Par M.K. Bhadrakumar – Le 8 mai 2023 – Indian Punchline
Une simple intrigue secondaire peut, du jour au lendemain, devenir plus fascinante que l’intrigue principale elle-même. Le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe après une décennie d’exclusion peut être considéré comme une sous-intrigue du rapprochement entre l’Arabie saoudite et l’Iran, négocié par la Chine. Toutefois, la Chine et l’Iran ne sont pas parties prenantes à ce processus en tant que tel.
Le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe est considéré comme une initiative arabe, mais il s’agit essentiellement d’un projet piloté par Riyad en étroite consultation et coordination avec Damas, sans tenir compte des murmures d’un certain nombre d’États arabes et en dépit de l’opposition farouche de Washington.
La question posée à ce stade est la suivante : l’Occident collectif approche-t-il de la fin d’un cycle ? Ou sommes-nous toujours en milieu de cycle ? S’agit-il d’un mini-cycle de quatre générations ou d’un point d’inflexion historique ?
Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a présidé lundi la session du Conseil de sécurité des Nations unies consacrée au « multilatéralisme fonctionnel« . Dans ses remarques liminaires, il a souligné la nature du conflit actuel, qui, selon lui, oppose en réalité la Charte des Nations unies à « l’ordre fondé sur des règles » de l’Occident collectif.
Le philosophe français des sciences sociales René Girard (1923-2015) a un jour décrit la tendance des deux parties prises dans une rivalité à se ressembler de plus en plus au fil du temps. Au départ, elles peuvent avoir des valeurs et des idéologies différentes, mais comme chacune s’efforce de surpasser l’autre, ou comme chaque attaque provoque une riposte en nature de la part de l’autre partie – étant donné que chaque acte est reflété par l’autre -, les deux parties s’enferment dans une spirale d’escalade dans laquelle elles deviennent de plus en plus semblables. De nombreux « jeux » de stratégie prennent cette forme. Une guerre entre puissances nucléaires, par exemple, pourrait s’intensifier par le biais de représailles et de violences anticipées afin de réduire les deux parties à l’identité ultime de la destruction mutuelle. Girard a appelé ce processus la rivalité mimétique, ou la compétition et le conflit qui naissent de l’imitation du désir d’autrui.
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