Les relations de la Russie avec l’Occident sont en lambeaux. Dans une grande partie du reste du monde, cependant, c’est le contraire qui semble se produire
Par Paul Robinson – Le 5 avril 2023 – Source Canadian Dimension
Il y a quelques années, lors de la cérémonie d’été de l’université d’Ottawa, j’ai été surpris de voir un étudiant se présenter pour recevoir son diplôme et dont le prénom était Brejnev. On peut supposer que ses parents étaient des communistes africains qui l’ont baptisé du nom du dirigeant soviétique Leonid Brezhnev en signe de gratitude pour l’aide apportée par l’Union soviétique dans la lutte de libération nationale de leur pays contre le colonialisme occidental. C’est un exemple frappant de la façon dont les autres peuples ne voient pas le monde de la même façon que nous.
Le pouvoir et l’argent vont de pair. Les Hollandais d’abord, puis les Britanniques, et plus récemment les Américains, ont réussi à bâtir des institutions financières qui ont favorisé leur puissance sur le monde. Au cours des dernières décennies, le système bancaire occidental, l’utilisation généralisée du dollar américain comme forme d’échange internationale et les activités des institutions financières dominées par les Occidentaux, comme le Fonds monétaire international (FMI), ont donné aux États-Unis et à leurs alliés un énorme avantage sur tout concurrent potentiel, comme l’Union soviétique pendant la guerre froide.
Le Saint Empire romain, dit-on souvent, n’était ni saint, ni romain, ni un empire. On pourrait dire la même chose de ce qu’on appelle l’« ordre international libéral » – Il n’est ni libéral, ni international, ni en ordre. C’est peut-être un peu injuste, mais il n’est pas déraisonnable de se demander si le système qui régit les relations internationales est vraiment ce que les partisans de « l’ordre international libéral » imaginent (valeurs démocratiques, libre-échange, institutions internationales, droit international et autres). Quelle que soit la réponse, beaucoup de gens disent que le système actuel est en crise en raison de la résurgence de la Russie, de la montée de la Chine et du populisme d’extrême droite en Europe. Bien sûr, si l’ordre international libéral n’existe pas, il peut difficilement être en crise, mais les discussions à ce sujet sont néanmoins révélatrices car elles nous en disent long sur la façon dont les partisans de ce système le voient vraiment.

