L’idée que l’antirépublicain John Locke a inspiré la fondation des États-Unis est un mythe stratégique qui a empêché des générations d’Américains de comprendre leurs propres racines morales.
Par Matthew Ehret – Le 5 novembre 2022 – Source Strategic Culture
Cet article est le deuxième d’une série de cinq articles. La première partie, intitulée « Le culte d’Aristote« , qui présente les deux courants opposés de la « pensée occidentale » qui ont conduit Kepler à « bannir Aristote de la chrétienté » , peut être consultée ici.
Dans son Essai sur l’entendement humain de 1689, l’empiriste britannique John Locke (1632-1704) a repris la théorie de l’ardoise vierge d’Aristote et, ce faisant, a défendu son idée selon laquelle l’esclavage était un élément immuable de l’univers. La thèse de Locke selon laquelle les esclaves peuvent être légalement considérés comme de simples « biens » a été inscrite dans son projet de constitution pour la Caroline et a également justifié ses propres actions dans la British Royal Africa Company, qui a extrait des millions d’esclaves noirs d’Afrique vers les colonies britanniques d’Amérique et des Caraïbes au cours de sa vie. Dans son traité de 1689, Locke écrit :
Les âmes des nouveaux-nés sont des tablettes vides, qui ne sont remplies qu’ensuite par l’observation et le raisonnement… Quand un homme commence-t-il à avoir des idées ? Je pense que la vraie réponse est : lorsqu’il a pour la première fois une sensation. En effet, il ne semble pas y avoir d’idées dans l’esprit avant que les sens n’en aient véhiculées…
C’est à propos de ces impressions faites sur nos sens par les objets extérieurs que l’esprit semble d’abord s’employer à des opérations que nous appelons perception, mémoire, considération, raisonnement, etc. Avec le temps, l’esprit en vient à réfléchir sur ses propres opérations, sur les idées reçues par les sens, et se dote ainsi d’un nouvel ensemble d’idées, que j’appelle les idées de réflexion. Les idées simples, les matériaux de toutes nos connaissances, ne sont suggérées et fournies à l’esprit que par les deux voies susmentionnées…