Par Jean-Luc Baslé – Le 3 mars 2025

La démocratie américaine reposait sur un double équilibre : entre les états fédérés et le gouvernement fédéral, d’une part, et les trois pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, d’autre part. Elle reçut son premier choc lors de la Guerre de sécession. En dépit de sa formation d’avocat, Abraham Lincoln fit peu de cas de la constitution quand les circonstances l’exigeaient. La guerre finie, l’état fédéral entama une politique colonialiste qui répondait à une double nécessité née de l’industrialisation : l’accès aux ressources naturelles et à de nouveaux marchés. La politique étrangère devint impérialiste après la Seconde Guerre mondiale, puis hégémonique après l’effondrement de l’Union soviétique. Les politiques coloniale et impériale brisèrent l’équilibre entre les états fédérés et le gouvernement fédéral. La politique hégémonique brisa celui existant entre les trois branches au profit de l’exécutif. La démocratie américaine s’est ainsi affaiblie dans une lutte inégale entre l’élite et le peuple pour le contrôle du pouvoir et la distribution des richesses.

Charles Lindbergh : la première célébrité héroïque à l’échelle mondiale
Bien qu’enfant je ne me sois guère intéressé à l’histoire des États-Unis, j’ai toujours connu le nom de Charles A. Lindbergh grâce à l’histoire de ce pionnier de l’aviation qui a toujours été au moins mentionnée dans mes manuels scolaires.





Cela pourrait sembler étrange à certains : le nouveau président des États-Unis a remporté les élections en ralliant la classe ouvrière contre le marais de l’establishment, mais il a placé à la barre de son assaut contre l’État profond, contrôlé par l’élite, nul autre que l’homme le plus riche du monde. Mais ce n’est un paradoxe que si vous admettez quelques hypothèses que la description ci-dessus présuppose : que la “classe ouvrière” n’est en fait pas représentée du tout dans notre système politique, et que personne sauf “l’élite” n’est impliqué dans les luttes de pouvoir en son sein. Pour comprendre ce qui se passe réellement dans la deuxième administration Trump, il faut se défaire de ces deux notions. Ce à quoi nous assistons est la dernière bataille d’une longue guerre entre deux factions de l’élite américaine. La classe ouvrière ne fait office que de figurant sur la scène – un accessoire moral dans une lutte qui n’a rien à voir avec elle.