par une junte d’oligarques; et qui en 2014 a perpétré le sanglant coup d’État qui a remplacé le corrompu, mais démocratiquement élu président ukrainien Viktor Ianoukovitch, par un gouvernement tout aussi corrompu mais farouchement anti-russe, déclenchant ainsi une guerre civile contre l’est de l’Ukraine qui avait voté à 90% pour M. Ianoukovitch; cette administration essaie maintenant à nouveau de renverser le président démocratiquement élu du Venezuela, Nicolas Maduro.

Lundi 9 mars, Reuters publie «Les États-Unis déclarent que le Venezuela menace leur sécurité nationale, et sanctionnent des hauts fonctionnaires», leur rapport donne le mot de la fin à un politicien de l’opposition, soutenu par Obama et qui dit: «Ce n’est pas un problème avec le Venezuela ou les Vénézuéliens; c’est un problème avec ceux qui sont corrompus» (c’est à dire, Maduro et son gouvernement).

En d’autres termes, une fois encore, le sempiternel prétexte promu par Obama: nous essayons simplement de remplacer un chef d’État élu corrompu.

La Maison Blanche explique son décret le 9 mars en disant: «Le président Obama a publié aujourd’hui un nouveau décret exécutif (EO) déclarant une urgence nationale suite à la menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis posée par la situation au Venezuela. (…) Plus précisément, le décret cible les menaces décelées par le Département du Trésor, en consultation avec le Département d’État, impliquant le Venezuela dans des actions (…) ou des politiques qui sapent les processus ou les institutions démocratiques.»

Le décret lui-même déclare que le gouvernement du Venezuela est corrompu et limite les droits humains, ce qui «constitue une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis, et je déclare par la présente une urgence nationale pour faire face à cette menace.»

Le 14 février 2015, le président Maduro avait déjoué un coup d’attentat fomenté par les gouvernements du Canada et du Royaume-Uni. Ces événements ont eu lieu presque exactement un an après qu’il avait déjà déjoué une tentative similtaire du gouvernement américain. En décembre 2013, le gouvernement de Maduro avait présenté des preuves détaillées que les Etats-Unis planifiaient un coup contre lui.

Le 15 janvier 2015, Maduro a rencontré le président russe Vladimir Poutine au Kremlin. L’administration Obama essaie évidemment de faire également tomber le président Poutine.

Le président Obama s’efforce également d’abattre le président Bachar al-Assad en Syrie. En 2011, il avait bombardé le régime du président Mouammar Kadhafi en Libye pour se débarrasser de lui. Tant Assad que Kadhafi sont aussi ou ont été des alliés de la Russie, comme l’Iran. L’administration Obama aide l’État Islamique dans sa guerre contre Assad, alors que dans le même temps, il le bombarde*.

Eric Zuesse 

L’auteur est historien d’investigation. Il a écrit récemment, They’re Not Even Close: The Democratic vs. Republican Economic Records, 1910-2010, et CHRIST’S VENTRILOQUISTS: The Event that Created Christianity.

Note du Saker Francophone
*Cet état de fait apparemment illogique est la conséquence de l’hyper-désordre qui règne à Washington en matière de politique étrangère du fait des luttes de pouvoir intestines entre le Pentagone et les agences de renseignement, d’une part, et d’autre part le département d’État. Obama n’étant pas désireux, ou tout à fait impuissant voire incapable, de remédier à cette situation. Cet hyper-désordre se reflétant d’ailleurs dans l’ensemble des conflits provoqués par l’hybris de l’Empire du néant.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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Encore une volte-face de Netanyahou que les États-Unis ignoreront

Le 9 mars 2015 – Source Moon of Alabama

Le Premier ministre israélien Netanyahou doit faire face à deux publics différents. Un public étranger qui parraine et protège sa colonie raciste d’Européens de l’Est [connue sous le nom d’Israël, NdT] en Asie de l’Ouest [en Palestine pour être précis, NdT], et les colons eux-mêmes [les Israéliens donc, NdT] qui votent pour lui. Cela exige une rhétorique assez tortueuse et engendre des couacs intellectuels.

Pour attirer les électeurs, Netanyahou doit affirmer que les terres occupées ne seront jamais rendues à leurs propriétaires légitimes. Pour recevoir le soutien des États-Unis, il doit promettre que la terre volée sera restituée. Ces positions sont d’autant plus difficiles à unifier que Netanyahou les soutient toutes les deux en même temps.

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Le coup d’état « secret » de Victoria Nuland en Géorgie

Par Henry Kamens – Le 4 mars 2015 – Source NEO

Attention! Quelque fois elle mord…

L’ancien président de Géorgie Mikheil Saakachvili répète depuis six mois qu’il reviendra dans six mois! Aucune élection n’est prévue et il ne peut pas redevenir président. Maintenant, malheureusement, nous savons ce qu’il entendait par là.

Le 17 février, Victoria Nuland, la Secrétaire d’État adjointe états-unienne, s’est rendue à Tbilissi. Elle est surtout connue pour être une ardente partisane du coup d’État de Kiev d’il y a un an, qui a amené le renversement violent du président alors en exercice, Victor Ianoukovitch, et la poursuite des affrontements dans ce pays proche de la faillite. Elle est apparue à Tbilissi au moment où Saakachvili est devenu officiellement conseiller du nouveau président de l’Ukraine, Petro Porochenko.

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Le patriote russe et les saltimbanques français

Leçon de Vladimir Poutine à Marine Le Pen et au FN

Extraits des échanges entre Vladimir Poutine et des journalistes après son intervention au forum de Valdaï, le 24 octobre 2014.

Version originale (russe) : http://www.kremlin.ru/news/46860

Version anglaise : http://eng.kremlin.ru/news/23137

Traduction en français & vidéo : http://www.sayed7asan.blogspot.fr

Vidéo sous-titrée en français: Le patriote russe et les saltimbanques français : leçon de Vladimir Poutine à Marine Le Pen et au FN

Dans ces extraits, Vladimir Poutine dénonce explicitement la transformation pernicieuse du patriotisme en chauvinisme et en xénophobie, idéologies dangereuses dont le Front national français s’est fait le champion. Tout en s’affirmant lui-même le premier patriote de son pays, le Président russe revendique hautement son attachement à une Russie multiethnique et multiconfessionnelle, en rappelant que quoique séculaire, l’État russe reconnait légalement quatre religions traditionnelles. Et bien que la proportion de musulmans soit moindre en Russie qu’en France, l’Islam y est reconnu par la loi comme la deuxième religion nationale, ce qui contraste avec la situation française, et le discours du Front national en particulier, qui cible prioritairement les populations immigrées, les musulmans et l’islam alors que la Russie les considère comme des composantes à part entière de l’identité russe et une véritable richesse. Pour Vladimir Poutine, de telles politiques sont irresponsables car elles mènent à l’autodestruction des sociétés et des Nations et ne peuvent en aucun cas servir les intérêts du peuple. Par cette stratégie ignoble et manipulatoire du bouc émissaire, le Front national se révèle comme un ennemi de la France et du peuple français dans son ensemble.

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L’avenir que Kadhafi avait prédit

Par Ahmad Barqawi – Le 9 mars 2015 – Source CounterPunch

La Libye, ISIS et le luxe sans prix de la sagesse rétrospective

«Qui êtes-vous?», a demandé un jour, vers la fin de son règne, feu Mouammar Kadhafi dans un discours célèbre où il remettait en cause (à juste titre) la légitimité de ceux qui, à l’époque, cherchaient à renverser son gouvernement, en les qualifiant d’extrémistes, d’agents étrangers, de rats et de toxicomanes. On s’est moqué de lui, on l’a caricaturé, ridiculisé et diabolisé; une ignoble vidéo parodique tournant en dérision le leader libyen s’est propagée sur les réseaux sociaux; l’auteur de la vidéo, un Israélien, trouvait sans doute le mot libyen d’arabe courant Zenga (qui signifie une ruelle) si drôle qu’il l’a extrait de l’un des discours de Kadhafi, l’a mis en boucle sur un air de hip-hop et voilà* … il a fait un hit qui a été diffusé largement (et honteusement) avec un zèle révolutionnaire dans le monde arabe. Nous l’avons partagée, nous avons ri, il est mort.

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Ukraine:
La démocratie de la baston
Les néo-nazis s’entre-dévorent

Par Le Saker original – le 8 mars 2015 – Source thesaker.is

Mon monstre favori à Kiev est l’infâme Oleg Liashko, qui amuse le monde toutes les semaines avec un nouveau scandale. Le dernier en date est un combat avec Sergei Melnichuk, le chef de l’escadron de la mort Aïdar. Sachant que Liashko a été élu grâce au prétendu soutien des membres d’Aïdar, il est assez cocasse de voir les deux hommes s’accuser mutuellement de trahison. Jugez par vous-même
sur la vidéo (sous-titres anglais [mais l’ambiance vaut le coup d’oeil, NdT]).

https://www.youtube.com/watch?v=iPSHIBdskfE

Bien sûr, l’importance de cette dernière confrontation entre les monstres réside dans le fait de la crise bien réelle à Kiev et dans le spectacle des nazis qui s’entre-déchirent en s’accusant mutuellement d’être des agents de Moscou. Que la paranoïa concernant les agents russes soit partout est aussi une bonne nouvelle car elle crée une atmosphère de panique, de suspicion, et ce chaos va certainement contribuer à la chute du régime actuel.

Sergei Melnichuk

Hélas, la question est de savoir si le prochain régime au pouvoir sera meilleur ou pire. Mon sentiment personnel est que ce sera encore pire ou que, à tout le moins, la toxicité sera plus visible. Pourtant, ce processus est probablement une fatalité historique et, selon l’expression consacrée, l’Ukraine devra toucher le fond pour se ressaisir à nouveau.

The Saker

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

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Documents stratégiques ou:
il est interdit de penser

 

Par Dagmar Henn – Le 28 février 2015 – Source vineyardsaker.de

Cette fois, ils auraient attrapé Poutine les doigts dans le pot de confiture, jubilent les médias industriels allemands ces derniers jours; et ils présentent, bombant le torse, un « document stratégique », qui selon eux doit prouver que tous les événements, en Crimée comme au Donbass, ne sont rien d’autre que de sombres manœuvres du Kremlin.

Ils doivent prendre tous leurs lecteurs pour des idiots.

Mis à part le fait que ce document aurait été rédigé exactement dix jours avant le putsch de Kiev et contient donc de graves erreurs d’appréciation (par exemple que Ianoukovitch se maintiendrait jusqu’aux élections ordinaires prévues), il peut, dans le meilleur des cas, être une évaluation tactique actuelle, mais certainement pas un « document stratégique ». Et un truc comme ça serait une base pour diriger les événements?

Cette affirmation n’a de poids que parce qu’on a réussi à convaincre les gens que la pensée stratégique est fondamentalement quelque chose de mauvais et qu’admettre l’existence d’une telle chose serait une « théorie du complot ».

Et évidemment aussi parce que les articles pertinents ne sont pas diffusés largement.

Donc demandons-nous qui pourrait se pencher sur ces questions en République fédérale allemande. En commençant par les autorités compétentes officielles.

A la Chancellerie fédérale, il doit y avoir actuellement des piles d’analyses sur les développements de la situation en Ukraine, produites par le BND Bundesnachrichtendienst – Service fédéral de renseignement, NdT; au ministère des Affaires étrangères, en plus, on doit trouver des projets stratégiques en matière de politique étrangère allemande; et des analyses politiques générales à la SWP [Stiftung für Politische WissenschaftInstitut pour les affaires internationales et de sécurité], la filiale du BND. Il est probable que la Bundeswehr [l’armée fédérale allemande, NdT]  ait elle aussi produit sa propre analyse.

Viennent ensuite les fondations des partis politiques, qui produisent elles aussi de tels documents, même si ces derniers ne sont pas toujours destinés aux yeux du public. Difficile de croire que la Fondation Konrad Adenauer a placé des millions dans le parti de Klitschko sans procéder d’abord à une analyse et à une stratégie pour l’Ukraine. Il en va de même pour la Fondation Heinrich Böll, dont le dirigeant devait avoir un peu réfléchi à tout ça lorsqu’il a décidé de se lier d’amitié avec Kolomoisky

En plus, les grandes banques et les grandes sociétés entretiennent leurs propres départements stratégiques, qui ne se contentent pas d’analyser les tendances économiques, mais aussi les aspects politiques, et font des recommandations sur les mesures qu’il serait possible de prendre dans leur propre intérêt. Cela signifie qu’au moins chaque position sur la liste du DAX devrait avoir suscité la production d’un document de ce type.

Chacun de ces documents devrait contenir des recommandations sur un certain nombre de mesures politiques. Chacune de ces recommandations peut se lire comme une tentative de contrôle des processus politiques dans un autre pays et, si c’est réussi, il s’agit d’un contrôle effectif des processus politiques dans un autre pays. Un exemple assez connu du côté allemand est l’action de la Fondation Friedrich-Naumann au Honduras.

Ce serait intéressant de lire pourquoi la Fondation Konrad Adenauer, en plus du parti fantoche ukrainien Udar, a aussi soutenu les nazis de Svoboda. Comme ces derniers n’ont rien d’autre à offrir qu’une haine fanatique de la Russie, le document qui a motivé ce soutien devrait beaucoup éclairer sur les intentions stratégiques par rapport à la Russie.

Tout cela, c’est du quotidien politique. Toute personne qui a un peu mis son nez dans ces structures le sait. Si on était honnête, on devrait poser ce document russe avec un haussement d’épaule et ajouter, tout au plus, qu’il y en a eu de meilleurs…

Au lieu de quoi, un document banal a provoqué des réactions comme si c’était la preuve d’un crime.

Et ça fonctionne. Les forums de lecteurs attestent qu’il y a effectivement des gens qui gobent cette histoire. Pourquoi? Parce que l’action politique et la communication se sont tellement éloignées l’une de l’autre que le récit présenté n’a plus rien à voir avec les motifs, les intérêts et les événements. La politique est présentée comme s’il n’y avait que des réactions immédiates, spontanées et guidées par différentes « valeurs », à des événements imprévisibles. Même les négociations sur le TTIP [Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement] sont présentées comme s’il n’y avait pas eu, avant les négociations concrètes sur les textes de l’accord, des négociations préalables dans lesquelles les intérêts ont été définis, et comme si ces négociations préalables n’avaient pas été elles-mêmes précédées de longues périodes au cours desquelles les lobbies industriels n’avaient pas massé à bon escient l’âme [et le portefeuille, NdT] des représentants du peuple.

Même au niveau le plus bas, la commune, la politique effectivement guidée par des intérêts est enrobée d’un récit romantique. Un petit exemple, venu de Munich: les services techniques de la ville, à part ça numéro cinq sur le marché national de l’énergie, construisent une éolienne au large de la côte galloise. Oui, parce qu’il paraît qu’il faut assurer l’approvisionnement des citoyens avec des énergies renouvelables. Pour assurer le financement de ce projet, la ville se porte caution pour plus d’un milliard [d’euros]. Mais il y a un détail qui caractérise ce projet – il s’agit du premier projet d’éolienne qui n’est plus réalisé par des moyennes entreprises, mais par un grand groupe, Siemens, qui tente ainsi de prendre le contrôle sur ce marché (ce qui est accompagné de diverses tentatives de racheter des producteurs de turbines). Soit dit en passant, le siège de Siemens est à Munich. La garantie de la ville pour ce projet est donc, pour finir, une subvention dans l’intérêt d’un grand groupe allemand, qui a ainsi partiellement répercuté sur les citoyens de la ville où il a son siège le risque lié au développement de ce nouveau marché. Mais ce fait n’a pas été mentionné dans les documents fournis au Conseil municipal ni, a fortiori, dans la version édulcorée de ces documents répercutée ensuite dans la presse…

Pour ce cas aussi, on devrait trouver dans les entrailles de la société Siemens un document définissant une stratégie sur la manière dont on parvient à se positionner sur ce marché spécifique, et quelles seraient les mesures politiques adéquates. Ensuite il devrait y avoir eu des discussions entre Siemens et des représentants des services techniques de la ville, d’où est sorti ce projet d’éolienne. (Les Gallois, devant la côte desquels le truc doit être construit, n’ont d’ailleurs pas été consultés, et il serait aussi intéressant de savoir comment la société Siemens a obtenu à ce sujet l’accord des politiciens londoniens.)

En certains endroits, comme par exemple dans le Livre blanc de l’armée allemande, on parle effectivement ouvertement d’intérêts. Les intérêts sont aussi ouvertement négociés. L’engagement de la Bundeswehr en Somalie, par exemple, sert les intérêts de la flotte de conteneurs allemands… qui, de nouveau grâce à un soutien public massif pendant des décennies, atteint une taille impressionnante, même si les bateaux sont loués par l’intermédiaire d’armateurs internationaux et naviguent sous les pavillons exotiques habituels. Cela n’est devenu visible que lorsque la HSH Nordbank a eu des difficultés suite à l’effondrement du commerce mondial.

Les subventions à la construction de porte-conteneurs, pour leur part, correspondent de nouveau à un intérêt stratégique, notamment le soutien à l’industrie d’exportation allemande…

A y regarder de plus près, on se heurte partout à des actions stratégiques, c’est pourquoi on doit partir partout du principe qu’il existe aussi des réflexions stratégiques appropriées.

Mais alors pourquoi faire d’un unique document un objet de scandale?

Naturellement, ça sert à diaboliser la politique russe. Prétendre qu’ici la procédure serait différente vise aussi l’intérieur du pays. Ce n’est pas fait comme ça seulement par rapport à l’Ukraine, comme si la RFA ne pêchait pas du tout en eaux troubles et comme si l’industrie ne poursuivait pas ses propres intérêts. Le TTIP et tous ses frères et sœurs sont présentés comme s’il n’y avait que les autres qui profitaient de telles structures non démocratiques, et comme si l’industrie ne s’efforçait pas de se soustraire à tout contrôle politique. Chacune des plus grandes saloperies dans l’UE, comme la tristement célèbre directive sur les services, a poussé sur le fumier allemand. Grâce aux directives contraignantes de la Troïka prises au mépris de toute démocratie, on fait en même temps l’économie de la cape magique qui rend invisible; là, les ministres des Finances grecs ont le droit de s’adresser directement à Monsieur Schäuble, car de toute façon tout le monde sait qu’il décide à partir des directives de la Banque centrale européenne, de l’Union européenne et du Fonds monétaire international.

En Ukraine, d’ailleurs, ce ne sont pas seulement les changements dans le droit de la fiscalité qui portent une empreinte allemande reconnaissable; ces derniers jours, toute une série de modifications du droit du travail ont été introduites, qui rappellent tellement les contrats de la Troïka qu’on ne peut que penser que les auteurs sont à Berlin. Ce qui révèle encore une petite arrière-pensée stratégique dans les rapports avec l’Ukraine. A côté de sa fonction, dont on ne peut mesurer les conséquences, de lieu de rassemblement contre la Russie, elle sert aussi de laboratoire permettant d’expérimenter ce qui peut être infligé aux habitants d’un État jusqu’à ce que celui-ci tombe en ruines.

Mais tout cela sonne de nouveau un peu comme une « théorie du complot », non?

Ce qui est vraiment pernicieux dans ce récit, et que la présence d’intentions est déjà une preuve du mal, c’est son envers. Il veut dire, ici, que par exemple dans la politique allemande, il n’y aurait pas d’intentions, donc pas de plans. Et toute présomption de telles intentions serait une allégation mensongère. Étonnamment, même des gens qui se voient comme éclairés, critiques et de gauche croient à cette construction.

Cui bono? Qui en profite? La question est interdite; la question qui est au commencement de toute considération éclairée de la politique, oui, à la base de toute pensée politique, si ancienne qu’elle a conservé sa forme latine.

Cette question est condamnable parce qu’elle rabaisse les valeurs qui prétendument guident la politique ici. Il faut le souligner, il n’y a pas de faits à l’appui de cette assertion. Les faits, ainsi que des bibliothèques entières de recherche historique, attestent que chaque guerre est déclenchée par des intérêts, qu’on peut chiffrer et nommer; que s’imposent dans l’arène politique les forces qui détiennent la puissance économique, et que lorsque les intérêts des démunis, des économiquement faibles sont aussi un peu pris en compte, c’est toujours le résultat de luttes acharnées.

J’ai dans ma bibliothèque un livre intitulé Europastrategien des deutschen Kapitals 1900-1945 [Stratégies pour l’Europe du capital allemand 1900-1945]. Mille pages de documents, sans commentaire, rien que des mémorandums, des rapports, des documents stratégiques. D’où ils tirent, avec une constance dramatique, les réflexions dont nous voyons les applications concrètes dans l’UE d’aujourd’hui.

Devant ces informations disponibles et accessibles, un rideau de brouillard de valeurs est déployé. Il est chargé de tellement de pathos sacré que toute tentative de les remettre en question, de chercher des intentions et des intérêts sous-jacents, est rejeté comme hérésie.

C’est effectivement un substitut de la représentation féodale d’un ordre sacré. Comme la bataille ne peut pas être gagnée sur le plan des faits, il faut absolument empêcher que les questions qui mènent aux faits soient posées. Le concept de théorie du complot ne sert à rien d’autre. La première question, à qui cela profite-t-il, marque déjà le moment de l’abandon de la vraie foi, et l’inquisition surgit immédiatement et demande qui pose cette question, car celui-ci a pactisé avec le diable. Le débat n’est plus mené autour du contenu d’une critique, mais déjà sur la possibilité d’une critique.

C’est ici que les partisans de gauche du reproche de théorie du complot se mettent violemment en colère. Ils pensent qu’il s’agit de contenus incorrects; il s’agit de combattre des fausses interprétations, par exemple de l’antisémitisme dissimulé dans une critique du capital financier. Ce faisant, ils omettent complètement que ce reproche n’est pas adressé à l’orientation d’une critique, mais contre la critique elle-même. Pas contre une mauvaise réponse à une bonne question, mais contre la question elle-même. Et ils se transforment ainsi en collaborateurs dociles d’une stratégie idéologique qui élimine aussi les bonnes réponses aux bonnes questions et qui remplace la pensée politique elle-même par des fioritures nébuleuses décorées de valeurs telles que liberté et tolérance. Des valeurs, comme on a pu le voir dans les actions XY est de toutes les couleurs des derniers mois, qui n’ont plus aucun contenu politique, aucun lien avec la réalité, par exemple le racisme institutionnel exécuté quotidiennement avec Frontex. Elle ne sont plus que les gestes sacrés d’une foi inconditionnelle, vidée de tout conflit de classe, de tout intérêt, de toute réalité matérielle, et déclarent comme apostats tous ceux qui ne veulent pas s’y plier.

Wolfgang Ischinger, l’organisateur de la Conférence sur la sécurité de Munich qui y a orchestré récemment l’attaque contre Lavrov, est financé par le groupe d’assurances Allianz. Ainsi, de même qu’on peut supposer que les positions d’Elmar Brok sont celles de la maison Bertelsmann, la position d’Ischinger devrait refléter celle d’Allianz. Sinon elle ne le paierait pas. Allianz est le plus grand groupe d’assurances au monde et en même temps la maison mère du plus grand fonds d’investissements au monde, PIMCO. Quand le porte-voix politique d’Allianz adopte une attitude clairement agressive à l’égard du ministre des Affaires étrangères russes, est-ce que cela n’a pas quelque chose à voir avec des intérêts? Ou, dit autrement, si le comportement d’Ischinger contredisait les buts stratégiques d’Allianz, combien de jours resterait-il sur leur liste de salaires après cette sortie? Justement.

Une fois, un jour, il y aura un nouveau livre, Europastrategien des deutschen Kapitals ab 1946 [Stratégies pour l’Europe du capital allemand depuis 1946]. Peut-être pourra-t-on y lire ce qui figurait dans les documents stratégiques d’Allianz. Ou dans ceux du ministère allemand des Affaires étrangères. Dans les véritables documents, pas cette documentation pour crétiniser le peuple comme celle qui a été répandue dans la presse. Alors on pourra comprendre et démontrer qui, quand, pourquoi, quels intérêts il y avait à cette attitude va-t-en-guerre, comme les deux derniers essais le font comprendre et le prouvent.

A condition que nous réussissions à empêcher l’incendie total de toutes les archives, avec lequel ils jouent en ce moment. Pour cela, nous devrions d’abord défendre âprement une question, celle qui rend possible toute forme de résistance:

Cui bono? À qui ça profite?

Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker Francophone.

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Vote au parlement italien sur le reconnaissance de l’État palestinien
Nains, danseuses et domestiques.

Par Fabrizio Marchi – Le 4 mars 2015 – Source Sinistra in Rete

Nains, danseuses et domestiques acclamés. Je parle naturellement de la quasi-totalité de l’actuelle classe politique qui gouverne (pour le compte de tiers…), directement ou indirectement, ce pays. Nous le savions déjà, mais le vote d’hier à la Chambre sur la reconnaissance manquée de l’État de Palestine le confirme encore une fois, si toutefois il en était encore besoin.

Unique exception – nous le notons scrupuleusement –, celle du M5S [le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo], c’est-à-dire la seule force politique qui, malgré toutes ses contradictions structurelles, a demandé la reconnaissance immédiate de l’État palestinien, sans conditions et sans réserves, comme on dit.

Le parti unique qui nous gouverne (y compris la Ligue du Nord et le maquis rose fuchsia à la gauche du PD [le parti de Renzi], c’est-à-dire le SEL [Gauche Ecologie Liberté]), dont les membres feignent de se disputer dans les divers talk-shows [débats télévisés], n’a même pas été capable de voter ce qui n’aurait été guère plus qu’une motion d’intentions (mais avec une certaine valeur symbolique), et qui n’aurait de toutes façons entraîné aucune retombée concrète sur la réalité de ce qu’on appelle la crise israélo-palestinienne, c’est-à-dire l’occupation néo-coloniale et raciste à laquelle est soumis depuis des dizaines d’années le peuple palestinien par l’État d’Israël et tous ses gouvernants, sans aucune exception.

Il ne vaudrait même pas la peine de commenter la ridicule pantomime qui s’est produite hier (on était aux limites du comique démentiel avec le vote sur les deux motions, celle du PD, soutenue aussi par le SEL, et celle d’Area Popolare, regroupant NCD et UDC [nouveau parti de centre-droit, sur le modèle du PP espagnol]), si ce n’était pour souligner qu’il y a peut-être des manières relativement plus dignes de servir ses maîtres, par exemple en faisant semblant d’avoir une certaine autonomie politique. Au fond, c’est à cela que servait ou aurait pu servir hier un vote en faveur de l’État de Palestine.

Mais même pour cela, il faut un brin de dignité et de stature (c’est incroyable d’avoir à le dire, mais c’est ainsi…), que cette classe politique ne possède pas.

Certes, nous ne nous attendions à rien d’autre, mais il ne peut échapper à personne qu’au moins la classe politique de ce qu’on appelle la Première République [le régime instauré après la Libération] cherchait à s’acquitter du rôle qui lui avait été attribué à l’intérieur de l’alliance politico-militaire occidentale, avec une marge relative d’autonomie politique, d’équilibre et de capacité de médiation réelle dans ce qui était son aire géopolitique de compétence, c’est-à-dire le bassin de la Méditerranée.

Je crois pouvoir dire, sans aucune nostalgie passéiste, que cette classe politique, formée par ces forces politiques (je veux parler en particulier de la DC, du PSI et du PCI, globalement réunis en ce qui concerne la position politique de l’Italie dans l’aire méditerranéenne et moyen-orientale), se serait comportée avec plus de dignité et de sens de l’État. Par honnêteté intellectuelle, on ne peut pas ne pas rappeler le célèbre discours à la Chambre du 6 novembre 1985 par lequel celui qui était alors secrétaire du PSI en même temps que Président du Conseil, Bettino Craxi, défendit le droit légitime des Palestiniens à la lutte armée pour libérer leur terre de la puissance occupante, se livrant même à une comparaison audacieuse entre le mouvement de libération nationale palestinien et celui du Risorgimento mazzinien.

Pour ne pas parler du célèbre épisode de Sigonella en octobre de la même année, où le même Craxi interdit aux marines US de capturer un commando palestinien du FPLP qui avait séquestré un bateau de croisière italien – l’Achille Lauro – et tué un passager américain de confession juive. L’avion sur lequel voyageaient les membres du commando palestinien fut encerclé par les carabiniers (qui empêchèrent, arme au poing, les marines de les faire prisonniers), puis fut autorisé à repartir pour l’ex-Yougoslavie, alors État souverain non-aligné gouverné par la Ligue des communistes du Maréchal Josip Broz Tito. Cet épisode provoqua un moment de grave tension dans les rapports entre les gouvernements italien et américain, et relança le rôle de l’Italie sur l’échiquier moyen-oriental en tant que pays non hostile aux peuples arabes, en continuité avec une politique de coopération et collaboration avec les pays maghrébins et méditerranéens déjà initiée en son temps par le président de l’ENI, Enrico Mattei (qui fut pour cela assassiné par les multinationales du pétrole US). Certains soutiennent que les États-Unis et Israël ne devaient pas oublier cet affront et que la  disgrâce postérieure de Craxi eut quelque chose à voir avec sa politique d’ouverture à l’égard de l’OLP et en général des gouvernements nationalistes laïques arabes, bien au-delà des vicissitudes de la tangentopolis [scandale politico-financier des pots de vin, déclenché en 1992] .

Ceci ne fait évidemment pas de Craxi, ni d’Andreotti et en général de la classe politique qu’ils représentaient, des héros de la lutte des peuples du monde contre l’impérialisme, mais nous offre un témoignage concret du niveau de l’actuelle classe politique. Si Craxi fut le protagoniste de ce qui fut objectivement un grand sursaut d’autonomie nationale (dans les limites de l’appartenance de l’Italie à l’Otan, dont Craxi ne rêvait même pas de sortir), de dignité et de sens de l’État, capable même d’aller jusqu’à pointer les fusils contre des soldats américains, nos gouvernants, Renzi en tête, (mais cela vaut pour tous ses prédécesseurs, de Berlusconi à D’Alema et les autres), ne sont même pas capables d’empêcher un groupe de voyous ivres de profaner la Barcaccia (1), comme ils ne seraient pas en état d’aligner une patrouille de la police urbaine pour empêcher un groupe de touristes américains de prendre un bain dans la fontaine de Trevi…

Une dernière réflexion politique, mais absolument pas marginale. La Ligue du Nord de Salvini a voté contre l’État de Palestine en faisant une déclaration explicitement pro-israélienne. Cela en dit long, s’il en était besoin, sur la nature réelle de cette force politique néo-fasciste ou néo-droitière. Une force de feinte opposition au système, alignée en réalité sur des positions pro-atlantistes – au-delà des sympathies manifestées à la Russie de Poutine et même à la Corée du Nord (façon de jeter de la poussière aux yeux de la partie culturellement la plus faible de son électorat) – même si elle se vante d’un supposé anti-américanisme et anti-européisme qui n’a rien à voir avec une critique authentiquement de classe et anti-impérialiste, mais représente seulement la nostalgie de cette partie des anciennes classes bourgeoises qui n’ont pas été invitées à la répartition du gâteau du grand capital trans- et multinational, par cet État-nation à l’intérieur duquel elles étaient politiquement hégémoniques. Une force politique qui nourrit à dessein une haine confuse (camouflée d’ethno-identitarisme, c’est-à-dire de défense des identités culturelles) à l’égard des peuples arabes et musulmans, et dont l’horizon culturel est la construction d’un État hiérarchique, autoritaire, sécuritaire, interclassiste, identitariste, exclusiviste et différentialiste (c’est-à-dire raciste…), mais toujours à l’intérieur des logiques économiques capitalistes.

Il convient de ne pas se laisser tromper par ces gens, très habiles dans ces opérations de maquillage par lesquelles beaucoup de personnes de bonne foi tendent hélas à se laisser conditionner, surtout en l’absence d’une alternative politique solide, crédible et authentiquement socialiste dans l’actuel état de choses.

Note

(1) Fontaine du Bernin, en forme de barque, récemment dégradée par des
hooligans hollandais du Feyenoord.

Traduit par Rosa Llorens

 

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Entre les US et la Russie
La dissonance cognitive de la position de l’Union européenne

Par Mikhail Khazin – Le 5 mars 2015 – Source thesaker.is

Les problèmes avec l’idéologie de base de l’Union européenne impliquent bien sûr, au premier chef, la position de l’Allemagne. Pour voir avec la plus grande clarté, nous devons nous rappeler que dans le mantra [leitmotiv incantatoire] des partisans du libéralisme occidental, qu’ils soient de l’Union européenne, des États-Unis ou du cru [russe], l’objectif principal de l’Occident par rapport à la Russie est d’expliquer que l’adoption de valeurs libérales fondamentales conduiront inévitablement à une économie florissante et au bonheur de tous. Si nous faisons la moindre tentative de fourrer le nez dans les résultats réels, ils expliquent que nous, nous faisons tout mal; et que, plus spécifiquement, nous avons créé la corruption sur une vaste échelle.

Je vais laisser de côté le fait que les consultants occidentaux qui nous ont bourré le crâne avec leurs valeurs libérales étaient eux-mêmes une source de corruption. Ce n’est un secret pour personne que beaucoup d’entre eux, personnes physiques ou morales, ont rempli leur tiroir-caisse pendant le processus de privatisation. Ce n’est pas un secret non plus que ces privatisations étaient un processus entièrement criminel qui a non seulement créé une immense cohorte de fonctionnaires corrompus, mais a aussi empêché complètement le développement normal des petites et moyennes entreprises. Lorsque le processus de privatisation a été terminé, les corrupteurs libéraux se sont transformés en sicaires des multinationales, détruisant les entreprises qui se sont développées en dehors de leur contrôle.

Vous n’avez qu’à regarder la formulation des lois sur la faillite, les décisions des tribunaux, et ainsi de suite. Cette situation est le résultat de la privatisation, et tant que ce résultat n’est pas condamné et remis en cause, il sera très naïf de s’attendre à voir le pays connaître une croissance constructive quelconque. Les gens qui ont volé des millions sinon des milliards ne permettront jamais un environnement normal des affaires, parce qu’ils ne peuvent pas fonctionner dans des conditions normales de concurrence; la majorité d’entre eux doivent leur existence au vol dans les caisses de l’État ou à l’appui du gouvernement.

Mais revenons au sujet principal. Les gens qui gouvernent aujourd’hui notre pays, toute notre élite qui a été formée à partir de la fin des années 1980 jusqu’au début des années 2000, épousent l’idéologie libérale. Ils sont sincèrement prêts à défendre le droit sacré à la propriété privée et à prendre leurs ordres de Washington. Ils ne veulent tout simplement pas prendre des risques ni partager le pouvoir dans notre pays.

Washington tolère souvent de telles situations. Les anciennes dictatures d’Amérique latine et la monarchie saoudienne ne peuvent pas être appelés des bastions de la démocratie et de la liberté. Et Israël, le chouchou des États-Unis est loin d’être un ange. Mais avec la Russie, quelque chose s’est mal passé. Ce qui est arrivé ici est complexe et peut être discuté longuement. Il est possible que les efforts d’un quart de siècle pour inculquer aux gens les valeurs libérales ont échoué, et Washington a décidé qu’au début de la crise mondiale la politique de libéralisation devait être intensifiée. Mais l’élite russe a résisté, craignant une véritable agitation populaire. Malgré cela, les États-Unis ont continué.

Bien sûr, cette situation ne convenait pas à l’Union européenne; ce n’était ni du goût de Bruxelles, ni de celui de Berlin, qui faisaient beaucoup d’affaires avec Moscou et ont été fermement convaincus que tôt ou tard ils en récolteraient les fruits. Et l’Ukraine était dans leurs plans. Mais l’idée générale que le centre du pouvoir pour l’Europe orientale ne devait pas être à Moscou, mais à Washington, n’a pas été envisagée. Et ici se trouvent les problèmes.

Moscou a posé, à plusieurs reprises, la même question: si votre objectif est d’inculquer certaines valeurs en nous, et si nous sommes prêts à les accepter, pourquoi voulez-vous éloigner l’Ukraine de la Russie? En effet, on a travaillé avec l’Europe de l’Est, aidés par Gorbatchev. Mais c’était une période de peur car on craignait que soudainement de vrais patriotes arrivent au pouvoir dans la Fédération de Russie ou ailleurs? Mais, maintenant, où est le problème? Même aux États-Unis, il y a des politiciens qui comprennent ceci: http://worldcrisis.ru/crisis/1828187 [en russe seulement].

Mais aujourd’hui, une telle question ne compte pas pour les États-Unis, qui ont une politique purement impériale et ne participent pas à ces discussions – [Jennifer] Psaki étant un bel exemple. Ils doivent mentir sur les faits? Alors ils mentent. Ils doivent répondre par le silence à une question délicate? Alors ils se taisent. Et rien ne peut être fait à ce sujet, parce que personne ne peut punir les États-Unis – pour l’instant. Mais à mon avis, une telle position va se retourner contre eux assez rapidement. Et la situation soulève des questions à Berlin et Bruxelles.

Ils se sont mis dans la tête d’amener l’Ukraine dans leur propre sphère d’influence (américaine, plus précisément). Je ne vais même pas discuter pourquoi; le fait est évident. Ils ne peuvent pas se permettre d’ignorer diverses questions et des faits désagréables, de sorte qu’ils doivent s’engager dans la discussion. La même question se pose en permanence, en différentes versions et interprétations: «Pourquoi ne voulez-vous pas que l’Ukraine se rapproche de l’UE avec la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan?» Dès que cette question revient, le représentant allemand/UE panique.

Bon, ils ne peuvent pas vraiment dire la vérité: en soutenant liberté et démocratie, nous reconnaissons que les États-Unis peuvent violer ces valeurs quand et où il veulent. Mais les États-Unis veulent arracher l’Ukraine à la Russie (parce que [Zbigniew] Brzezinski l’a dit, et que c’est une raison comme une autre), et nous devons l’aider, même si nous comprenons que cela menace les valeurs tant ressassées. Nous acceptons que la politique américaine soit fondée uniquement sur ses intérêts impériaux, et qu’elle crache sur la liberté et   la démocratie (je ne vais pas rappeler les conversations infâmes de [Victoria] Nuland, l’ingérence dans le décompte des voix lors de l’élection en Ukraine et ainsi de suite parce que cela a déjà tellement été dit). Nous reconnaissons que nous ne nous opposerons jamais à la position américaine et nous ne laisserons personne imaginer de pouvoir le faire. Tant que cela nous convient, bien sûr.

En conséquence, Berlin/ UE est dans une position extrêmement faible. Ils imposent la servitude à l’Ukraine avec un accord qui détruit complètement son économie, ils soutiennent le coup d’État, ils permettent à une faction pro-américaine en Ukraine de truquer grossièrement et cyniquement les élections. Et après tout cela, leur discours sur la liberté et la démocratie apparaît hautement suspect, non seulement à Moscou, mais aussi dans d’autres villes et pays. Que peuvent-ils faire dans une telle situation?

Continuer à parler de liberté et démocratie? Pour les personnes qui peuvent voir comment ils attirent l’Ukraine vers la liberté, l’organisation d’escadrons de la mort, les bombardements des quartiers résidentiels avec des armes de gros calibre et l’interdiction à  leurs concitoyens de donner leur opinion (si ça vous passionne, vous pouvez lire la façon définitive dont les bataillons du Secteur Droit se comportent dans le Donbass et dans les territoires qu’ils occupent). Je ne dirai rien du tout sur l’économie.

Dire la vérité? Mais alors il y aurait le danger que le pouvoir de l’opposition anti-élite, qui (sauf en Hongrie et en Grèce) commence juste à faire sentir sa présence dans l’UE, augmente considérablement. Si l’élite actuelle perd le contrôle sur les budgets et les devises, ils peuvent perdre à jamais le pouvoir. Et cette perspective est extrêmement désagréable pour eux.

Vous voulez une sorte de scénario extravagant? Par exemple, si les néo-nazis arrivent au pouvoir en Allemagne, ils vont s’entendre à merveille avec le Secteur Droit en Ukraine. Mais eux non plus ne s’accorderont pas avec l’élite pro-américaine actuelle, dont ils n’auront plus besoin.

En général, Merkel & Co ont de graves problèmes. Si l’économie était encore forte, il serait possible, comme toujours, de coller du papier peint sur les fissures et les absurdités de la version officielle avec des perfusions d’argent. Mais qu’est ce qui peut être fait dans la situation actuelle? Il n’y a pas de bonne réponse. Merkel continue ses efforts pour arrêter ce qui est clairement une guerre et pour persuader les États-Unis de se calmer, même si ce n’est que pour un temps. Mais c’est en vain parce que les États-Unis ont en fait déjà perdu la guerre, et leur arrogance impériale ne permettra pas que ça s’arrête, surtout avec une élection à portée de main. Parler de liberté et de démocratie est de plus en plus irritant, même au sein de l’UE. Merkel ne peut pas non plus  faire pression sur les États-Unis pour obtenir de l’argent. Je ne vais même pas parler de Bruxelles.

En général, il y a une seule chose que nous pouvons dire: si la base idéologique de l’Union européenne, une entité gouvernementale complexe, est construite sur une contradiction aussi sinistre, comme on le voit à l’évidence, alors ses jours sont comptés. Et rien ne peut être fait à ce sujet.

Traduit du russe par Robin  – Source russe worldcrisis.ru

Traduit de l’anglais par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone.

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Paille et poutre:
L’assassinat politique aux US, une spécialité

Par Sage Eurasian – Le 2 mars 2015 – Source OrientalReview

Depuis trente ans, aux États Unis, douze personnalités politiques de premier plan ont été assassinées comme Boris Nemtsov

Au moment où la Russie est frappée par une nouvelle attaque de propagande au sujet de l’assassinat politique à Moscou, il est bon de rappeler que douze personnalités américaines, notables politiques nationaux , ont toutes été assassinées sont mortes de façon suspecte – sénateurs, membres du Congrès, procureurs fédéraux, un juge fédéral, un gouverneur, un directeur de la CIA; toutes les personnes assassinées enquêtaient sur la corruption ou bien contestaient le leadership des oligarques américains – depuis l’assassinat en 1963 de JFK. Avec quatre coup d’État tentés sur les dix derniers présidents américains.

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