Le vrai visage de l’Union européenne (3/4)


Par Vladislav B. SOTIROVIĆ − Le 31 juillet 2020 − Source Oriental Review

L’axe franco-allemand

Une conférence intergouvernementale (Intergovernmental Conference — IGC) est la procédure formelle pour négocier des amendements aux traités fondateurs de l’UE. Selon ces traités, une IGC est rassemblée en tant que Conseil européen et est composée de représentants des États membres, avec la Commission européenne, et à un moindre degré le Parlement européen, qui y participe également 1.

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Le vrai visage de l’Union européenne (2/4)


Par Vladislav B. SOTIROVIĆ − Le 17 juillet 2020 − Source Oriental Review

Cet article est la seconde partie d’une suite de quatre articles.
Commencer par la première partie ici.

La Grande-Bretagne victime d’un abus de confiance

Vingt ans plus tôt, au cours des années 1960, alors que la Grande-Bretagne essayait par deux fois de pénétrer la CEE/CE, l’avertissement de l’historien Sir Arthur Bryant était resté lettre morte :

Une fois dans le marché commun, nous ne serons plus qu’une minorité au sein d’une organisation dont les décisions prises à la majorité auront le pouvoir de contraindre la minorité, pour une durée bien au-delà de quelques années : en théorie, à jamais.

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Le vrai visage de l’Union européenne (1/4)


Par Vladislav B. Sotirovic − Le 14 juillet 2020 − Source Oriental Review

United States of Europe

L’Union européenne (UE) se caractérise par une diffusion ad-hoc de l’autorité politique entre les institutions supranationales et intergouvernementales. Fondée sur l’idée d’un leadership partagé, elle repose sur un équilibre institutionnel délicat qui préserve l’égalité déclarée entre ses membres toujours plus divers et gère les tensions potentielles et réelles entre les États plus et moins peuplés. Ces tensions sont présentes dans toute construction fédérale et constituent une préoccupation majeure depuis que les “six premiers” ont fondé la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) en 1951 avec le Benelux, l’Allemagne de l’Ouest, la France et l’Italie.

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Les Grandes Puissances dans les relations internationales 2/2


Par Vladislav B. SOTIROVIĆ − Le 1er avril 2020 − Source Oriental Review

https://orientalreview.org/wp-content/uploads/2020/03/Ronald-Reagan-speech-1987-380x280.jpgHistoriquement, l’époque des grandes puissances a commencé au XVIIIe siècle, lorsque cinq États européens les plus puissants – le Royaume-Uni, la France, la Prusse, la monarchie des Habsbourg et la Russie – étaient en concurrence les uns avec les autres. Jusqu’à la Première Guerre mondiale, le club des grandes puissances était exclusivement réservé aux États européens1, tandis qu’après 1918, deux États non européens ont rejoint ce club – les États-Unis et le Japon.

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  1. L’Italie et l’Allemagne sont devenues membres du système des grandes puissances après leurs unifications en 1861 et 1871 respectivement

Les Grandes Puissances dans les relations internationales 1/2


Par Vladislav B. SOTIROVIĆ − Le 14 mars 2020 − Source Oriental Review

Great Troyka

La politique mondiale n’est en fait rien d’autre qu’une compétition historique constante entre les grandes puissances pour obtenir plus de pouvoir, de ressources et de territoire. Depuis le début du XVIe siècle, la signification du terme Grande(s) Puissance(s) (GP) dans la politique mondiale se réfère aux États les plus puissants et donc les plus influents dans le système des Relations internationales.

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La Russie et la guerre froide 2.0 2/2


Par  

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La Fédération de Russie, qui est apparue sur la carte politique du monde au début des années 1990, représente aujourd’hui un acteur mondial extrêmement influent dans les relations internationales. En termes de politique étrangère, il s’agit du concept géopolitique russe du Proche Voisin1, qui est une sphère traditionnelle de l’intérêt national et de sécurité russe2. En termes géopolitiques, la Russie est une île entourée d’un océan de différents pays qui s’étendent de la Finlande à la Corée et qui sépare la Russie des centres européen et asiatique. Un facteur très important est également la taille de la zone d’impact, qui s’étend de la plus grande partie du manuel sur le territoire de l’Eurasie et immédiatement adjacente à tous les principaux acteurs eurasiens : à l’ouest et au nord avec l’UE, au sud avec le monde islamique et avec l’Inde à l’est ainsi que la République populaire de Chine et développement dynamique de ses habitants.

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  1. M. S. Blinnikov, A Geography of Russia and Its Neighbors, New York−London: The Guilford Press, 2011.
  2. “La sécurité signifie la capacité des États et des sociétés à maintenir leur identité indépendante et leur intégrité fonctionnelle”. B. Buzan, People, States, and Fear: An Agenda for International Security Studies in the Post-Cold War Era, London: Longmans, 1991

La Russie et la guerre froide 2.0 1/2


Par  

La guerre froide 1.0

Yeltsin

C’est un fait purement historique que “dans un revirement brutal de son retrait de l’Europe après 1918, consécutivement à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Washington employa tous les outils de diplomatie publique et culturelle disponibles pour influencer le cœur et l’esprit des Européens” 1 en tant que stratégie de la politique menée par les États-Unis pendant la guerre froide contre l’URSS 2 et la Russie de 1991 jusqu’à aujourd’hui. Sans aucun doute, les États-Unis ont réussi après 1990 à se transformer en la seule puissance hégémonique politico-militaire mondiale – un cas sans précédent dans l’histoire du monde 3.

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  1. A. Stephan (ed.), The Americanization of Europe. Culture, Diplomacy, and Anti-Americanism after 1945, New York−Oxford: Berghahn Books, 2006
  2. D. Junker (ed.), The United States and Germany in the Era of the Cold War, 1945−1990: A Handbook, Cambridge: Cambridge University Press, 2004.
  3. D. P. Forsythe, P. C. McMahon, A. Wedeman (eds.), American Foreign Policy in a Globalized World, New York−London: Routledge, 2006

La Belgique : le laboratoire du fédéralisme 2/2


Par Vladislav B. SOTIROVIĆ − Le 3 décembre 2019 − Source orientalreview.org

Belgium coat of arms

Formation, langue et instabilité politique

Les Hollandais furent la peste de l’existence de l’Espagne Habsbourg du roi Philippe II (1556-1598). Ils menaçaient tant l’unité catholique romaine de son empire que son unité politique. Les peuples des provinces du Nord parlaient le hollandais, les provinces du centre parlaient le flamand (un dialecte hollandais)1, et les provinces du Sud parlaient le dialecte wallon basé sur le français. Ces provinces disposaient d’une constitution médiévale. Philippe II avait cependant pour objectif de modifier leur position : pour lui, la Hollande était espagnole, et devait se soumettre à l’autorité royale et à l’orthodoxie catholique romaine. Le fait que de nombreux Wallons, Flamands et Hollandais se fussent déjà tournés vers le Calvinisme et atteignent une solidarité religieuse en adoptant la Confession belge en 1566 redoubla leur détermination à résister à ces pressions espagnoles et catholiques. Quoi qu’il en fût, leur résistance finit par se transformer pour devenir la première révolution visant à l’indépendance nationale de l’histoire moderne2.

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  1. Le terme Flamand décrit les dialectes basés sur le hollandais en Belgique du Nord, c’est-à-dire les variétés germaniques parlées dans les provinces de Flandres de l’Est et de l’Ouest, le Brabant et le Limbourg belge. Cependant, le terme peut être trompeur du fait que les seuls dialectes de Flandres de l’Est et de l’Ouest peuvent également se voir nommés Flamand en contraste avec ceux du Brabant et de Limbourg. Pour autant, jusqu’à présent, on n’a pas de terme plus précis et, en réalité le terme correspond à l’utilisation courant du Vlaams en Belgique, comme terme couvrant l’ensemble des dialectes hollandais dans le pays. Voir : Robert B. Howell, “The Low Countries: A Study in Sharply Contrasting Nationalisms”, Stephen Barbour, Cathie Carmichael, (eds.), Language and Nationalism in Europe, Oxford−New York: Oxford University Press, 2000, 130−150
  2. Dragoljub Živojinović, Uspon Evrope (1450−1789), Novi Sad: Matica srpska, 1985, 111−127.

La Belgique : le laboratoire du fédéralisme 1/2


Par Vladislav B. SOTIROVIĆ − Le 29 novembre 2019 − Source orientalreview.org

La Belgique constitue le centre politique de l’Union européenne (l’UE) et de l’OTAN, et figure parmi les 6 pays de l’UE ayant établi au départ le marché unique européen 1. La question du fédéralisme multiculturel belge est d’une importance essentielle pour le processus futur de l’intégration ou de la désintégration européenne à venir.

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  1. Le marché unique européen fut établi comme noyau en 1957, par le traité de Rome, qui institua le cadre pour la communauté économique européenne (CEE), un marché commun et une union douanière entre les six États fondateurs : la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Allemagne de l’Ouest. Plus d’information dans l’ouvrage écrit par Dennis Swann (ed.): The Single European Market and Beyond : A Study of the Wider Implications of the Single European Act, London−New York: Routledge, 1992 – Le marché unique européen et ce qui s’ensuit : une étude des implications élargies de l’acte unique européen

L’Europe du Sud-Est dans les relations internationales au tournant du XXe siècle 4/4


Par Vladislav B. SOTIROVI – Le 9 mai 2019 – Source Oriental Review

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L’intérêt principal de la France dans la région de l’Europe du Sud-Est n’était fondamentalement pas politique mais économique. La région était perçue par les responsables politiques français comme étant essentiellement importante en raison des trois points suivants :

  • En tant qu’espace privilégié pour l’investissement de la capitale financière française.
  • En tant que région étant le lien routier le plus approprié avec l’Empire ottoman.
  • En tant qu’ancrage de la domination économique française sur l’Est de la Méditerranée 1.

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  1. Documents diplomatiques français 1871−1914, Vol. VI−VII, Paris, 1933