Par Patrice-Hans Perrier − Le 29 avril 2020 − Source Carnets d’un Pèlerin
Nous voilà livrés à notre propre médiocrité, rivés à nos écrans d’ordinateur, dans l’attente d’un changement de régime qui pourrait nous libérer du marasme ambiant. Mais, c’est une veine quête que cette attente des jours meilleurs, alors que nous subissons de plein fouet l’emprise d’un confinement que nous avons accepté d’emblée, sans trop nous questionner et encore moins protester. La radio réveil matin continue, vaille que vaille, à déverser ses flots d’insalubrités publiques tous les matins : « le taux de mortalité causée par le coronavirus atteint de nouveaux sommets dans un contexte où vous ne devez pas vous attendre à sortir de chez vous de sitôt ». Chaque matin qui se pointe le bout du nez, bon gré mal gré, il nous faut subir un lavage de cerveau médiatique avant d’entreprendre notre journée de confit de canard.
Même remarque à propos de la culpabilité : aucune prise de pouvoir ne peut s’effectuer sans culpabilisation générale. Il faut cette remise à zéro des compteurs moraux pour, comme dira Nietzsche, «transformer les causes en pécheresses et les conséquences en bourreaux».
Philippe Muray, Essais, Exorcismes spirituels I, Les Belles Lettres, 2015